[0001] L'invention concerne des alliages à base d'A1 destinés à l'emboutissage et/ou à l'étirage
et présentant des caractéristiques mécaniques de résistance élevèes ainsi qu'une bonne
isotropie (faible taux de cornes) et une bonne formabilité à froid.
[0002] On sait que les alliages habituellement utilisés pour la fabrication de corps de
boîtes étirées sont les alliages 3004 ou 3104, suivant les désignations de l'Aluminum
Association.
[0003] L' évolution actuelle pousse à rechercher des alliages à la fois plus résistants
mécaniquement, ce qui permet corrélativement de diminuer les épaisseurs de paroi pour
une application donnée, et plus isotropes c'est-à-dire à faible taux de cornes lors
de l'emboutissage et/ou de l'étirage afin d'améliorer le taux d'utilisation de l'alliage,
tout en restant suffisamment formables à froid. Or, pour les alliages classiques cités
ci-dessus, la première et les 2 dernières propriétés sont relativement contradictoires.
[0004] Ainsi dans le brevet US-A-4318755 des alliages de ce type sont revendiqués mais leurs
caractéristiques mécaniques à l'état écroui restent relativement modestes R : 280-300
Mpa, E 0,2 : 250-280 Mpa et A%: 2-4% pour garantir une formabilité en emboutissage-étirage
acceptable, tout en conservant une bonne isotropie.
[0005] Les alliages à base d'A1 selon l'invention, qui présentent à la fois des caractéristiques
mécaniques élevées, une bonne isotropie et une bonne formabilité appartiennent à deux
familles distinctes, l'une (I) dérivée des alliages 3004 classiques, l'autre (II)
contenant essentiellement des additions de Fe et de Mg.
[0006] Ils se distinguent de l'art antérieur par deux caractéristiques analytiques essentielles,
soit une teneur en Mn "classique" associée à une basse teneur en fer, soit, au contraire,
une teneur en Fe élevée associée à une faible teneur en Mn. De plus, une teneur en
Cu relativement élevée est préférée.
[0007] De manière plus précise, les alliages selon l'invention ont les compositions pondérales
suivantes (%) :

[0008] Dans les compositions (I), une teneur en Cu supérieure ou égale à 0,20 % ou même
0,25 % est préférable. De même, il est préférable d'avoir une teneur en Fe ≦ 0,20,
ou mieux inférieure à 0,15%.
[0009] De plus, il a été observé que, de préférence, les teneurs en Mn, Fe et Mg doivent
être limitées, pour éviter la précipitation grossière de composés primaires, précipités
qui sont néfastes et provoquent des défauts lors des opérations ultérieures de laminage
et/ou emboutissage-étirage; dans ce cas, la relation à observer est la suivante:

[0010] De même, pour obtenir des taux de déformation à froid, définis par: (épaisseur initiale
- épaisseur finale) /épaisseur initiale, supérieurs à 50%, ou même 60 ou 65%, sans
recuit(s) intermédiaire(s), tout en conservant une isotropie élevée, il convient de
respecter, pour les compositions (I), la relation suivante:

[0011] Les limitations analytiques se justifient de la façon suivante :
En ce qui concerne les compositions (I), pour Fe ≧ 0,25 et/ou Si ≧ 0,25, il y a apparition
dans la structure micrographique de "bandes blanches" après homogénéisation ou réchauffage
et laminage à chaud, zones dans lesquelles la teneur en Mn est faible favorisant ainsi
l'anisotropie du matériau.
Les teneurs en Mn et Mg sont limitées inférieurement pour obtenir une résistance mécanique
suffisante ; cependant au-delà de 1,6 % Mn, il y a apparition de particules intermétalliques
primaires néfastes vis-à-vis de la formabilité au cours du laminage ou des opérations
d'emboutissage et/ou d'étirage, et pour Mg ≧ 2,5 %, il y a apparition de défauts à
l'étirage, par exemple le collage sur la filière (aussi appelée bague) et une trop
grande anisotropie.
[0012] Le Cu est maintenu en dessous de 0,6 % pour respecter les normes d'alimentarité (arrêté
du 27 août 1987), mais est, de préférence, tenu supérieur à 0,20% ou même 0,25% pour
obtenir les hautes caractéristiques mécaniques souhaitées lors de la cuisson des revêtements.
Au-dessus de 0,35 % de Cr, il y a apparition de composés intermétalliques primaires
grossiers néfastes à la formabilité par effet d'endommagement. Les limites supérieures
en Ti et V sont justifiées par cette même raison.
[0013] Une composition préférentielle contient de 1,2 à 1,6 % Mn, de 0,8 à 1,2 % Mg, de
0,2 à 0,6 % Cu, et jusqu'à 0,25 % Cr.
[0014] En ce qui concerne les compositions (II), il est préférable que la teneur en Mn soit
tenue en-dessous de 0,40%, et de préférence 0,35%. De même, il est préférable que
le Fe soit tenu au-dessus de 1,05% ou mieux 1,10%.
[0015] Ces deux mesures peuvent être encore préférablement conjuguées. Les limitations analytiques
des compositions (II) se justifient de la façon suivante:
. au-dessous de Fe = 0,7 %, on observe des problèmes d'anisotropie élevées (cornes
importantes à 45°) et des défauts de collage lors de l'étirage.
. au-dessus de 1,5% Fe, il y a apparition de phases primaires grossières et endommagement
au cours du laminage et des opérations d'emboutissage et/ou d'étirage.
Au-dessus de Mn = 0,8 %, il y a apparition de particules grossières néfastes au laminage
ou à l'emboutissage- étirage par endommagement.
Si Mg est inférieur à 1,5 %, les caractéristiques mécaniques sont insuffisantes.
Si Mg est supérieur à 3 %, l'anisotropie est trop forte et on observe des défauts
de type collage à l'étirage.
Le Cu est maintenu en-dessous de 0,6 % pour respecter les normes d'alimentarité.
Au-dessus de Cr = 0,35 %, il y a apparition de précipités primaires néfastes à la
formabilité (endommagement). Les teneurs en Cr et V sont limitées supérieurement pour
cette même raison.
[0016] Une composition préférée contient de 1,1 à 1,4% Fe, de 1,6 à 2,5% Mg et jusqu'à 0,25
% Cr.
[0017] La mise en oeuvre des alliages selon l'invention est tout à fait analogue à celle
des alliages 3004 et 3104, comme cela apparaîtra de façon détaillée dans les exemples,
sauf en ce qui concerne la nécessité de recuits intermédiaires pour les alliages (I).
[0018] La gamme de fabrication comporte donc essentiellement les opérations suivantes:
- coulée, généralement par coulée semi-continue en lingots ou coulée directe en bandes
- homogénéisation ou réchauffage
- laminage à chaud jusqu'à une épaisseur intermédiaire
- laminage à froid avec ou sans recuits intermédiaires
ce qui fournit des ébauches adaptées aux opérations d'emboutissage et d'étirage.
[0019] Il est à noter que les produits conservent une bonne isotropie même si les taux de
déformation à froid dépassent 50%, ou même 60 ou 65% sans recuit(s) intermédiaire(s).
[0020] Les différences essentielles entre les alliages 3004 classiques et les alliages (I)
selon l'invention résident dans des teneurs en Fe et/ou Si limitées, qui conduisent
à des structures micrographiques sur produits laminés à chaud (en général des tôles
ou bandes d'épaisseur supérieure à 3 mm) complètement différentes.
[0021] L'alliage 3004 classique est caractérisé par l'existence d'une structure comportant,
outre les précipités intermétalliques primaires grossiers situés dans les zones interdendritiques
et les précipités secondaires intragranulaires de fines "bandes blanches", exemptes
de précipités, dans les zones interdendritiques. Au contraire, les alliages selon
l'invention présentent des microstructures analogues, mais en l'absence totale de
"bandes blanches".
[0022] Les alliages selon l'invention sont donc caractérisés par une répartition très homogène
des précipités primaires et secondaires dans une matrice à base d'A1 dès le stade
du lingot.
[0023] Les figures 1, 2 et 3 sont des micrographies au grandissement X400 respectivement
de l'alliage classique 3004 (exemple 0) et des alliages des exemples 1 (ou 3) et 2,
selon l'invention, à l'état brut de laminage à chaud.
[0024] La figure 4 est un profil schématique de la répartition des précipités (fraction
volumique en %) en fonction de la distance(en µm) comptée à partir d'une zone interdendritique
sur une coupe transversale d'une dendrite ayant environ 95 µm de large pour un alliage
3004 classique (trait épais) et un alliage selon l'invention (trait mince).
[0025] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples suivants, comparés à un alliage
3004 pris comme référence.
Dans ces exemples, le matériau obtenu est caractérisé par ses caractéristiques mécaniques
de traction (sens travers), par l'indice de cornes S 45/90 tel que défini ci-après,
et les valeurs de LDR et LIR également définis ci-après.
Le taux de cornes : S α/β =

où H α = (H + H
180-α + H
180+α + H
360-α )/4 H étant la hauteur de l'embouti cylindrique dans une direction faisant un angle
α avec la direction de laminage et

la hauteur moyenne de l'embouti cylindrique définie par

n étant le nombre d'extréma = 2 x nombre de cornes - voir norme NFA 50-301, juin 1976
-
[0026] Le LDR (limiting drawing ratio) est la valeur du rapport : 0̸ maxi flan/ 0̸ poinçon
sans apparition de rupture dans des conditions d'emboutissage déterminées : lubrification,
pression de serre-flan, géométrie du poinçon (arrondi), épaisseur de la tôle (flan),
etc.
Le LIR (limiting ironing ratio) en % est la valeur nominale du rapport
LIR = 100 ( eo - ef)/eo
permettant l'étirage sur poinçon d'un cylindre sans apparition de défauts dans des
conditions déterminées de géométrie d'outillage (filière/ poinçon), de lubrification,
d'épaisseur initiale, de nombre de passes, (généralement 3), etc...., e
o étant l'épaisseur initiale de la paroi et e
f étant l'épaisseur finale.
[0027] Les exemples suivants (1 à 5) illustrent l'invention vis-à-vis de l'alliage 3004
pris comme référence (exemple 0). Les exemples 1 à 3 sont relatifs aux compositions
(I) et les exemples 4 et 5 aux compositions (II).
[0028] Les alliages dont la composition chimique est reportée au tableau I ont été coulés
en plateaux de 1100 x 300 x 2650 mm³, homogénéisés ou réchauffés, scalpés, laminés
à chaud jusqu'à 3mm d'épaisseur et à froid jusqu'à 0,3 mm d'épaisseur, avec ou sans
recuit intermédiaire dans les conditions détaillées au tableau 2 (état H 1x).
Une simulation de la cuisson des vernis a été effectuée par maintien de 10 minutes
à 204°C (état H 28).
[0029] Les résultats obtenus sont reportés au tableau 3.
[0030] On peut constater :
- que l'exemple 1 présente des caractéristiques mécaniques élevées et une faible anisotropie
avec une formabilité comparable à celle du 3004.
- que l'exemple 2 présente des caractéristiques mécaniques très élevées associées à
une bonne formabilité, l'isotropie étant notablement plus forte que celle du 3004
- que l'exemple 3 présente une isotropie particulièrement élevée, les caractéristiques
de résistance mécanique et de formabilité étant équivalentes à celle de 3004
- que les exemples 4 et 5 présentent des caractéristiques mécaniques particulièrement
élevées avec une isotropie au moins égale et une formabilité comparable à celle du
3004.
1. Alliage à base d'A1 destiné à l'emboutissage et/ou l'étirage, caractérisé en ce qu'il
contient (en poids %)
Fe ≦ 0,25 - Si ≦ 0,25 - Mn de 0,8 à 1,6 - Mg de 0,7 à 2,5 - Cu de 0,20 à 0,6 - Cr
de 0 à 0,35 - Ti de 0 à 0,1 - V de 0 à 0,1 - autres éléments: chacun ≦ 0,05, total
≦ 0,15, reste A1
2. Alliage selon la revendication 1, caractérisé en ce que la teneur en Fe est inférieure
à 0,20 %.
3. Alliage selon la revendication 1 caractérisé en ce que la teneur en Fe est inférieure
à 0,15%.
4. Alliage selon l'une des revendications 1 ou 3, caractérisé en ce que la teneur en
Cu est supérieure à 0,25 %.
5. Alliage selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que %Mn + 0,9% Fe
+ 0,3 Mg ≦ 1,9
6. Alliage selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce qu'il contient de
1,2 à 1, 6 % Mn, de 0,8 à 1,2 % Mg, de 0,2 à 0,6 % Cu et jusqu'à 0,25 % Cr.
7. Alliage selon l'une des revendications 1 à 6 caractérisé en ce que %Mn - 2,25 % Fe
≧ 0,50.
8. Alliage suivant l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que à l'état homogénéisé
ou à l'état laminé à chaud, sa structure est constituée d'une matrice à base d'A1
contenant des précipités primaires et secondaires régulièrement répartis, en l'absence
de "bandes blanches".
9. Procédé d'obtention d'une bande laminée en alliage d'A1 comprenant la coulée d'un
alliage contenant (en poids %):
Fe ≦ 0,25 - Si ≦ 0,25 - Mn de 0,8 à 1,6 - Mg de 0,7 à 25 - Cu de 0 à 0,6 - Cr de 0
à 0,35 - Ti de 0 à 0,1 - V de 0 à 0,1 autres éléments = chacun ≦ 0,05 - total ≦ 0,15,
reste: A1
une homogénéisation ou un réchauffage, un laminage à chaud, un laminage à froid, sans
recuit(s) intermédiaire(s), caractérisé en ce que
%Mn - 2,25% Fe ≧ 0,50
et en ce que le taux de déformation à froid est supérieur à 50%.
10. Alliage à base d'A1 destiné à l'emboutissage et/ou l'étirage caractérisé en ce qu'il
contient (en poids %)
Fe de 0,7 à 1,5 - Si ≦ 0,4 - Mn ≦ 0,8 - Mg de 1,5 à 3 - Cu de 0 à 0,6 - Cr de 0 à
0,35 - Ti de 0 à 0,1 - V de 0 à 0, 1 - autres éléments - chacun ≦ 0,05, total ≦ 0,15,
reste A1.
11. Alliage selon la revendication 10 obtenu selon les procédés de coulée semi-continue
classique ou de coulée continue en bandes, caractérisé en ce que on a la relation
:
% Mn + 0,9 % Fe + 0,3 % Mg ≦ 1,9
12. Alliage selon l'une des revendications 10 ou 11 caractérisé en ce que % Mn ≦ 0,40.
13. Alliage selon la revendication 12 caractérisé en ce que % Mn ≦ 0,35.
14. Alliage selon l'une des revendications 10 à 13 caractérisé en ce que % Fe ≧ 1,05.
15. Alliage selon la revendication 14 caractérisé en ce que % Fe ≧ 1,10.
16. Alliage selon l'une des revendications 9 à 15, caractérisé en ce qu'il contient 1,1
à 1,4% Fe, 1,6 à 2,5 % Mg et jusqu'à 0,25 % Cr.
17. Procédé d'obtention d'une bande laminée en alliage d'A1 comprenant la coulée d'un
alliage contenant (en poids %) de 0,7 à 1,5 Fe; jusqu'à 0,4 Si; de 1,5 à 3 Mg; jusqu'à
0,6 Cu; jusqu'à 0,35 Cr; jusqu'à 0,1 Ti; jusqu'à 0,1 V; impuretés: jusqu'à 0,05 chacune
et 0,15 ou total, une homogénéisation ou un réchauffage, un laminage à chaud, un laminage
à froid sans recuit intermédiaire caractérisé en ce que le taux de déformation à froid
est supérieur à 50%.