[0001] La présente invention concerne un déversoir évacuateur de crues pour barrages et
ouvrages similaires, du type comportant un seuil déversant dont la crête est située
à un premier niveau prédéterminé plus bas qu'un second niveau prédéterminé correspondant
à un niveau maximal ou niveau des plus hautes eaux, pour lequel le barrage est conçu,
la différence desdits premier et second niveaux correspondant à un débit maximal prédéterminé
d'une crue exceptionnelle, et une hausse mobile obturant le déversoir.
[0002] L'état actuel de la pratique de la conception et de la construction des barrages
à seuil déversant conduit à dimensionner ces ouvrages pour des conditions de crues
(millénale par exemple) conduisant à des hauteurs de lame déversante importantes (de
l'ordre de 1 à 5 m suivant les ouvrages).
[0003] A dimensionnement égal des organes d'évacuation des crues, le barrage à seuil déversant
libre offre par rapport à un ouvrage muni de vannes la meilleure sécurité face à l'aléa
hydrologique, qui reste un des risques majeurs pour les barrages.
[0004] En contre-partie, l'adoption d'un seuil déversant complètement libre conduit à une
perte de la tranche de retenue utile correspondant à la hauteur maximale de la lame
déversante, c'est-à-dire à la différence susmentionnée desdits premier et second niveaux
prédéterminés. Cette perte peut représenter, notamment pour des ouvrages de petite
ou moyenne importance, une part significative du volume utile de la retenue, (cette
part pouvant atteindre ou dépasser 50%).
[0005] Le problème que la présente invention cherche à résoudre peut se résumer aux deux
objectifs principaux suivants, qui peuvent être recherchés simultanément ou alternativement:
1°/ augmenter de façon quasi-permanente la capacité de stockage d'un barrage à seuil
déversant libre;
2°/ maintenir et/ou accroître la sécurité de fonctionnement propre aux ouvrages à
seuil déversant, en permettant de façon fiable le passage des crues exceptionnelles,
tout en tolérant un déversement des crues de faible ou moyenne importance, sans intervention
extérieure et sans modification majeure de l'ouvrage.
[0006] Divers dispositifs ont déjà été proposés et existent actuellement pour augmenter
la capacité de stockage d'une retenue. En majorité, ces dispositifs sont essentiellement
constitués par des systèmes de vannes, qui obturent le seuil déversant quand les vannes
sont fermées. Les vannes, de quelque nature qu'elles soient, classiques ou gonflables,
de fonctionnement automatique ou manuel, sont en général d'un coût d'investissement
assez élevé et elles nécessitent un entretien et des manoeuvres périodiques. Elles
nécessitent en outre une surveillance humaine continue ou un mécanisme asservi réagissant
au niveau d'eau de la retenue, mécanisme qui est souvent onéreux et sophistiqué et
qui n'est jamais totalement à l'abri d'une défaillance. Enfin, à capacité d'évacuation
égale, la sécurité d'exploitation et la fiabilité d'un ouvrage vanné sont inférieures
à celles d'un ouvrage à seuil déversant libre (non vanné).
[0007] Certains dispositifs existent, qui permettent d'augmenter temporairement la capacité
de stockage d'une retenue, tels que sacs de sable ou batardeaux (également appelés
flash boards). Ces dispositifs restent cependant d'une ampleur limitée et, du fait
qu'ils nécessitent une intervention humaine préalable à chaque crue, ils présentent
un aléa de fonctionnement important.
[0008] Il existe également, sur certains grands barrages en remblais, une section de digue
fusible, arasée à une côte inférieure à celle du reste de l'ouvrage et fonctionnant
suivant le principe de l'érosion de ses matériaux constitutifs, érosion qui est engendrée
par une montée extrême du niveau de la retenue lors d'une crue d'importance très exceptionnelle.
Cette digue fusible a en fait pour but d'éviter le déversement incontrôlé et catastrophique
d'une crue extrême sur l'ensemble d'un ouvrage, en concentrant les effets de la crue
sur une section spécialement aménagée pour se rompre par érosion et offrir ainsi une
capacité d'évacuation supplémentaire. Après la rupture de la digue fusible, des travaux
de réparation importants seraient nécessaires pour permettre à nouveau l'exploitation
normale de l'ouvrage.
[0009] A la connaissance de la demanderesse, il semble donc qu'aucun dispositif existant
ne réponde de manière satisfaisante aux objectifs indiqués plus haut, avec une exploitation
simple et pour un coût d'investissement modéré.
[0010] Selon la présente invention, le problème susmentionné est résolu par le fait que
ladite hausse comprend au moins un élément de hausse en forme de plaque sensiblement
verticale, qui est maintenue à sa base par un encastrement sur le seuil du déversoir
et qui a, par rapport au seuil, une hauteur prédéterminée plus petite que la différence
des premier et second niveaux prédéterminés, ladite hauteur prédéterminée correspondant,
pour un niveau d'eau sensiblement égal audit niveau maximal, à une crue moyenne ayant
un débit prédéterminé plus faible que ledit débit maximal prédéterminé, ledit élément
de hausse ayant, au niveau de l'encastrement, une épaisseur telle et étant fait d'une
matière ayant une limite élastique telle que le moment des forces de poussée appliquées
par l'eau à l'élément de hausse atteigne son moment résistant à l'encastrement et
qu'en conséquence ledit élément de hausse se plie autour d'une ligne d'encastrement,
quand l'eau atteint un troisième niveau prédéterminé plus élevé que le sommet de l'élément
de hausse, mais au plus égal au second niveau prédéterminé.
[0011] Dans ces conditions, il est clair que la capacité de stockage du barrage est accrue
d'une quantité correspondant à la hauteur du ou des éléments de hausse. Le ou les
éléments de hausse peuvent être fabriqués à un coût très modéré par rapport aux vannes
et, dans le cas où ils sont installés sur le seuil déversant d'un barrage déjà existant,
cette installation peut être faite sans qu'il soit nécessaire d'apporter des modifications
majeures au seuil déversant du barrage comme on le verra plus loin. Il est également
clair que pour des crues d'importance moyenne, tant que le niveau de l'eau n'atteint
pas ledit troisième niveau prédéterminé, lequel peut être déterminé de façon à être
en pratique égal ou légèrement plus bas que ledit second niveau prédéterminé (niveau
maximal ou niveau des plus hautes eaux), l'eau pourra passer par-dessus le ou lesdits
éléments de hausse pour évacuer la crue, sans qu'il en résulte une destruction de
la hausse et, par suite, sans qu'il en résulte une diminution de la capacité accrue
de stockage du barrage. Par contre, si, dans le cas d'une crue exceptionnelle, le
niveau de l'eau atteint ledit troisième niveau prédéterminé, le ou les éléments de
hausse se plient automatiquement autour de la ligne d'encastrement sous la seule action
des forces de poussée de l'eau, donc sans aucune intervention extérieure, redonnant
ainsi au seuil déversant sa pleine capacité d'évacuation correspondant à la hauteur
maximale de la lame déversante pour laquelle le barrage a été conçu.
[0012] A sa partie inférieure, la plaque formant chaque élément de hausse peut être engagée
dans une rainure prévue dans le seuil lui-même ou dans une pièce de montage fixée
rigidement au seuil. Ou encore,!a plaque formant chaque élément de hausse peut avoir,
en coupe verticale transversale, une forme sensiblement en L et sa branche horizontale
peut être fixée rigidement au seuil par exemple par une liaison boulonnée du type
encastrement. L'étanchéité à la base de la plaque peut être assurée par remplissage
de la rainure d'encastrement avec un matériau de remplissage approprié, ou par un
joint d'étanchéité approprié ou par les deux à la fois. Quand la hausse est formée
de plusieurs plaques juxtaposées le long de la crête du seuil déversant, des joints
d'étanchéité peuvent être aussi disposés entre les bords verticaux des plaques
[0013] L'invention peut être appliquée aussi bien au déversoir d'un barrage existant qu'à
celui d'un barrage en cours de construction. Dans le premier cas, la crête du seuil
déversant est de préférence dérasée à un niveau plus bas que ledit premier niveau
prédéterminé et le ou lesdits éléments de hausse sont encastrés sur le seuil dérasé.
Dans ce cas, la capacité de stockage du barrage peut être maintenue égale à celle
qu'il avait avant dérasement du seuil déversant, ou elle peut être accrue selon que
l'on donne à ou aux éléments de hausse une hauteur telle que son ou leur sommet trouve
audit premier niveau prédéterminé, ou à un niveau supérieur à celui-ci, mais inférieur
audit troisième niveau prédéterminé. Quelle que soit la hauteur du ou des éléments
de hausse, dans les limites indiquées ci-dessus, on obtient une sécurité plus grande
qu'avec le seuil déversant non dérasé, étant donné que l'ouverture qui est obtenue
après pliage du ou des éléments de hausse a une hauteur plus grande que dans le cas
d'un seuil déversant non dérasé, permettant ainsi d'évacuer un débit de crue plus
important que le débit maximal de la crue exceptionnelle pour laquelle le barrage
avait été initialement conçu.
[0014] De même, dans la conception d'un nouveau barrage, on pourra adopter une plus grande
différence entre les premier et second niveaux prédéterminés (ce qui contribue à augmenter
la sécurité) sans craindre que celà entraîne une diminution de la capacité de stockage
du barrage, étant donné que cette capacité de stockage pourra être maintenue, voire
même augmentée, sans diminution de la sécurité, en prévoyant un ou plusieurs éléments
de hausse conformes à la présente invention.
[0015] Dans le cas ou plusieurs éléments de hausse sont prévus, chaque élément de hausse
ou un groupe d'éléments de hausse peut être dimensionné de façon à plier pour un niveau
d'eau prédéterminé plus bas que celui auquel un autre élément ou groupe d'éléments
de hausse pliera, ce dernier étant lui-même dimensionné de façon à plier pour un niveau
d'eau plus bas que celui auquel pliera un troisième élément ou groupe d'éléments de
hausse, et ainsi de suite. De cette manière, on obtient, si nécessaire, une augmentation
progressive de la capacité d'évacuation suivant l'importance de la crue.
[0016] On notera également que, si un ou plusieurs éléments de hausse ont plié sous la poussée
d'une crue exceptionnelle, ils peuvent être facilement et économiquement remplacés
par d'autres éléments de hausse, sans avoir à effectuer des réparations importantes,
après que la crue a été évacuée.
[0017] D'autres caractéristiques et avantages apparaîtront au cours de la description qui
va suivre de diverses formes d'exécution de la présente invention données à titre
d'exemple, en référence aux dessins annexés dans lesquels:
[0018] la figure 1 est une vue en perspective montrant un ouvrage, tel qu'un barrage, et
son déversoir évacuateur de crues à seuil déversant libre, auquel l'invention peut
être appliquée.
[0019] Les figures 2a et 2b montrent, en coupe verticale et à plus grande échelle, la crête
du seuil déversant libre du barrage de la figure 1 pour deux niveaux d'eau différents.
[0020] La figure 3 est une vue en élévation du déversoir de la figure 1, vu du côté aval
et équipé d'une hausse fusible conforme à la présente invention.
[0021] La figure 4 est une vue en plan du déversoir de la figure 3.
[0022] La figure 4a est une vue semblable à celle de la figure 4, montrant une autre disposition
possible des éléments de la hausse fusible selon l'invention.
[0023] La figure 5 montre, à plus grande échelle, une section horizontale d'un joint d'étanchéité
utilisable entre deux éléments adjacents de la hausse des figures 3 et 4.
[0024] Les figures 6 et 7 montrent, à plus grande échelle et en coupe verticale, deux formes
d'exécution de l'encastrement des éléments de hausse.
[0025] Les figures 8a à 8e sont des vues en coupe verticale permettant d'expliquer le fonctionnement
de la hausse fusible de la présente invention, avant, pendant et après le passage
d'une crue.
[0026] Les figures 9a et 9b sont des graphiques montrant les forces qui, en service, peuvent
être appliquées à un élément de hausse conforme à la présente invention.
[0027] La figure 10 est un graphique représentant les variations des moments des forces
motrice et résistante en fonction de la hauteur d'eau au dessus du seuil déversant,
ainsi que les variations du débit d'eau évacué en fonction de la hauteur de la lame
déversante.
[0028] La figure 11 est une vue en coupe verticale montrant un élément de hausse de la présente
invention, auquel est associé un dispositif déclencheur de pliage.
[0029] Les figures 12a à 12c montrent, à plus grande échelle, divers dispositifs protecteurs
pouvant être prévus à l'extrémité supérieure du dispositif déclencheur de la figure
13.
[0030] Les figures 13a à 13c sont des vues en coupe transversale permettant de comparer
les hauteurs maximales de lames déversantes dans le cas de la présente invention pour
des éléments de hausse ayant des hauteurs différentes (figures 11a et 11b) et dans
le cas d'un seuil déversant libre connu (figure 11c).
[0031] Les figures 14a à 14d sont des vues en coupe verticale permettant d'expliquer le
fonctionnement d'une double hausse fusible selon une autre forme d'exécution de l'invention.
[0032] Les figures 15 à 17 montrent, en coupe verticale, d'autres formes d'exécution d'un
élément de hausse conforme à la présente invention.
[0033] La figure 18 est une vue en perspective montrant un détail de l'élément de hausse
de la figure 17.
[0034] L'ouvrage 1 représenté dans la figure 1 peut être un barrage en remblais ou un barrage
en béton ou maçonnerie. Toutefois, il y a lieu de noter que l'invention n'est pas
limitée au type de barrage montré dans la figure 1, mais qu'au contraire elle peut
s'appliquer à n'importe quel type de barrage connu à seuil déversant libre.
[0035] Dans la figure 1, le numéro de référence 2 désigne la crête du barrage, le numéro
3 son parement aval, le numéro 4 son parement amont, le numéro 5 un déversoir évacuateur
de crues, le numéro 6 le seuil du déversoir 5 et le numéro 7 un chenal d'évacuation.
Le déversoir 5 peut être implanté dans la partie centrale du barrage 1 ou en extrémité
de celui-ci ou encore excavé sur une rive sans que cela n'altère la possibilité d'utilisation
de l'invention.
[0036] Pour un ouvrage à seuil déversant libre, le niveau RN de la retenue normale en exploitation
(voir aussi la figure 2a) est celui de la crête 8 du seuil déversant 6. Ce niveau
RN détermine le volume maximal de retenue qui peut être conservé par le réservoir
formé par le barrage. La distance verticale R, appelée revanche, entre la crête 8
du déversoir et la crête 2 du barrage est la somme de deux termes à savoir, d'une
part, une surélévation h₁ du niveau d'eau due à une crue, jusqu'à un niveau maximal
RM ou niveau des plus hautes eaux (PHE), permettant le déversement de la crue maximale
(figure 2b) pour laquelle l'ouvrage est dimensionné, et, d'autre part, une surhauteur
additionnnelle h₂ destinée à protéger la crête 2 du barrage contre les oscillations
du plan d'eau à son niveau maximal RM (effet du vent, vagues, etc.)
[0037] Dans un barrage classique à seuil déversant libre comme celui montré dans la figure
1, la tranche de réservoir située entre le niveau de retenue normale RN et le niveau
maximal RM n'est pas stockée et est donc perdue pour l'exploitation. L'un des buts
de l'invention est de permettre de relever de façon quasi-permanente le niveau d'exploitation
normale de la retenue et donc d'augmenter sa capacité de stockage, sauf lors du passage
de crues exceptionnelles.
[0038] A cet effet, l'invention prévoit de fixer par un encastrement sur le seuil déversant
6 une hausse 10, constituée par au moins un élément 11, en forme de plaque, par exemple
cinq éléments 11a-11e comme montré dans les figures 3 et 4, ladite hausse 10 ou les
éléments de hausse 11 étant capables de résister, sans se rompre, à la charge d'eau
correspondant à un déversement modéré (permettant le passage des crues les plus fréquentes)
et étant rendus fusibles par pliage autour d'une ligne d'encastrement pour une charge
d'eau prédéterminée correspondant à un niveau N au plus égal au niveau maximal RM
et permettant alors le passage des plus fortes crues.
[0039] Bien entendu, le nombre des éléments de hausse 11 n'est pas limité à cinq éléments
comme montré dans les figures 3 et 4, mais peut être plus petit ou plus grand selon
la longueur du déversoir 5 (mesurée dans le sens longitudinal du barrage). De préférence,
le nombre des éléments de hausse 11 est choisi de façon à obtenir des masses unitaires
faibles permettant une mise en place et un remplacement aisé desdits éléments de hausse.
[0040] Comme montré dans la figure 4, un joint d'étanchéité classique 13, par exemple en
caoutchouc, est prévu à chacune des deux extrémités de la hausse 10 entre celle-ci
et les flancs latéraux 14 du déversoir 5. Quand la hausse 10 est constituée par plusieurs
éléments 11, des joints d'étanchéité 13 (figure 5) sont également prévus entre les
bords latéraux verticaux, deux à deux en vis-à-vis, des éléments adjacents de hausse
11 comme cela est également visible dans la figure 4. Tous les joints 13 doivent être
tels qu'ils n'empêchent pas le pliage des éléments de hausse 11 les uns par rapport
aux autres et par rapport aux flancs latéraux 14 du déversoir 5 quand cela est rendu
nécessaire pour l'évacuation d'une crue importante.
[0041] Chaque élément de hausse 11 est constitué par une plaque en un métal (convenablement
protégé contre la corrosion) ou autre matériau capable d'être plié. A son extrémité
inférieure, la plaque 11 peut être engagée dans une rainure 12 d'encastrement formée
dans le seuil 6 du déversoir 5, la rainure 12 ayant une largeur un peu plus grande
que l'épaisseur de la plaque 11 comme montré dans les figures 6 et 7. L'étanchéité
à la base des plaques 11 peut être assurée par un joint d'étanchéité 15 disposé entre
le seuil 6 et la partie inférieure des plaques 11, par exemple du côté amont de celles-ci,
et/ou par un matériau de remplissage 16, tel que par exemple du sable, mis dans la
rainure 12 de part et d'autre des plaques 11.
[0042] Comme montré dans les figures 6 et 7, la ligne d'encastrement 17 autour de laquelle
les éléments de hausse 11 plieront, peut être matérialisée par un organe d'appui,
continu ou disconstinu, disposé du côté aval des éléments de hausse 11; ledit organe
d'appui peut être constitué par une barre longitudinale 18, fixée à chaque élément
de hausse 11, ou par un becquet 19 fixé à la maçonnerie du seuil 6 dans la région
du bord aval de la rainure 12. Il est également à noter que les éléments de hausse
11 peuvent comporter, dans l'une de leurs faces, ou les deux, au niveau de la ligne
d'encastrement 17, un affaiblissement (non montré) sous la forme d'une saignée, continue
ou discontinue, qui facilite le pliage de l'élément de hausse 11 autour de la ligne
17 sous un effort prédéterminé.
[0043] Dans la figure 4, tous les éléments (11a-11e) de la hausse 10 sont disposés dans
un même plan vertical. On peut également les disposer en quinconce comme montré dans
la figure 4a. Dans ce cas, d'autres éléments de hausse 20 fixes, c'est-à-dire non
pliants, également en forme de plaques, sont fixés rigidement au seuil 6 entre les
éléments 11 de manière à rétablir la continuité de la hausse 10, les éléments fixes
20 s'étendant parallèlement entre eux et au sens général d'écoulement de l'eau dans
le déversoir. La ligne de crête de la hausse 10 n'est plus alors rectiligne, mais
brisée, en créneau, de sorte que la longueur de déversement par dessus la hausse 10
est notablement accrue, ce qui permet, comme on le verra plus loin, pour un niveau
d'eau donné et un débit d'évacuation donné, de réduire la hauteur (épaisseur) de la
lame déversante, donc d'augmenter la hauteur de la hausse et par conséquent d'accroître
encore la capacité de stockage d'eau du barrage.
[0044] Comme montré dans la figure 8a, la hausse 10 de la présente invention permet de relever
le niveau de la retenue normale du niveau RN (niveau de la retenue normale du seuil
déversant libre 6, c'est-à-dire sans la hausse 10) jusqu'au niveau RN′ correspondant
à la hauteur de la hausse 10 au-dessus du seuil 6. Comme cela sera expliqué plus loin,
chaque élément de hausse 11 est dimensionné de manière à résister en flexion pour
une charge d'eau inférieure à un niveau prédéterminé N, lui-même au plus égal au niveau
maximal RM déjà mentionné plus haut. Ainsi, en supposant par exemple que ledit niveau
prédéterminé est égal au niveau RM, tant que le niveau de l'eau reste inférieur au
niveau RM pour des crues de faible ou moyenne importance et est compris entre les
niveaux RN′ et RM, l'eau se déverse par-dessus la hausse 10 comme montré dans la figure
8b, sans que la hausse ne soit détruite. Dans ce cas, après évacuation de la crue,
le niveau de l'eau retombe au niveau RN′ ou à un niveau plus bas si de l'eau est soutirée
dans la retenue.
[0045] Par contre, si le niveau de l'eau atteint, dans l'hypothèse susmentionnée, un niveau
prédéterminé N égal ou légèrement plus bas que le niveau maximal RM dans le cas d'une
forte crue ou crue exceptionnelle, au moins un élément 11 de la hausse 10 est plié
par la poussée de l'eau autour de la ligne 17 comme montré dans la figure 8c, permettant
ainsi l'évacuation des crues les plus fortes. Après évacuation d'une forte crue ayant
entraînée le pliage de la hausse 10, le seuil déversant 6 se retrouve dans l'état
montré dans la figure 8d, le niveau de l'eau étant revenu à peu près au niveau de
la retenue normale RN ou à un niveau plus bas encore. On peut éventuellement prévoir
quelques éléments 11 de rechange, disponibles en permanence sur le site du barrage,
pour permettre une réparation de la hausse 10 en cas de besoin et rétablir ainsi le
niveau de la retenue normale au niveau RN′ comme montré dans la figure 8e. Il faut
noter cependant que le non-remplacement d'un ou plusieurs éléments 11 après une crue
exceptionnelle ayant entraîné pliage d'au moins un élément 11 ne diminue pas la sécurité
de fonctionnement de l'ouvrage.
[0046] Les risques de mauvais fonctionnement dûs à des corps flottants peuvent être facilement
éliminés par une protection amont selon des techniques conventionnelles adaptables
à chaque cas particulier. La protection peut être par exemple constituée par des lignes
flottantes sur la retenue, à une certaine distance en amont du déversoir, ou par des
dispositifs d'arrêt fixés sur le parement amont du barrage.
[0047] On donnera maintenant un exemple numérique de dimensionnement d'une hausse fusible
conforme à la présente invention. Habituellement, les barrages et les seuils déversants
sont dimensionnés pour que le niveau du lac (niveau de la retenue) atteigne le niveau
maximal RM pour la crue exceptionnelle envisagée (crue de projet). Cette crue peut
être par exemple la crue ne se produisant qu'une année sur mille (crue millénale).
[0048] Pour fixer les idées, on supposera que le débit de cette crue de projet est par exemple
de 200m³/s et que le seuil déversant libre 6 a une longueur de 40 m. Dans ces conditions,
la hauteur H de la lame d'eau nécessaire pour évacuer le débit de la crue de projet
correspond à 5m³/s par mètre linéaire de seuil. Cette hauteur H peut être calculée
par la formule suivante:

d'après laquelle on peut voir que H est sensiblement égal à 2 m dans l'hypothèse
faite plus haut. Toujours dans cette hypothèse, en l'absence de dispositif de vannes
ou de hausses, le niveau du seuil 6 du déversoir 5 est arasé à 2 m en-dessous du niveau
maximal RM pour permettre l'évacuation de la crue millénale, et on perd donc un volume
utile d'eau correspondant à une tranche de 2 mètres.
[0049] Pour la détermination de la hauteur des éléments de hausse 11, l'invention est basée
sur la constatation que le débit maximum atteint en moyenne sur 20 ans est beaucoup
plus faible que celui de la crue de projet. Il peut être d'environ 50m
3 /s dans l'exemple choisi ici. D'après la formule (1) ce débit correspond alors à une
lame d'eau ayant une hauteur d'environ 0,8m. Si l'on admet que des éléments de hausse
11 peuvent être détruits en moyenne tous les 20 ans, on peut alors donner aux éléments
de hausse une hauteur de 2 m - 0,8 m = 1,2 m, permettant ainsi le passage au-dessus
des éléments de hausse 11 d'une lame d'eau de 0,8 m de hauteur correspondant au débit
de 50m³/s. Dans ce cas, le niveau de la retenue normale RN′ est élevé à 1,20 m au-dessus
du niveau de la retenue normale RN du seuil déversant 6 libre, c'est-à-dire sans les
éléments de hausse 11. Si on choisit des éléments de hausse 11 ayant une hauteur supérieure
à 1,2m, la hauteur de la lame d'eau admissible sera inférieure à 0,8m et il faudra
admettre la destruction des éléments de hausse, par exemple tous les 10 ans, mais
le niveau de la retenue normale sera encore augmenté. En revanche, si on choisit des
éléments de hausse 11 ayant une hauteur plus petite que 1,2m, on pourra admettre une
lame d'eau ayant une hauteur plus forte que 0,8m, les éléments de hausse n'étant alors
détruits que tous les 50 ou 100 ans, mais le niveau de la retenue normale sera alors
plus faible que dans les cas précédents. Le choix de la hauteur des éléments de hausse
11 est donc essentiellement un choix économique. Il est probablement souhaitable en
général de fixer à 20 ans environ l'intervalle de temps entre deux destructions totales
successives de la hausse fusible, ce qui conduirait à une hauteur théorique de 1,2m
des éléments de hausse dans l'exemple considéré ici.
[0050] Il est par ailleurs avantageux que la destruction de tous les éléments de hausse
11 ne se produise pas exactement pour le même niveau d'eau. On peut prévoir par exemple
qu'un seul élément tel que l'élément 11c des figures 3 et 4 soit détruit lorsque l'eau
atteint un premier niveau N1 situé environ 10cm en-dessous du niveau maximal RM, qu'au
moins un autre élément 11, tel que les éléments 11b et 11d, soient détruits lorsque
l'eau atteint un second niveau N2 situé environ 5cm en-dessous du niveau maximal RM,
et que les autres éléments 11, tels que les éléments 11a et 11e, soient détruits lorsque
l'eau atteint ledit niveau maximal RM.
[0051] De cette façon, la destruction du premier élément 11c par une crue d'importance moyenne
peut suffire à l'écoulement de la crue sans montée supplémentaire du niveau d'eau,
ce qui évite la destruction des autres éléments 11a, 11b, 11d et 11e. Toutefois, la
marge de 10cm qui est ainsi prise s'ajoute à la hauteur de lame déversante maximale
admissible, de sorte que la hauteur des éléments de hausse et, par suite, la tranche
d'eau gagnée (RN′-RN) devient égale à 1,1m (2m-0, 8m-0,1m) dans l'exemple considéré
ici.
[0052] Le pliage du ou des éléments de hausse 11 et, par suite, leur destruction dépend
de l'équilibre entre, d'une part, le moment moteur Mm, c'est-à-dire le moment des
forces qui tendent à plier l'élément de hausse considéré, et, d'autre part, le moment
résistant Mr, c'est-à-dire le moment des forces qui s'opposent au pliage dudit élément
de hausse à l'encastrement. Si on ne prévoit pas un dispositif déclencheur, directement
lié au niveau d'eau, pour déclencher le pliage de l'élément de hausse avec précision
pour un niveau d'eau prédéterminé, la hauteur d'eau correspondant à l'équilibre susmentionné
ne peut être fixée qu'avec une marge d'incertitude pouvant atteindre 0,2m. Dans ces
conditions, il est nécessaire, par sécurité, de réduire la hauteur du ou des éléments
de hausse 11 d'une quantité correspondant à certe marge d'incertitude, par exemple
0,2m. Toutefois, on peut éviter d'avoir à réduire la hauteur des éléments de hausse
en prévoyant un dispositif déclencheur qui sera décrit plus loin en faisant référence
à la figure 11.
[0053] Il est possible, pour le débit de 50m³/s considéré dans le présent exemple, de réduire
à moins de 0,8m la hauteur de la lame déversante maximale admissible avant pliage
des éléments de hausse, en faisant en sorte que la ligne de crête des éléments 11
de la hausse 10, considérés ensemble, ne soit plus disposée parallèlement à la crête
du seuil déversant 6, mais suivant une ligne non rectiligne, par exemple une ligne
brisée comme montrée dans la figure 4a, pour allonger la longueur de déversement du
débit susmentionné. Si l'on double cette longueur, le débit de 50m³/s est alors réparti
sur 80m au lieu de 40m et la hauteur de la lame maximale admissible correspondante
est ramenée de 0,8m à 0,5m. Ceci permet, toutes choses égales par ailleurs, de remonter
de 0,3 m la hauteur des éléments de hausse 11 et d'augmenter en conséquence le volume
d'eau stocké dans la retenue.
[0054] Les figures 9a et 9b montrent les forces qui, en service, peuvent être appliquées
à un élément de hausse 11 de la présente invention. Pour la description qui va suivre,
on supposera que l'élément 11, en forme de plaque, a une épaisseur e et une hauteur
H₁ au dessus du seuil 6. Dans les figures 9a et 9b, RM désigne comme auparavant le
niveau maximal, H₂ désigne la hauteur de la lame déversante maximale admissible au-dessus
de l'élément de hausse 11 et z désigne le niveau de l'eau. Les forces motrices, qui
tendent à plier l'élément de hausse 11 sont la poussée P de l'eau sur la face amont
de l'élément de hausse 11. Les forces résistantes, qui s'opposent au pliage de l'élément
de hausse 11, sont la résistance propre de l'élément de hausse 11.
[0055] Dans le présent exemple, pour simplifier les calculs, on supposera que la ligne d'encastrement
17 autour de laquelle se produira le pliage de l'élément de hausse 11, est située
au niveau du seuil 6. Dans ces conditions, pour calculer la valeur de P et la valeur
du moment moteur correspondant Mm par rapport à la ligne 17, il y a lieu de considérer
deux cas en fonction de la hauteur d'eau z au dessus du seuil 6. Les valeurs de P
et Mm et la valeur du moment résistant Mr sont résumées ci-dessous, lesdites valeurs
étant données par unité de longueur de l'élément de hausse 11.

[0056] Dans les formules sus-indiquées, P, Mm, Mr, e, H₁ et z ont les significations déjà
indiquées plus haut. γ
w est le poids volumique de l'eau et σ
a est la limite élastique de la matière utilisée pour la construction de l'élément
de hausse, par exemple de l'acier.
[0057] Dans le graphique de la figure 10, les tracés A et B représentent respectivement
les variations de Mr et Mm en fonction de la hauteur d'eau z au-dessus du seuil 6,
et le tracé C représente la variation du débit d'eau évacuée Q en fonction de la hauteur
H de la lame déversante [ Q = 1,8. H
3/2, H étant égal à (z-H₁) avant pliage de l'élément de hausse 11 et à z après pliage
dudit élément 1. Les tracés A, B et C ont été obtenus à partir des formules indiquées
plus haut et pour H₁ = 1,2m, e = 2cm, γ
w = 1 et σ
a = 30 kg/mm².
[0058] En considérant les tracés A et B, on voit que le moment moteur Mm atteint la même
valeur que le moment résistant Mr pour une valeur de z, (H₁ + H₂), d'environ 2m, c'est-à-dire
pour le niveau maximal RM dans l'exemple numérique considéré ici. Autrement dit, le
pliage de l'élément de hausse 11 aura lieu lorsque le niveau de l'eau atteindra le
niveau maximal RM. D'après le graphique de la figure 10 et d'après les formules (5)
et (6), on voit que, sans changer la valeur de la hauteur H₁ de l'élément de hausse
11, si l'on avait voulu que le pliage de ce dernier se produise pour une valeur de
z plus petite ou plus grande que 2m, il aurait fallu respectivement diminuer ou augmenter
la valeur de e et/ou la valeur de σ
a par rapport aux valeurs indiquées plus haut.
[0059] D'après ce qui précède, on voit que, par un dimensionnement approprié en hauteur
(H₁) et en épaisseur (e) de l'élément de hausse 11 et par un choix approprié de sa
matière constitutive (limite élastique σ
a), on peut faire en sorte que l'élément de hausse 11 soit plié pour un niveau d'eau
prédéterminé.
[0060] Dans le graphique de la figure 10, on a également tracé, en A′, les variations du
moment résistant Mr′ en fonction de z dans le cas ou l'élément de hausse 11 est composé
de deux plaques accolées 11 et 21 de hauteurs différentes, l'étanchéité entre ces
deux plaques étant assurée par un joint 22 comme montré dans la figure 11. Les deux
plaques 11 et 21 peuvent être encastrées dans la même rainure 12, auquel cas une pièce
d'espacement 23, continue ou discontinue, peut être prévue entre lesassurée par un
joint 22 comme montré dans la figure 11. Les deux plaques 11 et 21 peuvent être encastrées
dans la même rainure 12, auquel cas une pièce d'espacement 23, continue ou discontinue,
peut être prévue entre les deux plaques à leur partie inférieure, ou elles peuvent
être encastrées dans des rainures différentes
[0061] En considérant les tracés A′ et B on voit que le moment moteur Mm atteint la même
valeur que le moment résistant Mr′ pour une valeur de z, (H₁ + H′₂), d'environ 2,25m.
On voit également que si on appliquait à la partie inférieure de la plaque aval 11
la totalité de la pression d'eau au moment où z atteint une valeur comprise entre
(H₁ + H₂) et (H₁ + H′₂), on obtiendrait une brusque rupture d'équilibre pour cette
valeur de z. Naturellement, dans ce cas, si on souhaite que le pliage ait encore lieu
pour une valeur de z égale à 2m ou moins, il faudrait alors dimensionner la plaque
11 (son épaisseur e et/ou sa limite élastique σ
a) pour que son moment résistant Mr (tracé A de la figure 10) soit plus faible que
ce qui est indiqué dans cette figure.
[0062] Ceci peut être mis à profit pour provoquer le pliage de l'élément de hausse 11 de
manière encore plus sûre et avec une plus grande précision en ce qui concerne le niveau
d'eau auquel se produit le pliage. En effet, des dispositions peuvent être prises
pour que de l'eau pénètre dans l'espace entre les deux plaques 11 et 21 de la figure
11 quand l'eau atteint un niveau prédéterminé N, le dimensionnement des plaques étant
tel qu'à cet instant le moment résistant passe brusquement d'une valeur Mr′ plus grande
que la valeur du moment moteur Mm à une valeur Mr substantiellement plus petite que
la valeur dudit moment moteur Mm. A cet effet, on peut utiliser par exemple un dispositif
déclencheur tel que celui montré dans la figure 11. Ce dispositif déclencheur est
essentiellement constitué par un tuyau d'évent 24 qui, en service normal, met l'espace
entre les plaques 11 et 21 en relation avec l'atmosphère, l'extrémité supérieure 24a
du tuyau d'évent 24 étant située à un niveau N égal au niveau pour lequel on désire
que le pliage de la plaque 11 se produise. Le tuyau 24 peut être coudé et passer à
travers la plaque 21 comme montré dans la figure 11. Un orifice 25 ayant une section
de passage plus faible que celle du tuyau 24 est prévu à la partie inférieure de la
plaque aval 11, près du seuil 6, pour évacuer de l'espace entre les plaques 11 et
21 l'eau due aux fuites éventuelles au niveau du joint 22 ou l'eau qui pourrait entrer
par l'orifice supérieur du tuyau 24, à cause des vagues, avant que le niveau d'eau
ait réellement atteint le niveau N.
[0063] Dans le cas où plusieurs éléments de hausse 11, 21 sont prévus et doivent se plier
pour des niveaux d'eau différents, tels que les niveaux N₁, N₂ et RM (figure 3) au
moins un tuyau d'évent 24 est associé à chaque élément de hausse et chaque tuyau 24
s'étend vers le haut jusqu'à un niveau N égal au niveau N₁ ou N₂ ou RM pour lequel
l'élément correspondant doit se plier.
[0064] L'extrémité supérieure de chaque tuyau d'évent 24 peut être équipée d'un dispositif
de protection contre les corps flottants, afin de ne pas être obturé par ceux-ci,
ou d'un dispositif de protection contre les vagues, afin qu'une ou plusieurs vagues
successives ne déclenchent pas intempestivement le pliage de la plaque 11. De tels
dispositifs de protection sont montrés dans les figures 12a à 12c. Le dispositif de
protection de la figure 12a est essentiellement constitué par un entonnoir 26 dont
le bord supérieur 26a se trouve à un niveau plus élevé que le niveau N et qui comporte
au moins un petit trou 27 à un niveau plus bas que le niveau N. Dans la figure 12b,
le dispositif de protection est constitué par le tuyau 24 lui-même dont l'extrémité
supérieure est recourbée sous la forme d'un siphon 28. Enfin, le dispositif de protection
de la figure 12c est constitué par une cloche 29, qui coiffe l'extrémité supérieure
24a du tuyau d'évent 24 et dont le sommet 29a se trouve à un niveau légèrement plus
élevé que le niveau N.
[0065] Il peut être avantageux, pour améliorer la sérurité d'un ouvrage existant dont le
seuil déversant 6 avait été initialement arasé, en fonction de la crue de projet initialement
choisie, à un niveau déterminant le niveau de la retenue normale RN (figure 13c),
de déraser le seuil 6 de quelques décimètres en-dessous de sa côte actuelle (correspondant
à RN) et d'encastrer sur le seuil dérasé 6 une hausse fusible 10 conforme à la présente
invention, composée d'au moins un élément de hausse 11 dimensionné en hauteur et en
épaisseur de la manière décrite plus haut pour se plier autour de la ligne 17 lorsque
le niveau de l'eau atteint un niveau prédéterminé au plus égal au niveau maximal RM
correspondant à la crue de projet. Dans ces conditions, la probabilité d'ouverture
de la hausse 10 n'est pas modifiée mais, en cas de crue exceptionnelle, la section
d'écoulement disponible après destruction totale de la hausse 10 est notablement augmentée
pour un même niveau d'eau dans la retenue, ce qui permet de passer sans risque une
crue ayant un débit très supérieur à celui de la crue pour laquelle l'ouvrage avait
été initialement dimensionné. Dans le cas où la hauteur choisie pour les éléments
de hausse 11 est égale à la hauteur de dérasement du seuil 6 (figure 13a), on obtient
simplement une augmentation de la sécurité de l'ouvrage, sans changement du niveau
de la retenue normale RN, par rapport à l'ouvrage existant avant dérasement de son
seuil 6 (figure 13c). Toutefois, on peut à la fois augmenter la sécurité de l'ouvrage
et réhausser le niveau de la retenue normale à un niveau RN′ en donnant aux éléments
de hausse 11 une hauteur telle que leur sommet se trouve à un niveau plus élevé que
le niveau RN, mais inférieur au niveau maximal RM (figure 13b).
[0066] Dans la forme d'exécution montrée dans la figure 11 on a supposé que les deux plaques
11 et 21 étaient encastrées dans une même rainure 12 et accolées l'une à l'autre.
Toutetois on peut envisager d'encastrer, les deux plaques 11 et 21, ou un plus grand
nombre encore de plaques, par exemple trois plaques 11, 21 et 31 (figure 14a), dans
une ou plusieurs rainures d'encastrement espacées sur le seuil 6, les plaques ayant
des hauteurs différentes, qui croissent d'amont vers l'aval, et étant dimensionnées
(e, σ
a) de façon à plier successivement de l'aval vers l'amont pour des conditions hydrologiques
de sévérité croissante comme illustré par les figures 14a à 14d dans le cas de deux
plaques 11 et 21. De cette manière, si le pliage de la plaque aval 11 a suffi pour
évacuer une crue de moyenne importance, ayant entraîné une élévation du niveau de
l'eau jusqu'à un premier niveau prédéterminé N
1 (RN′<N₁<RM), la plaque 21 reste dressée (figure 14c) et le niveau de retenue normale
n'est réduit que partiellement (RN˝ au lieu de RN′ avant pliage de la plaque aval
11). Si le pliage de la plaque 11 n'a pas suffi pour évacuer la crue et si le niveau
d'eau atteint un second niveau prédéterminé N₂ (N₁<N₂≦RM), la plaque amont 21 se plie
à son tour comme montré sur la figure 14d. Après pliage de la plaque 11 et, le cas
échéant, de la plaque 21 et après évacuation de la crue, la ou les plaques 11 et 21
peuvent être remplacées par des plaques non pliées.
[0067] Dans les formes d'exécution qui ont été décrites jusqu'ici, chaque plaque 11 (ou
21 ou 31) formant un élément de hausse était engagée dans une rainure prévue dans
le seuil 6. Cependant, la plaque 11 (ou 21 ou 31) peut être engagée dans une rainure
formée dans une pièce de montage 32, continue ou discontinue, qui est elle-même fixée
rigidement au seuil 6, par exemple au moyen de boulons et de tiges filetées 33 scellées
dans la maçonnerie du seuil 6 comme montré dans la figure 15. De préférence, le seuil
6 est dérasé au moins d'une quantité correspondant à la hauteur de la pièce de montage
32.
[0068] Suivant une autre forme d'exécution, au lieu de réaliser l'encastrement de la plaque
11 (ou 21 ou 31) par engagement de sa partie inférieure dans une rainure, l'encastrement
peut être effectué comme montré dans la figure 16. Dans cette figure, la plaque 11′,
vue en coupe verticale, est cintrée en forme de L et sa branche horizontale 11′a est
fixée rigidement au seuil 6 par une liaison du type encastrement, c'est-à-dire une
liaison où aucun mouvement relatif n'est autorisé, par exemple au moyen de plusieurs
boulons et tiges filetées 33 (une seule est visible dans la figure 16) scellées dans
la maçonnerie du seuil. Lorsque plusieurs plaques sont prévues, comme les plaques
11′ et 21′ (figure 16), elles peuvent être fixées ensemble au seuil 6 par les mêmes
boulons et tiges filetées 33. Suivant une variante, au lieu d'utiliser des plaques
cintrées en L, on peut utiliser des plaques verticales droites, comme les plaques
11 des figures 8, 13, 14, 15, qui sont alors fixées rigidement au seuil 6 par des
équerres, les branches verticales des équerres étant fixées aux plaques par exemple
par soudage, tandis que leurs branches horizontales peuvent être fixées au seuil 6
d'une manière semblable à celle montrée dans la figure 16. Dans ce dernier cas, c'est
l'épaisseur du matériau constituant les équerres et sa limite élastique σ
a qu'il faut prendre en considération pour le calcul du moment résistant Mr qui détermine
le niveau d'eau pour lequel se produit le "pliage" des éléments de hausse.
[0069] La figure 17 montre, en coupe verticale, un élément de hausse 11 composé de deux
plaques 11i et 11j qui sont empilées de façon amovible l'une sur l'autre. Si on le
désire plusieurs plaques 11j peuvent être prévues et empilées l'une sur l'autre. Les
plaques 11i et 11j peuvent être maintenues ensemble par au moins deux paires de plaquettes
34, dont une paire est visible dans les figures 17 et 18, qui sont fixées rigidement
à l'une des deux plaques 11i et 11j et qui enfourchent l'autre plaque. Au lieu des
plaquettes 34 on peut aussi utiliser des barrettes s'étendant sur toute la longueur
des plaques 11i et 11j. Un joint d'étanchéité 35 est prévu entre les plaques 11i et
11j et, le cas échéant, entre les plaques 11j quand il y en a plusieurs. Les plaques
peuvent avoir toutes la même dimension verticale ou des dimensions verticales différentes;
par exemple, la plaque supérieure 11j a une dimension verticale plus faible que celle
de la plaque 11i. Avec une telle construction de l'élément de hausse, non seulement
les opérations de mise en place de la hausse sont facilitées, mais il est aussi possible
de donner à la hausse des hauteurs différentes selon les saisons, sans que cela nécessite
une surveillance humaine particulière du point de vue de l'évacuation des crues.
[0070] En conclusion, la hauteur de la hausse 10, donc de son ou ses éléments 11, dépend
d'un choix économique, de la progressivité souhaitée dans le pliage des divers éléments
de hausse, de la précision du niveau d'eau auquel se produit le pliage (précision
qui peut être améliorée en prévoyant un dispositif déclencheur comme décrit plus haut
en référence à la figure 11) et de la forme de la ligne de crête de la hausse, ligne
qui peut être rectiligne ou en créneau. Dans l'exemple numérique décrit plus haut,
la hauteur des éléments de hausse qui en résulte peut varier entre 0,9m et 1,5m, permettant,
suivant les options prises, de gagner entre 45 et 75% de la tranche d'eau qui serait
perdue sans l'utilisation de la hausse fusible.
[0071] D'après ce qui précède, il est clair que la hausse fusible de la présente invention
permet d'augmenter substantiellement et de façon quasi-permanente la capacité de stockage
d'un barrage ou autre ouvrage à seuil déversant libre, tout en maintenant ou en accroissant
la sécurité de fonctionnement propre aux ouvrages à seuil déversant libre, en permettant
de façon fiable l'évacuation des crues exceptionnelles par ouverture automatique (pliage
d'au moins un élément de la hausse) sans aucune surveillance ni aucune intervention
humaine ou d'un dispositif de contrôle. Il est également clair que la hausse peut
être fabriquée et installée sur le seuil du déversoir d'un barrage ou autre ouvrage
pour un coût plus faible que celui des vannes antérieurement connues, et sans modification
majeure du seuil du déversoir.
[0072] Il est bien entendu que les formes d'exécution de la présente invention qui ont été
décrites ci-dessus ont été données à titre purement indicatif et nullement limitatif,
et que de nombreuses modifications peuvent être facilement apportées par l'homme de
l'art sans pour autant sortir du cadre de la présente invention.
1. - Déversoir évacuateur de crues pour barrages et ouvrages similaires, comportant un
seuil déversant (6) dont la crête (8) est située à un premier niveau prédéterminé
(RN) plus bas qu'un second niveau prédéterminé (RM) correspondant à un niveau maximal
ou niveau des plus hautes eaux (PHE) pour lequel le barrage (1) est conçu, la différence
desdits premier et second niveaux (RN et RM) correspondant à un débit maximal prédéterminé
d'une crue exceptionnelle, et une hausse mobile (10) obturant le déversoir (5), caractérisé
en ce que ladite hausse (10) comprend au moins un élément de hausse (11), en forme
de plaque sensiblement verticale, qui est maintenue à sa base par un encastrement
sur le seuil (6) du déversoir (5) et qui a, par rapport au seuil, une hauteur prédéterminée
(H₁) plus petite que la différence des premier et second niveaux prédéterminés (RN
et RM), ladite hauteur prédéterminée correspondant, pour un niveau d'eau sensiblement
égal audit niveau maximal (RM), à une crue moyenne ayant un débit prédéterminé plus
faible que ledit débit maximal prédéterminé, ledit élément de hausse (11) ayant, au
niveau de l'encastrement, une épaisseur telle et étant fait d'une matière ayant une
limite élastique telle que le moment des forces de poussée appliquées par l'eau à
l'élément de hausse atteigne son moment résistant à l'encastrement et qu'en conséquence
ledit élément de hausse se plie autour d'une ligne d'encastrement (17), quand l'eau
atteint un troisième niveau prédéterminé (N) plus élevé que le sommet de l'élément
de hausse (11), mais au plus égal au second niveau prédéterminé (RM).
2. - Déversoir selon la revendication 1, caractérisé en ce que la plaque (11) formant
l'élément de hausse est engagée dans une rainure (12) prévue dans le seuil (6) ou
dans une pièce de montage (32) fixée au seuil (6).
3. - Déversoir selon la revendication 1, caractérisé en ce que la plaque (11′) formant
l' élément de hausse est cintrée en forme de L et sa branche horizontale (11′a) est
fixée rigidement au seuil par une liaison du type encastrement.
4. - Déversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que,
dans le cas d'un déversoir (5) existant, la crête (8) du seuil déversant (6) est dérasée
à un niveau plus bas que ledit premier niveau prédéterminé (RN), et en ce que l'élément
de hausse (11) est encastré sur le seuil dérasé et a une hauteur telle que son sommet
se trouve au moins audit premier niveau prédéterminé (RN), mais à un niveau (RN′)
inférieur audit troisième niveau prédéterminé (N).
5. - Deversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'un
joint d'étanchéité (15) est disposé entre le seuil déversant (6) et la partie inférieure
de l'élément de hausse (11).
6. - Déversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
ledit élément de hausse est constitué par une paire de plaques accolée (11, 21), de
hauteurs différentes, l'étanchéité entre les deux plaques étant assurée par un joint
(22).
7. - Déversoir selon la revendication 6, caractérisé en ce qu'il comprend au moins un
tuyau d'évent (24), qui, en service normal, met l'espace entre les deux plaques (11
et 21) en relation avec l'atmosphère, l'extrémité supérieure du tuyau d'évent (24)
étant située à un niveau égal audit troisième niveau prédéterminé (N).
8. - Déversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
plusieurs éléments de hausse (11) sont disposés côte à côte le long de la crête (8)
du seuil déversant (6), des joints d'étanchéité (13) étant disposés entre les éléments
contigüs de hausse.
9. - Déversoir selon la revendication 8, caractérisé en ce que les éléments de hausse
(11) sont dimensionnés de telle façon qu'au moins un premier élément de hausse (11c)
soit plié quand l'eau atteint ledit troisième niveau prédéterminé (N₁), celui-ci étant
plus bas que ledit second niveau prédéterminé (RM), qu'au moins un second élément
de hausse (11b, 11d) soit plié quand l'eau atteint un quatrième niveau prédéterminé
(N₂) compris entre les second et troisième niveaux prédéterminés (RM et N₁), et qu'au
moins un troisième élément de hausse (11a, 11e) soit plié quand l'eau atteint un cinquième
niveau prédéterminé plus haut que le quatrième niveau (N₂) et au plus égal au second
niveau prédéterminé (RM).
10. - Déversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que
la hausse (10) comporte au moins deux éléments de hausse (11 et 21) qui sont disposés
l'un à la suite de l'autre dans le sens amont-aval et qui ont des hauteurs différentes
croissant de l'amont vers l'aval, les éléments de hausse étant dimensionnés de telle
façon que l'élément de hausse aval (11) plie quand l'eau atteint ledit troisième niveau
prédéterminé (N₁), celui-ci étant plus bas que le second niveau prédéterminé (RM),
et que l'élément de hausse amont (21) plie quand l'eau atteint un quatrième niveau
prédéterminé (N₂) plus élevé que le troisième niveau prédéterminé (N₁), mais au plus
égal au second niveau prédéterminé (RM).
11. - Déversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 10, caractérisé en ce que
ledit élément de hausse (11) comprend au moins deux plaques verticales (11i, 11j)
empilées l'une sur l'autre.
12. - Déversoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 11, caractérisé en ce que
la hausse (10) comprend plusieurs plaques verticales (11) disposées en quinconce entre
d'autres plaques verticales fixes (20), de telle façon que la ligne de crête de la
hausse ait une force en créneau.