[0001] La présente invention concerne un procédé d'autoguidage de missile tactique sur un
but supersonique.
[0002] Traditionnellement l'organe de guidage des missiles autoguidés est un capteur sensible
au rayonnement électromagnétique ou infrarouge de la cible. Ce capteur est, en général,
porté sur un système de pointage mobile asservi sur le but appelé autodirecteur. Des
gyromètres montés sur l'autodirecteur mesurent la vitesse angulaire absolue de la
ligne de visée qui est, à la précision de l'asservissement près, la ligne missile-cible.
Le capteur peut aussi être lié au missile. Dans ce cas la vitesse angulaire absolue
de la ligne missile-cible est obtenue en combinant la direction de la cible relative
au missile, mesurée par le capteur, et l'orientation absolue du missile mesurée par
une centrale inertielle. Le capteur électromagnétique est actif ou passif, suivant
qu'il émet lui-même ou non le rayonnement éclairant la cible. La loi de guidage transforme
la vitesse angulaire absolue de la ligne de visée en un ordre au missile. Elle demande
la connaissance de la vitesse radiale missile cible qui est soit mesurée, soit estimée.
[0003] L'autodirecteur a les inconvénients suivants :
. Coût très élevé,
. Sensibilité au leurrage,
. point visé sur la cible mal connu et fluctuant, pouvant sortir du contour apparent,
. accrochage sur la cible délicat, qu'il soit réalisé avant ou après le départ du
missile,
. portée limitée.
[0004] Le procédé selon l'invention permet de remédier aux inconvénients précédents car
il est basé sur l'asservissement du missile à l'onde de choc attachée à la cible au
moyen d'organes sensibles qui sont de simples capteurs de pression. Il ne concerne
donc que les cibles supersoniques. Le terme onde de choc est utilisé ici pour définir
l'onde de pression induite à grande distance par une cible supersonique, assimilable
à une nappe de révolution de faible épaisseur, se propageant suivant les lois de l'acoustique.
On pourrait utiliser de manière équivalente, le terme "onde acoustique".
[0005] On connaît (DE-A-3333758 ) l'utilisation de capteurs acoustiques pour assurer la
détection de cibles subsoniques et également (DE-A-3528075) l'application de tels
capteurs, positionnés au sol, pour mesurer la trajectoire d'un mobile supersonique.
Dans cette technique antérieure, il n'est pas question d'asservir la trajectoire d'un
missile supersonique à l'onde de choc d'une cible supersonique pour obtenir les avantages
et effets techniques mentionnés ci-dessus.
[0006] L'invention a donc pour objet un procédé de guidage d'un missile anti aérien supersonique
vers une cible supersonique caractérisé en ce qu'il consiste à asservir la trajectoire
du missile à l'onde de choc induite à grande vitesse par ladite cible.
[0007] Le missile est muni d'une centrale inertielle rustique fournissant à chaque instant
une mesure de sa position M, de son vecteur vitesse V
M , de son accélération T
M et de son trièdre de référence T
M dans un triède inertiel de référence T
O.
[0008] L'organe sensible du guidage, remplaçant l'autodirecteur, est constitué par un ou
plusieurs capteurs de pression placés à bord du missile. Ces capteurs peuvent être
constitués d'un ou plusieurs orifices répartis sur le missile reliés à autant de détecteurs
de pression, ou à un détecteur unique pour l'ensemble des orifices. Il s'agit de détecteurs
simples de type microphone. Ces capteurs détectent et datent, grâce à une horloge
interne, leurs passages à travers l'onde de choc de la cible. Compte tenu de la raideur
du front de l'onde de choc de la cible, ces passages sont datés avec une très grande
précision. La bande passante des capteurs est choisie en conséquence. La figure 1
montre des emplacements possibles de capteurs 1, 2, 3 installés à bord du missile
4.
[0009] L'onde de choc de la cible est assimilée à une nappe conique d'origine un point B
de la cible, d'axe la vitesse de la cible V
B et d'angle au sommet

= Arc

, a étant la célérité du son.
[0010] Dans son principe, l'ordre de guidage produit une trajectoire du missile, qui, relativement
au but a l'allure d'une sinusoïde de faible amplitude située alternativement à l'intérieur
et à l'extérieur de la nappe conique en suivant une génératrice de cette nappe. Les
mesures concourant à l'élaboration de l'ordre sont effectuées à chaque traversée de
la nappe conique. L'interception a lieu quand le missile arrive au sommet du cône
ce qui demande évidemment que sa vitesse soit supérieure à celle de la cible.
[0011] La figure 2 montre la cible 5, la trajectoire absolue 6 de la cible , le missile
4, l'onde de choc conique 7 de la cible 5, la trajectoire relative moyenne 8 du missile
5 qui est une génératrice du cône, la trajectoire absolue moyenne 9 du missile conduisant
au point d'interception 10.
[0012] Dans sa réalisation suivant l'invention, la loi de guidage comprend deux modules
fonctionnels programmés sur le calculateur du missile. Le premier, appelé estimateur,
détermine la vitesse du missile relativement à la nappe conique à chaque traversée
de celle-ci. Le second, appelé contrôleur élabore la commande au missile en fonction
de la vitesse relative estimée.
[0013] L'estimateur estime la trajectoire de la cible définie par sa position B et son vecteur
vitesse V
B , soit en tout six paramètres, à partir des positions successives des capteurs de
pression M
C (k,i) à la traversée de l'onde de choc (k le numéro du capteur, i numéro de la traversée
), survenant à l'instant

. Ces positions sont déduites de la position à

du missile élaborée par la centrale inertielle et de la disposition des capteurs dans
le missile. L'estimateur non linéaire utilise un algorithme du gradient conjugué ou
d'un autre type. Il est initialisé avec les informations éventuelles sur la trajectoire
du but communiquées au missile avant tir. En l'absence de telles informations, la
convergence est acquise après un nombre n de traversées dépendant du nombre k de capteurs
installés dans le missile, tel que nk=6. Il est possible, lorsque le transitoire de
recalage est amorti, d'estimer l'accélération du but Γ
B . La grande précision des mesures l'autorise.
[0014] On choisit un capteur particulier (dans le cas où il est unique c'est évidemment
celui-là) comme point du missile dont la trajectoire sera contrôlée. A partir de l'estimée
du but


obtenue quand ce capteur effectue la traversée n°i au point

, on détermine en ce point le trièdre instantané du guidage T
C constitué par la génératrice du cône x
C , la normale intérieure z
C, la tangente au cercle directeur y
C. On calcule en outre les composantes de la vitesse relative du missile au but suivant
z
C et y
C , notées ė
z et ė
y .
[0015] Le contrôleur élabore les ordres commandés au missile. Le missile auquel s'applique
l'invention peut avoir une organisation quelconque. Il peut être stabilisé en roulis
ou en autorotation naturelle. Son mouvement latéral peut être produit par des forces
aérodynamiques et/ou pyrotechniques. La prise d'incidence peut êre provoquée par un
actionneur aérodynamique (gouverne), pyrotechnique (impulseur, jet transversal) ou
autre. L'actionneur peut opérer suivant deux axes transversaux de manoeuvre (lacet,
tangage) ou un seul (si le missile est directement en autorotation). L'ordre commandé
peut s'adresser directement à (aux) actionneur (s) ou à un autopilote, s'il existe.
Il peut s'agir d'un autopilote en accélération ou en vitesse angulaire transversale.
L'exposé suivant est fait en supposant un missile stabilisé en roulis et muni d'un
autopilote en accélération.
[0016] Les ordres en accélération au missile sont d'abord calculés dans le repère x
c , y
c , z
c. Ils comprennent deux composantes. La première composante Γ
yc dirigée suivant y
c , a pour effet d'asservir la projection du missile sur le plan tangent au cône x
cy
c , à suivre la génératrice du cône x
c , ou encore d'asservir la projection de la vitesse du missile sur le plan tangent
au cône à être parallèle à la génératrice. Elle est linéaire, de la forme Γ
yc = -kėy , k= gain. Une fonction de transfert plus élaborée pourrait être substituée
au gain suivant la dynamique du missile. La seconde composante Γ
zc , dirigée suivant la normale au cône z
c a pour but d'entretenir une trajectoire périodique perpendiculaire à l'onde de choc
assurant les traversées nécessaires à l'excitation des capteurs de pression et aux
mesures subséquentes. Elle est produite par une loi non linéaire de la forme Γ
zc= Γ
max signe (f(e)). La fonction f est choisie, en liaison avec l'amplitude Γ
max de la commande et la dynamique du missile, pour régler comme il convient l'amplitude
et la fréquence du cycle limite. La distance de passage est de l'ordre de l'amplitude
de ce cycle.
[0017] Les ordres en accélération sont ensuite calculés dans le repère missile x
m y
m, z
m (mesuré par la centrale inertielle), par la condition que leurs projections sur y
c et z
c soient respectivement égales à Γ
yc et Γ
zc,
[0018] La figure 3 constitue un diagramme fonctionnel simplifié du procédé selon l'invention
montrant les fonctions exercées par le(s) capteur(s) (fonction A), la centrale inertielle
( fonction B), l'estimateur (fonctions C) et le contrôleur (fonctions D).
[0019] La figure 4 montre la trajectoire relative 8′ du missile autour de la génératrice
de cône 8 contenue dans le plan défini par cette génératrice 8 et la normale 11.
[0020] Le missile est lancé depuis un poste de tir. L'invention s'applique à un poste de
tir terrestre, naval ou aérien. La direction de lancement peut être quelconque sous
les conditions que le missile rallie l'onde de choc de la cible et dispose des capacités
cinématiques suffisantes pour s'y asservir et rattraper la cible. Au cours de la phase
initiale entre le lancement et la première traversée de l'onde de choc de la cible,
le missile est asservi à une trajectoire de ralliement précalculée sous le critère
que la vitesse du missile relative au but à la première traversée de l'onde de choc
ait une direction aussi proche que possible de celle de la génératrice de la nappe
conique, c'est à dire que la condition cinématique d'interception indiquée sur la
figure 5 soit remplie. Sur cette figure on voit la vitesse absolue 12 du but, celle
13 du missile , la vitesse relative 14 de ce missile . L'angle 15 vaut Arc

, a étant la célérite du son. La détermination de cette trajectoire suppose que le
poste de tir ait des informations sur la trajectoire du but (une telle information
peut être simplement la détection du passage de l'onde de choc de la cible par le
poste de tir). Si aucune information n'est disponible le missile peut être tiré au
jugé et la trajectoire de ralliement est rectiligne. Il en résulte que, dans la plupart
des cas, la condition cinématique d'interception ne sera pas réalisée à la première
traversée, mais après un transitoire résorbé au bout d'une à deux traversées supplémentaires,
au delà duquel le cycle limite asservissant le missile à l'onde de choc sera effectivement
enclenché. Les ordres Γ
yc,Γ
zc calculés aux premières traversées tiennent compte de cette circonstance et aussi
du temps de réponse de l'algorythme de l'estimateur. La figure 6 montre une trajectoire
relative complète d'interception pour un poste de tir situé à l'intérieur de la nappe
conique, ce qui pourrait être le cas d'un tir air-air. On y voit la cible 5, son onde
de choc 7, la trajectoire relative de ralliement 16 et la trajectoire relative d'interception
17.
1) Procédé de guidage d'un missile anti aérien supersonique vers une cible supersonique
caractérisé en ce qu'il consiste à asservir la trajectoire du missile à l'onde de
pression ou onde de choc induite à grande vitesse par ladite cible.
2) Procédé de guidage suivant la revendication 1 caractérisé en ce que la détection
de l'onde de choc de la cible par le missile est assurée au moyen d'un ou plusieurs
capteurs de pression (1-2-3) installés à bord dudit missile (4).
3) Procédé de guidage suivant les revendications précédentes caractérisé en ce que l'on
estime la trajectoire de la cible à partir des positions et attitudes du missile aux
instants datés auxquels les capteurs de pression installés à bord du missile traversent
l'onde de choc de la cible, au moyen d'algorithme approprié.
4) Procédé d'identification de la trajectoire d'une cible supersonique caractérisé en
ce qu'il met en oeuvre un réseau de capteurs de pression portés par une installation
fixe terrestre, par un vehicule terrestre, par un navire ou un aéronef, suivant la
revendication 3.
5) Procédé de guidage suivant les revendications 1, 2 et 3 caractérisé en ce qu'il consiste
à commander au missile une trajectoire quasi sinusoïdale de part et d'autre de l'onde
assurant l'excitation périodique des capteurs de pression et les mesures subséquentes.
6) Procédé de guidage suivant les revendications 1, 2, 3 et 5 caractérisé en ce qu'il
consiste à éviter au missile de décrire en finale une hélice conique par asservissement
de sa trajectoire relative moyenne à la génératrice de l'onde de choc conique.
7) Procédé de guidage suivant les revendications 1, 2, 3, 4, 5, 6 caractérisé en ce
qu'il consiste à lancer un missile muni de capteurs de pression dans une direction
calculée par un poste de tir automatique muni de capteurs de pression suivant la revendication
4.
8) Procédé de guidage suivant les revendications 1, 2, 3, 5 et 6 caractérisé en ce qu'il
consiste à ajouter à un missile muni d'un autodirecteur électromagnétique ou infrarouge,
un ou plusieurs capteurs de pression permettant d'intercepter un but supersonique
en présence de contre mesures saturantes.
9) Procédé de guidage suivant les revendications caractérisé en ce qu'il est mis en
oeuvre à partir d'un poste de tir terrestre, naval ou aérien.