[0001] La présente invention se rapporte aux dispositifs qui permettent de suspendre les
bases acoustiques de manière à pouvoir lutter contre les effets de la houle.
[0002] Les bases acoustiques, c'est-à-dire les ensembles de transducteurs acoustiques qui
permettent de recevoir ou d'émettre des signaux acoustiques dans l'eau, notamment
pour les sonars, sont souvent fixées sous la coque d'un bateau à l'intérieur d'une
enveloppe protectrice dite dôme sonar, elle-même généralement remplie d'un liquide
protecteur acoustiquement adapté. Comme les bateaux se déplacent sous l'effet des
vagues, le faisceau acoustique, tant en émission qu'en réception, suit les mouvements
de la base et il devient rapidement nécessaire de compenser ces déplacements. Bien
qu'une compensation électronique soit possible, on préfère généralement, tout au moins
pour compenser les mouvements les plus importants, suspendre la base de manière à
ce qu'elle tende à rester verticale en dépit de ces mouvements du bateau. Pour faciliter
l'explication et le langage on peut dire, en regardant le mouvement relatif et en
considérant le bateau comme immobile, que la base se balance de manière angulaire
autour de son point de suspension à la coque. Bien qu'on puisse concevoir de faire
aussi osciller le dôme, il est usuel, pour des raisons de mécaniques ainsi que pour
des raisons hydrodynamiques, de fixer rigidement le dôme à la coque du bateau et de
suspendre la base à l'intérieur de ce dôme dans lequel elle oscille relativement librement.
En outre comme les effets des vagues sont beaucoup plus sensibles en roulis qu'en
tangage, la base est généralement suspendue de manière à pouvoir osciller latéralement
par rapport à l'axe du bateau, ce qui compense les mouvements de roulis, tout en étant
fixée rigidement par rapport à l'axe longitudinal, ce qui l'entraîne à suivre les
mouvements de tangage qui sont d'importance plus faible que ceux de roulis.
[0003] Si l'on pouvait mettre une petite base dans un gros dôme, celle-ci aurait toute la
place voulue pour se déplacer à l'intérieur du dôme sans venir heurter les parois
de celui-ci. Cette solution n'est généralement pas retenue parce que le dôme freine
le bâteau et qu'il faut donc le faire aussi petit que possible, compte tenu des dimensions
de la base qu'il doit contenir. Dans ces conditions la base tend à heurter les parois
intérieures du dôme dès que le roulis prend une certaine ampleur. Ces chocs sont d'autant
plus dangereux que la base, qui est par exemple de la forme d'un tambour circulaire
à axe vertical, présente des coins relativement aigus et est d'un poids respectable.
En dépit de l'amortissement apporté par le liquide de remplissage du dôme les chocs
risquent donc de défoncer le dôme. On est alors amené, pour éviter une telle collision,
à utiliser divers palliatifs tels que des butées qui limitent l'excursion pendulaire
de la base. Ces palliatifs sont loin de donner satisfaction puisque justement en limitant
les mouvements de la base ils tendent à solidariser celle-ci à la coque et donc à
contrecarrer la compensation que l'on cherche à obtenir en suspendant celle-ci de
manière pendulaire.
[0004] Pour pallier ces inconvénients l'invention propose un dispositif de suspension pour
base acoustique, dans lequel on suspend sous la coque d'un bateau une base acoustique
enfermée dans un dôme de protection, caractérisé en ce que l'on utilise deux biellettes
fixées par des articulations d'un côté sous la coque du bateau et de l'autre sur la
base acoustique ; ces biellettes étant inclinées pour que les droites joignant les
points d'articulation de chaque biellette se croisent en un point situé au-dessus
du centre de gravité de la base acoustique.
[0005] D'autres particularités et avantages de l'invention apparaîtront clairement dans
la description suivante présentée à titre d'exemple non limitatif en regard des figures
annexées qui représentent :
- la figure 1, une coupe perpendiculaire à l'axe de roulis d'un dôme sonar enfermant
une base acoustique suspendue selon l'invention ; et
- la figure 2, un graphique des angles de débatement du bateau et de la base.
[0006] Sur la figure 1 on a représenté une coupe transversale par rapport à l'axe du bateau
porteur d'un dôme sonar 9 protégeant une base acoustique 2 suspendue à la partie inférieure
de la coque d'un bateau porteur à l'aide de deux biellettes 3 et 4 articulées, d'un
côté sur la face supérieure de la base par des rotules 7 et 8, et de l'autre côté
sur la coque du bateau par des rotules 5 et 6.
[0007] Cette disposition est à comparer à celle que l'on aurait si la base 2 était suspendue
à la coque 1 par un système simple composé par exemple d'une biellette fixée suivant
l'axe central de la base et articulée par exemple sous la coque. Dans ces conditions
il est bien clair que la base en se balançant au bout de ce point d'articulation viendrait
cogner le dôme 9 par ses extrémités inférieures pointues 10 et 11 qui risqueraient
ainsi de crever ce dôme.
[0008] Avec le système selon l'invention, il est tout aussi clair que lorsque la base se
balance latéralement elle suit non seulement un mouvement de translation latéral,
mais encore un mouvement de rotation autour d'un centre de rotation fictif situé au
croisement du prolongement des axes des biellettes. Ce centre de rotation instantané
n'est bien entendu pas fixe par rapport à la base, mais pour de petits angles il reste
situé sensiblement au même endroit.
[0009] Ainsi donc, lorsque la base se déplace par exemple de gauche à droite en se rapprochant
de la partie droite du dôme, elle subit un mouvement de rotation dans le sens des
aiguilles d'une montre, qui tend à rendre la face latérale 12 de la base sensiblement
parallèle à la surface intérieure du sonar en regard de cette face. Corrélativement
le coin inférieur 11 de cette base se rapproche beaucoup moins du dôme que dans le
cas de la suspension angulaire classique, alors que le coin supérieur droit 13 se
rapproche beaucoup plus, ce qui est de faible importance puisque la garde entre ce
coin et le dôme est beaucoup plus importante que pour le coin 11. Ainsi, à supposer
que le tangage soit suffisamment violent pour que la base vienne heurter le dôme,
ce choc se fera entre la face 12 et la face intérieure du dôme sensiblement surface
contre surface et le choc des coins 11 et 13 sera beaucoup moins nocif dans ce sens
que le choc direct du coin 11 dans la solution connue.
[0010] Bien entendu l'effet est le même, mais de l'autre côté, lorsque la base se balance
de droite à gauche, et ce sont alors les coins inférieur gauche 10 et supérieur gauche
14 qui sont concernés.
[0011] En outre, comme on diminue la longueur du pendule equivalent au système, la fréquence
propre d'oscillation de l'ensemble base/biellettes augmente, ce qui est favorable
puisque la fréquence des vagues est relativement petite. L'ensemble a ainsi moins
de chance d'entrer en résonance.
[0012] De plus dans ces types de mouvement le fluide protecteur qui remplit l'intérieur
du dôme est moins sollicité en brassage, ce qui facilite les mouvements de la base
au lieu de les gêner et évite les sollicitations de ce fluide sur les hydrophones,
sources de bruits parasites indésirables.
[0013] La dimension des biellettes et la disposition des points de fixation n'est pas critique,
si ce n'est qu'il faut que le centre instantané de rotation R se trouve toujours situé
au-dessus du centre de gravité G de la base. En effet dans le cas contraire la base
tendrait à se balancer à l'envers, ce qui donnerait un résultat inverse de celui escompté.
Compte tenu des différents paramètres qui jouent, notamment sur la forme intérieure
du sonar ainsi que sur la forme et les dimensions de la base, la résolution analytique
du problème est relativement ardue. Par contre une solution approchée permettant d'obtenir
le mouvement souhaité correspondant à un contact surface sur surface lors d'un choc
éventuel est facile à obtenir par l'homme de l'art à l'aide de quelques essais graphiques
préalables.
[0014] On remarquera que si l'on augmente l'angle d'inclinaison entre les biellettes, soit
en rapprochant leurs extrémités inférieures, soit en écartant leurs extrémités supérieures,
on se rapproche du cas du pendule simple. Inversement lorsque l'on diminue cet angle,
soit en écartant les extrémités inférieures des biellettes, soit en rapprochant leurs
extrémités supérieures, on tend à rendre le système indifférent par rapport au mouvement
du bateau. Cette indifférence est totale, tout au moins pour les petits angles lorsque
le croisement a lieu au centre de gravité G.
[0015] On remarquera aussi que si l'écartement des articulations supérieures des biellettes
est inférieur à l'écartement des articulations inférieures, le centre de rotation
instantané étant alors situé au-dessus de la surface de la coque 1, on a toujours
l'effet désiré mais qu'alors, si le mouvement est correct pour les petits angles en
maintenant notamment un angle de visée relativement constant, le déplacement latéral
de la base est important et même souvent excessif.
[0016] Par ailleurs on a constaté que la longueur des biellettes a une faible influence
sur le mouvement de l'ensemble.
[0017] On a représenté sur la figure 2 l'angle de roulis β de la base sonar en fonction
de l'angle de roulis α du bateau. En pointillé on a la bissectrice qui correspondrait
à une liaison fixe entre la base et le bateau. En trait plein on a l'angle correspondant
à la situation de la figure 1. On constate que cet angle est nettement plus faible
pour les petites inclinaisons, ce qui correspond bien à l'effet souhaité de la suspension
de la base. Cet angle augmente petit à petit pour se rapprocher d'une asymptote correspondant
A la butée contre les parois de la coque.
1. Dispositif de suspension pour base acoustique, dans lequel on suspend sous la coque
(1) d'un bateau une base acoustique (2) enfermée dans un dôme de protection (9), caractérisé
en ce que l'on utilise deux biellettes (3, 4) fixées par des articulations d'un côté
(5, 6) sous la coque du bateau et de l'autre (7, 8) sur la base acoustique ; ces biellettes
étant inclinées pour que les droites joignant les points d'articulation de chaque
biellette se croisent en un point (R) situé au-dessus du centre de gravité (G) de
la base acoustique.
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que les longueurs des biellettes
(3, 4) et les positions des points d'articulation (5, 6) permettent à la base acoustique
(2) de se rapprocher de la face intérieure du dôme de protection (9) en tournant de
manière à ce qu'un choc éventuel entre la base et cette face intérieure du dôme se
fasse surface contre surface.