[0001] La présente invention a pour objet un dispositif de coulée continue de bandes minces
de métal, notamment d'acier, comprenant deux cylindres parallèles refroidis, disposés
en regard l'un de l'autre de manière à délimiter entre eux un espace de coulée pour
le métal liquide, deux plaques de fermeture latérale de cet espace de coulée, placées
aux extrémités des cylindres, un inducteur électromagnétique disposé en regard de
chaque plaque pour chauffer par induction le bain de métal liquide, dans l'espace
de coulée.
[0002] Comme on le sait, il se forme une peau de métal solidifié sur la face interne des
plaques de fermeture des extrémités frontales des cylindres (appelées couramment "petites
faces"). On a proposé jusqu'à présent divers moyens pour éviter cette solidification
indésirable du métal liquide sur les petites faces, notamment la mise en oeuvre d'inducteurs
magnétiques disposés près de ces dernières et destinés à chauffer le métal liquide.
[0003] Par exemple le document JP-A-6277156 décrit une installation de coulée entre cylindres
comportant des inducteurs placés à proximité des petites faces pour chauffer le métal
par courant de Foucault, les petites faces étant en un matériau réfractaire ou céramique.
[0004] Il est toutefois difficile de réaliser avec ce type de matériau des petites faces
qui soient suffisamment minces et qui aient cependant une résistance mécanique suffisante
pour assurer la sécurité de l'exploitation de tels dispositifs.
[0005] Les solutions proposées en ce sens sont relativement complexes et n'ont pas en fait
donné satisfaction.
[0006] L'invention a donc pour but de réaliser un dispositif de coulée continue de bandes
minces du type précité, qui soit relativement simple et qui donne toute satisfaction
en ce qui concerne l'efficacité du chauffage du métal liquide.
[0007] Suivant l'invention, chaque plaque de fermeture a une épaisseur nettement inférieure
à la prodondeur de pénétration de ladite plaque par le champ magnétique des moyens
de chauffage par induction, et la fréquence de ce champ magnétique est à cet effet
réglée à une valeur suffisamment basse en fonction de la conductibilité électrique
du matériau métallique constitutif des plaques.
[0008] On peut donc selon l'invention réaliser des petites faces de faible épaisseur, permettant
le chauffage à travers celles-ci du métal liquide par induction, en choisissant convenablement
la fréquence du champ magnétique de l'inducteur.
[0009] On sait en effet que chaque métal ou alliage peut être pénétré jusqu'à une certaine
profondeur par un champ magnétique d'une fréquence déterminée.
[0010] Il est communément admis de désigner par profondeur de pénétration, ou épaisseur
de peau, d'un matériau donné l'épaisseur de ce matériau dans laquelle le champ magnétique
produit la majeure partie de ses effets ; cette profondeur de pénétration d étant
définie par la formule :

où :
µ est la perméabilité magnétique du matériau considéré,
σ est sa conductibilité électrique,
ω est la pulsation au courant inducteur.
[0011] Dans cette profondeur de pénétration ou de peau, sont ainsi générés des courants
de Foucault induits par le champ magnétique. Pour le cuivre, la profondeur de pénétration
est de l'ordre de 7 mm pour une fréquence de 50 Hertz. Dans ces conditions, une petite
face constituée par une plaque métallique, notamment en cuivre, dont l'épaisseur est
nettement inférieure à la profondeur de pénétration du champ magnétique, peut être
considérée comme transparente, au moins partiellement, au champ magnétique. Cela permet
d'obtenir un chauffage du métal liquide en contact avec la petite face, des courants
de Foucault étant également induits dans le métal liquide et développant une effet
Joule.
[0012] Suivant une caractéristique de l'invention, les moyens de chauffage comprennent un
inducteur électromagnétique basse fréquence disposé au voisinage de chaque plaque
et dont le contour correspond approximativement au contour de l'espace de coulée entre
les cylindres. Ce contour particulier limite les lignes de force du champ magnétique
dans les cylindres, et ainsi un chauffage non souhaité de ces derniers.
[0013] Suivant une autre particularité de l'invention, l'inducteur est formé par une bobine
dont les spires sont empilées suivant un axe perpendiculaire à la plaque associée,
et dont le contour correspond sensiblement à celui de l'espace de coulée.
[0014] D'autres particularités et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la description
qui va suivre, faite en référence aux dessins annexés qui en illustrent deux formes
de réalisation à titre d'exemples non limitatifs.
[0015] La figure 1 est une vue en élévation frontale partielle d'un dispositif de coulée
continue de bandes minces de métal selon une première forme de réalisation de l'invention.
[0016] La figure 2 est une vue de dessus du dispositif de la Fig. 1.
[0017] Les figures 3 et 4 sont des vues correspondant respectivement aux Fig. 1 et 2 d'une
seconde forme de réalisation du dispositif conforme à l'invention.
[0018] Le dispositif représenté aux Fig. 1 et 2 est destiné à la coulée continue de bandes
minces de métal, notamment d'acier, entre deux cylindres 1 parallèles, refroidis de
manière connue en soi, disposés horizontalement en regard l'un de l'autre de manière
à déterminer entre eux un espace de coulée 2 pour un bain 3 de métal liquide.
[0019] Le dispositif comprend de plus deux plaques métalliques 4 ou "petites faces" de fermeture
de l'espace de coulée 2, placée aux extrémités frontales opposées des cylindres 1
afin d'obturer l'espace 3 de manière étanche. Des canaux 5 de refroidissement des
plaques 4 par circulation d'un fluide de refroidissement tel que l'eau, sont fixés
aux plaques 4 de manière connue en soi, par exemple par brasage.
[0020] Le dispositif est par ailleurs pourvu d'un inducteur électromagnétique de chauffage
du bain 3 qui dans la forme de réalisation décrite, comprend une bobine 6 d'induction
magnétique basse fréquence, disposée en regard de chaque plaque 4 et reliée à une
alimentation non représentée. Le contour 10 de chaque bobine 6 correspond approximativement
au contour de l'espace de coulée 3 entre les cylindres 1, comme cela est visible à
la Fig. 1. Les spires 6a de la bobine 6 sont empilées suivant un axe XX perpendiculaire
à la plaque associée 4, passant par le centre de l'espace de coulée 3. La bobine 6
est maintenue en place par un support qui peut être constitué par exemple par une
plaquette 7 dans laquelle a été ménagé un évidement 7a dont le contour correspond
sensiblement à celui de l'espace de coulée 3, vu en section transversale. Les spires
6a sont donc maintenues dans ce logement 7a par compression sur les parois de celui-ci.
La partie supérieure du support 7 a été enlevée sur la Fig. 2 pour la commodité de
la description.
[0021] Les canaux ou tuyaux 5 de refroidissement, de section quelconque, par exemple carrée
ou rectangulaire, jouent également le rôle de raidisseurs pour assurer la tenue mécanique
et la rigidité de l'ensemble.
[0022] La tôle constituant chaque petite face 4 a une épaisseur
e inférieure à la profondeur de pénétration du flux magnétique émis par la bobine 6
pour une basse fréquence donnée, et pour un métal ou alliage déterminé. Ainsi dans
le cas où les petites faces 4 sont en cuivre, et pour une fréquence de 50 Hertz du
courant d'alimentation de la bobine 6 et donc du champ magnétique induit,
e sera inférieure à 7 mm, valeur de la profondeur de pénétration du flux magnétique
dans la petite face 4, et préférentiellement d'environ 1 mm. Cette dernière est alors
sensiblement transparente au champ magnétique qui génère des courants de Foucault
dans le bain 3, réchauffant celui-ci au voisinage des petites faces 4 et empêchant
sa solidification.
[0023] La puissance thermique fournie au métal solide et liquide par le flux magnétique
de l'inducteur 6 compense la perte de chaleur due au contact du métal liquide sur
les faces froides des plaques 4, ce qui stabilise l'épaisseur de la pellicule solidifiée.
[0024] Il convient de noter que le générateur de puissance à 50 Hertz peut être un simple
transformateur, peu onéreux.
[0025] En variante, pour faciliter l'étanchéité des petites faces 4 avec les cylindres 1
et pour limiter les risques d'usure par frottement, il est avantageux de revêtir les
faces intérieures des plaques 4, au contact avec le métal liquide 3, d'une couche
mince appropriée, de quelques dizaines de microns d'épaisseur, par exemple en nickel
électrolytique ou en molybdène. Il est également possible de disposer, au moins dans
certaines zones des petites faces 4, une couche de réfractaire jouant le rôle d'isolant
thermique.
[0026] Dans une seconde forme de réalisation de l'invention, illustrée aux Fig. 3 et 4,
l'inducteur électromagnétique comprend une bobine 8 dont les spires 8a sont superposées
suivant le même axe XX perpendiculaire à la plaque associée 4, et un empilement 9
de tôles magnétiques 9a perpendiculaires à ladite plaque 4, les spires 8a étant enroulées
autour de cet empilement 9. Ce dernier et la bobine 8 ont un contour 10 correspondant
sensiblement à celui de l'espace de coulée 3, et ayant donc, comme dans la réalisation
des Fig. 1 et 2, des côtés concaves 11 de courbure correspondant à celle des cylindres
1, un côté supérieur 12 sensiblement horizontal et un côté inférieur 13 bombé.
[0027] L'empilement 9 constitue un noyau concentrateur du flux magnétique émis par la bobine
8. Ce mode de réalisation est particulièrement avantageux dans le cas où un inducteur
simple soulève des difficultés du fait de la puissance à installer, ou encore parce
que celle-ci se disperse de manière excessive en dehors du volume à chauffer. En effet,
seul le bain 3 de métal liquide doit être chauffé, à l'exclusion des cylindres 1 et
du reste de l'installation de coulée.
[0028] Les petites faces 4 peuvent être réalisées en tout métal ou alliage approprié, outre
le cuivre ou un alliage de cuivre, cité uniquement à titre d'exemple. Dans tous les
cas l'épaisseur
e des petites faces 4 est nettement inférieure à la profondeur de pénétration d'un
champ magnétique d'une basse fréquence donnée, généralement inférieure à 100 Hertz,
ce qui permet de réaliser des petites faces 4 particulièrement minces par rapport
à celles utilisées jusqu'à présent.
[0029] Il est ainsi possible d'utiliser dans des installations de coulée entre cylindres,
des petites faces métalliques tout en conservant les avantages d'un chauffage par
induction du métal coulé qui se trouve à proximité de ces petites faces, et en assurant
un rendement satisfaisant de ce chauffage.
1. Dispositif de coulée continue de bandes minces de métal, notamment d'acier, comprenant
deux cylindres (1) parallèles refroidis, disposés en regard l'un de l'autre de manière
à délimiter entre eux un espace de coulée (2) pour le métal liquide (3), deux plaques
(4) de fermeture latérale de cet espace de coulée, placées aux extrémités des cylindres,
un inducteur électromagnétique (6,8) disposé au regard de chaque plaque (4) pour chauffer
par induction le bain de métal liquide, dans l'espace de coulée, caractérisé en ce
que chaque plaque de fermeture (4) est métallique et a une épaisseur (e) inférieure
à la profondeur de pénétration de ladite plaque par le champ magnétique de l'inducteur
(6,8) la fréquence de ce champ magnétique étant à cet effet réglée à une valeur suffisamment
basse en fonction de la conductibilité électrique du matériau métallique constitutif
des plaques (4).
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que les moyens de chauffage
comprennent un inducteur électromagnétique basse fréquence (6,8) disposé au voisinage
de chaque plaque (4) et dont le contour (10) correspond approximativement au contour
de l'espace de coulée (2) entre les cylindres (1).
3. Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'inducteur est formé par
une bobine (6) dont les spires (6a) sont empilées suivant un axe (XX) perpendiculaire
à la plaque associée (4), et dont le contour (10) correspond sensiblement à celui
de l'espace de coulée.
4. Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'inducteur comprend une
bobine (8) dont les spires (8a) sont superposées suivant un axe (XX) perpendiculaire
à la plaque associée (4), et un empilement (9) de tôles magnétiques (9a) perpendiculaires
à ladite plaque, autour duquel est enroulée la bobine, cet empilement et la bobine
ayant un contour (10) correspondant sensiblement à celui de l'espace de coulée (2).
5. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que les faces intérieures
des plaques (4) de fermeture en contact avec le métal liquide (3) sont revêtues d'une
couche mince de nickel électrolytique, ou de molybdène, ou d'une couche de réfractaire
formant isolant thermique.