[0001] L'invention concerne une anode de tube à rayons X, plus particulièrement une anode
tournante du type comprenant un corps de base composite portant une cible formée par
une couche superficielle d'un matériau émissif de rayons X.
[0002] Dans les tubes à rayon X, notamment ceux utilisés pour le diagnostic médical, le
rayonnement X est obtenu sous l'effet d'un bombardement électronique d'une couche
d'un matériau cible, c'est-à-dire, généralement un matériau à numéro atomique élevé,
réfractaire et bon conducteur de la chaleur comme, par exemple, le tungstène, le molybdène
ou un alliage contenant au moins un de ces éléments. Ces éléments sont les plus couramment
utilisés, mais l'invention n'est pas limitée à une anode avec un matériau émissif
contenant ces éléments ou leurs alliages.
[0003] La couche cible est bombardée sur une faible surface appelée foyer, constituant la
source du rayonnement X. Les puissances instantanées importantes (de l'ordre de 100
kw) mises en jeu, et les petites dimensions du foyer ont depuis longtemps conduit
à utiliser des anodes tournantes afin de répartir et évacuer le flux thermique sur
une surface plus grande que le foyer.
[0004] Cette répartition et évacuation thermique est d'autant plus efficace que la vitesse
linéaire de rotation de l'anode est élevée.
[0005] Toutefois, cette vitesse linéaire est limitée par la résistance mécanique de l'anode,
et notamment les risques d'éclatement de celle-ci, éclatement dû à la formation de
fissures, notamment dans le matériau formant la couche cible, ces fissures se propageant
dans les autres matériaux constituant l'anode.
[0006] En effet, les anodes tournantes sont généralement formées par un corps de base ou
substrat formant un bloc de forme régulière tel qu'un disque, un cône ou analogue,
et sur lequel est déposée une ou plusieurs couches d'un matériau émissif de rayons
X ou matériau cible. Généralement, l'adhérence de la couche de matériau cible sur
le corps de base est améliorée par le dépôt d'une couche intermédiaire d'accrochage,
créant ainsi une certaine continuité entre le matériau émissif et le matériau formant
le substrat, par exemple, par diffusion superficielle du matériau d'accrochage dans
les deux autres matériaux ou inversement. Cette continuité peut favoriser la propagation
des fissures générées dans le matériau émissif.
[0007] L'invention a notamment pour but de remédier à ces inconvénients en proposant une
anode comprenant un corps de base de structure particulière permettant de limiter
la propagation des fissures dans le corps de base et ainsi diminuer les risques d'éclatement
de l'anode.
[0008] A cet effet, l'invention propose une anode pour tube à rayons X comportant un corps
de base ou substrat sur lequel une cible est formée par une couche de matériau cible
émissif de rayons X. Le corps de base comprend au moins deux parties constituées par
un premier matériau reliées entre elles par une couche d'un second matériau présentant
une plasticité supérieure à celle du premier matériau.
[0009] Par plasticité d'un matériau, il faut comprendre la faculté du matériau à se déformer
de manière permanente. Ainsi, à titre d'exemple, un matériau ayant une ductilité élevée
présente une plasticité élevée.
[0010] La demanderesse a trouvé que la présence d'interface entre des matériaux de plasticité
différente limite et même arrête la propagation des fissures.
[0011] Ainsi, dans un mode de réalisation préféré de l'invention, le corps de base est formé
de deux parties réalisées en un premier matériau fragile et assemblées entre elles
par une couche de brasure. Comme matériau de brasure, on utilise un matériau plastique
tel que des métaux ou des alliages métalliques.
[0012] Selon une autre caractéristique, la couche séparant les parties réalisées avec le
premier matériau sont parallèles au plan de section longitudinale du corps de base.
[0013] Selon une autre caractéristique, les parties en premiers matériaux fragiles forment
des couches parallèles au plan de section longitudinale du corps de base formant ainsi
une structure multi-couches.
[0014] Le premier matériau doit être réfractaire et présente une résistance mécanique suffisante
pour former une anode de tube à rayons X et notamment une anode tournante.
[0015] A titre d'exemple de matériaux convenables, on peut citer le carbone, le graphite,
les céramiques, les composites carbone-carbone.
[0016] Concernant la nature du second matériau, ce matériau doit présenter une plasticité
suffisante pour absorber ou amortir les contraintes créées lors de la génération de
fissure à l'interface avec le premier matériau.
[0017] Bien entendu, ce matériau doit présenter une telle plasticité à toutes les températures
d'utilisation de l'anode.
[0018] Généralement ces températures de fonctionnement sont couramment comprises entre celles
de l'ambiance et 1400°C.
[0019] Les matériaux convenables pour réaliser la couche plastique sont notamment, le platine,
le zirconium, des alliages métalliques tels que l'alliage titane-zirconium-béryllium
ou analogue.
[0020] Cette liste n'est donnée qu'à titre indicatif et n'a pas de caractère limitatif.
[0021] En outre, l'épaisseur de ces couches plastiques n'est pas critique. Toutefois, dans
un mode de réalisation préféré de l'invention, cette épaisseur est faible par rapport
à l'épaisseur des couches en matériau non plastique, par exemple de l'ordre du centième
de millimètre à quelques dixièmes de millimètres.
[0022] L'invention a également pour objet un tube à rayons X comprenant une anode telle
que décrite ci-dessus.
[0023] D'autres buts, avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront plus clairement
au vu de la description détaillée de modes de réalisation de l'invention classée à
titre d'exemple et faite en référence aux figures annexées, dans lesquelles
- la figure 1 est une vue schématique en coupe transversale d'un premier mode de réalisation
de l'invention
- la figure 2 est une vue schématique en coupe transversale d'un second mode de réalisation
de l'invention, et
- la figure 3 est une représentation schématique et de principe d'un tube à rayons
X.
[0024] En se référant à la figure 3, un tube à rayons X comprend, dans une enceinte vide
non représentée, une cathode 1 située en vis-à-vis d'une anode 2. La cathode 1 est
insérée dans un ensemble d'optique de focalisation 3 permettant de guider et focaliser
le faisceau d'électrons 4 émis par la cathode sur une petite surface 5 de l'anode
2 appelée foyer.
[0025] L'émission du faisceau d'électrons 4 par la cathode, est générée par un chauffage
à haute température d'un filament (non représenté).
[0026] L'anode 2 reçoit le faisceau d'électrons 3 et réémet un rayonnement X, référencé
6, notamment en direction d'une fenêtre d'utilisation 7 prévue, par exemple, sur l'enveloppe
du tube.
[0027] L'anode 2 est montée sur un axe, non illustré, entraîné en rotation. Ainsi, le foyer
5 est une couronne de faible largeur définie sur la surface de l'anode 2. On décrira
maintenant en référence aux figures 1 et 2, deux modes de réalisation de l'invention.
[0028] Dans un premier mode de réalisation illustré à la figure 1, l'anode 2 a une forme
d'un bloc présentant des faces inclinées sur lesquelles est déposée une couche cible
8. Le corps de base 9 ou substrat comprend en son centre un alésage traversant 10
pour permettre la fixation de l'anode 2 sur un axe, non illustré.
[0029] Le corps de base 9 est constitué de deux parties 11, 12 formées en un matériau fragile
comme du graphite, assemblées ensemble par une couche 13 de matériau plastique, avantageusement
une couche de matériau formant une brasure telle qu'un alliage au titane-zirconium-béryllium.
[0030] On peut également réaliser cette brasure avec du zirconium ou du platine.
[0031] Cette couche de matériau plastique a une épaisseur de 0,2 millimètre environ.
[0032] Dans le second mode de réalisation, illustré à la figure 2, l'anode 2 est constituée
par des rondelles 14 de matériau fragile tel que du graphite assemblées ensemble par
des couches 15 en matériau plastique tel que les matériaux déjà cités ci-dessus.
[0033] Ainsi, une telle structure permet d'utiliser comme matériau pour former le corps
de base un matériau léger comme le graphite ou un composé carbone-carbone tout en
limitant la fragilité et les risques d'éclatement de celui-ci par arrêt de la propagation
des fissures au niveau des interfaces entre les couches de matériau plastique 13 ou
15 et le matériau fragile 11, 12 ou 14.
1. Anode pour tube à rayons X comportant un corps de base ou substrat (9) sur lequel
une cible est formée par une couche (8) de matériau cible, caractérisée en ce que
le corps de base (9) comprend au moins deux parties (11, 12) constituées par un premier
matériau reliées entre elles par une couche (13) d'un second matériau présentant une
plasticité supérieure au premier matériau.
2. Anode selon la revendication 1, caractérisée en ce que les parties (11, 12) en premier
matériau forme des couches (14), séparées par des couches (15) de second matériau.
3. Anode selon la revendication 2, caractérisée en ce que les couches (14, 15) sont sensiblement
parallèles au plan de section longitudinale du corps de base.
4. Anode selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que le premier matériau
est choisi dans le groupe comprenant le graphite, les céramiques, des composites carbone-carbone.
5. Anode selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que le second
matériau est un matériau de brasure.
6. Anode selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que le second
matériau est un métal ou un alliage métallique.
7. Anode selon la revendication 6, caractérisée en ce que le second matériau est choisi
dans le groupe comprenant le zirconium, le platine, des alliages métalliques tels
que l'alliage titane-zirconium-béryllium.
8. Tube à rayons X caractérisé en ce qu'il comprend une anode selon l'une des revendications
précédentes.