[0001] L'invention concerne les électrolyseurs du type série, comprenant une succession
de cellules d'électrolyse élémentaires couplées électriquement en série.
[0002] Elle concerne plus particulièrement un électrolyseur dans lequel deux cellules élémentaires
successives comprennent une paroi verticale métallique commune qui assure la liaison
électrique entre les cellules.
[0003] Dans les électrolyseurs connus de ce type, la paroi verticale commune des deux cellules
porte généralement, sur une face, une anode d'une des cellules et, sur l'autre face,
une cathode de l'autre cellule. A cet effet, la paroi commune est habituellement constituée
de deux plaques en métaux différents, solidarisées l'une à l'autre, par exemple par
soudage. Dans le cas d'électrolyseurs utilisés pour l'électrolyse de l'eau ou de solutions
aqueuses, la plaque portant l'anode est généralement en titane, l'autre plaque étant
en fer, en acier, en nickel ou en un alliage de ces métaux. La présence d'une plaque
en titane associée à une plaque en métal différent peut conduire à des difficultés
dans l'exploitation de l'électrolyseur. Ces difficultés sont liées à la génération
d'hydrogène atomique sur la cathode au cours de l'électrolyse; une partie de l'hydrogène
atomique migre à travers les plaques de la paroi commune et forme de l'hydrure de
titane au sein de la plaque de titane, ce qui a pour résultat de fragiliser celle-ci.
Par ailleurs, de l'hydrogène moléculaire risque de se former à la jonction des plaques
de la paroi métallique, conduisant à des tensions mécaniques internes susceptibles
de fissurer les plaques ou de rompre localement le joint de soudure assurant leur
jonction.
[0004] Pour remédier à cet inconvénient, on a proposé d'interposé entre la plaque en titane
et la plaque en fer, acier ou nickel, une feuille en un matériau barrière ayant la
propriété de s'opposer à une migration de l'hydrogène atomique jusqu'à la plaque en
titane. Pour le matériau barrière, on propose le tungstène, le zinc, le bore, le silicium,
le cadmium, le carbone, le germanium et l'aluminium (brevet BE-A-815411). Bien qu'elle
remédie à la formation d'hydrure de titane, cette solution n'évite pas la formation
de poches d'hydrogène moléculaire à la jonction de la plaque cathodique et de la feuille
en matériau barrière.
[0005] On a aussi songé à maintenir un écartement entre les deux plaques de la paroi verticale,
de manière à ménager une chambre verticale pour l'évacuation de l'hydrogène après
sa migration à travers la plaque portant la cathode (brevet US-A-4088551). Dans cet
assemblage connu la liaison électrique entre les deux plaques de la paroi verticale
commune aux deux cellules est assurée au moyen de plots métalliques répartis à intervalles
sur la superficie des plaques. Dans le brevet GB-A-2027053, on propose une solution
similaire, la chambre délimitée entre les deux plaques étant remplie d'un matériau
conducteur poreux, par exemple un matériau cellulaire polymérique chargé de particules
métalliques. Dans ces électrolyseurs connus, la connexion électrique entre les deux
plaques n'est pas homogène, et elle présente par ailleurs un résistance électrique
non négligeable, du fait qu'elle n'est réalisée que sur une partie de la surface des
plaques.
[0006] L'invention remédie aux inconvénients précités des électrolyseurs connus, en fournissant
le moyen de réaliser une paroi métallique commune à deux cellules d'électrolyse consécutives,
qui concilie une faible résistance électrique et un échappement efficace d'un gaz
migrant à l'intérieur de la paroi.
[0007] En conséquence, l'invention concerne un électrolyseur comprenant au moins deux cellules
d'électrolyse élémentaires couplées en série électrique le long d'une paroi verticale
commune qui comprend deux plaques métalliques verticales, disposées vis-à-vis l'une
de l'autre en formant entre elles une chambre verticale, l'une des plaques portant
une anode d'une des cellules et l'autre plaque portant une cathode de l'autre cellule;
selon l'invention, la chambre contient une masse métallique dont la température de
fusion est inférieure à la température régnant dans ladite chambre pendant le fonctionnement
de l'électrolyseur.
[0008] Dans l'électrolyseur selon l'invention, les deux cellules sont contiguës. L'une des
plaques constitue un élément de paroi d'une des deux cellules et porte une anode de
cette cellule, et l'autre plaque constitue un élément de paroi de l'autre cellule
dont elle porte une cathode. Les plaques peuvent constituer ces électrodes ou servir
de supports d'électrodes, comme c'est par exemple le cas des cellules décrites dans
le brevet US-A-4088551. Les plaques sont réalisées en un matériau conducteur de l'électricité,
susceptible de résister aux conditions mécaniques, thermiques et chimiques régnant
normalement dans les cellules pendant l'exploitation de l'électrolyseur. Par exemple,
dans le cas d'un électrolyseur destiné à l'électrolyse de solutions aqueuses de chlorure
de sodium, la plaque portant l'anode peut être réalisée en un métal filmogène sélectionné
parmi le titane, le tantale, le niobium, le zirconium et le tungstène et la plaque
portant la cathode peut être réalisée en une matière sélectionnée parmi le fer, le
nickel, le cobalt et les alliages de ces métaux. Dans le cas où la plaque en métal
filmogène constitue une partie au moins de l'anode, cette plaque est recouverte, sur
une partie au moins de sa face située dans la cellule, d'un revêtement conducteur
de l'électricité, présentant une faible surtension à l'oxydation des ions chlorure.
Ce revêtement peut par exemple être sélectionné parmi les métaux du groupe du platine
(platine, ruthénium, rhodium, palladium, iridium, osmium), les alliages de ces métaux
et leurs oxydes; il peut avantageusement être formé de cristaux mixtes d'oxyde de
métal du groupe du platine et d'oxyde de métal filmogène tel que décrit plus haut.
Il est par ailleurs recommandé de revêtir d'une pellicule de nickel la face de la
plaque en métal filmogène, qui est située à l'intérieur de la chambre verticale. Cette
pellicule de nickel peut être obtenue par toute technique adéquate de nickelage. Elle
a pour fonction d'améliorer le mouillage de la plaque par la masse métallique fondue.
[0009] Les deux plaques de la paroi commune aux deux cellules sont disposées en regard l'une
de l'autre, de part et d'autre d'un cadre périphérique, de manière à délimiter une
chambre verticale. L'assemblage du cadre et des plaques doit être hermétique, de manière
que la chambre puisse retenir une masse liquide pendant le fonctionnement normal de
l'électrolyseur. A cet effet, on peut utiliser un cadre en un matériau élastique,
que l'on comprime entre les deux plaques, ou un cadre rigide, par exemple en métal
ou en matériau polymérique, que l'on insère entre les deux plaques, avec interposition
de joints d'étanchéité ou que l'on soude ou colle hermétiquement aux deux plaques.
Il convient par ailleurs de ménager au moins une ouverture dans la zone supérieure
de la chambre pour permettre l'échappement d'hydrogène gazeux hors de la chambre.
Cette ouverture, peut être ménagée à travers le cadre.
[0010] Selon l'invention, la chambre entre les deux plaques contient une masse métallique
dont le point de fusion est inférieur à la température qui règne normalement dans
ladite chambre pendant le fonctionnement normal de l'électrolyseur. Le choix de la
masse métallique va dépendre de la température de fonctionnement normal de l'électrolyseur
et, par voie de conséquence, du procédé d'électrolyse mis en oeuvre. Dans le cas d'un
électrolyseur destiné à l'électrolyse de l'eau ou de solutions aqueuses, on choisit
une masse métallique dont la température de fusion est inférieure à 100° C, par exemple
du mercure.
[0011] Pendant le fonctionnement normal de l'électrolyseur, la masse métallique assure le
transfert du courant électrique à travers la paroi commune aux deux cellules. Par
ailleurs, étant portée à une température supérieure à sa température de fusion, elle
se liquéfie; l'hydrogène qui migre à travers la paroi et atteint la chambre peut ainsi
s'échapper de celle-ci en traversant la masse métallique liquide.
[0012] Dans une forme de réalisation particulière de l'électrolyseur selon l'invention,
la masse métallique a une température de fusion qui est supérieure à la température
ambiante, par exemple supérieure à 25 C. Cette forme de réalisation présente ainsi
la particularité que la masse métallique est solide à la température ambiante et liquide
à la température de fonctionnement normal de l'électrolyseur. Cette forme de réalisation
de l'invention présente l'avantage de faciliter le montage et le démontage de l'électrolyseur.
Des exemples de masses métalliques utilisables dans cette forme de réalisation de
l'invention sont l'alliage binaire eutectique de rubidium (68,0 % en poids) et de
potassium (32,0 % en poids) (température de fusion : 33 C); l'alliage quaternaire
eutectique de bismuth (49,5 % en poids), de plomb (17,6 % en poids), d'étain (11,6
% en poids) et d'indium (21,3 % en poids) (température de fusion : 58,2°C); l'alliage
ternaire eutectique d'indium (51,0 % en poids), de bismuth (32,5 % en poids), et d'étain
(16,5 % en poids) (température de fusion : 60,5
* C); l'alliage de Wood [alliage quaternaire de bismuth (50,0 % en poids), de plomb
(25,0 % en poids), d'étain (12,5 % en poids) et de cadmium (12,5 % en poids) (température
de fusion : 70 ° C)]; l'alliage binaire eutectique d'indium (67 % en poids) et de
bismuth (33 % en poids) (température de fusion : 70 C) et l'alliage ternaire de bismuth
(51,6 % en poids), de plomb (40,2 % en poids) et de cadmium (8,2 % en poids) (température
de fusion : 91,5°C). On trouve dans la littérature technique d'autres exemples d'alliages
métalliques utilisables dans l'électrolyseur selon l'invention (Handbook of Chemistry
and Physics, 52nd Ed., The Chemical Rubber Co., 1971, page F-18, "Low melting point
alloys").
[0013] L'électrolyseur selon l'invention est spécialement adapté aux procédés d'électrolyse
de solutions aqueuses de chlorure de sodium mettant en oeuvre des températures voisines
de 1000 C, par exemple comprises entre 80 et 120°C. L'invention trouve dès lors une
application avantageuse dans la construction des électrolyseurs destinés à la production
de solutions aqueuses de chlorate de sodium par électrolyse de solutions aqueuses
de chlorure de sodium. Elle trouve une autre application intéressante dans la construction
des électrolyseurs à diaphragmes ou à membranes sélectivement perméables aux cations,
utilisés pour la production de chlore et de solutions aqueuses d'hydroxyde de sodium
par électrolyse de solutions aqueuses de chlorure de sodium.
[0014] Des particularités et détails de l'invention vont apparaître au cours de la description
suivantes des dessins annexés, qui représentent une forme de réalisation particulière
de l'électrolyseur selon l'invention.
La figure 1 montre, en section longitudinale verticale avec arrachements partiels,
une forme de réalisation particulière de l'électrolyseur selon l'invention.
La figure 2 montre en plan, à plus grande échelle, un détail de l'électrolyseur de
la figure 1;
La figure 3 est une coupe selon le plan III-III de la figure 2.
[0015] Dans ces figures, les mêmes notations de référence désignent des éléments identiques.
[0016] L'électrolyseur représenté à la figure 1 est conçu pour la fabrication de solutions
aqueuses de chlorate de sodium par électrolyse de solutions aqueuses de chlorure de
sodium. Il comprend des cellules élémentaires 1 juxtaposées entre deux cellules élémentaires
d'extrémité 2 et 3. Les cellules 1 comprennent une chambre d'électrolyse délimitée
par une paroi latérale horizontale 5 de section rectangulaire et deux parois d'extrémité
6 qui sont communes à deux cellules contiguës. Les deux cellules d'extrémité 2 et
3 comprennent également une paroi latérale horizontale 5, une paroi d'extrémité 6
interposée entre elle et la cellule 1 contiguë et une paroi d'extrémité 7 reliée à
une source de courant continu, non représentée. Deux tubulures 8 et 9, en communication
avec la chambre d'électrolyse, sont destinées à être raccordées, l'une à un collecteur
général d'admission d'une solution aqueuse de chlorure de sodium, l'autre à un collecteur
général d'évacuation des produits de l'électrolyse.
[0017] Les figures 2 et 3 montrent à plus grande échelle, la paroi d'extrémité 6 commune
à deux cellules contiguës. La paroi 6 comprend deux plaques verticales métalliques
10 et 11 disposées vis-à-vis l'une de l'autre, de part et d'autre d'un cadre périphérique
12. La plaque 10 est en titane et porte une anode constituée d'une série de tôles
verticales 13 soudées transversalement à la plaque 10. Les tôles 13 sont en titane
et portent un revêtement formé de cristaux mixtes d'oxyde de ruthénium et d'oxyde
de titane. La plaque 11 est en acier et porte une cathode constituée d'une série de
tôles verticales 14 en acier, soudées à la plaque 11. Le cadre 12 est en acier et
il est percé d'une série d'ouvertures 15 dans sa partie supérieure. Les plaques 10
et 11 sont fixées de manière étanche au cadre 12, de manière à former une chambre
étanche 16. Les plaques 10 et 11 sont par ailleurs fixées de manière étanche aux parois
latérales 5 de deux cellules contiguës. La fixation des plaques 10 et 11 au cadre
12 et aux parois latérales 5 peut être réalisée par soudage. On préfère utiliser un
assemblage par boulons et écrous, qui présente l'avantage de faciliter le montage
et le démontage de l'électrolyseur.
[0018] La paroi d'extrémité 7 de la cellule 2 est une plaque en titane, identique à la plaque
10 de la paroi commune 6 et, comme elle, elle porte une anode constituée d'une série
de tôles verticales 13 en titane portant un revêtement d'oxyde de titane et d'oxyde
de ruthénium. La paroi d'extrémité 7 de la cellule 3 est une plaque en acier, identique
à la plaque 11 de la paroi commune 6 et, comme elle, elle porte une cathode constituée
de tôles verticales en acier 14. La fixation des plaques 7 à la paroi 5 des cellules
2 et 3 est similaire à celle des plaques 10 et 11.
[0019] Dans chacune des cellules 1, 2 et 3, les tôles d'anodes 10 alternent avec les tôles
de cathodes 11.
[0020] Conformément à l'invention, la chambre 16 de la paroi commune 6 contient un alliage
métallique de bismuth (50,0 % en poids), de plomb (25,0 % en poids), d'étain (12,5
% en poids) et de cadmium (12,5 % en poids) (alliage de Wood), dont la température
de fusion est d'environ 70 °C. L'alliage remplit la quasi totalité de la chambre 16.
Un léger interstice 17 doit toutefois être prévu au-dessus de l'alliage, pour permettre
la dilatation de celui-ci pendant le fonctionnement de l'électrolyseur.
[0021] Pour construire la paroi 6, il suffit d'assembler les plaques 10 et 11 au cadre 12,
puis de verser dans la chambre 16, via les ouvertures 15, l'alliage préalablement
chauffé à une température supérieure à sa température de fusion. Pendant l'assemblage
subséquent de l'électrolyseur, l'alliage se trouve à l'état solide dans la chambre
16.
[0022] Pendant le fonctionnement de l'électrolyseur représenté aux figures, on introduit
une solution aqueuse de chlorure de sodium dans les cellules d'électrolyse, par les
tubulures 8 et on relie les parois extrémités 7 aux bornes d'une source de courant
continu, non représentée. La solution de chlorure de sodium subit une électrolyse
dans les cellules d'électrolyse et on recueille par les tubulures 9 une solution aqueuse
de chlorate de sodium et de l'hydrogène généré sur les tôles 14 des cathodes. Sous
l'effet de la chaleur dégagée pendant l'électrolyse, la masse métallique contenue
dans les chambres 16 fond. Si de l'hydrogène atomique diffuse à travers la plaque
11 jusque dans la chambre 16, il barbotte à travers la masse métallique liquide qui
s'y trouve et s'échappe par les ouvertures 15. La masse métallique liquide des chambres
16 assure par ailleurs la circulation du courant électrique entre les cellules contiguës.
1. Electrolyseur comprenant au moins deux cellules d'électrolyse élémentaires (1),
couplées en série électrique le long d'une paroi verticale commune (6) qui comprend
deux plaques métalliques verticales (10, 11), disposées vis-à-vis l'une de l'autre
de part et d'autre d'un cadre périphérique (12) de manière à délimiter une chambre
verticale (16), l'une des plaques (10) portant une anode (13) d'une des cellules et
l'autre plaque (11) portant une cathode (14) de l'autre cellule, caractérisé en ce
que la chambre (16) contient une masse métallique dont la température de fusion est
inférieure à la température régnant dans ladite chambre (16) pendant le fonctionnement
de l'électrolyseur.
2. Electrolyseur selon la revendication 1, caractérisé en ce que des ouvertures (15)
sont pratiquées dans la partie supérieure du cadre (12).
3. Electrolyseur selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le cadre (12)
est rigide et est fixé aux plaques (10, 11) au moyen d'un assemblage par boulons et
écrous.
4. Electrolyseur selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce
que la température de fusion de la masse métallique est comprise entre 25 et 100°
C.
5. Electrolyseur selon la revendication 4, caractérisé en ce que la masse métallique
est un alliage de bismuth (50,0 % en poids), de plomb (25,0 % en poids), d'étain (12,5
% en poids) et de cadmium (12,5 % en poids).
6. Electrolyseur selon la revendication 4, caractérisé en ce que la masse métallique
est un alliage binaire eutectique d'indium et de bismuth.
7. Electrolyseur selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce
que la plaque (10) portant l'anode (13) est en titane et la plaque (11) portant la
cathode (14) est en une matière sélectionnée parmi le fer, le nickel, le cobalt et
les alliages de ces métaux.
8. Electrolyseur selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce
que l'anode (13) et la cathode (14) sont constituées de tôles verticales fixées tranversalement
aux plaques (10, 11).
9. Electrolyseur selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce
qu'il est destiné à l'électrolyse de solutions aqueuses.
10. Electrolyseur selon la revendication 9, caractérisé en ce qu'il est destiné à
la production de solutions aqueuses de chlorate de sodium par électrolyse de solutions
aqueuses de chlorure de sodium.