[0001] La présente invention concerne le domaine de l'assemblage des palplanches métalliques,
notamment en acier, destinées à former, par exemple, des parois devant présenter une
bonne étanchéité aux liquides, tels que l'eau.
[0002] On sait que les bords des palplanches sont conformés de manière à permettre l'accrochage
d'une palplanche à une autre selon une connexion pouvant présenter un plus ou moins
grand degré de souplesse. Il existe différents types de conformation pour les bords
de palplanches, ces bords étant appelés "griffes". Certains types de griffes, en particulier
celles des palplanches dites "palplanches Larssen", présentent une portée plane, et
lors de l'assemblage (appelé "enclenchement") de deux palplanches qui s'opère par
coulissement d'une griffe dans l'autre, les portées planes de leurs griffes respectives
viennent se placer l'une face à l'autre. D'autres types de griffes ne présentent que
des surfaces courbes.
[0003] On peut désirer rendre étanches les liaisons entre deux palplanches, en particulier
dans le cas où elles sont destinées à faire partie d'une paroi partiellement immergée
en milieu aquatique, par exemple dans un ouvrage portuaire. Plusieurs méthodes d'étanchement
sont essentiellement utilisées. On peut, tout d'abord, souder les palplanches après
leur assemblage. Cette méthode est longue à mettre en oeuvre, et la soudure doit être
pratiquée avant l'immersion de l'assemblage. De plus, la liaison ainsi étanchée demeure
parfaitement rigide, alors qu'une certaine souplesse peut être souhaitée. Une deuxième
méthode consiste, après l'enclenchement des palplanches, à injecter dans l'espace
laissé libre entre les griffes un matériau, par exemple à base de polyuréthane, à
l'état liquide et qui durcit ensuite en formant un joint d'étanchéité élastique (voir
le brevet allemand 2722978). Cette méthode suppose que, au moment de l'injection,
les palplanches aient djéà pris leurs positions définitives et que l'une des extrémités
de leur liaison demeure accessible. Une troisième méthode consiste enfin à déposer
sur la griffe de l'une des palplanches de l'assemblage une couche d'un matériau organique
qui possède une certaine élasticité, tel qu'un polyuréthane ou un caoutchouc, et peut
également présenter la particularité de gonfler en présence d'eau. Un tel matériau
est décrit, par exemple, dans le Brevet Européen 50906. L'étanchéité de la liaison
est correctement assurée, et elle conserve une certaine souplesse. Cependant, il arrive
souvent que la couche de matériau organique soit arrachée ou abîmée lors de l'enclenchement
des palplanches, sous l'effet des frottements intenses qui s'établissent entre elle
et la griffe de l'autre palplanche. Le matériau organique élastique ne peut donc plus
jouer son rôle de façon efficace.
[0004] Le but de l'invention est de fiabiliser cette dernière méthode d'étanchement des
liaisons entre palplanches.
[0005] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé d'étanchement de la liaison entre
deux palplanches, cette liaison étant effectuée au moyen de griffes intégrées auxdites
palplanches, selon lequel, préalablement à l'enclenchement desdites palplanches, on
fait adhérer sur la griffe d'au moins une des palplanches une bande de jointoiement
d'un matériau organique élastique compressible et/ou hydrogonflable, caractérisé en
ce qu'on fixe sur la surface libre de ladite bande un feuillard métallique, et en
ce qu'on procède ensuite à l'enclenchement des palplanches.
[0006] L'invention a également pour objet une palplanche comportant sur au moins l'un de
ses bords une griffe permettant sa liaison avec une autre palplanche, l'une au moins
desdites griffes étant munie sur au moins une partie de sa longueur d'une bande en
un matériau organique élastique et/ou hydrogonflable, caractérisés en ce que la surface
externe de ladite bande est recouverte au moins partiellement par un feuillard métallique
qui lui est solidaire.
[0007] Préférentiellement, le feuillard métallique est en acier d'épaisseur 200 µm environ.
[0008] Comme on l'aura compris, l'invention consiste à recouvrir la surface externe de la
bande de jointoiement servant à étancher la liaison entre deux palplanches par un
feuillard métallique qui évite la détérioration de ladite bande en favorisant le glissement
des griffes l'une dans l'autre lors de l'enclenchement des palplanches.
[0009] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit, faisant
référence à la planche unique de dessins annexée sur laquelle :
- la figure 1 représente vue de face et en coupe un bord d'une palplanche Larssen, pourvu
d'une bande élastique surmontée à sa face supérieure, selon l'invention, d'un feuillard
métallique ;
- la figure 2 représente de la même façon les bords de deux palplanches enclenchées
l'une dans l'autre, et dont la liaison est étanchée au moyen de la bande élastique
et du feuillard précédents.
[0010] La figure 1 montre un bord d'une palplanche 1 du type dit "palplanche Larssen". Une
telle palplanche 1 comporte à chacun de ses bords une griffe 2 qui assure sa connexion
avec la palplanche 1′ qui lui fait suite dans l'ouvrage dont elles font partie, comme
représenté sur la figure 2. Cette griffe 2 est de configuration identique sur chaque
bord de chaque élément, et présente une portée plane 3 ménagée sur une partie pleine
4. Lors de l'enclenchement de deux palplanches, leurs portées planes viennent se placer
en regard l'une de l'autre, alors que la partie pleine 4′ de la griffe 2′ de la deuxième
palplanche vient remplir l'espace intérieur 5 délimité par la griffe 2 de la première
palplanche, avec un certain jeu. C'est ce jeu que, au moyen du procédé selon l'invention,
il s'agit de combler de manière à étancher la liaison entre la palplanche 1 et sa
voisine 1′.
[0011] De manière classique, la palplanche 1 comporte sur la portée plane 3 de sa griffe
2 une bande 6 réalisée en un matériau élastique, tel que du caoutchouc. Cette bande
6 parcourt la griffe 2 sur la longueur de la liaison que l'on désire étancher. Sa
largeur varie selon le type de palplanche et est de l'ordre de 15 à 20 mm. Selon l'invention,
la bande 6 est recouverte sur sa face externe tournée vers l'espace 5 par un feuillard
métallique 7, qui est par exemple en acier d'épaisseur 200 µm. L'épaisseur totale
de l'ensemble ruban-feuillard doit être telle qu'il laisse entre le feuillard 7 et
la surface interne 8 de la griffe 2 qui lui fait face un espace insuffisant pour que
la partie pleine 4′ de la griffe 2′ de la palplanche 1′ puisse s'y loger sans exercer
un effort de compression sur le ruban élastique 6, ainsi que le représente la figure
2. Cette épaisseur totale dépend bien sûr des dimensions des griffes utilisées, et
est généralement de l'ordre de 5 à 8 mm. Au cours de l'enclenchement des palplanches
1 et 1′, la portée plane 3′ exerce une pression sur le feuillard 7 et le ruban 6,
qui s'efface grâce à son élasticité et permet ainsi la progression de la griffe 2′
dans la griffe 2. La présence du feuillard 17 permet de réaliser un glissement acier
sur acier. Ce glissement s'effectue avec des frottements bien moindres que si le ruban
élastique 6 était nu, et les risques de détérioration du ruban 6 lors de l'enclenchement
des palplanches s'en trouvent considérablement diminués. Optionnellement, une lubrification
du feuillard peut être réalisée pour diminuer encore davantage les frottements.
[0012] En variante, il est possible d'employer, pour réaliser le ruban en matériau organique,
une matière dite hydrogonflable, c'est-à-dire présentant la propriété d'augmenter
de volume au contact d'un liquide. De tels matières, telles que des résines aminoplastes
ou certains caoutchoucs, sont aujourd'hui souvent utilisées à cet effet, et l'adjonction
d'un feuillard métallique à un tel ruban organique a les mêmes effets bénéfiques que
son adjonction à un ruban élastique simple tel que décrit précédemment. Dans le cas
de l'utilisation d'un ruban hydrogonflable, il n'est pas nécessaire qu'à sec l'espace
entre le feuillard et la surface interne de la griffe qui lui fait face soit réduit
au point d'imposer lors de l'enclenchement une compression du ruban. Une telle compression
du ruban par la griffe de la deuxième palplanche n'est indispensable que lorsque,
après absorption de l'humidité ambiante, le ruban a gonflé. Cette solution présente
l'avantage, par rapport à celle du ruban purement élastique, de laisser davantage
d'espace à l'intérieur de la griffe de la première palplanche et de faciliter ainsi
l'enclenchement de la deuxième palplanche.
[0013] De préférence, le feuillard métallique est de la même largeur que le ruban organique,
comme représenté sur les figures 1 et 2. Cependant, on peut prévoir une largeur du
feuillard inférieure à celle du ruban, avec toutefois le risque de réaliser lors de
l'enclenchement des palplanches un frottement acier-matériau organique sur les parties
du ruban non recouvertes par le feuillard, et d'obtenir des conditions de glissement
moins favorables que dans le cas précédent.
[0014] Optionnellement, les griffes des deux palplanches peuvent être munies d'un ruban
organique revêtu d'un feuillard métallique selon l'invention. Bien entendu, l'épaisseur
des rubans doit être calculée pour que l'espace disponible entre les griffes des deux
palplanches demeure suffisant pour autoriser leur enclenchement.
[0015] La méthode décrite permet d'enclencher des palplanches sur des longueurs importantes
(plusieurs mètres) sans détériorer les joints d'étanchéité. Elle est applicable à
tous les types de griffes de palplanches aussi bien à ceux qui, comme les palplanches
"Larssen" présentent une portion plane qu'à ceux quine présentent que des surfaces
courbes. En effet, les feuillards métalliques sont suffisamment minces pour épouser
la surface extérieure du ruban organique quelle que soit sa forme. Elle est également
applicable aux éléments de connexion munis de griffes qui permettent de relier deux
palplanches en leur imposant des orientations respectives particulières.
1) Procédé d'étanchement de la liaison entre deux palplanches, cette liaison étant effectuée
au moyen de griffes intégrées auxdites palplanches, selon lequel, préalablement à
l'enclenchement desdites palplanches, on fait adhérer sur la griffe d'au moins une
des palplanches une bande d'un matériau organique élastique compressible et/où hydrogonflable,
caractérisé en ce qu'on fixe sur la surface externe de ladite bande un feuillard métallique
et en ce qu'on procède ensuite à l'enclenchement desdites palplanches.
2) Palplanche du type comportant sur au moins l'un de ses bords une griffe permettant
sa liaison avec une autre palplanche, l'une au moins desdites griffes étant munie
d'une bande en un matériau organique élastique compressible et/ou hydrogonflable,
caractérisée en ce que la surface externe de ladite bande est recouverte au moins
partiellement par un feuillard métallique qui lui est solidaire.
3) Palplanche selon la revendication 2, caractéréisée en ce que ledit feuillard métallique
est en acier d'épaisseur 200 µm environ.