[0001] La présente invention concerne un procédé d'enduction des papiers et son application
à la flexographie. La flexographie est une technique typographique par clichés souples
couramment utilisée aujourd'hui pour l'impression de divers supports à base de papiers
tels que les sacs ou les cartons d'emballage, les papiers peints destinés au revêtement
des murs, les nappes et serviettes, les enveloppes, etc... La flexographie peut être
mono-ou polychrome et elle utilise préférentiellement des encres aqueuses afin de
supprimer la pollution apportée par les solvants organiques des encres traditionnelles.
L'emploi d'encres aqueuses est souvent incompatible avec une productivité élevée et
une impression de bonne qualité car sur les supports papier classiques, ces encres
aqueuses ont tendance à migrer, à baver, à maculer et de plus, elles sont longues
à sécher. On recherche donc un procédé d'enduction fournissant des papiers susceptibles
d'être imprimés par flexographie avec des encres aqueuses sans causer des maculages
et/ou des bavures tout en assurant une productivité élevée. Pour ce faire, on a proposé,
soit, l'emploi d'encres particulières, soit la modification de l'état de surface des
papiers. Parmi ces modifications, on peut citer notamment le traitement par des agents
mouillants, l'emploi d'adjuvants spéciaux comme des polymères hydrosolubles, un raffinage
spécial de la pâte, l'emploi de charges particulières, etc...
[0002] Ces diverses modifications ne permettent toutefois pas une impression par flexographie
de bonne qualité avec une productivité élevée et un coût faible. Afin de répondre
aux exigences de plus en plus drastiques du marché, la demanderesse a découvert un
nouveau procédé d'enduction des papiers destinés à être imprimés par flexographie
autorisant des cadences d'impression élevées, à un coût faible sans causer de maculage,
de bavurees et/ou de transpercement.
[0003] Le procédé selon la présente invention est caractérisé en ce que l'on traite les
papiers, cartons et autres articles similaires avec un polymère anionique réticulé
insoluble dans l'eau, généralement de poids moléculaire élevé. par poids moléculaire
élevé l'on entend supérieur à 1 million. Ce copolymère anionique réticulé est, soit
un homopolymère d'acide acrylique partiellement ou totalement salifié avec un métal
alcalin ou de l'ammoniac, soit un copolymère d'acrylamide et d'acide acrylique partiellement
ou totalement salifié avec un métal alcalin ou de l'ammoniac. Avantageusement, le
taux de salification de l'acide acrylique est supérieur ou égal à 60 %. Les copolymères
contiennent de préférence, en proportions molaires, de 1 à 20 % d'acrylamide. La réticulation
est réalisée notamment avec un réticulant classique diéthylénique possédant des groupements
acrylamides tels que le méthylène bisacrylamide, l'acide bisacrylamidoacétique et
de préférence la réticulation est effectuée avec l'acide bisacrylamidoacétique. Les
doses de réticulant par rapport au poids total des monomères varient de 10 à 1000
ppm, avantageusement cette dose est comprise entre 50 et 500 ppm et préférentiellement
de 100 ppm. Le polymère anionique réticulé insoluble dans l'eau utilisable selon l'invention
est un polymère à haut poids moléculaire ; pour sa mise en oeuvre selon le présent
procédé, il est avantageusement dispersé dans la phase aqueuse d'une émulsion eau
dans huile auto-réversible notamment à l'état de particules discrètes de dimensions
inférieures à 10 µm. Ces émulsions eau dans huile auto-réversibles sont constituées
d'une part, par une phase huile continue à base d'une huile paraffinique ou naphténique-paraffinique,
liquide à la température ambiante, et présentant un point d'ébullition de 100 à 350
° C, et d'autre part, d'une phase aqueuse.
On peut obtenir les huiles utilisables auprès de divers fournisseurs tels que la société
SHELL.
Pondéralement, ces émulsions contiennent de 65 à 75 % d'une phase aqueuse dispersée
dont 35 à 50 % d'un copolymère hydrophile anionique de poids moléculaire supérieur
à 10⁶, de 2 à 7 % d'un mélange d'émulsifiants dont au moins un est soluble dans la
phase aqueuse et le complément à 100 % par une phase huile.
Parmi les émulsifiants utilisables, on peut citer notamment le monooléate de sorbitanne
et les nonylphénols éthoxylés avec 8 à 12 molécules d'oxyde d'éthylène.
[0004] Ce type d'émulsions est décrit dans la littérature et pour la mise en oeuvre du procédé
selon l'invention les épaississants connus pour l'impression pigmentaire à base de
polymère d'acide acrylique partiellement ou totalement salifié par de l'ammoniac présentés
en émulsion eau dans huile auto-réversible comme ceux décrits dans la demande de brevet
européen N° 325.065 conviennent particulièrement bien.
[0005] Le procédé selon l'invention est mis en oeuvre à un pH compris entre 4 et 5, avantageusement
à un pH d'environ 4. Un pH inférieur à 4 n'est pas souhaitable en raison de la corrosion
qu'il entraîne sur les matériels et un pH supérieur à 5 conduit à des sauces d'enduction
de viscosité élevée difficilement manipulables.
[0006] Le procédé selon l'invention peut être réalisé selon les méthodes classiques d'enduction
des papiers en déposant sur le papier à traiter de 1 à 30 g par mètre carré de polymère
anionique réticulé. La dépose est par exemple effectuée en milieu aqueux, à un pH
compris entre 4 et 5, sur une machine d'enduction classique.
[0007] Afin d'apprécier les performances des papiers traités par le procédé selon l'invention,
on a procédé à la comparaison des caractéristiques des papiers traités par le procédé
selon la présente invention, à celles des papiers traités par les procédés connus
mettant en oeuvre, soit de l'amidon oxydé, soit une carboxyméthylcellulose, soit un
alcool polyvinylique. Les tableaux I et II mentionnent les résultats obtenus. Le papier
utilisé pour les essais est un papier kraft d'emballage de 70 g/m². Les déposes sont
réalisées à la barre champion sur 5 feuilles. Après dépose, les papiers sont séchés
à 105° C pendant 5 minutes, puis ils sont défroissés par un léger calandrage. Le poids
des déposes est déterminé par pesée. L'impression est effectuée avec une encre rouge
pour flexographie (encre type SL 2742, rouge 3 de la Société MARCOLAC SIEM), diluée
à l'eau jusqu'à obtention d'un temps d'écoulement de 21 ± 1 secondes selon la méthode
coupe Ford N°4. Les impressions sont réalisées à la vitesse constante de 0,8 m/s sur
un appareil IGT AI-C25, à une pression de 500 N et avec une molette supérieure en
aluminium. Une goutte d'encre est déposée sur la molette en aluminium, on déclenche
ensuite l'impression et la goutte s'étale sur la surface du papier. On obtient ainsi
une impression sur une certaine longueur qui est proportionnelle à la capacité d'absorption
du papier.

[0008] Le tableau I mentionne les formules des bains utilisés pour l'enduction du papier
avant impression. Dans ce tableau, l'amidon oxydé, désigné Aox, provient de la Société
des Produits du Maïs, SPDM, et il est commercialisé sous la référence AMISOL
R 5591, la carboxyméthylcellulose, désignée CMC est commercialisée par la demanderesse
sous la référence TYLOSE
R VCLL, l'alcool polyvinylique, désigné PVA, est commercialisé par la demanderesse
sous la référence MOWIOL
R 98-4 et l'épaississant utilisé, désigné E, est une émulsion eau dans huile contenant
pondéralement 29,3 % d'un copolymère acrylamide (AAM)-acide acrylique (AA)- acrylate
d'ammonium (AANH₄), 20,5-26-53 en proportions molaires, réticulé avec 100 ppm d'acide
bisacrylamidoacétique (ABAA) par rapport au poids du copolymère, 42,6 % d'eau, 23,4
% d'huile paraffinique en C₁₀-C₁₃ et 4,7 % d'un mélange d'émulsifiants dont 46,4 %
est constitué par du sesquioléate de sorbitanne et le complément à 100 % par deux
émulsifiants solubles dans l'eau présentant une valeur HLB supérieure à 8. Dans le
tableau I toutes les quantités sont exprimées en grammes. L'ajustement du pH de certaines
formules à pH=4 est réalisé par addition d'acide chlorhydrique.
[0009] Au départ des formules de bain données dans le tableau I, différentes déposes de
1 à 10 g/m² ont été réalisées. Les résultats de 10 essais successifs avec chaque formule
pour différentes déposes sont appréciés dans les tests de densité d'impression, de
maculage, de transpercement et de tenue à l'eau. A titre de comparaison, un support
papier non traité a également été testé ; les résultats obtenus sont donnés sous la
référence T. Les moyennes des valeurs obtenues dans les 10 essais effectués dans chaque
test sont mentionnés dans le tableau II. Dans ce tableau, la longueur des impressions
est exprimée en centimètres, la tenue à l'eau et le transpercement sont notés de 1
à 5, la valeur 1 correspond à une bonne tenue à l'eau ou à un faible transpercement,
et la valeur 5 correspond à une mauvaise tenue à l'eau ou à un transpercement important.
Les viscosités Brookfiekd sont exprimées en mPa.s et elles sont déterminées avec un
appareil Brookfield modèle RVT à 20° C, le module et sa vitesse de rotation étant
choisis dans les plages recommandées.
[0010] Le transfert d'encre et le maculage sont déterminés selon les techniques connues
par mesure de la densité optique de l'impression du support et de la macule. La densité
d'impression est mesurée à l'aide d'un appareil de densitométrie par réflexion MACBETH
RD 100, le facteur de réflexion p est défini comme le rapport Ir/Ii où Ir représente
l'intensité de la lumière réfléchie et Ii l'intensité de la lumière incidente, la
densité optique, d.o, est le logarithme décimal de l'inverse du facteur de réflexion
et donnée par la formule :

[0011] Le brillant d'impression est jugé à l'aide d'un réflectomètre GARDNER travaillant
à 75 ° et il est exprimé en pourcentages de réflectance. Avant d'être testés, les
échantillons sont séchés pendant 5 minutes en étuve à 105 ° C.
[0012] La tenue à l'eau est mesurée en plongeant des bandes de papier imprimées de 55 par
300 mm dans un bécher de 1l rempli d'eau, pendant 45 minutes à 20° C, 4 fois de suite
et en évaluant ensuite la quantité d'encre restant sur le support par mesure de densité
optique. Le transpercement est jugé par examen du verso de la feuille imprimée par
la même méthode.
[0013] La longueur des impressions permet d'évaluer la quantité d'encre absorbée naturellement
par le support dans un temps donné. Pour ce faire, une goutte d'encre est étalée entre
deux rouleaux : la longueur de la trainée d'encre obtenue est d'autant plus grande
que le support absorbe moins.
[0014] Dans le tableau III nous donnons des résultats obtenus avec une dépose de 4g/m² d'amidon
Aox., de CMC et E.

[0015] Avec le support non traité T, l'encre s'absorbe facilement (longueur d'impression
faible : 8,4 cm) et elle pénètre profondément en donnant des transpercements importants.
Par ailleurs, bien que la surface d'impression soit faible, la densité d'impression
est peu élevée, une partie de l'encre est perdue dans le support. De plus la densité
d'impression de la macule appliquée aussitôt sur le support imprimé reste élevée :
l'encre s'absorbe vite mais est mal fixée. Seule la tenue à l'eau est bonne car l'encre
a pénétré profondément dans le support.
Le produit E permet de réduire les défauts mentionnés ci-dessus : il permet d'obtenir
le maculage le plus faible pour une bonne densité d'impression ; l'encre se fixe bien
et rapidement, tout en ayant une tenue à l'eau et un transpercement corrects. L'examen
visuel permet de constater qu'avec le produit E, l'encre se fixe en surface, donne
une couverture remarquable et un toucher doux et lisse et enfin, sur des supports
colorés, il conduit à une impression plus fraiche.
[0016] Il résulte de tous ces essais que les formules à base de l'émulsion E contenant un
polymère anionique réticulé confèrent au support traité de très bonnes propriétés
: réduction du maculage, bonne densité de l'impression, bon rendement d'impression.
Par ailleurs, le procédé selon l'invention permet d'obtenir un support lisse et doux
très apprécié pour la confection de nombreux articles.
[0017] C'est pourquoi la présente invention a enfin pour objet l'application du procédé
ci-dessus décrit à l'obtention de papiers ou autres articles similaires destinés à
être imprimés par flexographie.
1/ Procédé d'enduction des papiers et autres articles similaires destinés à être imprimés
par flexographie caractérisé par le fait qu'ils sont traités, à pH de 4 à 5, avec
un polymère anionique réticulé, insoluble dans l'eau.
2/ Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le polymère anionique
réticulé est dispersé dans la phase aqueuse d'une émulsion eau dans huile auto-réversible.
3/ Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé par le fait
que le polymère anionique est un homopolymère d'acide acrylique partiellement ou totalement
salifié avec un métal alcalin ou de l'ammoniac.
4/ Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé par le fait
que le polymère anionique est un copolymère d'acrylamide et d'acide acrylique partiellement
ou totalement salifié par un métal alcalin ou de l'ammoniac.
5/ Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé par le fait
que le polymère anionique est réticulé avec de 10 à 1000 ppm d'acide bisacrylamidoacétique
par rapport au poids des monomères .
6/ Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4 caractérisé par le fait que
le polymère anionique est réticulé avec de 10 à 1000 ppm de méthylènebisacrylamide
par rapport au poids des monomères .
7/ Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé par le fait
que dans le polymère anionique le taux de salification de l'acide acrylique est supérieur
ou égal à 60 %.
8/ Application du procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7 à l'obtention
de papiers ou autres articles similaires destinés à être imprimés par flexographie.