[0001] La présente invention est relative à un procédé d'obtention par moulage de pièces
bimatériaux .
[0002] Elle concerne plus particulièrement les pièces formées d'une âme en alliage d'aluminium
insérée dans une matrice en un autre alliage d'aluminium.
[0003] Cette structure particulière est utilisée, par exemple, pour la confection de pièces
automobiles telles que les culasses de moteurs dans le but de modifier localement
leurs propriétés et l'insertion de conduits dans les pièces aéronautiques faites par
moulage.
[0004] En effet, il est connu que de telles pièces sont soumises localement lors de leur
utilisation à des contraintes particulières , notamment thermiques, et que pour éviter
certaines repercussions fâcheuses sur leur comportement, on recourt généralement à
l'implantation dans les dites pièces d'inserts ayant des propriétés qui répondent
mieux à ces contraintes que le matériau de base.
[0005] Toutefois, on a constaté que la réalisation de ces pièces bimatériaux posait des
problèmes, notamment en ce qui concerne la liaison entre l'insert et la matrice.
[0006] En effet, d'une part, l'adhérence entre les constituants des pièces n'est pas toujours
convenable et il en résulte alors des propriétés mécaniques ou physiques ( comme la
conductivité thermique, par exemple ) insuffisantes ; d'autre part, le moulage s'effectuant
avec un métal à l'état fondu par remplissage d'un moule dans lequel a été placé l'insert,
si le métal formant l'insert a une température de fusion inférieure ou voisine de
celle du métal de moulage, il se produit une déformation de l'insert préjudiciable
à la localisation correcte de ce dernier.
[0007] C'est pourquoi, la demanderesse, consciente de l'intérêt présenté par les pièces
bimatériaux et des problèmes que pose leur réalisation , a cherché et trouvé une solution
qui constitue la matière de la présente invention.
[0008] Cette dernière consiste en un procédé d'obtention par moulage de pièces bimatériaux
formées d'une âme en un alliage d'aluminium insérée dans une matrice en un autre alliage
d'aluminium caractérisé en ce que l'on enlève la couche naturelle d'alumine présente
en surface de l'âme, puis, on la revêt immédiatement après d'un film imperméable aux
gaz d'un métal ayant une énergie libre de formation d'oxyde supérieure à -500 kJ/mole
d'oxygène entre l'ambiante et 1000 K, ayant une température de fusion supérieure à
celles de l'âme et de la matrice, étant soluble dans l'aluminium liquide et formant
avec l'aluminium un eutectique, on place l'âme revêtue dans un moule que l'on remplit
avec l'alliage de la matrice à l'état fondu à une température telle qu'au moins 30%
de l'âme soit refondue superficiellement.
[0009] Ainsi, la première caractéristique de l'invention consiste à enlever la couche naturelle
d'alumine inévitablement présente à la surface de l'alliage formant l'âme. Ceci peut
être obtenu par décapage acide ou basique. Cette opération permet de lever l'obstacle
principal à l'établissement d'un lien métallurgique entre les composants de la pièce
et doit être réalisée immédiatement avant de procéder à la suivante afin d'éviter
la formation d'une nouvelle couche d'alumine.
[0010] La deuxième caractéristique de l'invention est le revêtement de l'âme par un film
imperméable aux gaz afin d'éviter son oxydation dans le temps.
Ce film est en un métal ayant une énergie libre de formation de l'oxyde supérieure
à -500 kJ/mole d'oxygène entre l'ambiante et 1000 K de manière à être suffisamment
résistant à l'oxydation.
Ce métal doit être soluble dans l'aluminium afin de permettre l'établissement de la
continuité métallurgique entre l'âme et la matrice au moment de la coulée. Il doit
avoir également une température de fusion supérieure à celles de l'âme et de la matrice
de façon à assurer jusqu'au moment de sa dissolution une fonction de protection de
l'insert contre l'oxydation.
Ce film a pour fonction de substituer à la couche d'alumine toujours présente à la
surface de l'insert, et qui constitue un obstacle à l'établissement d'une liaison
avec la matrice, une couche métallique ayant de meilleures affinités avec les alliages
d'aluminium liquides.
[0011] La troisième caractéristique de l'invention consiste à placer l'âme revêtue dans
un moule et à le remplir avec l'alliage de la matrice à l'état fondu à une température
telle que le bilan thermique de l'opération de coulée conduise à une refusion superficielle
de l'âme d'au moins 30%.
[0012] La combinaison de ces caractéristiques aboutit finalement à la continuité métallurgique
recherchée et permet d'atteindre des taux de liaison compris entre 90 et 100%.
[0013] Toutefois, dans ces conditions, si le métal formant l'insert a une température inférieure
ou voisine de celle du métal de moulage, on ne peut empêcher la déformation dudit
insert préjudiciable à sa localisation correcte. C'est pourquoi, dans ce cas, l'invention
consiste également à utiliser une âme contenant une dispersion de produits rèfractaires.
[0014] Ces produits réfractaires ont pour fonction de former une espèce de squelette qui
préserve l'intégrité de la forme de l'insert pendant la coulée de la matrice. En effet,
bien que le dit insert soit refondu partiellement, le squelette étant constitué d'un
matériau réfractaire, c'est à dire infusible dans les conditions de la coulée, permettra
à l'insert de garder sa forme initiale. En outre, on peut tirer avantage de l'amélioration
des propriétés mécaniques et de la stabilité dimensionnelle procurées par la présence
du squelette dans l'alliage d'aluminium, avantages abondamment décrits dans la littérature.
[0015] Ce squelette peut être constitué par tout matériau céramique réfractaire, qu'il soit
sous forme de fibres ou de particules, habituellement utilisé avec les alliages d'aluminium
et de préférence l'alumine. Il a de préférence une géométrie analogue à celle de l'insert
de manière à réaliser une préforme.
Il représente en volume une proportion comprise entre 5 et 60 % par rapport à l'alliage
constituant l'âme ; une proportion plus faible rendant difficile la réalisation de
la préforme tandis qu'une proportion plus forte constitue une limite de compaction
des fibres par un procédé classique de fabrication de préforme.
[0016] Néanmoins, les meilleurs résultats sont obtenus quand la fraction volumique est comprise
entre 10 et 40 %.
[0017] Les couples d'alliages utilisés dans l'invention sont tels qu'à la température correspondant
à la refusion partielle à 30% de l'âme, l'alliage de la matrice est lui encore totalement
liquide. De préférence, on met en oeuvre pour l'âme les alliages de la série des 200
suivant les normes de l'Aluminium Association et pour la matrice les alliages de la
série des 300 et des 6000 suivant les mêmes normes. On peut citer, par exemple, pour
l'âme, l'alliage 204.2 appelé autrefois A-U5GT ( alliage d'aluminium contenant principalement
en poids : 4,2-4,9% de cuivre, 0,20-0,35% de magnésium, 0,15-0,25% de titane ) et
pour la matrice, soit l'alliage B380 encore appelé suivant la norme française AFNOR
: A-S9U3 ( alliage d'aluminium contenant environ 9% de silicium, environ 3% de cuivre
) ou les alliages A356 et A357 correspondant aux A-S7G suivant l'AFNOR ( alliages
d'aluminium contenant en poids environ 7% de silicium, environ 0,3% ou 0,7% de magnésium
) ou encore l'alliage 6061.
[0018] Le moulage s'effectue généralement dans un moule en sable ou métallique par gravité,
sous basse pression, sous pression ou encore par la technique de la cire perdue.
[0019] De préférence également, les métaux qui conviennent le mieux à la réalisation du
film sont soit le nickel, le cobalt, l'argent ou l'or.
[0020] Pour être suffisamment étanche, le film a de préférence une épaisseur comprise entre
0,5 et 5µm. Toutefois, les meilleurs résultats sont obtenus dans la gamme d'épaisseur
comprise entre 1 et 2µm. Au delà de 5µm, l'épaisseur est trop forte et rend la dissolution
du film dans la matrice trop lente.
[0021] En ce qui concerne le nickel, il a été trouvé que la meilleure méthode pour obtenir
un revêtement correct consistait en un procédé chimique de dépôt toujours précédé
d'un dégraissage et d'un décapage de la couche d'oxyde .
[0022] Dans ces conditions, le revêtement a un bon comportement à la corrosion; il a un
pouvoir couvrant qui permet d'obtenir un dépôt régulier quelle que soit la forme de
la pièce à traiter; son adhérence aux substrats métalliques est bonne et peut encore
être améliorée par un traitement thermique.
[0023] De plus, il adhère parfaitement aux fibres qui affleurent en surface.
[0024] L'invention peut être illustrée à l'aide des figures 1 et 2 ci-jointes qui représentent
des micrographies de pièces obtenues respectivement suivant l'art antérieur et suivant
l'invention. Ces pièces ont été réalisées à partir d'un insert en alliage A204.2 (A-U5GT)
renforcé par 20% en volume de fibres en alumine (marque SAFFIL) ayant une longueur
de quelques dizaines de microns et d'une matrice en alliage B380 (A -S9U3). L'insert
de la pièce de la figure 2 a été revêtu d'un film de nickel d'épaisseur 2 um avant
moulage de la matrice.
[0025] On constate sur la micrographie de la figure 1, entre l'insert et la matrice, une
discontinuité représentée par la ligne courbe 1 tandis que sur la micrographie de
la figure 2, la liaison est parfaite entre l'insert et la matrice.
[0026] L'invention trouve son application, notamment dans la fabrication des pontets inter
soupapes des culasses des nouvelles générations de moteurs turbodiesel et l'insertion
de conduits de forme complexe dans les pièces de moulage pour l'aéronautique.
1.-Procédé d'obtention par moulage de pièces bimatériaux formées d'une âme en un alliage
d'aluminium insérée dans une matrice en un autre alliage d'aluminium caractérisé en
ce que l'on enlève la couche naturelle d'alumine présente en surface de l'âme, puis,
on la revêt immédiatement après d'un film imperméable aux gaz d'un métal ayant une
énergie libre de formation d'oxyde supérieure à -500 kJ/mole d'oxygène entre l'ambiante
et 1000 K, ayant une température de fusion supérieure à celles de l'âme et de la matrice,
étant soluble dans l'aluminium liquide et formant avec l'aluminium un eutectique,
on place l'âme revêtue dans un moule que l'on remplit avec l'alliage de la matrice
à l'état fondu à une température telle qu'au moins 30% de l'âme soit refondue superficiellement.
2.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que l'on met en oeuvre une âme
contenant un squelette réfractaire.
3.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que les alliages constituant la
matrice appartiennent à la série des 300 et des 6000 suivant les normes de l'Aluminium
Association.
4.-Procédé selon la revendication 3 caractérisé en ce que l'alliage appartient au groupe
constitué par l'A351, l'A356, le B380 et l'AA6061.
5.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que les alliages constituant l'âme
appartiennent à la série des 200 suivant les normes de l'Aluminium Association.
6.-Procédé selon la revendication 5 caractérisé en ce que l'alliage est l'A204.2.
7.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le produit réfractaire fibreux
est à base d'alumine.
8.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que la proportion volumique de
fibres dans l'âme est comprise entre 5 et 60%.
9.-Procédé selon la revendication 8 caractérisé en ce que la proportion volumique de
fibres est comprise entre 10 et 40 %.
10.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le métal formant le film est
le nickel.
11.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le métal formant le film est
le cobalt.
12.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le métal formant le film est
l'argent.
13.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le métal formant le film est
l'or.
14.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le film a une épaisseur comprise
entre 0,5µm et 5µm.
15.-Procédé selon la revendication 13 caractérisé en ce que le film a une épaisseur comprise
entre 1 et 2 µm.
16.-Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le film de nickel est formé
par voie chimique.