[0001] La présente invention concerne un acier de construction à soudabilité améliorée.
[0002] L'utilisation d'acier dans des environnements sévères tels que les aciers pour application
navale utilisés sur des navires, des méthaniers ou des brise-glaces par exemple, circulant
en mer du nord ou dans l'océan arctique, des plates-formes de forage pétrolifère ou
les aciers utilisés pour des réservoirs de stockage de gaz liquéfiés, impose le respect
de cahiers des charges très restrictifs.
[0003] Outre leurs caractéristiques de traction, les nuances d'aciers pour constructions
soudées doivent satisfaire un niveau élevé de résistance à la rupture fragile à basse
température, cette température étant fonction des conditions de sollicitation et de
la température de service de la structure.
[0004] Il est connu d'utiliser un acier référencé 355 EMZ dans la classification européenne
et dont la composition pondérale est la suivante :
- 0,11 % de carbone,
- 1,45 % de manganèse,
- 0,45 % de nickel,
- 0,40 % de silicium,
- 0,03 % de niobium,
- 0,05 % d'azote, le reste étant du fer.
[0005] Les caractéristiques mécaniques garanties par un tel acier sur une tôle de 50mm d'épaisseur
sont les suivantes :

[0006] Le CTOD (Crack Tip Opening Displacement) correspond à un essai normalisé de rupture
(Norme BS 5762).
[0007] La Fig. 1 représente la température de transition pour une énergie de résilience
de 28 joules en fonction du temps de refroidissement de 700° à 300°C, pour un acier
du type 355 EMZ.
[0008] On constate que pour avoir une énergie de rupture supérieure à 28 J à - 40°C, il
est nécessaire de souder avec une vitesse de refroidissement de 700° à 300°C inférieur
à 50s. Il faut donc souder lentement ce qui signifie qu'il est nécessaire de faire
plusieurs passes avec une faible énergie de soudage.
[0009] La résistance à la fissuration à froid d'un tel acier peut être appréciée à partir
de la courbe dureté-critère de refroidissement représentée à la Fig. 2.
[0010] On constate que dans le cas d'un soudage manuel par électrode, correspondant à un
temps de refroidissement entre 700° et 300°C d'environ 10s, la dureté Vickers est
supérieure à 350Hv5. Ceci s'explique par le fait que la structure présente de 80 à
100% de martensite.
[0011] Or, la martensite étant sensible à l'hydrogène, une telle soudure présente une faible
résitance à la fissuration à froid.
[0012] Par conséquent, un tel acier connu, du type 355 EMZ présente une mauvaise résilience
pour de fortes énergies de soudage, et nécéssite un préchauffage avant soudage pour
éviter la fissuration à froid.
[0013] La présente invention a pour objet un acier à soudabilité améliorée présentant une
bonne résilience pour les fortes énergies de soudage et ne nécessitant pas de préchauffage
avant soudage.
[0014] La présente invention a donc pour objet un acier à soudabilité améliorée, caractérisé
en ce qu'il contient du silicium dans une proportion inférieure à 0,15% et du titane
dans une proportion comprise entre 0,005 et 0,020%.
[0015] Selon une autre caractéristique, la composition pondérale de l'acier à soudabilité
améliorée selon l'invention est la suivante :
- de 0,07 à 0,11% de carbone,
- de 1,40 à 1,70% de manganèse,
- de 0,20 à 0,55% de nickel,
- de 0 à 0,30% de cuivre,
- de 0 à 0,02% de niobium,
- de 0,005 à 0,020% de titane,
- de 0,002 à 0,006% d'azote,
- de 0 à 0,15% de silicium,
le reste étant du fer.
[0016] De préférence, la composition pondérale de l'acier à soudabilité améliorée selon
l'invention est la suivante :
- 0,08% de carbone,
- 1,50% de manganèse,
- 0,45% de nickel,
- 0,20% de cuivre,
- 0,01% de titane,
- 0,004% d'azote,
- 0,09% de silicium,
le reste étant du fer.
[0017] Un tel acier peut être obtenu par exemple par :
- un réchauffage à basse température entre la température de transformation ferrite-austénite
AC3 et 1100°C,
- un laminage entre 850° et 720°C,
- un refroidissement accéléré de 750° à 450°C entre 3 et 10° par seconde.
[0018] D'autres caractéristiques et avantages apparaîtront au cours de la description qui
va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple, faite en référence aux dessins annexés,
dans lesquels :
- la Fig. 1 représente l'évolution de la température de transition pour une énergie
de rupture de 28 joules (TK 28J) en fonction de la vitesse de refroidissement de la
soudure pour un acier usuel 355 EMZ et pour l'acier à soudabilité améliorée selon
l'invention,
- la Fig. 2 représente la courbe dureté-critère de refroidissement pour un acier usuel
355 EMZ et pour l'acier à soudabilité améliorée selon l'invention.
- la Fig. 3 représente l'influence de la teneur en silicium, d'une part sur la température
de transition à 28 Joules (TK 28J) et, d'autre part, sur la fraction volumique d'austénite
retenue ( γ r),
- la Fig. 4 représente l'évolution de la fraction volumique d'austénite retenue ( γ
r) en fonction du critère de refroidissement et de la teneur en silicium de l'acier.
[0019] La composition pondérale de l'acier à soudabilité améliorée selon l'invention est
:
- de 0,07 à 0,11% de carbone,
- de 1,40 à 1,70% de manganèse,
- de 0,20 à 0,55% de nickel,
- de 0 à 0,30% de cuivre,
- de 0 à 0,02% de niobium
- de 0,005 à 0,020% de titane,
- de 0,002 à 0,006% d'azote,
- de 0 à 0,15% de silicium,
le reste étant du fer.
[0020] De préférence, la composition pondérale de l'acier à soudabilité améliorée selon
l'invention comprend :
- 0,08% de carbone,
- 1,50% de manganèse,
- 0,45% de nickel,
- 0,20% de cuivre,
- 0,01% de titane,
- 0,004% d'azote,
- 0,09% de silicium
le reste étant de fer.
[0021] Lorsqu'on compare la courbe température de transition à 28J en fonction de la vitesse
de refroidissement de la soudure de l'acier usuel 355 EMZ et de l'acier à soudabilité
améliorée selon l'invention (Fig. 1), on constate que quelle soit l'énergie de soudage,
c'est à dire quelle que soit la vitesse de refroidissement de la soudure, la résilience
de l'acier selon l'invention est toujours garantie jusqu'à -60°C.
[0022] Un tel acier a donc une bonne résilience même à forte énergie de soudage.
[0023] La courbe dureté-critère de refroidissement représentée Fig. 2 montre que l'acier
à soudabilité améliorée présente une dureté inférieure à celle de l'acier usuel 355
EMZ.
[0024] En effet, la dureté Vickers pour un refroidissement de la zone affectée par la chaleur
de 700° à 300°C en 10s n'est que de 280 HV5, contre au moins 350 HV5 pour l'acier
usuel.
[0025] L'acier à soudabilité améliorée selon l'invention ne présente plus que très peu de
martensite, moins de 20%.
[0026] La résilience est donc fortement améliorée à froid et un tel acier ne nécessite pas
de préchauffage avant soudage.
[0027] L'acier à soudabilité améliorée selon l'invention permet de garantir les caractéristiques
mécaniques sur une tôle de 50mm d'épaisseur suivantes :

[0028] Un tel acier permet donc, soit de garantir les mêmes caractéristiques que l'acier
usuel 355 EMZ mais souder avec de plus fortes énergies de soudage, soit en conservant
la même énergie de soudage, de garantir les caractéristiques mécaniques de tenacité
à une température de service plus faible laissant envisager alors des applications
dans un environnement plus sévère.
[0029] Comme on le voit à la Fig. 3, la teneur en silicium a une influence sur la température
de transition à 28 Joules (TK 28J), donc sur la ténacité de la zone affectée par la
chaleur.
[0030] En effet, on constate que pour une teneur en silicium de 0,05% la température de
transition à 28 Joules est de l'ordre de -70°C. Or, pour une teneur en silicium de
0,5%, cette température en deça de laquelle on garantit une énergie nécessaire à la
rupture au moins égale à 28 Joules n'est plus que de -50°C.
[0031] On constate également sur les Figs. 3 et 4 que la fraction d'austénite retenue en
zone affectée par la chaleur est fonction de la teneur en silicium de l'acier. Ce
phénomne est à associer à une décomposition favorisée de l'austénite en ferrite et
carbures pendant le refroidissement après soudage.
[0032] Ainsi, sur la Fig. 4, on voit que pour une teneur en silicium de 0,05% le taux d'austénite
retenue lors de fortes énergies de soudage est d'environ 1% alors que pour ces mêmes
énergies avec une teneur en silicium de 0,5%, il est de 5%.
[0033] Par conséquent, l'amélioration de la ténacité du joint soudé passe par la réduction
de la fraction volumique d'austénite retenue qui est assurée par la diminution de
la teneur en silicium de l'acier.
[0034] L'acier à soudabilité améliorée peut être obtenu par exemple par coulée en poche,
coulée continue, élaboration en four, élaboration en aciérie à oxygène ou calmage
aluminium.
[0035] La description ci-après concerne un exemple de procédé d'obtention de tôles de 50mm
d'épaisseur avec un acier selon la présente invention.
[0036] L'acier à soudabilité améliorée selon l'invention est obtenu par coulée continue
de type connue en prenant les précautions nécessaires pour lutter contre la ségrégation.
[0037] A la sortie de la coulée, l'acier subit un réchauffage à basse température entre
la température de transformation ferrite-austénite AC3 et 1100°C, suivi par un laminage.
[0038] La température en fin de laminage se situe entre 850° et 720°C.
[0039] L'acier subit alors un refroidissement accéléré depuis la température de fin de laminage
jusqu'à 450°C à une vitesse de 3 à 10°C par seconde.
[0040] L'acier à soudabilité améliorée utilisé pour établir les courbes représentées aux
Figs. 1 et 2 est un acier dont la composition est celle donnée préférentiellement
dans la description et obtenu selon le procédé suivant :
- réchauffage homogène à 950°C pendant 3 heures,
- laminage entre 760° et 740°C,
- refroidissement jusqu'à 550°C à une vitesse de 6°C par seconde.
1. Acier à soudabilité améliorée caractérisé en ce qu'il contient du silicium dans une
proportion inférieure à 0,15% et du titane dans une proportion comprise entre 0,005
et 0,020%.
2. Acier selon la revendication 1, caractérisé en ce que sa composition pondérale est
la suivante :
- de 0,07 à 0,11% de carbone,
- de 1,40 à 1,70% de manganèse,
- de 0,20 à 0,55% de nickel,
- de 0 à 0,30% de cuivre,
- de 0 à 0,02% de niobium,
- de 0,005 à 0,020% de titane,
- de 0,002 à 0,006% d'azote,
- de 0 à 0,15% de silicium,
le reste étant du fer.
3. Acier selon la revendication 2, caractérisé en ce que sa composition pondérale est
de préférence la suivante :
- 0,08% de carbone,
- 1,50% de manganèse,
- 0,45% de nickel,
- 0,20% de cuivre,
- 0,01% de titane,
- 0,004% d'azote,
- 0,09% de silicium,
le reste étant de fer.
4. Procédé d'obtention d'un acier selon l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce que :
- on réchauffe à basse température entre la température de transformation ferrite-auténite
AC3 et 1100°C,
- on lamine entre 850° et 720°C,
- on pratique un refroidissement accéléré de 750° à 450°C à une vitesse de 3 à 10°
par seconde.
5. Procédé selon la revendicaion 4, caractérisé en ce que :
- on réchauffe à 950°C pendant 3 heures,
- on lamine entre 760° et 740°C,
- on refroidit jusqu'à 550°C à une vitesse de 6°par seconde.