(19)
(11) EP 0 506 538 A1

(12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

(43) Date de publication:
30.09.1992  Bulletin  1992/40

(21) Numéro de dépôt: 92400781.8

(22) Date de dépôt:  23.03.1992
(51) Int. Cl.5E01C 11/22
(84) Etats contractants désignés:
AT BE CH DE DK ES FR GB GR IT LI LU MC NL PT SE

(30) Priorité: 29.03.1991 FR 9103898

(71) Demandeurs:
  • COLAS S.A.
    F-92653 Boulogne-Billancourt Cédex (FR)
  • SANEF - SOCIETE DES AUTOROUTES DU NORD ET DE L'EST DE LA FRANCE
    F-75007 Paris (FR)

(72) Inventeurs:
  • Baillemont, Ghislaine Nicole Alice
    F-78150 Le Chesnay (FR)
  • Bouchet, Michel Jean Pierre
    F-95230 Soisy Sous Montmorency (FR)

(74) Mandataire: Phélip, Bruno et al
c/o Cabinet Harlé & Phélip 21, rue de La Rochefoucauld
75009 Paris
75009 Paris (FR)


(56) Documents cités: : 
   
       


    (54) Bande de chaussée habituellement non soumise à la circulation, telle qu'une bande d'arrêt d'urgence


    (57) La bande d'arrêt d'urgence ou autre bande de chaussée habituellement non soumise à la circulation, comprend un revêtement principal drainant en enrobé drainant ou béton poreux; ledit revêtement est recouvert par une couche secondaire en un matériau étanche aux résidus, destiné à protéger ladite bande contre le colmatage de son revêtement principal par les résidus qui s'y déposent.


    Description


    [0001] La présente invention est particulièrement relative aux bandes d'arrêt d'urgence, qui sont prévues, par exemple, sur les bords latéraux des routes à plusieurs voies ou autoroutes et de façon plus générale aux bandes de chaussée habituellement non soumises à la circulation des véhicules.

    [0002] Plus particulièrement encore, l'invention concerne les bandes de chaussée de ce type, qui sont réalisées en un revêtement drainant, tel qu'un enrobé drainant.

    [0003] Un enrobé drainant est un mélange granulats-bitume qui présente un pourcentage de vides généralement supérieur à 20%. Les enrobés drainants connaissent un fort développement en couche de roulement sur les routes à grande circulation, en particulier sur les autoroutes, les rocades urbaines, les liaisons d'aménagement complémentaire du réseau autoroutier.

    [0004] L'intérêt d'un tel revêtement ouvert est triple. Il assure:
    • le confort et la sécurité de conduite par temps de pluie, en supprimant notamment les projections d'eau à l'arrière des véhicules et en améliorant la visibilité du marquage routier,
    • la réduction des bruits de roulement,
    • l'adhérence à forte vitesse.


    [0005] Lorsqu'une chaussée est revêtue en enrobés drainants, pour permettre l'écoulement transversal des eaux provenant des voies vers les exutoires, la bande d'arrêt d'urgence est aussi revêtue de la même manière.

    [0006] Après la mise en service, de nombreux matériaux allochtones (poussières atmosphériques, cigarettes, débris métalliques, gomme de pneumatique, résidus de traitement de la chaussée.....) se déposent sur la chaussée.

    [0007] Ces résidus sont progressivement déplacés par le trafic notamment vers la bande d'arrêt d'urgence. Celle-ci n'étant pas ou très peu soumise à la circulation, les résidus qui s'y déposent, y restent, et, petit à petit, pénètrent par gravité dans le corps du revêtement drainant, venant ainsi colmater les vides efficaces.

    [0008] Au bout d'un certain temps, les premiers centimètres de la bande d'arrêt d'urgence sont complètement obstrués. L'eau qui provient des voies de circulation ne peut plus s'évacuer et elle rejaillit en limite de la bande d'arrêt d'urgence. A ce jour, les tentatives mécaniques de traitement in situ, sans fraisage du revêtement colmaté, ont échoué. On peut citer, par exemple, l'utilisation de matériels de type balayeuse-aspiratrice qui sont maintenant reconnus pour leur intérêt préventif et non curatif. Par contre, l'utilisation de tels engins à proximité des flots de circulation de poids lourds est dangereuse.

    [0009] La présente invention a pour objet d'apporter une solution plus efficace et plus sécurisante pour empêcher le colmatage superficiel des bandes d'arrêt d'urgence en enrobés drainants. Selon l'invention, on applique sur lesdites bandes une couche secondaire en un matériau dont la formulation répond exactement au cahier des charges fixé par les gestionnaires des voiries à grande circulation, en particulier:
    • pas de modification des qualités drainantes des enrobés de la bande d'arrêt d'urgence,
    • possibilité de circuler occasionnellement sur la bande d'arrêt d'urgence en toute sécurité (adhérence au support et rugosité de surface),
    • pas de diminution de la qualité structurelle de la bande d'arrêt d'urgence,
    • pas de surépaisseur préjudiciable à la sécurité des usagers.


    [0010] La présente invention a donc pour objet une bande d'arrêt d'urgence ou autre bande de chaussée habituellement soumise à la circulation, comprenant un revêtement principal drainant en enrobé drainant ou béton poreux, caractérisée en ce que ledit revêtement est recouvert par une couche secondaire en un matériau étanche aux résidus d'une granulométrie reconstituée, destiné à protéger ladite bande contre le colmatage de son revêtement principal par les résidus qui s'y déposent.

    [0011] Avantageusement le matériau dans lequel est réalisée la couche secondaire est un coulis bitumineux à froid. Le coulis bitumineux de la couche secondaire peut comprendre un mélange de granulats d'une émulsion de bitume, d'eau d'apport et d'additifs régulateurs. Les granulats peuvent être d'une granulométrie reconstituée de calibre 0/4, 0/5 ou 0/6. Une émulsion de bitume peut être réalisée à partir d'un bitume de grade supérieur ou égal à 40/50, dont la teneur en bitume est supérieure à 55%. L'épaisseur de cette couche secondaire peut varier entre 0,4 et 1,5 cm environ. Les additifs régulateurs de prise peuvent comporter des épaississants, des rhéofluidifiants ou des viscosants, ou tout autre produit similaire.

    [0012] Les additifs régulateurs de prise peuvent également comprendre un accélérateur.

    [0013] De préférence, la couche de béton bitumineux, dont elle est recouverte au moins partiellement, est coulée à froid et possède la composition pondérale ci-après:
    - granulats
    100%
    - émulsion de bitume
    12 à 14% du poids sec de granulats
    - eau de mouillage
    8 à 15% du poids de granulats
    - épaississant
    0,1 à 1,5% par rapport au poids de l'émulsion
    - accélérateur
    0,1 à 1,5% en poids sec de granulats


    [0014] La couche secondaire est avantageusement appliquée avec une densité de 12 à 20 kg/m².

    [0015] Egalement encore, le matériau dans lequel est réalisée la couche secondaire peut être un béton bitumineux coulé à chaud ou un sable enrobé ou une moquette routière.

    [0016] La hauteur entre la surface supérieure de la couche secondaire et la surface supérieure du revêtement de la partie circulante est préférentiellement inférieure à 1 cm.

    [0017] La surface de la couche secondaire peut être au même niveau sur la surface du revêtement de la partie circulée de la chaussée.

    [0018] L'invention a encore pour objet l'utilisation d'un coulis bitumineux à froid pour réaliser, sur une bande d'arrêt d'urgence ou toute autre bande non habituellement soumise à la circulation d'une chaussée en un revêtement drainant, une couche de protection contre le colmatage par les résidus qui s'y déposent.

    [0019] La description qui suit de plusieurs modes de réalisation de l'invention est purement illustrative et non limitative.

    [0020] Le revêtement routier de base mis en oeuvre selon l'invention est réalisé de façon classique en un enrobé drainant ou un béton poreux. La composition d'un tel enrobé drainant ou béton poreux est parfaitement connue de l'homme du métier. Il en est de même pour les moyens à mettre en oeuvre pour la réalisation de chaussées à partir de ces matériaux. On peut se référer à cet égard à la note d'informations de la SETRA en date du 13 Décembre 1990.

    [0021] Selon l'invention, la bande d'arrêt d'urgence réalisée à partir d'un tel revêtement drainant, est revêtue d'une couche secondaire de béton bitumineux coulé. Ce béton bitumineux coulé peut être un mortier bitumineux coulé à chaud, notamment à base de bitume polymère, ou un coulis bitumineux à froid.

    [0022] La composition d'un mortier bitumineux coulé à chaud est par exemple:
    - gravillons concassés
    10%
    - sable
    60%
    - filler
    30%
    - bitume polymère
    15%


    [0023] On utilise néanmoins préférentiellement un coulis bitumineux à froid. Un tel coulis bitumineux à froid est un mélange homogène de sable fillérisé, de gravillons, d'émulsion, d'eau et d'additifs régulateurs de prise.

    [0024] Il est appliqué en couche mince de 12 à 20 kg/m². Le dosage choisi est fonction du calibre retenu et du trafic.

    [0025] Un exemple de composition pondérale est le suivant:
    - granulats
    100% de matériaux secs
    - émulsion
    13% par rapport au poids sec de granulats
    - eau de mouillage
    10% par rapport au poids sec de granulats
    - épaississant
    1% par rapport à l'émulsion
    - accélérateur
    0,5% par rapport au granulats


    [0026] On introduit successivement d'abord les granulats, puis l'eau d'apport et enfin l'émulsion. Les ajouts minéraux se font dans les granulats et les ajouts liquides dans l'eau d'apport.

    [0027] Un tel produit d'étanchéité présente une pénétration limitée dans l'enrobé drainant (5 mm). Son état de surface appliquée est assez rugueux. Ce produit de colmatage présente en outre une bonne adhésion au support.

    [0028] Dans d'autres exemples encore, le dosage de l'émulsion varie entre 12 et 14% en poids sec de granulats, l'eau de mouillage varie entre 8 à 15% en poids sec de granulats, l'accélérateur de prise varie de 0,1 à 1,5% en poids sec de granulats, l'épaississant entre 0,1 et 1,5% en poids d'émulsion.

    [0029] Cet épaississant est essentiellement sous forme liquide. Il est destiné à figer le coulis mais n'épaissit pas l'émulsion. Il s'ajoute soit dans l'eau d'apport soit dans l'émulsion. On pourra également avantageusement utiliser pour le remplacer des rhéofluidifiants ou des viscosants.

    [0030] L'émulsion peut être de plusieurs types. Elle peut être une émulsion de bitume réalisée à partir d'un bitume 80/100 à teneur supérieure à 60%. Elle peut être également une émulsion élastomère obtenue par l'incorporation d'un latex dans la phase aqueuse de l'émulsion.

    [0031] L'accélérateur peut être sous forme solide (ciment, chaux éteinte, chaux vive) ou sous forme liquide.

    [0032] Les granulats reconstitués sont préférentiellement de calibre 0/4, 0/5 ou 0/6. Pour un coulis bitumineux 0/4, les composants granulométriques seront compris entre 95% et 100% à 4 mm, 35% à 40% à 2 mm et 6% à 9% pour 0,08 mm.

    [0033] Le coulis est mis en oeuvre au moyen d'une machine spécifique compacte qui comprend les trémies à granulats, la cuve à émulsion, les cuves à eau et additifs divers, un malaxeur continu et le traîneau applicateur.

    [0034] La couche secondaire de la bande d'arrêt d'urgence pourra être également réalisée en un sable enrobé 0/3, 0/4, 0/5 ou 0/6 avec ou sans liant en élastomère.

    [0035] Pour le rendre plus rugueux dans son aspect de surface ou peut procéder à un cloutage de celui-ci.

    [0036] L'application de ce sable enrobé se fait avec un matériel d'application routier classique. Après son application, il peut être compacté avec un cylindre lisse.

    [0037] Egalement, la couche secondaire pourra être une moquette routière se collant directement sur le revêtement principal.


    Revendications

    1. Bande d'arrêt d'urgence ou autre bande de chaussée habituellement non soumise à la circulation, comprenant un revêtement principal drainant en enrobé drainant ou béton poreux, caractérisée en ce que ledit revêtement est recouvert par une couche secondaire en un matériau étanche aux résidus, destiné à protéger ladite bande contre le colmatage de son revêtement principal par les résidus qui s'y déposent.
     
    2. Bande de chaussée selon la revendication 1, caractérisée en ce que le matériau dans lequel est réalisée la couche secondaire est un coulis bitumineux à froid.
     
    3. Bande de chaussée selon la revendication 2, caractérisée en ce que le coulis bitumineux de la couche secondaire comprend un mélange de granulats, d'une émulsion de bitume, d'eau d'apport et d'additifs régulateurs.
     
    4. Bande de chaussée selon la revendication 3, caractérisée en ce que les granulats sont d'une granulométrie reconstituée de calibre 0/4, 0/5 ou 0/6.
     
    5. Bande de chaussée selon la revendication 4, caractérisée en ce que l'épaisseur d'une couche secondaire est comprise entre 0,4 et 1,5 cm.
     
    6. Bande de chaussée selon l'une quelconque des revendications 3 à 5, caractérisée en ce que l'émulsion de bitume est réalisée à partir d'un bitume de grade supérieur ou égal à 40/50, dont la teneur en bitume est supérieure à 55%.
     
    7. Bande de chaussée selon l'une quelconque des revendications 3 à 6, caractérisée en ce que les additifs régulateurs de prise comportent des épaississants, des rhéofluidifiants ou des viscosants.
     
    8. Bande de chaussée selon l'une quelconque des revendications 3 à 7, caractérisée en ce que les additifs régulateurs de prise comprennent un accélérateur.
     
    9. Bande de chaussée selon l'une des revendications 7 ou 8, caractérisée en ce que la couche de béton bitumineux dont elle est recouverte au moins partiellement est coulée à froid et possède la composition pondérale suivante:

    - granulats   100%

    - émulsion de bitume   12 à 14% du poids sec de granulats

    - eau de mouillage   8 à 15% du poids de granulats

    - épaississant   0,1 à 1,5% par rapport au poids de l'émulsion

    - accélérateur   0,1 à 1,5% en poids sec de granulats


     
    10. Bande de chaussée selon l'une quelconque des revendications 2 à 9, caractérisée en ce que la couche secondaire est appliquée avec une densité de 12 à 20 kg/m².
     
    11. Bande de chaussée selon la revendication 1, caractérisée en ce que le matériau dans lequel est réalisée la couche secondaire est un béton bitumineux coulé à chaud ou un sable enrobé ou une moquette routière.
     
    12. Bande de chaussée selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en ce que la hauteur entre la surface supérieure de la couche secondaire et la surface supérieure du revêtement de la partie circulante est inférieure à 1 cm.
     
    13. Bande de chaussée selon la revendication 12, caractérisée en ce que la surface supérieure de la couche secondaire est au même niveau que la surface supérieure du revêtement de la partie circulante de la chaussée.
     
    14. Utilisation d'un coulis bitumineux à froid pour réaliser, sur une bande d'arrêt d'urgence ou tout autre bande non soumise habituellement à la circulation, d'une chaussée en un revêtement drainant, une couche de protection contre le colmatage par les résidus qui s'y déposent.
     





    Rapport de recherche