[0001] L'invention concerne un vitrage en forme muni d'un réseau électrique sérigraphié
assurant les fonctions de dégivrage et de désembuage, notamment un vitrage du type
lunette arrière d'un véhicule automobile. Plus précisément l'invention a pour objet
un vitrage présentant une courbure relativement prononcée le long de ses bords parallèles
aux bandes collectrices vers lesquelles convergent toutes les lignes du réseau chauffant
et qui sont reliées aux amenées de courant électrique.
[0002] De très nombreux véhicules automobiles sont aujourd'hui équipés de lunette arrière
chauffante. A l'exemple du brevet FR-B-1 464 586, un tel vitrage est obtenu en procédant
au dépôt sur la surface d'une feuille de verre d'une série d'étroites bandes de résistance
d'une composition électroconductrice. Ces bandes de résistance sont sérigraphiées
à plat sur la feuille de verre avant son bombage, de sorte que la cuisson de la composition
électroconductrice s'opère lors du chauffage précédant l'opération de bombage et de
trempe du vitrage. La composition électroconductrice est faite d'une suspension pâteuse,
dans un liant organique, d'argent métallique et d'une fritte, c'est-à-dire d'un verre
à bas point de fusion. Les bandes de résistance formant le réseau sont relativement
fines pour ne pas gêner la visibilité au travers du vitrage et débouchent sur des
bandes collectrices plus larges donc plus conductrices, situées près des bords du
vitrage. Ces bandes collectrices sont faites d'une composition identique à celle des
bandes de résistance et sont déposées de la même façon et de préférence en même temps
que celles-ci. Les amenées de courant sont ensuite soudées sur ces bandes collectrices.
[0003] En vue de son montage sur le véhicule par collage, ce qui suppose une bande périphérique
opaque masquant la colle aux regards extérieurs et la protégeant du rayonnement solaire,
ou tout simplement par souci d'esthétisme, la feuille de verre est par ailleurs munie
le plus souvent d'un encadrement émaillé noir. Celui-ci est obtenu par dépose sérigraphique
d'une pâte assez semblable à la pâte à l'argent mais où l'argent est remplacé par
des colorants adéquats. Le vitrage subit donc avant son bombage au moins deux passages
en sérigraphie, celui correspondant au dépôt de la couche d'encadrement et après séchage,
celui correspondant au réseau chauffant, auxquels vient éventuellement s'ajouter un
troisième passage en sérigraphie destiné à augmenter localement, par exemple dans
les zones de soudure des cosses d'amenée de courant et en général pour ajuster l'épaisseur
du réseau et par là sa conductivité.
[0004] Le vitrage peut alors être conduit vers l'installation de bombage/trempe où il est
réchauffé à température de bombage et mis en forme dans une station de bombage. Le
propos n'est pas ici de s'étendre sur la manière dont s'effectue cette mise en forme,
de très nombreux procédés existant et étant bien connus de l'homme de l'art. Il peut
toutefois être rappelé que les formes les plus difficiles à réaliser - du moins en
respectant les normes de qualité optique les plus sévères - sont celles qui présentent
des surfaces à très petit rayon de courbure avec des lignes de pliure situées dans
les zones marginales de la feuille de verre. Or ces formes sont typiquement celles
demandées pour les lunettes arrières de véhicules automobiles. Par ailleurs, le souci
de la qualité optique conduit à une préférence très marquée pour les procédés de bombage
dans lesquels la zone centrale du vitrage - au travers de laquelle s'effectue la vision
du conducteur - n'est pas pressée entre deux formes de bombage ; il en résulte que
dans la plupart des cas, seul le pourtour du vitrage est très exactement conforme
à un gabarit prédéfini et, en dehors de ce pourtour une certaine imprécision du galbe
demeure.
[0005] En règle générale, ces légers écarts de galbe ne posent aucun problème, mais cette
imprécision peut toutefois devenir très gênante au niveau de la zone marginale repliée
qui constitue la zone d'accostage du vitrage sur la carrosserie du véhicule. Des défauts
de courbure peuvent alors entraîner une certaine inefficacité des joints d'étanchéité
qui ont tendance à bailler. A la limite ces défauts peuvent également entraîner l'incapacité
de montage de la lunette arrière quine peut pas être mise en place exactement selon
la position souhaitée, ces défauts de bombage interdisant de faire "coulisser" le
vitrage vers cette position (cas des vitrages recouvrant une partie de la carrosserie).
[0006] Il est bien connu que le galbe d'un vitrage dépend très étroitement du profil de
température du verre au sortir du four de réchauffage, la vitesse de déformation du
verre étant d'autant plus grande que celui-ci est chaud. Aux températures ici en cause,
une différence de quelques degrés suffit à générer des défauts de bombage de quelques
dizièmes de millimètres, c'est-à-dire de l'ampleur de ceux que l'on cherche ici précisément
à éviter.
[0007] Différents moyens ont été proposés pour contrôler, le plus précisément possible,
le profil de chauffe d'une feuille de verre dans le four de réchauffage. Mais ces
moyens - par exemple du type brûleurs accompagnant la feuille de verre dans sa progression
dans le four - compliquent l'installation, imposent de nombreux réglages et pour autant
les résultats ne sont pas toujours conformes à ce qui serait souhaitable notamment
du point de vue de la reproductibilité des formes obtenues.
[0008] Les auteurs de la présente invention propose une approche nouvelle à ce problème
tirant parti du fait que la zone critique est également la zone où sont concentrées
la majeur partie des bandes collectrices. Or ces bandes collectrices sont d'une couleur
blanche ou blanchâtre et ont donc tendance à réfléchir la chaleur dans une proportion
plus importante que le verre transparent et encore bien plus importante que les bandes
noires émaillées qui absorbent plus la chaleur et s'échauffent donc de manière plus
importante.
[0009] Dans cette zone critique, on dispose donc à la fois de bandes réfléchissantes et
de bandes absorbantes de la chaleur. Selon l'invention, il est proposé de contrôler
très précisément l'échauffement de la feuille de verre dans cette zone critique en
recouvrant les bandes réfléchissantes, c'est-à-dire les bandes collectrices blanches
d'une couche colorée. Cette couche colorée est constituée de préférence par une nouvelle
couche émaillée déposée par un troisièmeou le cas échéant - quatrième passage en sérigraphie.
[0010] Le point essentiel pour cette couche colorée est qu'elle soit colorée autrement que
selon la couleur de la bande collectrice et ait donc de ce fait un coefficient de
réflexion de la chaleur différent de celui de la bande collectrice. En règle générale,
cette couche est de couleur noire. Ce dernier choix est pratiquement imposé, dès lors
que la bande collectrice n'est pas disposée directement sur le verre mais sur la bande
émaillée noire d'encadrement, l'objectif étant bien sûr d'obtenir des bandes qui se
confondent par leurs teintes.
[0011] Comme indiqué précédemment, le recouvrement de la bande collectrice n'est que partiel
et doit laisser libre au moins les zones de soudure de cosses. A l'exception de cette
contrainte, les zones recouvertes doivent être réparties en fonction du profil de
température correspondant à la forme de vitrage escomptée. Selon les cas, on pourra
ainsi disposer d'une série de bandes noires ou blanches en alternance, plus ou moins
larges, la répartition adéquate pouvant être obtenue en essayant différentes trames
et en observant les éventuels écarts de galbes correspondant. De plus, il va de soi
qu'à un profil de températures données correspond en fait une multiplicité de trames
qui seront finalement sélectionnées en fonction de la plus ou moins grande facilité
qu'il y a à les déposer par sérigraphie et en dernier ressort, selon leur caractère
esthétique.
[0012] Il peut enfin être indiqué que le choix d'une trame dépend non seulement de la forme
à conférer au vitrage, mais aussi de sa teinte, un verre foncé ayant globalement un
comportement différent quant à son échauffement de celui d'un verre clair.
[0013] D'autres détails et caractéristiques avantageuses de l'invention ressortent du la
description faite ci-après en référence aux dessins annexés qui représentent :
. figure 1 : un schéma de lunette arrière automobile très bombée dans la zone où se trouve la
bande collectrice,
. figure 2 : un agrandissement d'une bande collectrice recouverte en partie par des bandes colorées.
[0014] La figure 1 est une représentation très schématique d'une lunette arrière d'un véhicule
automobile. La lunette 1 est constituée par une feuille de verre de par exemple 3,2
mm d'épaisseur dont la partie centrale 2 est légèrement galbée et dont les ailes latérales
3, 4 sont fortement repliées autour d'axes 5, 6 et présentant de plus une certaine
courbure comme indiqué en 7.
[0015] Tout le pourtour du vitrage est munie d'une couche d'émail noire 8 formant encadrement.
Il peut s'agir d'une couche continue ou dégradée, faite par exemple d'une succession
de points de plus en plus espacés au fur et à mesure que l'on s'approche de la partie
centrale 2.
[0016] Pour désembuer et dégivrer la partie centrale 2, il est prévu un réseau chauffant
constitué par des fines bandes conductrices 9 faites d'une fritte argentée qui toutes
aboutissent à des bandes collectrices 10 plus larges, disposées selon deux bords parallèles.
Ces bandes argentées sont de couleur blanche. Ces bandes collectrices reçoivent les
cosses d'amenée de courant qui sont soudées.
[0017] La couche d'émail 8 et les bandes 9, 10 du réseau chauffant sont toutes deux essentiellement
composées d'une suspension dans un liant d'un verre à bas point de fusion ou fritte.
Elles sont déposées par sérigraphie et doivent ensuite être cuites. Cette cuisson
est opérée dans le four de réchauffage des feuilles de verre avant le bombage. Pour
contrôler très précisément l'échauffement du verre au niveau des ailes 3 et 4 - en
vue d'obtenir un galbe très exactement conforme à un gabarit donné y compris à distance
des bords du vitrage - il est proposé selon l'invention de noircir les bandes collectrices
10, en préservant au minimum une zone suffisante pour procéder à la soudure des cosses.
[0018] La figure 2 illustre une bande collectrice revêtue d'une série de bandes noires 11
qui laissent apparentes des raies blanches.
[0019] Ce noircissement s'opère par le dépôt d'une nouvelle couche d'émail noir qui vient
masquer la bande collectrice. On peut utiliser la même composition que pour la couche
8 ou toute autre composition éventuellement moins onéreuse, car cette couche masquante
n'est pas exposée au rayonnement solaire (le réseau chauffant est toujours sur la
face interne de la lunette, cette surcouche masquante est donc à l'arrière de la couche
8).
[0020] Cette surcouche est déposée en laissant apparente une partie de la bande collectrice
de manière à constituer une alternance de zones sombres et de zones claires, ces zones
étant réparties de manière à obtenir l'échauffement le plus adapté à la forme de vitrage
qui est souhaitée après bombage.
[0021] Dans l'exemple de réalisation proposé à la figure 2, la couche colorée est disposée
de manière à former des raies alternées noires ou blanches, plus ou moins longues
selon leur position sur le vitrage. D'autres motifs par exemple du type quadrillage,
points, pois, pois cassés, selon un schéma de répartition uniforme ou dégradé peuvent
bien sûr être envisagés en tenant compte de la forme du vitrage et en dernier ressort
de l'aspect esthétique.
[0022] Quelques essais de motifs sont donc nécessaires pour chaque nouveau type de vitrage
- en sachant qu'une zone blanche est plus froide et conduit donc à la formation d'une
zone relativement plus plate, alors qu'une zone noire est plus chaude et conduit à
une zone où la déformation est accentuée. Il peut être de plus noté que le motif sera
de préférence différent selon que la feuille de verre est ou non en verre teinté.
Une fois le motif choisi, on a un bombage parfaitement répétitif dû à un profil de
chauffe très bien maîtrisé et ceci de manière extrêmement localisée en raison de la
précision d'un dépôt par sérigraphie.
1. Vitrage chauffant (1) en forme comportant une feuille de verre bombée munie sur une
de ses faces de bandes de résistance (9) formées d'une composition électroconductrice
résultant de la cuisson d'une suspension dans un liant organique d'argent métallique
et d'une fritte à bas point de fusion et de bandes collectrices (10) formées d'une
composition électroconductrice du même type, caractérisé en ce que lesdites bandes collectrices (10) sont en partie recouvertes d'une couche colorée
ayant un coefficient de réflexion de la chaleur inférieur à celui desdites bandes
collectrices (10).
2. Vitrage chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche colorée est une couche d'émail.
3. Vitrage chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche d'émail est noire.
4. Vitrage chauffant selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que lesdites bandes collectrices (10) sont déposées sur une partie émaillée (8) du vitrage.
5. Vitrage chauffant selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que ladite couche colorée est déposée selon des bandes ou des portions de bandes de manière
à ce que le vitrage présente une série de bandes ou de portions de bandes noires et
blanches alternées.
6. Vitrage chauffant selon la revendication 5, caractérisé en ce que ladite couche colorée recouvre la bande collectrice de manière à former un motif
du type quadrillage, raies alternées, points, pois, pois cassés, uniforme ou dégradé.
7. Vitrage chauffant selon la revendication 4, caractérisé en ce que ladite couche colorée est déposée selon un motif variant en fonction de la teinte
du verre.