[0001] La présente invention a pour objet un vibrateur multi-fréquence utilisable notamment,
mais non exclusivement, pour enfoncer dans le sol des objets tels que des pieux ou
des palplanches.
[0002] Elle concerne plus particulièrement les vibrateurs du type comportant une ou plusieurs
cellules vibratoires comprenant chacune au moins un couple de masselottes rotatives
excentrées par rapport à leur axe d'entraînement et des moyens d'entraîner en rotation,
à une même vitesse mais en sens inverse, les axes d'entraînement, ces moyens faisant
habituellement intervenir une motorisation hydraulique alimentée par une pompe à débit
constant de fluide hydraulique sous pression.
[0003] D'une manière générale, on sait qu'il existe d'ores et déjà deux types de vibrateurs
de ce genre, dont le critère distinctif est la fréquence, à savoir : les vibrateurs
moyenne fréquence qui tournent classiquement à des vitesses comprises entre 1000 et
1800 t/mn et les vibrateurs dits "haute fréquence" qui tournent à des vitesses supérieures
à 2200 t/mn. L'intérêt de la haute fréquence est de plusieurs ordres et résulte notamment
de l'atténuation de la propagation des vibrations dans le sol et de l'augmentation
de la force centrifuge qui est proportionnelle, à un moment d'excentricité constant,
au carré de la fréquence.
[0004] Réciproquement, pour une puissance de vibrateur donnée, le fait de fonctionner à
fréquence réduite permet l'usage d'un moment d'excentricité plus important et dès
lors, de bénéficier d'une amplitude de vibration plus importante.
[0005] Ainsi, ces vibrateurs à puissance réduite conviennent notamment au fonçage dans les
sols argileux pour lesquels il est nécessaire de produire des vibrations présentant
une amplitude dont la valeur minimale est de l'ordre de quelques millimètres, et ce,
en fonction de l'élasticité de ce type de sol.
[0006] Il s'avère qu'il n'existe pas, à l'heure actuelle, de vibrateurs susceptibles de
passer commodément de l'une à l'autre des deux gammes de fréquence précédemment évoquées.
[0007] Il est certes possible, dès à présent, grâce à l'emploi d'une pompe à débit variable,
de réduire la fréquence d'un vibrateur en diminuant le débit de la pompe. Toutefois,
on réduit dans les mêmes proportions la puissance disponible du vibrateur (qui est
égale au débit multiplié par la pression maximale admissible dans le circuit hydraulique.
[0008] De même, il est possible de penser que ce changement de fréquence puisse être obtenu
en utilisant un moteur à débit variable. Toutefois, la conception actuelle de ces
moteurs et de leurs mécanismes de commande est, a priori, incompatible avec les vibrations
auxquelles ils se trouvent soumis, de sorte que cette solution est immédiatement écartée
par un homme de l'art. En outre, la régulation d'un tel moteur est relativement complexe,
d'un coût élevé et d'une fiabilité hypothétique pour les mêmes raisons.
[0009] L'invention a donc plus particulièrement pour objet la conception et la réalisation
d'un vibrateur pouvant, à différentes vitesses, mobiliser l'intégralité de la puissance
disponible du vibrateur, de manière à surmonter les inconvénients précédemment évoqués
et pouvoir disposer en quelque sorte de plusieurs appareils en un seul (haute fréquence
à petit moment et moyenne fréquence à grand moment).
[0010] Elle propose à cet effet un vibrateur du type de celui précédemment décrit dans lequel
la motorisation comprend au moins deux corps de moteur hydraulique, mécaniquement
couplés aux arbres d'entraînement des masselottes et alimentés par la pompe hydraulique
par l'intermédiaire d'un circuit de distribution apte à alimenter, soit l'un des deux
corps, soit les deux corps en parallèle de manière à obtenir à volonté au moins les
deux modes de fonctionnement suivants :
- un premier mode de fonctionnement dans lequel l'un des deux corps est alimenté et
entraîne le vibrateur à une vitesse de rotation imposée par le rapport entre le débit
de la pompe et la cylindrée de ce corps, tandis que l'autre corps, dont le circuit
hydraulique est rebouclé sur lui-même, est inactif ;
- au moins un deuxième mode de fonctionnement dans lequel le fluide hydraulique émanant
de la pompe est injecté dans les deux corps et se répartit dans ces derniers, la fréquence
obtenue étant alors imposée par le rapport entre le débit de la pompe et la somme
des cylindrées des deux corps.
[0011] Bien entendu, l'invention peut faire intervenir n corps de moteur, de manière à pouvoir
obtenir une multiplicité de fréquences dont chacune est déterminée par le rapport
entre le débit de la pompe et la cylindrée utilisée qui est celle d'un des corps ou
égale à la somme des cylindrées de plusieurs corps.
[0012] Avantageusement, le vibrateur selon l'invention pourra en outre comprendre un dispositif
permettant de faire varier le moment du vibrateur en engendrant un déphasage affectant
respectivement la rotation des masselottes des deux cellules.
[0013] Grâce au cumul de ces deux mesures (fréquence variable-moment indépendamment de la
fréquence), on obtient un vibrateur universel pouvant s'adapter de façon optimale
à toutes les conditions d'emploi.
[0014] Des modes de réalisation de l'invention seront décrits ci-après, à titre d'exemple
non limitatif, avec référence aux dessins annexés dans lesquels :
Les figures 1 et 2 représentent schématiquement, respectivement en coupe axiale et
en coupe transversale d'un vibrateur à moment variable entraîné par deux corps de
moteur hydraulique ;
La figure 3 est une coupe axiale à plus grande échelle d'un mode d'exécution du dispositif
de transmission à déphasage commandé utilisable dans le dispositif représenté figure
1 ;
Les figures 4 et 5 sont des représentations schématiques du circuit de distribution
alimentant le vibrateur représenté figure 1, selon un premier mode de fonctionnement
(figure 4) et selon un second mode de fonctionnement (figure 5).
[0015] Dans l'exemple représenté sur les figures 1 et 2, le vibrateur comprend deux trains
de masselottes excentrées 1, 2 montées rotatives au moyen d'arbres 3, 3' - 4, 4' parallèles
à un axe transversal, et dont les extrémités s'engagent dans des paliers 5, 6 portés
par deux flasques parallèles 7, 8 constituant les deux côtés latéraux d'un boîtier.
[0016] A chacune des masselottes 1, 2 est associé un pignon 10, 10' - 11, 11' dimensionné
de manière à ce que les pignons associés à un même train de masselottes 1, 2 engrènent
ensemble.
[0017] Sur la figure 2, on a représenté deux trains de masselottes 1, 2 comprenant chacun
au moins un couple d'ensembles masselotte/pignon 1 - 10, 1' - 10', 2 - 11, 2' - 11'
représenté en trais pleins, l'ensemble représenté partiellement en traits interrompus
indiquant le mode d'implantation d'un autre couple.
[0018] Les pignons 10 et 11 des deux trains de masselottes 1, 2 engrènent en outre avec
deux pignons coaxiaux respectifs 12, 13 axés parallèlement à l'axe transversal et
couplés l'un à l'autre, par l'intermédiaire d'un dispositif de transmission 14 à déphasage
commandé par un fluide sous pression.
[0019] Un tel dispositif de transmission 14 peut comprendre, comme représenté sur les figures
1 et 3 :
- un manchon cylindrique 15 portant le pignon 12, ce manchon comprenant, d'un côté,
un fond 16 prolongé coaxialement par un tourillon 17 s'engageant dans un palier 18,
porté par le flasque 8, le fond 16 et le tourillon 17 étant traversés par un canal
axial 19 d'admission de fluide sous pression ;
- un joint tournant 20 monté en bout du tourillon 17 et sur lequel est raccordé un conduit
souple 21 d'alimentation en fluide sous pression ;
- un piston 22 monté coulissant avec étanchéité dans la cavité cylindrique 23 du manchon
15, et formant avec celle-ci une chambre de travail 24, ce piston 22 comprenant une
cavité cylindrique coaxiale 25 portant des cannelures axiales et s'ouvrant du côté
opposé au fond ;
- un arbre d'entraînement 26 du pignon 13 dont l'extrémité cannelée vient s'engager
coaxialement dans la cavité 25 de manière à solidariser ces deux pièces 22, 26 en
rotation tout en autorisant un coulissement axial du piston 22 dans le manchon 15
;
- un ressort de compression 27 éventuellement disposé dans le volume compris entre l'extrémité
de l'arbre 26 et le piston 22.
[0020] Par ailleurs, le piston 22 porte au niveau de sa surface cylindrique une ou plusieurs
gorges hélicoïdales 28 à pas relativement important. Dans cette ou ces gorges 28 s'engagent
un ou plusieurs ergots 29 solidaires de la surface intérieure du manchon.
[0021] Il est clair qu'en l'absence de fluide sous pression, le piston 22, sollicité par
le ressort 27, se trouve en position rétractée, les ergots 29 venant en butée sur
leurs fonds des gorges 28 respectifs, comme représenté figure 3.
[0022] Le profil des ergots est dessiné en fonction du compromis recherché entre la réduction
du frottement et la résistance mécanique d'ensemble qui dépend du couple à obtenir.
[0023] Dans cette position, les masselottes 1, 2 des deux trains de masselottes sont en
phase.
[0024] Lorsque du fluide sous pression est injecté dans la chambre de travail 24, le piston
22 est poussé vers l'arrière contre l'action du ressort 25.
[0025] Au cours de ce déplacement, les ergots 29 se trouvent guidés par la gorge hélicoïdale
28, et il en résulte une rotation relative entre manchon 15 et piston 22 et donc entre
les pignons 12 et 13. La conformation de la gorge 28 et le rapport de réduction des
pignons 10, 11 - 12, 13 sont alors prévus de manière à ce que la rotation relative
des deux trains de masselottes 1, 2 puisse atteindre 180° et, qu'en conséquence, ces
trains de masselottes 1, 2 se trouvent en opposition de phase.
[0026] Lorsqu'ensuite la pression exercée dans la chambre de travail 24 est interrompue,
le piston, sollicité par le ressort 27 ou par tout autre phénomène ou moyen, retourne
à sa position initiale.
[0027] Il convient de noter que l'usage d'un ressort 25 n'est pas indispensable. En effet,
en raison du couple engendré naturellement par l'effet dû à l'action des masselottes
1, 2 (résistance au fonçage), celles-ci ont tendance à se disposer naturellement en
phase. Toutefois, pour permettre un retour automatique en déphasage, il convient de
maintenir un déphasage résiduel.
[0028] Dans l'exemple représenté sur les figures 4 et 5, les deux corps de moteur M₁ et
M₂ respectivement accouplés aux arbres 3, 4 du vibrateur V représenté sur la figure
1 sont montés en parallèle sur un circuit commun d'admission 31 et de retour 32 à
la bâche d'une pompe hydraulique P à débit constant, à l'aide de deux circuits respectifs
comprenant chacun un conduit d'admission 33, 33' et un conduit de retour 34, 34' ainsi
qu'un distributeur D₁, D₂ permettant :
- soit d'assurer une circulation normale du fluide dans ces deux conduits 33, 34 - 33',
34' (position 1) ;
- soit d'interrompre le conduit d'admission 33, 33' et de le reboucler, côté moteur
M₁, M₂, sur le conduit de retour 34, 34' (position 2).
[0029] Dans l'exemple représenté sur la figure 4, le distributeur D₁ est en position 1,
tandis que le distributeur D₂ est en position 2, de sorte que le débit total D de
la pompe P passe par le moteur M₁, le moteur M₂ tournant en roue libre.
[0030] La fréquence F₁ du vibrateur est fonction du rapport de ce débit et de la cylindrée
du moteur M₁.
[0031] Dans l'exemple représenté sur la figure 5, les deux distributeurs D₁ et D₂ sont en
position 1 et sont donc traversés par deux fractions complémentaires du débit D de
la pompe P.
[0032] La fréquence F₂ du vibrateur est alors fonction du rapport entre le débit D et la
somme des cylindrées des moteurs M₁ et M₂.
[0033] L'utilisation d'un moteur M₂ de faible cylindrée permet une extension des possibilités
de fonçage du vibrateur. Elle autorise une légère réduction de la vitesse et, par
conséquent, une réduction sensible de la puissance consommée par le sol, en permettant
ainsi un approfondissement du fonçage.
[0034] En particulier, l'usage d'un moteur M₂ d'une cylindrée d'environ la moitié de celle
du moteur principal permet de disposer de deux régimes de fonctionnement, par exemple
1500 et 1000 t/mn, ou encore 2250 t/mn (haute fréquence) et 1500 t/mn (moyenne fréquence)
avec cependant le même moment.
[0035] En outre, grâce aux possibilités de réglage du moment, il est possible d'obtenir
un moment donné pour un régime haute fréquence et un moment accru de 50 à 100 % pour
un régime à moyenne fréquence.
[0036] Ces deux combinaisons présentent, en effet, l'avantage de fournir des forces centrifuges
comparables.
[0037] Bien entendu, l'invention ne se limite pas au mode d'exécution précédemment décrit.
[0038] Ainsi, le vibrateur pourrait faire intervenir n moteurs venant se connecter de la
façon du moteur M
n représenté en traits interrompus sur les figures 4 et 5.
[0039] Cette solution, qui présente l'avantage de pouvoir obtenir une multiplicité de fréquence,
présente cependant l'inconvénient lié au nombre des moteurs utilisés.
1. Vibrateur multi-fréquence du type comportant une ou plusieurs cellules vibratoires
comprenant chacune au moins un couple de masselottes rotatives excentrées par rapport
à leur axe d'entraînement, et des moyens permettant d'entraîner en rotation, à une
même vitesse, mais en sens inverse, les axes d'entraînement, ces moyens faisant intervenir
une motorisation hydraulique alimentée par une pompe (P) à débit constant de fluide
hydraulique sous pression,
caractérisé en ce que la motorisation comprend au moins deux corps de moteur hydraulique
(M₁, M₂), mécaniquement couplés aux arbres d'entraînement des masselottes et alimentés
par la pompe hydraulique (P) par l'intermédiaire d'un circuit de distribution (31,
32, 33, 34, 33', 34') apte à alimenter, soit l'un des deux corps (M₁, M₂), soit les
deux corps (M₁, M₂) en parallèle, de manière à obtenir à volonté au moins les deux
modes de fonctionnement suivants :
- un premier mode de fonctionnement dans lequel l'un des deux moteurs (M₁) est alimenté
et entraîne le vibrateur à une vitesse de rotation imposée par le rapport entre le
débit de la pompe et le cylindre de ce moteur, tandis que l'autre moteur (M₂), dont
le circuit hydraulique est rebouclé sur lui-même, est inactif ;
- au moins un deuxième mode de fonctionnement dans lequel le fluide hydraulique émanant
de la pompe (P) est injecté dans les deux corps (M₁ et M₂) et se répartit dans ces
derniers, la fréquence obtenue étant alors imposée par le rapport entre le débit de
la pompe (P) et la somme des cylindrées des deux corps (M₁ et M₂).
2. Vibrateur selon la revendication 1, caractérisé en ce que la susdite motorisation
comprend n corps de moteur, de manière à pouvoir obtenir une multiplicité de fréquences
dont chacune est déterminée par le rapport entre le débit de la pompe (P) et la cylindrée
utilisée qui est celle d'un des corps ou égale à la somme des cylindrées de plusieurs
corps.
3. Vibrateur selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce qu'il comprend
en outre un dispositif (14) permettant de faire varier le moment du vibrateur en engendrant
un déphasage affectant respectivement la rotation des masselottes (1, 2) des deux
cellules.