[0001] La présente invention a pour objet un procédé de fabrication d'une cathode imprégnée
et une cathode obtenue par ce procédé. Elle trouve une application dans la réalisation
de cathodes pour tubes électroniques et plus particulièrement mais non exclusivement
pour des tubes cathodiques de visualisation.
[0002] Les cathodes imprégnées sont couramment utilisées pour fournir des densités de courant
électronique allant jusqu'à 1 à 2 A/cm² en continu et plus en impulsions.
[0003] Les cathodes imprégnées connues de l'art antérieur sont constituées d'un corps poreux
en métal réfractaire, comme le tungstène pur, ou encore d'un mélange de tungstène,
soit avec un métal provenant de la mine du platine (matrice mixte), tel que connu
par le document FR A 2 356 263, soit avec l'oxyde de scandium ou d'autre terres rares
en faible concentration (3 à 5% en poids ).
[0004] Ce corps poreux est obtenu en général en comprimant une poudre finement divisée du
métal (ou du mélange de métaux) à l'aide d'une presse isostatique ou d'une presse
uniaxe.
[0005] Les corps compacts ainsi obtenus sont ensuite chauffés sous hydrogène à température
élevée, afin de fritter les particules les unes aux autres et d'augmenter la densité
du corps poreux.
[0006] Pour faciliter l'usinage du corps poreux, celui-ci est infiltré avec du cuivre ou
du plastique, puis usiné à la forme désirée. Par la suite, le cuivre ou le plastique
sont retirés par dissolution dans un acide ou par chauffage.
[0007] Le corps poreux de la forme désirée est ensuite brasé sur une jupe en molybdène qui
sert à maintenir, d'un côté, la pastille émissive et, de l'autre, un filament potté
dans de l'alumine qui permet le chauffage de la cathode. Une fois le filament en place
les pores du corps poreux peuvent être remplis avec des aluminates de baryum et de
calcium. Autrement dit, le corps est imprégné avec ces aluminates, qui constituent
la matière émissive de la cathode finie.
[0008] Pour cette opération le corps poreux est maintenu en contact étroit avec une composition
d'aluminate portée, sous atmosphère réductrice, à une température supérieure à son
point de fusion. Le contact est assuré, soit en immergeant le corps poreux dans l'aluminate,
soit en plaçant l'aluminate sur le corps poreux. Au moment de la fusion, l'aluminate
diffuse par capillarité ou par écoulement à l'intérieur des pores ouverts et les remplit.
La cathode est ensuite nettoyée mécaniquement et chimiquement, afin d'éliminer les
résidus d'aluminates qui sont restés collés sur les surfaces.
[0009] Finalement, la cathode est activée, sous vide, à une température à laquelle la tungstène
réduit l'aluminate de baryum et de calcium pour libérer l'oxyde de baryum. Du baryum
métallique est produit dans les zones où l'aluminate est en contact avec le métal
réfractaire (pores). Le baryum métallique atteint l'extrémité des pores et diffuse
sur toute la surface émissive où il forme avec l'oxygène une monocouche superficielle
qui favorise l'émissivité électronique en abaissant le travail de sortie d'électrons.
[0010] Par ailleurs, le dépôt, sur la surface émissive de ces cathodes imprégnées, d'un
film d'osmium, d'iridium, de ruthénium, ou d'un alliage de ces corps, ce film ayant
une épaisseur de quelques milliers d'Angströms, peut améliorer l'émissivité d'un facteur
3 environ.
[0011] La cathode à matrice mixte, recouverte d'un film de métal réfractaire est connue
par le document FR 4 2 469 792 au nom de la demanderesse.
[0012] Les performances obtenues des cathodes élaborées par les procédés connus de l'art
antérieur sont satisfaisantes pour la plupart des applications professionnelles, car
des fortes densités de courant peuvent être obtenues pendant une durée de vie qui
ne limite pas la durée de vie de l'équipement dans lequel la cathode, ou le tube électronique
comportant la cathode, sera installé.
[0013] Toutefois, les procédés connus de l'art antérieur et résumés brièvement ci-dessus
sont longs, compliqués, et coûteux car ils comprennent de nombreux étapes, de natures
différentes et d'exécution critique pour la qualité du produit fini. Ces inconvénients
rendent leur coût prohibitif pour des applications grand public où le prix se doit
de baisser avec l'augmentation du nombre de cathodes produites.
[0014] Le procédé selon la présente invention a justement pour but de remédier à ces inconvénients.
A cette fin, l'invention préconise un procédé original qui procure les avantages des
cathodes imprégnées, mais avec une procédure sensiblement simplifiée par rapport à
celles connues de l'art antérieur.
[0015] Selon l'invention, la poudre de tungstène ou d'un mélange de tungstène et d'un métal
de la mine du platine ou d'un oxyde de scandium ou des trois matériaux est mélangée
avec une poudre d'aluminate, de baryum et de calcium dans les proportions stoechimétriques
désirées, puis ensuite ce mélange est pressé sous forme de pastilles et fritté, sous
atmosphère d'hydrogène, à une température supérieure à la température de fusion des
aluminates. On obtient alors une gangue de consistance égale au corps poreux, manipulable,
qui est placée dans un support en molybdène ou tantale par pressage léger.
[0016] Selon une caractéristique de l'invention, le mélange comprend la poudre de tungstène
ou de tungstène et d'autre matériaux comme ci-dessus, avec des carbonates de baryum
et de calcium et d'alumine dans les proportions stoechiométriques désirés. Ce mélange
est ensuite compressé et fritté à la même température que précédemment. De cette manière,
l'aluminate se forme lors du frittage "in situ".
[0017] Selon une autre caractéristique de l'invention, la surface émissive de la pastille
obtenue selon le procédé de l'invention est recouverte d'un film d'osmium, d'iridium
ou de rhénium pour en augmenter les propriétés émissives.
[0018] Ensuite, le filament est apporté et potté de façon classique, et la cathode est activée
de la même manière que précédemment.
[0019] Ainsi, le procédé selon l'invention permet d'obtenir tous les avantages connus de
l'art antérieur des cathodes imprégnées, soient-elles de matrice simple (tungstène
pur) ou mixte, recouvertes ou non, mais avec des procédures simplifiées, moins longues
et moins coûteuses, avec un nombre d'étapes réduit de façon significative par rapport
à l'art antérieur, ce qui permet d'obtenir une qualité égale de produit fini avec
moins de manipulation critique et donc avec moins de contrôles.
[0020] Le procédé selon l'invention est donc particulièrement adapté à une production industrielle
à haute cadence et à moindre coûts des cathodes à forte densité de courant et avec
une durée de vie relativement longue, ce qui permet d'envisager leur utilisation dans
des équipements destinés à une grande diffusion.
[0021] De façon précise, l'invention a donc pour objet un procédé de fabrication d'une cathode
imprégnée, caractérisé en ce que l'on réalise une pastille émissive par copressage
et frittage d'un mélange d'au moins une poudre de métal réfractaire avec une poudre
d'aluminates de baryum et de calcium, ou avec de carbonates de baryum et de calcium
additionnés d'alumine.
[0022] L'invention a également pour objet une cathode imprégnée telle que l'on obtient en
mettant en oeuvre le procédé qui vient d'être défini.
[0023] De façon ancillaire, l'invention a également pour objet des variantes de cathodes
imprégnées qui peuvent être réalisées à partir du procédé qui vient d'être défini
; par exemple des cathodes réalisées selon le procédé de l'invention et ensuite recouvertes
d'un film de métal de la mine de platine ou autre afin d'en augmenter l'émissivité
électronique ou d'abaisser la température de fonctionnement en gardant l'émissivité
constante. L'invention a aussi pour objet des variantes de cathodes imprégnées qui
peuvent être réalisées à partir du principe même du procédé de l'invention, par exemple
de cathodes réalisées selon le procédé de l'invention, mais avec en complément au
mélange de la poudre d'un métal réfractaire et les aluminates ou les carbonates de
baryum et calcium, adjonction de l'oxyde de scandium ou de terres rares, D'autres
variantes du procédé selon l'invention pourraient facilement être imaginées et mises
en oeuvre par l'homme de l'art, afin de récolter les avantages obtenus par l'invention
avec des avantages particuliers connus par ailleurs, pour des applications spécifiques.
[0024] De toute façon, les caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront mieux
après la description qui va suivre avec ses exemples donnés à titre illustratif et
nullement limitatif, et ses dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 représente, de façon schématique, les étapes principales d'un procédé
simplifié selon l'invention de fabrication d'une cathode imprégnée ;
- la figure 2 représente une application possible de ces cathodes en tant qu'émetteur
pour tube à rayon cathodique.
[0025] Sur la figure 1, on voit un exemple d'une cathode imprégnée fabriquée selon le procédé
de l'invention, illustré dans ces étapes principales dans cette figure 1.
[0026] La pastille émissive (1) est formée par pressage (c) et frittage (d), d'une manière
classique, d'un mélange (b), d'une poudre (w) d'au moins un métal réfractaire avec
une poudre (y) d'aluminate de baryum et calcium ou des carbonates de baryum et calcium
avec de l'alumine.
[0027] Au moins l'une des poudres de départ (w) est une poudre d'éléments connus tels que
le tungstène, le molybdène, le tantale, le rhénium ou les alliages les contenant,
ou une poudre d'un élément capable d'améliorer l'émission électronique, tels que l'osmium,
le ruthénium, l'iridium ou les alliages contenant au moins l'un de ces éléments ou,
enfin, une poudre d'oxyde de scandium ou des particules d'oxydes contenant du scandium.
[0028] Sur la figure 1 (e) l'on voit la pastille émissive encapsulée dans une coupelle,
qui sera ensuite sertie (f) dans une jupe (4) en molybdene ou le tantale. Il ne reste
plus que d'ajouter un filament (5) en tungstène-rhénium recouvert d'un film isolant
(non montré) et à le maintenir dans la jupe (4) par un corps "potting" d'alumine (6),
tel que l'on voit sur la figure 1 (g).
[0029] A titre explicatif, on peut s'y prendre avec les paramètres suivants :
- les poudres à mélanger seront tamisées et de granulométrie de l'ordre de 5 à 10 microns.
Elles seront ensuite mélangées dans des proportions stoechiométriques désirées pour
obtenir les qualités requises de la cathode. Ces proportions appropriées seront déterminées
par expérimentation pour une application donnée, mais pourrait être, par exemple :
W = 80 %, Sc₂O₃ = 2 %, BaO = 12 %, CaO = 3 %, Al₂O₃ = 3 % ; ou bien la poudre de tungstène
pourrait être remplacé par un mélange de poudres de tungstène et un autre métal, par
exemple : W = 45 %, Os = 35 %.
- Les poudres mélangées sont pressées ensemble (c) dans une presse isostatique ou uniaxiale
sous pression de l'ordre de 10 tonnes au cm², par exemple, pour former une pastille.
- la pastille est frittée (d) à haute température (de l'ordre de 2 000° C, par exemple)
sous atmosphère d'hydrogène. La température choisie sera suffisante pour atteindre
la température de fusion des aluminates contenus dans la pastille.
- la pastille émissive ainsi obtenue est ensuite montée mécaniquement sur une jupe (4)
en Mo ou Ta, éventuellement à l'aide d'une coupelle (3) dans laquelle la pastille
sera insérée par un léger pressage.
[0030] La jupe (4) peut être rendue solidaire de l'ensemble par un sertissage (f) sur la
coupelle (3).
[0031] Ensuite le filament (5) de chauffage, préalablement recouvert d'un film d'alumine
(non montré), peut être monté dans la jupe et tenu en place par un corps d'alumine
(6) connu couramment par le mot anglais "potting". Cette opération de "potting" peut
se faire, par exemple, par frittage à 1800° C sous hydrogène d'une poudre d'alumine
déposée à l'aide d'une suspension autour du filament à l'intérieur de la jupe.
[0032] Eventuellement, la pastille émissive pourrait être recouverte d'un film mince métallique
d'épaisseur comprise entre 10 et 30000 Angströms, par exemple, la matière métallique
pouvant être sélectionnée dans le groupe comprenant d'osmium, le ruthénium, l'iridium,
et les alliages contenant l'un de ces éléments. Ce film peut être déposé par des moyens
classiques de sputtering, dépôt sous vide, ou tout autre moyen approprié.
[0033] Sur la figure 2, on voit schématiquement et en coupe un montage possible d'une cathode
fabriquée selon le procédé de l'invention, pour une application comme émetteur d'électrons
pour tube à rayon cathodique.
[0034] A l'ensemble de la cathode imprégnée de la figure 1 (g), pour cette application,
il est nécessaire seulement d'ajouter un support (7) pour tenir l'ensemble à l'endroit
voulu dans l'équipement. La cathode fonctionnant généralement à haute tension dans
un canon à électrons ce support (7) sera probablement électriquement isolant, en alumine
ou céramique, par exemple.
[0035] Le procédé selon l'invention à l'avantage, par rapport à l'art antérieur, d'être
réalisable avec un nombre d'étapes sensiblement réduit, et avec des manipulations
moins critiques pour la qualité du produit. Il en résulte la possibilité d'un meilleur
rendement de production, simultanément avec une cadence accélérée et à moindre coût
par pièce.
[0036] Ces avantages cumulés permettent d'envisager l'usage de ces cathodes, de performances
comparables à celles auparavant destinées uniquement à des applications professionnelles
à cause de leur prix élevé, pour des applications à diffusion plus large et éventuellement
pour des applications grand public.
1. Procédé de fabrication d'une cathode imprégnée, caractérisé en ce que l'on réalise
une pastille émissive (1) par copressage et frittage d'un mélange d'au moins une poudre
de métal réfractaire (w) avec une poudre (y) d'aluminates de baryum et de calcium,
ou avec des carbonates de baryum et de calcium additionnés d'alumine.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit mélange d'au moins une
poudre de métal réfractaire contient la poudre de tungstène mélangée avec la poudre
d'un métal de la mine de platine.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 2, avec adjonction de la poudre
de l'oxyde de scandium ou de terres rares en faible concentration de l'ordre de 5
%.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que la
pastille émissive (1) est recouvert, après copressage et frittage, d'un film de métal
de la mine de platine.
5. Cathode imprégnée fabriquée selon l'une quelconque des revendications 1 à 4.