[0001] L'invention concerne un procédé de traitement de surface d'un matériau métallique
composé ou revêtu de plomb ou d'un alliage de plomb pour obtenir un état de surface
artificiellement vieilli, et les produits obtenus par le traitement selon le procédé.
[0002] Une bonne résistance à la corrosion du plomb ou de ses alliages est attribuée au
fait qu'un film protecteur se forme à la surface du plomb ou de l'alliage de plomb
lorsqu'il est exposé à un environnement agressif qui confère aux matériaux métalliques
revêtus de plomb ou d'alliage de plomb une grande résistance à la corrosion.
[0003] Les matériaux métalliques plombés sont largement utilisés, sous forme de tôles d'acier
plombé par exemple, dans l'industrie automobile et le bâtiment.
[0004] Dans le bâtiment, cette utilisation est surtout développée pour les toitures où les
avantages de la tôle plombées sont le faible coefficient de dilatation linéaire associé
à la structure du métal de base, la bonne résistance mécanique, la densité relativement
faible (environ 3 kg/m2 pour une épaisseur de 0,4 mm) et la bonne résistance aux
intempéries.
[0005] Au contact de l'atmosphère, les matériaux plombés se recouvrent progressivement d'un
film protecteur dont l'aspect gris mat rappelle le "vieil étain". Cette patine naturelle,
qui s'harmonise bien avec l'environnement, est très appréciée par les architectes
et décorateurs.
[0006] La formation de la patine naturelle peut durer plusieurs mois et a l'inconvénient
d'être précédée d'une phase transitoire pendant laquelle l'exposition aux intempéries
a pour conséquence de faire apparaître des produits de corrosion du plomb, de couleur
blanchâtre, peu adhérents, n'offrant pas de protection, d'aspect inesthétique, composés
d'un mélange de carbonate, d'oxyde et d'hydroxyde de plomb.
[0007] La présente invention a pour but de supprimer les inconvénients liés à la formation
de la patine naturelle des matériaux plombés, exposés aux intempéries et concerne
un procédé de traitement de surface de matériaux métalliques, composés de plomb, d'alliage
de plomb ou revêtus de plomb ou d'alliage de plomb qui confère au matériau traité
une patine artificielle dont l'aspect esthétique et la composition chimique sont très
proches de ceux de la patine naturelle.
[0008] L'invention a ainsi pour objet un procédé de traitement de surface d'un matériau
métallique composé ou revêtu de plomb ou d'un alliage de plomb pour obtenir un état
de surface artificiellement vieilli, caractérisé en ce que l'on forme sur la surface
du matériau en présence d'une source d'ions sulfates une patine base de sulfate de
plomb par oxydation contrôlée du plomb, par voie chimique ou électrochimique.
[0009] Suivant un premier mode de réalisation du procédé selon l'invention, on forme la
patine à base de sulfate de plomb par voie chimique en mettant la surface du matériau
en contact avec une solution comprenant un persulfate en solution aqueuse, et soit
au moins un acide halogéné, soit au moins un acide non halogéné et au moins un sel
halogéné.
[0010] Suivant un second mode de réalisation du procédé selon l'invention, on forme la patine
à base de sulfate de plomb par voie électrochimique en immergeant la surface du matériau
dans une solution comprenant des ions sulfate ou hydrogénosulfate et en appliquant
un potentiel déterminé pour oxyder le plomb constituant la surface du matériau en
ions Pb²⁺, et former un précipité à base de sulfate de plomb.
[0011] Dans le traitement par voie chimique, le persulfate est de préférence choisi parmi
le persulfate de sodium, d'ammonium, de potassium et de plomb, la concentration en
persulfate dans la solution étant avantageusement supérieure à 0,1 mol/l.
[0012] Lorsque la solution comprend un acide halogéné, celui-ci est de préférence l'acide
chlorhydrique ou l'acide fluorhydrique.
[0013] Lorsque la solution comprend un acide non halogéné, celui-ci est avantageusement
l'acide sulfurique ou l'acide nitrique.
[0014] Le sel halogéné est de préférence choisi parmi le chlorure de sodium, le chlorure
de potassium, le fluorure de sodium et le fluorure de potassium.
[0015] Dans le traitement par voie électrochimique, lorsque la solution comprend un sulfate,
celui-ci est avantageusement choisi parmi le sulfate d'ammonium, de calcium, de magnésium,
de sodium et de potassium.
[0016] Lorsque la solution comprend un hydrogénosulfate, celui-ci est de préférence l'hydrogénosulfate
de sodium ou de potassium.
[0017] La solution contenant des ions sulfate est de préférence composée d'acide sulfurique
dilué dont la concentration est supérieure à 0,01 mole/l.
[0018] Le potentiel que l'on applique est de préférence de -200 à + 700 mV mesuré par rapport
à une électrode de référence au calomel saturé.
[0019] Il est en outre avantageux, afin de faire varier la couleur de la patiné obtenue
de rincer la surface du matériau métallique traité avec une solution alcaline constituée
de préférence par de l'eau sodée ou potassée et/ou contenant des ions sulfates choisis
de préférence parmi Na₂SO₄ et K₂SO₄.
[0020] Le procédé de traitement selon l'invention, donnant un état de surface patiné ne
retire pas, au revêtement de plomb ou d'alliage de plomb, le caractère anticorrosion
du métal ou de l'alliage métallique.
[0021] L'invention a en outre pour objet un produit métallique composé ou revêtu de plomb
ou d'alliage de plomb obtenu par le procédé selon l'invention, dont la surface est
totalement ou partiellement recouverte d'une patine à base de sulfate de plomb, ainsi
que les produits composés de substrats d'acier ou d'acier inoxydable en forme de
tôles plombées recouvertes d'une patine à base de sulfate de plomb par le traitement
chimique ou électrochimique du procédé selon l'invention.
[0022] L'invention sera mieux comprise grâce à la description qui suit.
[0023] Le procédé selon l'invention est un procédé de traitement de la surface d'un matériau
métallique composé de plomb ou d'alliage contenant du plomb, ou encore d'un matériau
revêtu de plomb ou d'un alliage du plomb pour obtenir un état de surface artificiellement
vieilli, procédé consistant en une oxydation superficielle du plomb de la surface
à traiter suivie d'une précipitation en surface d'un sel de plomb insoluble à base
de sulfate de plomb.
[0024] Lorsque le traitement est effectué par voie chimique, le matériau métallique est
mis en contact, par aspersion, immersion ou enduction, avec une solution composée
d'un persulfate, d'un acide halogéné ou non halogéné et d'un sel halogéné de manière
à réaliser une oxydation contrôlée de la surface de matériau, conduisant à la formation
d'une patine à base de sul fate de plomb, adhérent, d'aspect gris clair à gris foncé,
apte au brasage.
[0025] Une patine de couleur gris sombre due à la formation d'un film superficiel contenant
du sulfate de plomb est obtenue lorsque l'on immerge le matériau plombé dans une solution
contenant, par exemple, du persulfate d'ammonium ou de sodium et un activateur chimique
de la surface comme, par exemple, du chlorure de sodium dissout dans de l'acide sulfurique
dilué, ou bien un acide halogéné tel que l'acide chlorhydrique.
[0026] La durée du traitement est généralement inférieure à 1 minute, et notamment de 20
secondes, à la température ambiante.
[0027] L'augmentation de la température de la solution de 20 à 50° C accélère la formation
de la patine.
[0028] L'efficacité du procédé de traitement de surface utilisant une solution du persulfate
réside dans le fait que la réduction de l'ion persulfate en surface du matériau forme
des ions sulfates qui participent à la constitution de la patine, ce qui favorise
l'adhérence du film superficiel formant ladite patine.
[0029] En modifiant la concentration des compositions, par exemple en persulfate ou en
chlorure de sodium, la teinte de la patine artificielle peut varier du gris clair
au gris foncé. En outre, la teinte de la patine peut être renforcée en augmentant
l'alcalinité de l'eau de rinçage, par exemple par addition de soude jusqu'à un pH
voisin de 10, ce qui ne modifie pas le caractère anticorrosion du revêtement de plomb
ou d'alliage de plomb.
[0030] La patine peut être aussi formée par voie électrolytique. La réalisation de la patine
par voie électrolytique repose alors sur le principe de l'association d'une réaction
d'oxydation et d'une réaction de précipitation. Les réactions d'oxydation du plomb
et de précipitation du sulfate de plomb sont obtenues en portant le matériau, immergé
dans une solution de sulfate, à un potentiel électrique déterminé pour que le plomb
dont est composée la surface du matériau soit oxydé à l'état d'ions bivalents Pb²⁺,
les ions bivalents étant précipités en grande partie sous la forme de sulfate de
plomb.
[0031] D'une manière générale, une patine peut être formée en appliquant sur le matériau
un potentiel correspondant au domaine de passivité de l'alliage de plomb dans une
solution contenant des ions sulfates. Ce potentiel doit être convenablement choisi
pour que l'alliage de plomb soit à l'état passif et oxydé à l'état d'ions bivalents
Pb²⁺ qui précipitent ensuite en grande partie à l'état de sulfate de plomb.
[0032] En effet, au-dessus d'un certain potentiel qui est de 1200 mV, il peut se former
un oxyde de plomb indésirable, de couleur rouge.
[0033] Les tôles plombées traitées par le procédé selon l'invention sont de préférence constituées
d'un substrat, par exemple, en acier doux non allié laminé à froid, recouvert sur
au moins une face d'une couche d'alliage riche en plomb qui leur confère une grande
résistance à la corrosion.
[0034] Le plombage du substrat sur deux faces est, en général, exécuté sur des lignes de
traitement en continu de bobines par immersion dans un bain d'alliage de plomb fondu.
L'alliage de plomb fondu comporte 4 à 20 % poids d'étain pour faciliter le mouillage
de l'acier et l'adhérence du revêtement. De l'antimoine est susceptible d'être ajouté
au bain ou de remplacer une fraction de l'étain. Le plombage du substrat peut être
aussi réalisé par électrodéposition. Dans ce cas, il est possible de plomber une seule
face du substrat.
[0035] En pratique et indépendamment du procédé de plombage, les épaisseurs des revêtements
à base de plomb varient de 2 à 30 micromètres par face. Les revêtements d'alliage
plomb-étain ont une soudabilité et une aptitude au brasage supérieures à celles des
revêtements de plomb seul.
[0036] On peut en outre utiliser dans la mise en oeuvre du procédé une tôle plombée constituée
d'un substrat en acier inoxydable recouvert de plomb ou d'alliage de plomb particulièrement
recommandée pour assurer l'étanchéité des toitures car sa longévité est supérieure
a celle de tôles plombées à substrat en acier doux. La couverture en acier inoxydable
ferritique à 17 % en poids de chrome, revêtu d'alliage à base de plomb, possède une
excellente résistance aux agents de corrosion atmosphériques tels que les pluies acides
et les retombées de fumées de fuel. Dans certaines atmosphères particulièrement agressives,
en bord de mer et/ou à proximité d'industries dont les rejets sont corrosifs, l'emploi
d'une tôle plombée ayant un substrat en acier inoxydable austénitique du type 18 %
de chrome - 10 % de nickel, peut être préférable. L'addition à l'acier inoxydable
ferritique ou austénitique de 1 % à 3 % de molybdène permet, en outre, de renforcer
la résistance à la corrosion de la tôle plombée.
[0037] Le procédé de traitement de surface selon l'invention permet d'obtenir des produits
métalliques plombés possédant une patine très proche de la patine naturelle , et qui
sont aptes au brasage.
[0038] Le procédé de traitement de surface selon l'invention peut être utilisé sur des tôles
plombées à substrat en acier ordinaire. De plus, il peut être exécuté après achèvement
des ouvrages dont la construction requiert l'utilisation de matériaux manufacturés
en plomb massif ou revêtus d'alliage de plomb.
[0039] Le procédé peut en outre être intégré dans le processus de la fabrication de la tôle
plombée, et réalisé en continu après l'opération industrielle de plombage.
[0040] Les exemples ci-après illustrent le procédé de traitement de surface selon l'invention.
Exemples 1-3 :
[0041] Procédé de traitement par voie chimique.
[0042] Le tableau ci-dessous donne, à titre d'exemple, trois formulations de solutions
ayant donné une patine très voisine de la patine naturelle.
TABLEAU I
EXEMPLES |
CONCENTRATIONS (mole/litre) |
|
Persulfate de sodium |
H₂SO₄ |
HCl |
NaCl |
HNO₃ |
1 |
0,4 |
|
0,48 à 0,60 |
- |
|
2 |
0,4 |
0,18 à 0,9 |
|
0,85 |
|
3 |
0,4 |
0,18 à 0,9 |
|
0,85 |
0,7 |
[0043] Des échantillons de tôles plombées ayant un substrat en acier inoxydable à 17 % de
chrome, recouvert de plomb comprenant 14 % d'étain ont été soumis après dégraissage
à une immersion à la température ambiante dans les solutions décrites au tableau I,
pendant 20 secondes, puis après traitement, à un rinçage à l'eau suivi d'un séchage.
Exemple 4 :
[0044] Procédé de traitement par voie électrochimique.
[0045] On immerge à température ambiante dans une solution de sulfate de sodium de concentration
égale à 0,02 mole par litre un matériau revêtu d'un alliage de plomb dont la teneur
en étain est de 14 % en poids. Le matériau est porté à un potentiel positif de + 600
mV par rapport à une électrode de référence au calomel saturé. On obtient une patine
proche de la patine naurelle.
[0046] Après sept mois d'exposition dans des sites ruraux, urbains, industriels et marins,
aucune évolution sensible de l'aspect conféré par le traitement de surface n'a été
observé, sur chacune des tôles échantillons traitées aux exemples 1, 2, 3 et 4.
1. Procédé de traitement de surface d'un matériau métallique composé ou revêtu de
plomb, ou d'un alliage de plomb pour obtenir un état de surface artificiellement vieilli,
caractérisé en ce que l'on forme sur la surface du matériau en présence d'une source
d'ions sulfates une patine à base de sulfate de plomb par oxydation contrôlée du plomb,
par voie chimique ou électrochimique.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on forme la patine à
base de sulfate de plomb par voie chimique en mettant la surface du matériau en contact
avec une solution comprenant un persulfate en solution aqueuse, et soit au moins un
acide halogéné, soit au moins un acide non halogéné et au moins un sel halogéné.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on forme la patine à
base de sulfate de plomb par voie électrochimique en immergeant la surface du matériau
dans une solution comprenant des ions sulfates ou hydrogénosulfates et en appliquant
un potentiel déterminé pour oxyder le plomb constituant la surface du matériau en
ions Pb²⁺ et former un précipité à base de sulfate de plomb.
4. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que le persulfate est choisi
parmi le persulfate de sodium, d'ammonium, de potassium et de plomb.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que la concentration en persulfate
dans la solution est supérieure à 0,1 mol/l.
6. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que la solution comprend au
moins un acide halogéné choisi parmi l'acide chlorhydrique et l'acide fluorhydrique.
7. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que la solution comprend au
moins un acide non halogéné choisi parmi l'acide sulfurique et l'acide nitrique et
au moins un sel halogéné choisi parmi le chlorure de sodium, le chlorure de potassium,
le fluorure de sodium et le fluorure de potassium.
8. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que la solution comprend au
moins un sulfate ou un hydrogénosulfate choisi parmi les sulfates acides de sodium
et de potassium, les sulfates d'ammonium, de calcium, de magnésium, de sodium et
de potassium.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que la solution contient un
sulfate et de l'acide sulfurique dilué.
10. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que la concentration en sulfate
est supérieure à 0,01 mol/l.
11. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que la concentration en acide
sulfurique est supérieure à 0,01 mol/l.
12. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'on applique un potentiel
de -200 à +700 mV, mesuré par rapport à une électrode de référence au calomel saturé.
13. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on rince en outre la surface du matériau métallique traitée avec une solution de
rinçage alcaline et/ou contenant des ions SO₄.
14. Procédé selon la revendication 13, caractérisé en ce que la solution de rinçage
alcaline est de l'eau sodée ou potassée.
15. Procédé selon la revendication 13, caractérisé en ce que la solution de rinçage
contient des ions SO₄ choisis parmi Na₂SO₄ et K₂SO₄.
16. Produit métallique composé de plomb, d'alliage de plomb, ou revêtu plomb ou d'alliage
de plomb obtenu par le procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes.
17. Produit selon la revendication 16, caractérisé en ce que sa surface est totalement
ou partiellement recouverte d'une patine à base de sulfate de plomb.
18. Produit selon la revendication 17, sous forme de tôle plombée composée d'un substrat
d'acier ordinaire revêtu de plomb ou d'alliage de plomb, sur laquelle est déposée
une patine à base de sulfate de plomb.
19. Produit selon la revendication 17, sous forme de tôle plombée composée d'un substrat
d'acier inoxydable revêtu de plomb ou d'un alliage de plomb, sur laquelle est déposée
une patine à base de sulfate de plomb.