[0001] La présente invention concerne un câble coaxial à faibles pertes, fonctionnant en
particulier à de très hautes fréquences et à des températures élevées.
[0002] Afin de réduire les pertes de transmission des câbles coaxiaux, on utilise comme
isolant intermédiaire un diélectrique de faible densité(de valeur minimale environ
égale à 15% de celle du diélectrique d'un câble coaxial à diélectrique massif). On
peut par exemple remplacer du polytétrafluoroéthylène (PTFE) massif par du PTFE expansé,
dont la densité est plus faible que celle du PTFE massif. Le PTFE expansé a une permittivité
relative inférieure à celle du PTFE massif. Par conséquent, pour conserver des caractéristiques
électriques identiques à celles des câbles classiques, et notamment une impédance
caractéristique semblable (on rappelle que l'impédance caractéristique d'un câble
dépend de la concentricité des différents éléments du câble, du rapport entre leurs
diamètres et de leur permittivité diélectrique relative), il faut diminuer le rapport
entre le diamètre intérieur du conducteur extérieur (c'est-à-dire généralement le
diamètre extérieur du diélectrique intermédiaire) et le diamètre extérieur du conducteur
intérieur, ce qui conduit en pratique à augmenter le diamètre extérieur du conducteur
intérieur.
[0003] Or, lors de l'utilisation du câble, les contraintes de pliage sont nombreuses ; en
effet, les câbles occupant l'espace le plus restreint possible sont de plus en plus
recherchés, afin de gagner de la place, notamment dans les applications spatiales,
militaires aéronautiques, etc.
[0004] Ainsi, l'augmentation du diamètre extérieur d'un conducteur intérieur métallique
massif et raide associée à la diminution de résistance à la compression d'un diélectrique
à faible densité entraîne, lors du pliage, un décentrement local de l'âme conductrice
centrale du fait de sa raideur. Ceci conduit à une variation néfaste de l'impédance
caractéristique, et donc des propriétés électriques, du câble considéré.
[0005] Une telle structure de câble ne permet pas d'atteindre des rayons de courbure inférieurs
à 4 à 5 fois le diamètre extérieur du câble.
[0006] On pourrait alors penser à utiliser un câble dans lequel le conducteur central métallique
raide est remplacé par un jonc souple en un matériau diélectrique, recouvert par des
bandes de métal. Une telle structure est décrite dans le brevet FR-2 487 568.
[0007] Toutefois, la solution apportée par cette structure n'est transposable ni au domaine
des très hautes fréquences (typiquement supérieures à 12 GHz) où l'on utilise des
câbles très fins (diamètre extérieur allant jusqu'à 6,5 mm), ni à celui des hautes
températures de service (de l'ordre de 125°C et plus). En effet, le polyuréthane cellulaire
utilisé pour former le jonc de soutien décrit dans le brevet mentionné ne tolère pas
des températures supérieures à 80°C.
[0008] D'autre part, l'utilisation d'une bande de métal disposée en long et éventuellement
soudée pour réaliser le conducteur intérieur conduit à une structure raide qui ne
supporte pas de faibles rayons de courbure : lors du pliage, il y a dégradation du
conducteur intérieur.
[0009] Pour des câbles fonctionnant à hautes fréquences (200 MHz par exemple), il suffit
d'une épaisseur de métal, pour le conducteur intérieur, de l'ordre du centième de
millimètre (l'épaisseur minimale e est fonction de la fréquence f selon la formule
suivante :

où

est la perméabilité du métal utilisé et σ sa conductivité).
Ceci est impossible à obtenir avec le procédé d'injection de polyuréthane dans un
tube métallique constituant l'âme centrale décrit dans le brevet cité. En effet, il
n'est pas possible de réaliser un tube métallique d'une épaisseur de quelques centièmes
de millimètres capable de supporter l'injection de polyuréthane. En pratique les câbles
décrits dans le brevet cité ont des diamètres de plus d'une dizaine de millimètres.
Finalement, on ne peut obtenir, grâce aux techniques classiques, un câble supportant
de faibles rayons de courbure et entraînant de faibles pertes de transmission, capable
de fonctionner à des fréquences très hautes et à des températures élevées.
[0010] La but de la présente invention est donc de réaliser un câble à faibles pertes capable
de supporter des rayons de courbure faibles et pouvant être utilisé à de très hautes
fréquences et sous de fortes températures.
[0011] La présente invention propose à cet effet un câble coaxial à faibles pertes comprenant
:
- un jonc central de soutien en matière plastique, recouvert d'un métal formant le conducteur
intérieur (ou âme) dudit câble coaxial,
- un isolant intermédiaire en un matériau diélectrique,
- un conducteur extérieur métallique,
caractérisé en ce que ledit jonc central est en polytétrafluoroéthylène (PTFE) de
densité supérieure ou égale à 1,6, ledit isolant intermédiaire a une densité inférieure
à 1,2 et le rapport entre la densité du diélectrique constituant ledit isolant intermédiaire
et la densité du PTFE constituant ledit jonc reste compris entre 0,15 et 0,75.
[0012] Avantageusement, le jonc est réalisé par extrusion de PTFE massif sur un support
de diamètre compris entre 0,15 et 0,5 fois le diamètre du jonc. Ce support peut être
un toron métallique, un fil métallique ou un fil en un matériau isolant.
[0013] Selon une réalisation avantageuse, le jonc est en PTFE massif de densité égale à
2,16 et l'isolant intermédiaire est en PTFE expansé de densité égale à 1.
[0014] Selon une caractéristique importante, le conducteur intérieur métallique peut être
obtenu par rubanage hélicoïdal à pas court sans soudure d'un ruban conducteur autour
du jonc. Le taux de recouvrement du rubannage peut alors être compris entre 20 et
60%.
[0015] Selon une variante, il est possible d'obtenir le conducteur intérieur par dépôt de
métal sur le jonc par vaporisation sous vide, pulvérisation cathodique ou par voie
chimique.
[0016] De manière avantageuse encore, l'épaisseur du conducteur intérieur ainsi réalisé
est comprise entre 0,002 et 0,2 mm, selon la fréquence d'utilisation du câble et la
technique de métallisation utilisée.
[0017] Enfin, le câble peut comporter en outre une gaine isolante extérieure autour du conducteur
extérieur métallique.
[0018] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront dans
la description suivante d'un câble selon l'invention, donnée à titre illustratif et
nullement limitatif.
[0019] La figure unique représente en perspective un câble selon l'invention.
[0020] Dans cette figure, un câble 1 selon l'invention est constitué d'un jonc 2 en PTFE
massif de densité d
J égale à 2,16 et de diamètre 0,93 mm. Le jonc 2 est réalisé par extrusion de PTFE
sur un fil en cuivre 7 de diamètre 0,28 mm. Il est recouvert d'un ruban conducteur
en cuivre 3 constituant l'âme conductrice 4 du câble 1. Plus précisément, l'âme 4
est réalisée selon un rubanage hélicoïdal, à pas très court et à recouvrement à 49%
des spires du ruban 3 non soudé. On obtient alors une épaisseur de métallisation de
0,1 mm, qui permet au câble un fonctionnement à 40 MHz et plus.
[0021] Autour de l'âme conductrice 4, on rubanne le diélectrique intermédiaire 5 constitué
de PTFE expansé de densité d
I égale à 1. Le diamètre de l'isolant intermédiaire 5 ainsi obtenu est de 2,95 mm.
Enfin, selon des techniques classiques qui ne font pas l'objet de l'invention, on
ajoute le conducteur extérieur 6, qui est un tube métallique de diamètre 3,58 mm.
Le câble 1 a donc un diamètre extérieur de 3,58 mm. Il n'est pas nécessaire de munir
le câble 1 d'un isolant externe. Le conducteur extérieur 6 est alors éventuellement
étamé ou argenté.
[0022] Le rapport d
I/d
J est égal à 0,46 ; il est compris dans la fourchette définie plus haut, c'est-à-dire
entre 0,15 et 0,75. Ainsi, grâce au câble selon l'invention, il est possible d'atteindre
des rayons de courbure de 3 fois le diamètre extérieur du câble 1, soit environ 10
mm, sans décentrement de l'âme et donc sans variation des caractéristiques électriques
du câble, alors que les rayons de courbure minimaux atteints avec les câbles de l'art
antérieur sont de l'ordre de 4, voire 5 fois le diamètre extérieur du câble. Dans
le cas de l'invention, la diminution du rayon de courbure minimal n'est plus limitée
que par la contrainte mécanique maximale acceptable par le conducteur extérieur lors
du pliage.
[0023] D'autre part, 1'utilisation de PTFE pour former le jonc de soutien autorise le fonctionnement
du câble à des températures élevées, et généralement supérieures à 125°C.
[0024] Grâce au rubanage sans soudure et à pas très court du conducteur intérieur sur le
jonc de soutien, la structure de l'âme conductrice est souple, ce qui permet la diminution
du rayon de courbure minimal.
[0025] Il est également possible de réaliser la métallisation par dépôt de métal sur le
jonc par vaporisation sous vide, pulvérisation cathodique ou par voie chimique. On
peut ainsi obtenir des épaisseurs de métallisation très faibles (quelques microns)
qui sont appropriées à l'utilisation du câble selon l'invention à de très hautes fréquences
(avec une épaisseur de métallisation de 5

, on peut utiliser le câble à des fréquences supérieures à 200 MHz).
[0026] Enfin, et de manière avantageuse, l'utilisation d'un fil de cuivre, qui n'a pas de
rôle conducteur, comme support souple lors de l'extrusion du jonc de soutien assure
un renfort mécanique de la structure tout en garantissant au jonc une raideur suffisamment
faible pour ne pas introduire de perturbation des caractéristiques électriques du
câble lors d'un pliage éventuel.
[0027] La présente invention permet donc d'obtenir des câbles à faibles pertes de transmission
capables de supporter de faibles rayons de courbure tout en conservant leurs caractéristiques
électriques, et pouvant en même temps fonctionner à de très hautes fréquences et à
des températures élevées.
[0028] Ces câbles peuvent être utilisés en particulier dans les domaines aéronautique, spatial,
militaire, et dans tout autre domaine où les contraintes d'encombrement impliquent
la nécessité de soumettre les câbles à un confinement important.
[0029] Bien entendu, la présente invention n'est pas limitée à la structure qui vient d'être
décrite.
[0030] En particulier, on peut réaliser le jonc de soutien par extrusion de PTFE sur un
support souple de renfort mécanique métallique ou non. Ce support peut être par exemple
constitué d'un toron ou d'un fil métallique de diamètre compris entre 0,15 et 0,5
fois celui du jonc.
[0031] De même, la densité du diélectrique constituant l'isolant intermédiaire peut être
comprise entre 0,3 et 1,2. Toutefois, il faut toujours rester dans un rapport entre
densité de l'isolant intermédiaire et densité du jonc de soutien compris entre 0,15
et 0,75 afin de conserver les propriétés du câble selon l'invention.
[0032] Par ailleurs, le taux de recouvrement du rubanage peut varier entre 20 et 60%.
[0033] Enfin, l'épaisseur du conducteur intérieur est avantageusement comprise entre 0,002
et 0,2 mm. En pratique pour des fréquences d'utilisation du câble supérieures à 1
GHz, cette épaisseur est de l'ordre de 0,002 mm, et pour des fréquences d'utilisation
supérieures à 10 MHz, elle est d'environ 0,2 mm.
[0034] Bien évidemment, on pourra remplacer tout procédé par un procédé d'obtention équivalent
sans sortir du cadre de l'invention.
1. Câble coaxial à faibles pertes comprenant :
- un jonc central de soutien (2) en matière plastique, recouvert d'un métal formant
le conducteur intérieur (ou âme) (4) dudit câble coaxial (1),
- un isolant intermédiaire (5) en un matériau diélectrique,
- un conducteur extérieur métallique (6),
caractérisé en ce que ledit jonc central (2) est en polytétrafluoroéthylène (PTFE)
de densité supérieure ou égale à 1,6, ledit isolant intermédiaire (5) a une densité
inférieure à 1,2 et le rapport entre la densité du diélectrique constituant ledit
isolant intermédiaire (5) et la densité du PTFE constituant ledit jonc (2) reste compris
entre 0,15 et 0,75.
2. Câble selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit jonc (2) est réalisé par
extrusion de PTFE massif sur un support (7) de diamètre compris entre 0,15 et 0,50
fois celui dudit jonc.
3. Câble selon la revendication 2, caractérisé en ce que ledit support (7) est choisi
parmi un toron métallique, un fil métallique et un fil en un matériau isolant.
4. Câble selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que ledit jonc (2) est
en PTFE massif de densité égale à 2,16.
5. Câble selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que ledit isolant intermédiaire
(5) est en PTFE expansé de densité égale à 1.
6. Câble selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que ledit conducteur
intérieur métallique (4) est obtenu par rubanage hélicoïdal à pas court sans soudure
d'un ruban conducteur (3) autour dudit jonc.
7. Câble selon la revendication 6, caractérisé en ce que ledit rubanage est effectué
avec un taux de recouvrement compris entre 20 et 60%.
8. Câble selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que ledit conducteur
intérieur (4) est obtenu par dépôt de métal sur ledit jonc par vaporisation sous vide.
9. Câble selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que ledit conducteur
intérieur (4) est obtenu par dépôt de métal sur ledit jonc par pulvérisation cathodique.
10. Câble selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que ledit conducteur
intérieur est obtenu par dépôt métallique sur ledit jonc par voie chimique.
11. Câble selon l'une des revendications 1 à 10, caractérisé en ce que l'épaisseur dudit
conducteur intérieur (4) est comprise entre 0,002 et 0,2 mm.
12. Câble selon l'une des revendications 1 à 11, caractérisé en ce qu'il comporte une
gaine isolante extérieure autour dudit conducteur extérieur métallique.