[0001] L'invention concerne des tubes électroniques du type magnétron et plus particulièrement
des magnétrons dits "strapés", dont les éléments de l'anode sont reliés entre eux
par des anneaux métalliques (les "straps") pour conférer certaines propriétés au spectre
de fréquences de fonctionnement de ces magnétrons.
[0002] Un magnétron strapé, bien connu de l'art antérieur, comprend une cathode centrale
de section circulaire, entourée d'une anode comprenant une multiplicité de cavités
résonantes (1) accordées à la fréquence de fonctionnement du magnétron. Ces cavités
résonantes sont des espaces évidés à l'intérieur de l'anode peuvent avoir différentes
formes, par exemple circulaire ou trapézoïdale ou autres, quand vues en coupe perpendiculaire
à l'axe de symétrie (voir figure 1). Les cavités sont séparées par la matière de l'anode,
du cuivre par exemple. Dans un exemple de réalisation de géométrie simple (fig 1b),
les cavités trapézoïdales sont séparées par des ailettes (21,22).
[0003] La forme et les dimensions des cavités déterminent les fréquences résonantes de celles-ci.
Un problème déjà rencontré dans l'art antérieur est que de nombreux modes de fonctionnement
d'un tel dispositif, ayant une multiplicité de cavités (quasi) identiques, sont possibles
à des fréquences très voisines, car ces modes sont pratiquement dégénérés.
[0004] Parmi les solutions pour enlever cette dégénérescence, sont connues notamment l'anode
en "soleil levant" (fig 1.c), et les straps 3. Les straps sont des paires d'anneaux
métalliques 3 qui relient électriquement, respectivement, les ailettes paires 22 entre
elles, et les ailettes impaires 21 entre elles.
[0005] Les straps 3 peuvent être du même diamètre et disposés de part et d'autre de l'anode
tel que montré sur les figures 1a et 1b, ou bien les straps peuvent être de diamètres
différents, disposés concentriquement sur un seul côté ou sur les deux côtés du bloc
anode (voir figures 2a, 2b).
[0006] Ces magnétrons fonctionnent normalement en mode ¶, ce qui veut dire que les phases
d'oscillations dans deux cavités voisines différent de ¶ radians, autrement dit les
ailettes paires 22 sont à la même tension à un moment donné, et les ailettes impaires
21 sont elles aussi à une autre tension qui est la même pour toutes ces ailettes impaires.
[0007] L'adjonction des straps a donc pour effet de modifier la capacité du magnétron par
la charge capacitive que représente la capacité entre les straps. (Le schéma électrique
équivalent est donné sur la figure 3). Ceci a pour effet d'écarter les modes indésirés
du mode principal dans le spectre de fréquences possibles de fonctionnement, et ainsi,
d'enlever la dégénérescence.
[0008] Pour de nombreuses applications, en particulier celles où un magnétron est piloté
en fréquence ou bien celles où un système de récepteur incorporant le magnétron est
à fréquence fixe, il est souhaitable que la dérive de fréquence du magnétron due à
l'échauffement de ses éléments notamment pendant la période transitoire de mise en
route soit aussi réduite que possible, voire annulée. Cette exigence devient absolument
impérative pour certains systèmes, tels les autodirecteurs d'engins, par exemple.
[0009] Or, l'échauffement des différents éléments constitutifs d'un magnétron engendre des
dilatations thermiques différentielles qui modifient la fréquence naturelle de résonance
des cavités.
[0010] On peut exprimer la fréquence dans le mode ¶ en termes des capacités et des inductances
selfiques des cavités et des straps (voir figure 3) :

[0011] L = l'inductance selfique et C = capacité de la cavité sans straps, γ et λ sont,
respectivement, la capacité et l'inductance selfique par cellule des straps seuls.
Cette équation reflète qu'en mode ¶, on peut négliger l'influence de l'inductance
selfique 2 qui est connectée à des points équipotentiels. Cette formule montre qu'il
est possible d'agir sur la fréquence du mode ¶ en agissant sur la capacité γ , la
capacité inter-straps par cellule. Une variation Δγ de cette capacité γ donnera une
variation relative de la fréquence angulaire ω¶ suivant la relation :

[0012] Pendant la période transitoire de mise en route du magnétron, l'échauffement des
éléments internes et leur dilatation réduisent les écarts entre ces pièces et augmentent
donc la capacité C, diminuant la fréquence (dans le cas d'un échauffement suffisamment
homogène ).
[0013] Un but de l'invention est de remédier à ce problème, en minimisant ou en annulant
la dérive de fréquence due à la dilatation thermique des éléments internes à un magnétron.
Un autre but de l'invention est de proposer un système simple à réaliser et peu coûteux
pour annuler cette dérive en fréquence.
[0014] A ces fins l'invention propose un magnétron comportant une cathode centrale entourée
d'une anode en couronne avec des ailettes radiales dirigées vers la cathode. Ces ailettes
sont de rang pair ou impair. Au moins une paire d'anneaux concentriques sont reliés
électriquement aux ailettes, un anneau de plus grand diamètre est relié aux ailettes
impaires, un anneau de plus petit diamètre relié aux ailettes paires.
[0015] Pour réduire la dérive en fréquence du magnétron, les ailettes impaires sont plus
épaisses que les ailettes paires. Toutes les ailettes présentent une même section
face à la cathode.
[0016] On peut prévoir une languette de souplesse pour assurer le contact électrique entre
une ailette et un anneau. Cette languette peut être en cuivre.
[0017] Les anneaux peuvent être dans des matériaux ayant des coefficients de dilatation
thermique différents, l'anneau de plus grand diamètre étant dans un matériau ayant
le plus grand coefficient de dilatation thermique.
[0018] Les ailettes de type différent peuvent être dans des matériaux ayant des résistances
thermiques différents ou dans des matériaux ayant des coefficients de dilatation thermique
différents.
[0019] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention et de ses principales réalisations
ressortiront de la description détaillée qui suit, avec ses figures annexées, dont
:
- la figure 1, déjà mentionnée, montre schématiquement et en perspective, trois anodes
de magnétron connues de l'art antérieur ;
- la figure 2a, montre schématiquement et en plan perpendiculaire à l'axe un autre exemple
de l'anode strapée connue de l'art antérieur ;
- la figure 2b, montre schématiquement et en perspective un détail de la figure 2a ;
- la figure 3, montre un schéma électrique équivalent à la structure de la figure 2
;
- la figure 4, montre schématiquement et en perspective un détail d'un magnétron strapé
;
- la figure 5, montre un détail d'un exemple, en coupe perpendiculaire à l'axe du magnétron,
d'une anode d'un magnétron strapé selon l'invention.
[0020] Les mêmes repères désignent les mêmes éléments sur les différentes figures.
[0021] Sur les figures 1, on voit trois anodes de magnétrons connues de l'art antérieur
qui incorporent des moyens pour écarter des fréquences parasites de la fréquence de
fonctionnement désirée
[0022] Sur la figure 1a, on voit une anode dont les cavités 1 ont la forme de trous circulaires
parallèles à l'axe du magnétron, couplés par des fentes radiales 4 séparées par des
parois épaisses 11,12 ayant une forme particulière entre ces trous circulaires et
ces fentes radiales. Deux straps 3, des anneaux circulaires métalliques, sont disposés
de part et d'autre de l'anode (vers le haut et vers le bas sur la figure), et centrés
sur l'axe. Le strap 3 en haut de l'anode dans la figure 1a est connecté électriquement
aux parois paires 12, et le strap d'en bas est connecté électriquement aux parois
impaires 11. La capacité entre ces deux anneaux introduit le terme gamma dans les
équations 1 et 2 ci-dessus.
[0023] Sur la figure 1b, on voit une anode dont les cavités 1 ont une forme trapézoïdale,
séparées par des ailettes radiales (21, 22). Deux straps 3, des anneaux circulaires
métalliques, sont disposés de part et d'autre de l'anode (vers le haut et vers le
bas), et centrés sur l'axe. Le strap 3 en haut de l'anode dans la figure 1b est connecté
électriquement aux ailettes paires 22, et le strap d'en bas est connecté électriquement
aux ailettes impaires 21. La capacité entre ces deux anneaux introduit le terme gamma
dans les équations 1 et 2 ci-dessus.
[0024] Un autre exemple d'une anode connue de l'art antérieur est montré sur la figure 1c,
l'anode dite "en soleil levant". Dans cette réalisation, les cavités (111,112) ont
la forme des fentes radiales, couplées par l'ouverture sur un côté vers a cathode
centrale (non montrée), Dans cette construction, les fréquences parasites sont écartées
de la fréquence de fonctionnement par la longueur différente dans le sens radial des
fentes paires 112, plus longues que les fentes impaires 111. Cette configuration n'utilise
pas des straps, et donc ne nous concerne pas dans le cadre de la présente invention.
[0025] Sur la figure 2a, l'on voit schématiquement et en plan, d'un point sur l'axe du magnétron,
l'anode d'un magnétron très semblable à celle de la figure 1b, avec une paire de straps
3 de chaque côté de l'anode. Ayant respectivement des diamètres différents, les deux
straps visibles sur la figure sont disposés concentriquement, l'un faisant contact
électrique avec les ailettes paires 22, et l'autre faisant contact électrique avec
les ailettes impaires 21. Ces points de contact sont indiqués sur le dessin par des
petits cercles. Cet exemple nous sera utile par la suite pour expliquer notre invention
dans une réalisation particulièrement simple qui est montrée sur la figure 4.
[0026] Sur la figure 2b, on voit schématiquement et en perspective un détail de la figure
2a, qui représente une ailette paire 22. On voit deux paires de straps 3 de part et
d'autre (supérieur et inférieur) de l'ailette 22, avec sur la partie supérieure, un
contact électrique entre l'ailette 22 et le strap de diamètre plus grand de la paire
supérieure, et sur la partie inférieure, un contact électrique entre l'ailette 22
et le strap de diamètre moins grand de la paire inférieure.
[0027] Sur la figure 3, on montre le schéma électrique équivalent pour la structure de la
figure 2. L'inductance selfique L et la capacité C sont des valeurs par cavité. L
et C placés en parallèle représentent donc une cavité, constituant la cellule de base
du schéma équivalent qui sera répétée autant de fois qu'il y a des cavités dans le
magnétron. Entre les extrémités de chaque paire de cellules (représentant deux cavités),
il existe des connections qui représentent les deux straps, connectés aux ailettes
paires et impaires respectivement (les ailettes ne figurent pas sur le schéma équivalent).
Chacune de ces connections aura une inductance selfique de 2*lambda (par cellule),
mais dans le mode ¶, lambda est sensiblement nulle comme nous l'avons décrit plus
haut. Entre les deux straps de chaque paire, nous avons également la capacité de gamma
par cellule.
[0028] Sur la figure 4, on voit en coupe et en perspective un détail d'une anode de magnétron
strapé. Il s'agit d'une anode ayant sensiblement la même forme que l'anode de la figure
2, à une différence près : sur l'ailette montrée dans le détail de la figure 4, le
strap intérieur (de diamètre plus faible que le strap extérieur) est d'un métal de
faible coefficient de dilatation thermique, tel le molybdène, le tungstène, le titane,
ou similaire, alors que le strap externe est d'un métal de fort coefficient de dilatation
thermique comme le cuivre par exemple. L'ailette représentée sur la figure 4 est une
ailette "impaire" car le strap interne fait contact électrique avec cette ailette,
alors que le strap externe ne fait pas contact électrique avec l'ailette. Pour pallier
aux contraintes mécaniques dues à la dilatation différentielle entre le strap interne
et l'ailette d'anode, ce strap est joint à l'ailette par l'intermédiaire d'une languette
33 de souplesse, une espèce de socle en métal suffisamment ductile pour se déformer
sous ces contraintes sans se casser, du cuivre par exemple. quelques dimensions sont
portées sur la figure 4 pour permettre le calcul de la capacité théorique entre les
deux straps : la distance radiale moyenne entre l'axe du tube et le diamètre des straps
(r
s), la distance entre les deux straps (e), et la hauteur des straps (a), hormis la
languette de souplesse. Lors de l'échauffement de l'ensemble, la dilatation du strap
externe est plus forte que celle du strap interne dans cet exemple de réalisation
selon l'invention, donc les straps s'écartent (la distance e augmente), et la capacité
entre les straps diminue. Par un choix judicieux des dimensions, cette réduction de
capacité peut annuler l'augmentation de capacité due à l'échauffement du reste du
magnétron. Si l'importance de la capacité d'annulation requise le mérite, deux paires
de straps peuvent être utilisées, de part et d'autre de l'anode comme montré sur la
figure 2b.
[0029] Sur la figure 5, on voit en coupe transversale, une réalisation d'anode de magnétron
strapé selon les principes de l'invention. Dans cet exemple, il y a une paire de straps
(3,3′) seulement, de la même matière, disposés concentriquement sur le même côté de
l'anode. On pourrait aussi mettre deux paires de straps comme sur la figure 2 b. Le
strap extérieur, de plus grand diamètre, porte la référence 3 et le strap intérieur,
de plus petit diamètre porte la référence 3'. Selon l'invention, les ailettes (21,22)
sont profilées de façon à présenter une surface égale vers la cathode 23 au centre
du magnétron, mais une résistance thermique différente à cause de leurs largeurs différentes
: les ailettes paires 22 sont amincies pour augmenter leur résistance thermique, tandis
que les ailettes impaires 21 sont épaissies pour réduire leur résistance thermique.
Puisque les ailettes paires 22 et impaires 21 présentent la même surface face à la
cathode 23 elles seront chauffées de la même manière, mais la chaleur sera évacuée
plus rapidement des ailettes 21 épaissies impaires que des autres ailettes amincies
paires. La dilatation thermique sera alors plus grande pour les ailettes 22 amincies
paires que pour les ailettes 21 épaissies impaires. Lors de l'échauffement du magnétron,
le strap intérieur 3′ suivra la dilatation des ailettes 22 amincies. L'écartement
entre les straps 3, 3′ va augmenter. Les dimensions des straps (3,3′) seront calculées
comme dans le cas précédent pour donner une variation de capacité inter-straps lors
de l'échauffement pour annuler la dérive en fréquence due à la dilatation thermique
des autres parties du magnétron.
[0030] Dans cet exemple d'une réalisation selon une caractéristique de l'invention, les
languettes de souplesse et les straps en métaux différents ne sont pas nécessaires
pour obtenir l'effet recherché. Toutefois, il est possible de faire une réalisation
selon l'invention qui présente une combinaison des caractéristiques de la réalisation
de la figure 4 et celles de la figure 5.
[0031] Le strap 3 extérieur est réalisé dans un matériau ayant un coefficient de dilatation
thermique supérieur au coefficient de dilatation thermique du matériau réalisant le
strap 3′ intérieur.
[0032] Suivant les mêmes principes, les ailettes peuvent être réalisées de matériaux métalliques
différents, ayant soit des coefficients de dilatation thermique différents, soit des
coefficients de dilatation thermique semblables, mais avec des coefficients de résistance
thermique différents. Les ailettes 22 paires seront réalisées dans le matériau ayant
le coefficient de dilatation thermique le plus grand ou dans le matériau ayant la
résistance thermique la plus grande.
[0033] Dans toutes les formes et réalisations selon l'invention où ses principes, les méthodes
d'assemblage employées sont sensiblement les mêmes que celles utilisées de manière
classique dans les magnétrons strapés connus de l'art antérieur : principalement par
brasages et ou soudures entre les différentes pièces métalliques. Les exemples de
réalisations selon l'invention donnés ci-dessus ne requièrent pas un nombre de pièces
plus élevé que les réalisations de l'art antérieur, ni des procédés, ni des méthodes
sensiblement plus compliquées que ceux de l'art antérieur. L'invention permet donc
d'obtenir des résultats sensiblement meilleurs en termes de performances hyperfréquence
lors de l'échauffement du magnétron par rapport à celles de l'art antérieur, et ceci
pratiquement sans sur-coûts, ni de matière première, ni de procédé industriel.
1. Magnétron comportant une cathode (23) centrale entourée d'une anode en couronne avec
des ailettes (21,22) radiales dirigées vers la cathode ces ailettes étant paires ou
impaires, au moins une paire d'anneaux (3,3′) concentriques reliés électriquement
aux ailettes (21,22), un anneau (3) de plus grand diamètre étant relié aux ailettes
(21) impaires, un anneau (3′) de plus petit diamètre étant relié aux ailettes (22)
paires, caractérisé en ce que, en vue de réduire la dérive en fréquence du magnétron
avec a température, les ailettes (21) impaires sont plus épaisses que les ailettes
(22) paires, toutes les ailettes (21,22) présentant une même section face à la cathode
(23).
2. Magnétron selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'une languette (33) de souplesse
est prévue pour assurer la liaison électrique entre un anneau (3) et une ailette (21).
3. Magnétron selon la revendication 2 caractérisé en ce que la languette (33) est en
cuivre.
4. Magnétron selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'anneau (3)
de plus grand diamètre est réalisé dans un matériau ayant un coefficient de dilatation
thermique supérieur au coefficient de dilatation thermique du matériau réalisant l'anneau
(3′) de plus petit diamètre.
5. Magnétron selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que les ailettes
(22) paires sont réalisées dans un matériau ayant une résistance thermique supérieure
à la résistance thermique du matériau réalisant les ailettes (21) impaires.
6. Magnétron selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que les ailettes
(22) paires sont réalisées dans un matériau ayant un coefficient de dilatation thermique
supérieur au coefficient de dilatation thermique du matériau réalisant des ailettes
(21) impaires.
7. Magnétron selon l'une des revendications 4 à 6, caractérisé en ce que le matériau
à coefficient de dilatation thermique le plus grand est choisi parmi le tungstène,
le molybdène, le titane.
8. Magnétron selon l'une des revendications 4 à 7 caractérisé en ce que le matériau à
coefficient de dilatation thermique le plus petit est du cuivre.