[0001] La présente invention concerne un procédé de formation de dépôt par projection d'un
matériau d'apport sur un substrat comprenant les étapes de fondre, par combustion
d'un mélange oxycombustible, le matériau d'apport solide et de pulvériser et projeter
le matériau d'apport fondu par un flux de gaz vecteur contenant au moins 90 % d'au
moins un gaz inerte.
[0002] La projection thermique à la flamme regroupe tout un ensemble de procédés en vue
de la modification de propriétés de surface d'un substrat par la constitution, sur
cette surface, d'un dépôt d'un matériau d'apport, généralement métallique. Sous l'action
de la combustion du mélange oxycombustible, le matériau d'apport est amené progressivement
à sa température de fusion et le gaz vecteur pulvérise le matériau fondu en fines
particules animées d'une forte énergie cinétique. Les particules à l'état liquide
ou pâteux viennent frapper le substrat initialement préparé pour cette opération.
Le gaz vecteur actuellement employé est l'air comprimé et les rendements (rapport
entre le poids de matériau d'apport réellement déposé sur le substrat et le poids
de matériau d'apport effectivement consommé) typiquement obtenus sont de l'ordre de
55 à 57 % pour la projection de zinc qui est le métal le plus couramment utilisé pour
la réalisation de dépôts anti-corrosion, notamment sur des tubulures métalliques.
[0003] La Demanderesse a constaté que les propriétés thermodynamiques du gaz vecteur jouent
un rôle important sur la valeur du rendement. Ainsi, la température de vaporisation
du matériau d'apport peut être rapidement atteinte pour les particules de faible diamètre
si le gaz vecteur présente une forte conductivité thermique. Par ailleurs, la formation
d'oxydes sur les particules lors de leur parcours entre la zone de fusion et le substrat
à revêtir est exothermique et peut donc conduire à une évaporation excessive du matériau
à projeter.
[0004] La présente invention a pour premier objet de proposer un procédé du type sus-mentionné,
de mise en oeuvre aisée et souple, permettant une amélioration notable du rendement
de projection et susceptible d'être mis en oeuvre avec des coûts de fonctionnement
réduits.
[0005] Pour ce faire, selon une caractéristique plus particulière de l'invention, le gaz
vecteur comprend entre 1 et 10 % d'oxygène, typiquement entre 2 et 8 %, le reste étant
l'azote, ce gaz vecteur étant typiquement fourni par une unité de séparation de l'air
à adsorption ou perméation.
[0006] Selon cet aspect de l'invention, le gaz vecteur peut être produit à faibles coûts
et, bien qu'une faible quantité d'oxygène demeure présente, l'augmentation du rendement
peut atteindre, pour la projection de zinc, 13 % . Un tel gaz vecteur à forte proportion
de gaz inerte permet en effet de diminuer la réactivité du milieu sur le chemin des
particules grâce à la réduction de la zone d'oxydation et donc permet une réduction
du volume de matériau d'apport entré en combustion et une diminution de la quantité
de particules oxydées présentant un état impropre à un bon accrochage sur le substrat.
De plus, la réduction du volume de chaleur par la diminution du volume de particules
oxydées permet de réduire la distance entre la buse de projection et le substrat sans
altérer la qualité du dépôt, et donc de mieux concentrer le tir.
[0007] Dans les procédés connus, le gaz combustible est essentiellement le propane et parfois
l'acétylène. Dans le cas du propane, le mélange oxycombustible présente une puissance
spécifique et une vitesse de déflagration faibles, la flamme obtenue formant des dards
longs et étant globalement trop puissante. L'accroissement du volume d'oxygène, pour
élever la puissance spécifique, ou l'augmentation du débit global de mélange oxycombustible
n'a pour effet que de réduire le rendement de projection. Par ailleurs, l'acétylène
présente une puissance spécifique et une vitesse de déflagration élevées, se traduisant
par des dards courts et une flamme localement trop puissante. La réduction du taux
d'oxygène ou du débit global de mélange oxycombustible entraîne une baisse notable
du taux de dépôt.
[0008] La présente invention a pour autre objet de proposer un procédé encore amélioré par
l'emploi de gaz performants mieux adaptés et par une optimisation de la répartition
de la chauffe du matériau d'apport à fondre.
[0009] Selon un aspect de l'invention, le mélange oxycombustible est réalisé par apport
d'oxygène et d'un composé de propylène et de méthylacétylène ou d'un composé d'éthylène
et d'acétylène.
[0010] Ces composés, disponibles commercialement, ont une puissance spécifique, une vitesse
de déflagration et une longueur de dard intermédiaires entre ceux du propane et de
l'acétylène. La flamme obtenue résulte en une meilleure répartition de la puissance
calorifique autour du fil de matériau d'apport.
[0011] Selon une autre caractéristique de l'invention, le mélange oxycombustible est éjecté,
vers le matériau d'apport suivant au moins deux séries de passages d'éjection décalées
radialement par rapport à ce dernier.
[0012] La présente invention a encore pour objet de proposer un dispositif de projection
perfectionné et de coûts de fabrications réduits convenant tout particulièrement pour
la mise en oeuvre des procédés définis ci-dessus, comprenant une buse de projection
ayant un axe principal et comportant un passage central d'amenée du matériau d'apport
débouchant par un orifice à une extrémité de la buse, une pluralité de conduits de
mélange oxycombustible débouchant à l'extrémité de la buse par des ouvertures angulairement
réparties autour de l'orifice central, et un passage annulaire de gaz vecteur entourant
l'extrémité de la buse, caractérisé en ce que les ouvertures des conduits de mélange
oxycombustible sont réparties suivant au moins deux séries décalées l'une de l'autre
par rapport à l'axe principal.
[0013] Les buses de projection à la flamme connues sont monobloc et les conduits de mélanges
sont constitués de passages tubulaires forés dans la buse et se terminant par des
orifices calibrés de même diamètre répartis sur un cercle autour de l'orifice central,
dans un agencement délicat à réaliser et ne permettant qu'un nombre très réduit d'adaptations.
[0014] Selon un aspect de l'invention, la buse comprend une partie centrale définissant
le passage central et emmanchée dans une partie périphérique tubulaire, les conduits
de mélange étant formés à l'interface entre les parties centrale et périphérique et
débouchant par des ouvertures réparties en au moins une première et une deuxième séries,
la distance entre l'axe principal et les ouvertures de la première série étant supérieure
à la distance entre les ouvertures de la deuxième série et l'axe principal. Les conduits
de mélange sont avantageusement formés par des rainures longitudinales fraisées dans
la périphérie de la partie centrale, ce qui permet de moduler aisément la profondeur,
la forme et le nombre de ces conduits de mélange, et de réduire les coûts de fabrication.
Un tel dispositif de projection se révèle également plus efficace et souple d'emploi
que les dispositifs connus avec des gaz classiques, à savoir l'air comme gaz vecteur
et l'acétylène ou le propane comme gaz combustible.
[0015] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention ressortiront de la
description suivante de modes de réalisation, donnés à titre illustratif mais nullement
limitatif, faite en relation avec les dessins annexés, sur lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique en coupe longitudinale d'un dispositif de projection
selon l'invention ;
- la figure 2, représente, en vue en bout de la buse de projection, diverses variantes
des conduits de mélange oxycombustible; et
- la figure 3 est une vue schématique de l'extrémité de la buse montrant l'étagement
des flammes de chauffe du matériau d'apport.
[0016] On reconnaît sur la figure 1 une buse de projection constituée d'un ensemble coaxial
d'une partie centrale tubulaire 1 montée dans une partie périphérique tubulaire 2,
cet ensemble étant monté coaxialement dans une extrémité d'un support cylindrique
3 lui-même monté dans un corps 4 de pistolet de projection. Dans le mode de réalisation
représenté sur la figure 1, la partie périphérique 2 comporte un évidement central
traversant tronconique 5 se raccordant, à l'arrière, par un épaulement radial 6, à
une chambre annulaire 7 de diamètre élargi. La partie centrale 1 comporte un passage
central traversant 8 et comporte, à sa périphérie, deux séries de rainures longitudinales
9
a, 9
b, de profondeurs différentes, angulairement réparties et alternées. Le profil extérieur
de la portion nervurée de la partie centrale 1 correspond sensiblement au profil intérieur
5 de la partie périphérique 2. En particulier, les nervures entre les rainures 9
a, 9
b comportent une partie arrière de diamètre élargi 10 reçue dans la chambre annulaire
7, en butée contre l'épaulement radial 6 mais ne s'étendant pas sur la totalité de
l'extension axiale de la chambre annulaire 7. La partie centrale 1 comporte une extrémité
arrière 11 de diamètre réduit alors que la partie périphérique 2 comporte une extrémité
arrière 12 de diamètre élargi, ces extrémités arrière étant reçues dans un logement
avant étagé 13 du support 3 lui-même traversé par un passage central 14 par lequel
le matériau d'apport, en forme de fil homogène ou compacté 15, couplé à des moyens
d'entraînement (non représentés), s'avance dans le passage central 8 de la pièce centrale
1 pour sortir, à l'extrémité avant de la buse, par un orifice central 15 autour duquel
débouchent les conduits 9A, 9B (figure 2). Le passage 8 comporte avantageusement,
au voisinage de l'orifice central 16, un chemisage tubulaire 17 en matériau plus résistant
à l'usure, par exemple en acier inoxydable.
[0017] Le support tubulaire 3 comporte une pluralité de passages étagés longitudinaux 18
débouchant, en aval, dans l'extrémité aval de diamètre élargi du logement étagé 13
et, en amont, dans une chambre annulaire 19 communiquant, via des passages dans le
corps 4, avec une source de gaz combustible 20, typiquement un composé de propylène
et de méthylacétylène commercialisé sous l'appellation "TETRENE" ou d'un composé d'éthylène
et d'acétylène commercialisé sous l'appellation "CRYLENE". La portion médiane de diamètre
intermédiaire de chaque passage 18 communique, par un passage radial 21, avec une
chambre annulaire 22 communiquant elle-même, via des passages internes dans le corps
4, avec une source d'oxygène 23. Le mélange oxycombustible se forme dans les passages
18 et se répartit de façon homogène dans les chambres annulaires 13 et 7 pour alimenter,
de façon également homogène, les conduits 9
a, 9
b.
[0018] L'ensemble partie centrale de buse 1 et partie périphérique de buse 2 est monté et
maintenu contre un épaulement interne du logement 13 par un écrou 24 vissé sur l'extrémité
antérieure du support 3. Dans la partie avant de l'écrou 24 est rapporté un manchon
d'extrémité 25 entourant la partie périphérique 2 et définissant un logement interne
se terminant, à l'avant, par une partie conique convergente 26 entourant l'extrémité
avant de la partie périphérique 2 en ménageant, autour de cette dernière, un passage
annulaire 27. Le manchon 25 est maintenu et bloqué en position dans l'écrou 24 par
un capot périphérique 28 vissé sur l'extrémité avant du corps 4 en formant ainsi une
chambre annulaire 29 autour de l'écrou 24 et de la partie arrière du manchon 25. L'extrémité
avant du corps 4 comporte une chambre annulaire 30 communiquant, par un passage intérieur
31, avec une source de gaz vecteur 32. Le manchon 24 comporte des passages radiaux
33 établissant la communication entre la chambre 29 dans le capot 28 et l'espace annulaire
entre le manchon 25 et la partie périphérique de buse 2. Le gaz vecteur en provenance
de la source 32 se répartit uniformément dans la chambre annulaire 30, puis passe
dans la chambre annulaire 29 en refroidissant l'écrou 24 et la partie arrière du manchon
25, puis de là, par les passages 33, dans la chambre annulaire entre le manchon 25
et la partie périphérique 2 vers le passage de sortie 26, en refroidissant la partie
de buse périphérique 2.
[0019] Comme on le voit mieux sur la figure 3, la conception de la buse selon l'invention
autorise l'obtention d'une chauffe étagée, l'alternance des conduits de mélange 9
a, 9
b permettant de répartir différemment les dards de combustion 34a, 34b autour du matériau
à fondre 15. Les conduits 9b à plus faible distance de l'axe de la buse donnent une
chauffe forte 34b du matériau à fondre à une courte distance de la face avant de la
buse et provoquent une montée rapide en température du matériau 15. Les autres conduits
9a assurent une chauffe 34a plus éloignée de l'extrémité de la buse et concourent
à une montée en température progressive du matériau à fondre 15.
[0020] La conception de la buse en deux parties autorise l'exécution de conduits de formes
très diverses, par exemple, comme représenté de gauche à droite sur la figure 2, des
rainures à section rectangulaire, triangulaire ou trapézoidale. La facilité d'usinage
permet également d'accroître le nombre de conduits et leur répartition angulaire,
et d'améliorer ainsi la répartition de la chauffe sur le matériau à fondre. Il est
ainsi également possible, comme représenté à droite sur la figure 2, de réaliser les
conduits par une combinaison de trous forés 9b et de rainures plus ou moins profondes
9a, 9a′.
[0021] Comme sus-mentionné, la source de gaz vecteur 32 peut être un réservoir d'azote ou
d'argon ou d'un mélange des deux. Avantageusement, selon l'invention, cette source
de gaz vecteur 32 est constituée par une unité de séparation de gaz de l'air à adsorption
ou perméation alimentée en air atmosphérique par un compresseur 35, le perméat, constitué
d'air enrichi en oxygène, étant évacué en 36.
[0022] A titre d'exemple, pour la formation de dépôt anti-corrosion par projection de zinc,
avec un gaz vecteur constitué de 97 % d'azote et de 3 % d'oxygène et une projection
de métal à débit massique d'environ 20 kg/heure, les paramètres sont les suivants
:

[0023] Dans ces conditions, le rendement de projection de zinc est amélioré d'environ 9
% par rapport à l'utilisation de propane et d'air comprimé.
[0024] Quoique la présente invention ait été décrite en relation avec des modes de réalisation
particuliers, elle ne s'en trouve pas limitée, mais est au contraire susceptible de
modifications et de variantes qui apparaîtront à l'homme de l'art.
1. Procédé de formation de dépôt par projection d'un matériau d'apport sur un substrat,
comprenant les étapes de fondre, par combustion d'un mélange oxycombustible, le matériau
d'apport solide et de pulvériser et projeter le matériau d'apport fondu par un flux
de gaz vecteur contenant au moins 90 % d'au moins un gaz inerte, caractérisé en ce
que le gaz vecteur comprend entre 1 et 10 % d'oxygène, le reste étant l'azote.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le gaz vecteur est fourni
par une unité de séparation de l'air à adsorption ou perméation.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que le mélange oxycombustible
est réalisé par apport d'oxygène et d'un composé de propylène et de méthyl-acétylène.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que le mélange oxycombustible
est réalisé par apport d'oxygène et d'un composé d'éthylène et d'acétylène.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que le mélange oxycombustible
est éjecté, vers le matériau d'apport, suivant au moins deux séries de passages d'éjection
décalées radialement.
6. Dispositif de projection pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une des revendications
1 à 5, comprenant une buse (1, 2) ayant un axe principal et comportant un passage
central (8) d'amenée du matériau d'apport (15) débouchant par un orifice central (16)
à une extrémité de la buse, une pluralité de conduits de mélange oxycombustible (9a,
9b) débouchant à l'extrémité de la buse par des ouvertures angulairement réparties
autour de l'orifice central (16), et un passage annulaire (27) de gaz vecteur entourant
l'extrémité de la buse (1, 2), caractérisé en ce que les ouvertures des conduits de
mélange (9a, 9b) sont réparties suivant au moins deux séries décalées radialement
l'une de l'autre par rapport à l'axe principal.
7. Dispositif selon la revendication 6, caractérisé en ce que les ouvertures des conduits
de mélange d'une série (9a) sont décalées angulairement de celles (9b) de l'autre
série.
8. Dispositif selon la revendication 6 ou la revendication 7, caractérisé en ce que la
buse comprend une partie centrale (1) définissant le passage central (8) et emmanchée
dans une partie périphérique tubulaire (2), les conduits de mélange (9a, 9b) étant
formés à l'interface entre les parties centrale (1) et périphérique (2) et débouchant
par des ouvertures réparties en au moins une première et une deuxième séries, la distance
entre l'axe principal et les ouvertures de la première série étant supérieure à la
distance entre l'axe principal et les ouvertures de la deuxième série.
9. Dispositif selon la revendication 8, caractérisé en ce que les conduits de mélange
(9a, 9b) sont formés par des rainures longitudinales fraisées dans la périphérie de
la partie centrale (1).
10. Dispositif selon la revendication 9, caractérisé en ce que la partie périphérique
(2) comprend un évidement tronconique (5) dont le profil intérieur correspond sensiblement
au profil extérieur de la partie centrale (1).
11. Dispositif selon l'une des revendications 9 et 10, caractérisé en ce que les rainures
(9a, 9b) ont un profil transversal diminuant de l'extérieur vers l'intérieur.
12. Dispositif selon l'une des revendications 8 à 11, caractérisé en ce que l'ensemble
de la partie centrale (1) et de la partie périphérique (2) est monté dans un logement
étagé (13) d'un support cylindrique (3) et maintenu par un manchon d'extrémité (25)
formant le passage de gaz vecteur (27).