[0001] La présente invention est relative à un procédé pour former une lèvre circulaire
autour d'une ouverture d'une paroi, notamment d'une virole, de forte épaisseur, l'épaisseur
de la lèvre étant relativement faible par rapport à celle de la paroi, du type dans
lequel on usine un lamage autour de l'ouverture, du côté opposé à la lèvre à réaliser,
puis on repousse axialement contre une matrice, du côté opposé au lamage, le métal
formant le fond de celui-ci.
[0002] Dans certaines applications, on désire pourvoir une paroi de forte épaisseur d'au
moins une ouverture entourée par une lèvre en saillie axiale. C'est notamment le cas
pour les viroles des cuves de réacteurs nucléaires, auxquelles doivent être raccordées
un certain nombre de conduites. Ces conduites peuvent en effet être reliées par soudage
sur l'extrémité des lèvres en question, lesquelles remplacent avantageusement les
tubulures d'attente rapportées décrites par exemple dans le FR-A-2 517 575.
[0003] Cependant, les techniques actuelles de formage de lèvres du type précité, basées
sur le principe du poinçonnage (voir par exemple le FR-A- 1 198 440), ne donnent pas
entière satisfaction en pratique. En effet, avec ces procédés, le rayon intérieur
de raccordement de la lèvre est d'autant plus grand que l'on cherche à obtenir une
saillie importante de cette dernière.
[0004] L'invention a pour but de permettre, selon un procédé efficace et économique, la
fabrication de lèvres relativement minces par rapport à la paroi de la virole, l'épaisseur
de ces lèvres étant typiquement inférieure ou égale à la moitié de l'épaisseur de
la paroi, en maintenant une géométrie de l'alésage voisine du cylindre, ce qui permet
de conserver la plus grande possible la section de métal disponible dans la virole
pour le renforcement de l'ouverture.
[0005] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé du type précité, caractérisé en
ce qu'on effectue l'opération de repoussage au moyen d'au moins un galet monté rotatif
sur un axe et entraîné en mouvement orbital autour de l'axe de l'ouverture, l'angle
que la surface d'attaque du galet forme avec cet axe étant progressivement réduit
au cours d'au moins une partie de l'avance du galet.
[0006] Suivant une autre caractéristique du procédé, ladite réduction d'angle est obtenue
en réduisant l'angle que l'axe du galet forme avec celui de l'ouverture, et/ou grâce
à un profil convexe du galet.
[0007] L'invention a également pour objet une installation destinée à la mise en oeuvre
d'un tel procédé. Cette installation est caractérisé en ce qu'elle comprend :
- un porte-galets muni de moyens de déplacement suivant son axe ;
- au moins un galet monté rotatif sur un axe qui est porté excentriquement par le porte-galets
;
- des moyens pour entraîner le galet suivant un mouvement orbital autour de l'axe du
porte-galets ; et
- des moyens pour faire varier l'inclinaison de l'axe du galet par rapport à l'axe du
porte-galets.
[0008] Le galet peut notamment avoir un profil en tonneau ou, en variante, un profil conique.
[0009] De façon avantageuse, dans son application au formage d'une lèvre sur une virole,
l'installation peut comprendre en outre des rouleaux de support de la virole avec
son axe vertical, ces rouleaux étant répartis sur une circonférence et orientés radialement
par rapport à celle-ci. La manutention de la virole entre une position de préchauffage/chauffage
et une position d'usinage peut alors se faire rapidement et facilement, par simple
rotation de la virole, sans intervention d'un pont roulant.
[0010] Un exemple de mise en oeuvre de l'invention va maintenant être décrit en regard des
dessins annexés, sur lesquels :
- la Fig. 1 est une demi-vue en coupe axiale d'une virole usinée conformément à l'invention
;
- les Figs. 2A à 2C sont des vues partielles de détail illustrant les phases successives
d'usinage conduisant à la virole de la Fig. 1 ;
- la Fig. 3 représente schématiquement, en coupe verticale, une installation conforme
à l'invention ;
- la Fig. 4 est une vue en plan d'une partie de l'installation de la Fig. 3 ; et
- la Fig. 5 est une vue partielle prise suivant la flèche V de la Fig. 3.
[0011] La Fig. 1 représente la demi-section méridienne d'une virole cylindrique 1 d'axe
X-X vertical, comportant au moins une ouverture circulaire latérale 2, d'axe Y-Y perpendiculaire
à l'axe X-X. Cette ouverture est délimitée par une surface intérieure sensiblement
tronconique, légèrement convergente vers l'extérieur de la virole. Cette virole, de
forte épaisseur
a, peut notamment faire partie de la cuve d'un réacteur nucléaire. Une lèvre circulaire
3, en saillie vers l'extérieur sur la virole, entoure l'ouverture 2. Cette lèvre est
destinée au raccordement par soudage bout-à-bout d'une canalisation extérieure (non
représentée) de même diamètre intérieur.
[0012] L'usinage de la lèvre 3 comporte trois phases illustrées aux Fig. 2A à 2C respectivement
: découpage d'une galette circulaire de diamètre
b (Fig. 2A), usinage côté intérieur, sur le pourtour de l'orifice ainsi obtenu, d'un
lamage 4 dont la profondeur
c est sensiblement égale à
a/2 (Fig. 2B) ; et extrusion par repoussage de la lèvre 3 (Fig. 2C). La lèvre 3 fait
saillie axialement, suivant l'axe Y-Y, d'une distance
d par rapport à la paroi cylindrique exterieure de la virole. A son extrémite, elle
possède une épaisseur radiale
e et définit une ouverture d'entrée de diamètre
f. Pour une lèvre sur laquelle doit être soudée une conduite de circuit primaire d'un
réacteur nucléaire à eau sous pression, on a typiquement, en valeurs approximatives,
a = 300 mm,
c = 150 mm,
d = 100 à 120 mm,
e = 100 mm et
f = 700 mm, avec une surface intérieure de l'ouverture 2 convergeant suivant un angle
de 6° par rapport à l'axe Y-Y.
[0013] On décrira maintenant plus en détail l'étape d'extrusion de la lèvre 3, en regard
des Fig. 3 à 5.
[0014] L'installation utilisée pour cette opération comprend un support de virole 5, un
bloc d'appui 6, une machine de galetage 7 et un appareil de chauffage 8.
[0015] Le support 5 est constitué d'un socle 9 dans lequel sont montés quatre rouleaux 10
de forme cylindrique régulièrement répartis sur un cercle C dont le diamètre correspond
à celui de la virole et qui sont orientés radialement. La génératrice supérieure des
rouleaux 10 dépasse légèrement le niveau du socle 9.
[0016] Le bloc 6 est fixé sur le socle 9 à l'extérieur du cercle C, entre deux rouleaux
10. Il présente un évidement cylindrique 11 coaxial au cercle C (Fig. 4), recevant
un secteur de la virole 1 lorsque celle-ci est posée sur les rouleaux 10. Dans cet
évidement est ménagée une cavité cylindrique 12 (Fig. 3) dont l'axe coincide avec
l'axe Y-Y pendant l'opération de repoussage décrite plus loin. L'entrée de cette cavité
12 est bordée d'une matrice d'appui circulaire 13 dont le profil correspond au profil
extérieur de la lèvre 3 à réaliser.
[0017] La machine de galetage 7 est entièrement disposée à l'intérieur du cercle C. Elle
comprend un bâti 14 comprenant lui-même deux montants verticaux 15 dans une ouverture
circulaire desquels est monté, à coulissement et à rotation, un corps de vérin cylindrique
16 dont l'axe Z-Z est confondu avec celui de la cavité 12. Un premier moteur électrique
17 porté par le bâti peut entraîner en rotation, via un engrenage 18, une vis de poussée
19 parallèle à l'axe X-X, quidé par le bâti 14. Cette vis agit par l'intermédiaire
d'un patin d'extrémité 20 sur une plaque verticale 21, perpendiculaire à l'axe Z-Z
et guidée en translation parallèlement à cet axe, qui est traversée librement par
le cylindre 16. En variante, le système vis-écrou peut être remplacé par un vérin
hydraulique ou pneumatique à double effet. La plaque 21 constitue un support pour
un second moteur électrique 22 et prend appui vers l'extérieur, c'est-à-dire vers
le bloc 6, contre une collerette 23 solidaire du cylindre 16, ceci par l'intermédiaire
d'un roulement à billes 24. Le moteur 22 comporte un pignon de sortie 25, qui engrène
avec un pignon 26 solidaire du cylindre 16. Bien entendu, d'autres ensembles moteur
17-engrenage 18-vis 19 peuvent être prévus et régulièrement répartis autour de l'axe
Z-Z.
[0018] Le cylindre 16 forme un corps de vérin hydraulique ou pneumatique à double action
dans lequel se déplace un piston 27. Ce corps est prolongé vers l'extérieur par un
porte-galets cylindrique 28 constitué de trois longerons 29 parallèles à l'axe Z-Z
(Fig. 5) et reliés à leur extrémité extérieure par une couronne 30 (Fig. 3 et 4).
[0019] Trois galets 31 à profil en tonneau sont intercalés entre les longerons 29 (Fig.
5), en saillie radiale par rapport à ceux-ci. L'axe 12 de chaque galet converge vers
l'extérieur, est situé dans un plan passant par l'axe Z-Z et est articulé par son
extrémité extérieure à la couronne 30 et par son extrémité intérieure à l'extrémité
extérieure d'une biellette respective 33 qui converge vers l'intérieur. Chaque biellette
33 est articulée à son extrémité intérieure sur une plaque coulissante 34 fixée à
l'extrémité de la tige du piston 27.
[0020] La machine 7 permet ainsi de faire effectuer aux trois galets 31 les mouvements suivants
:
- Par actionnement du moteur 17, un mouvement de translation d'ensemble suivant l'axe
Z-Z (flèche F1 de la Fig. 3). Le mouvement de retrait vers l'intérieur du cylindre
16 et du porte-galets s'obtient par action du patin 20 sur une deuxième collerette
35 prévue sur le corps de vérin 16 .
- Par actionnement du moteur 22, une rotation d'ensemble, c'est-à-dire un mouvement
orbital, des trois galets autour de l'axe Z-Z, suivant la flèche F2 de la Fig. 5.
Lorsque les galets sont en appui sur la virole, ce mouvement provoque une rotation
de chaque galet autour de son propre axe 32 (flèches F3 de la Fig. 5).
- Par actionnement du vérin 16-27, modification de l'inclinaison x (Fig. 3) des axes 32 des galets par rapport à l'axe Z-Z du porte-galets.
[0021] L'appareil de chauffage 8 (Fig. 4) est mobile et comprend une partie convexe intérieure
36 et une partie concave extérieure 37. Il peut être électrique ou à brûleurs à gaz.
[0022] En fonctionnement, le cylindre 16 étant en position de retrait (vers la droite des
Fig. 3 et 4), le piston 27 étant en position d'extension (c'est-à-dire l'angle
x étant maximal) et l'appareil de chauffage 9 étant escamoté, on pose la virole sur
les quatre rouleaux 10, avec son axe X-X vertical. On supposera que cette virole présente
deux ouvertures 2 (Fig. 4), préparées avec un lamage 4 comme à la Fig. 2B.
[0023] L'appareil 8 est amené en regard de l'une des deux ouvertures, préchauffe celle-ci
à 500°C environ, puis la chauffe à la température d'extrusion de la lèvre 3, comprise
entre 950 et 1200°C. L'appareil 8 est alors éloigné, et on fait tourner la virole
autour de son axe sur les rouleaux 10 jusqu'à ce que l'axe Y-Y de l'ouverture 2 ainsi
chauffée coincide avec l'axe Z-Z de la matrice 13 et du cylindre 16.
[0024] On effectue ensuite une première passe de formage-extrusion de la lèvre en exerçant
une poussée, de l'ordre de 100 à 1 000 tonnes, suivant l'axe Z-Z, au moyen du moteur
17, et en faisant simultanément tourner le cylindre 16 et le porte-galets 28 autour
de leur axe au moyen du moteur 22.
[0025] Au début de cette poussée, comme indiqué plus haut, le piston 27 est en extension
pour donner à l'angle
x une valeur maximale. Au fur et à mesure de l'extrusion de la lèvre, cet angle est
réduit, par retrait progressif du piston, ceci de manière que chaque galet attaque
constamment la lèvre en formation suivant un angle aussi faible que possible. Il est
à noter que cet angle d'attaque est fonction à la fois de l'angle d'inclinaison
x et de l'angle que fait avec l'axe 32 la tangente à la surface extérieure du galet
au point d'attaque, cet angle variant lui aussi au cours de l'avance du porte-galets
compte tenu de la forme en tonneau des galets.
[0026] On effectue plusieurs passes successives ; lorsque la température de l'ouverture
en cours d'usinage descend jusqu'à une valeur basse prédéterminée, on fait pivoter
la virole, on remet en place l'appareil 8, et on procède à un nouveau chauffage.
[0027] Ce procédé permet d'obtenir la lèvre 3 en assurant la continuité des fibres du métal
de la virole. En particulier, les zones hétérogènes centrales de l'épaisseur de la
virole ne débouchent pas sur l'alésage, ce qui est favorable pour le comportement
mécanique de l'ensemble. De plus, le raccordement par soudage de conduites à la virole
s'effectue sur les lèvres 3, ce qui est avantageux du point de vue des contraintes
subies par la virole.
[0028] On remarque que pendant la dernière passe de formage, l'appareil 8 peut être mis
en place en regard d'une autre ouverture 2 à usiner, comme représenté sur la Fig.
4, ce qui réduit la durée totale de fabrication de la virole.
[0029] En variante, on peut remplacer les galets 31 par des galets ayant une forme différente,
en particulier une forme tronconique convergente vers l'extérieur. Dans ce cas, l'angle
d'attaque des galets sur la lèvre en formation ne dépend que de l'inclinaison
x des axes des galets.
1. Procédé pour former une lèvre circulaire (3) autour d'une ouverture (2) d'une paroi,
notamment d'une virole (1), de forte épaisseur, l'épaisseur de la lèvre étant relativement
faible par rapport à celle de la paroi, du type dans lequel on usine un lamage (4)
autour de l'ouverture, du côté opposé à la lèvre à réaliser, puis on repousse axialement
contre une matrice, du côté opposé au lamage, le métal formant le fond de celui-ci,
caractérisé en ce qu'on effectue l'opération de repoussage au moyen d'au moins un
galet (3) monté rotatif sur un axe (32) et entraîné en mouvement orbital autour de
l'axe (X-X) de l'ouverture, l'angle que la surface d'attaque du galet forme avec cet
axe étant progressivement réduit au cours d'au moins une partie de l'avance du galet.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que ladite réduction d'angle
est obtenue en réduisant l'angle (x) que l'axe (32) du galet (31) forme avec celui
(X-X) de l'ouverture (2), et/ou grâce à un profil convexe du galet.
3. Procédé suivant l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce qu'on fait agir
simultanément plusieurs galets (31) régulièrement répartis autour de l'axe (X-X) de
l'ouverture (2).
4. Installation pour former une lèvre circulaire (3) autour d'une ouverture (2) d'une
paroi, notamment d'une virole (1), de forte épaisseur, l'épaisseur de la lèvre étant
relativement faible par rapport à celle de la paroi, caractérisée en ce qu'elle comprend
:
- un porte-galets (28) muni de moyens (17 à 19) de déplacement suivant son axe (Z-Z)
;
- au moins un galet (31) monté rotatif sur un axe (32) qui est porté excentriquement
par le porte-galets ;
- des moyens (22, 25) pour entraîner le galet suivant un mouvement orbital autour
de l'axe (Z-Z) du porte-galets ; et
- des moyens ( 27 ) pour faire varier l'inclinaison (x) de l'axe (32) du galet par
rapport à l'axe (Z-Z) du porte-galets.
5. Installation suivant la revendication 4, caractérisée en ce qu'elle comprend en outre
une matrice d'appui (13) située en regard du porte-galets (28), le profil de cette
matrice correspondant au profil extérieur de la lèvre (3) à réaliser.
6. Installation suivant l'une des revendications 4 ou 5, caractérisée en ce que le galet
(31) a un profil en tonneau.
7. Installation suivant l'une des revendications 4 ou 5, caractérisée en ce que le galet
a un profil conique.
8. Installation suivant l'une quelconque des revendications 4 à 7, caractérisée en ce
que le galet (31) est monté fou sur son axe (32), le porte-galets (28) étant muni
de moyens (22, 25) d'entraînement en rotation autour de son axe (Z-Z).
9. Installation suivant l'une quelconque des revendications 4 à 8, caractérisée en ce
qu'il est prévu plusieurs galets (31) régulièrement répartis autour de l'axe (Z-Z)
du porte-galets (28), les axes (32) de tous les galets ayant la même inclinaison (x)
par rapport à cet axe.
10. Installation suivant l'une quelconque des revendications 4 à 9, pour l'usinage d'une
virole (1), caractérisée en ce qu'elle comprend en outre des rouleaux (10) de support
de la virole avec son axe (X-X) vertical, ces rouleaux étant répartis sur une circonférence
(C) et orientés radialement par rapport à celle-ci.