[0001] L'invention est relative à un procédé de fabrication d'un tube à paroi mince, en
particulier pour cadre et fourche de cycle, à un acier pour la réalisation de ce tube
et à un tube pour cadre ou fourche de cycle obtenu par le procédé de l'invention.
[0002] Pour fabriquer des tubes pour cadre et fourche de cycle, il est connu d'utiliser
un acier de type 25CD4 (selon la norme française AFNOR), c'est-à-dire un acier contenant
environ C:0,25%, Cr:1%, Mo:0,35%. Le procédé consiste à découper des lopins dans des
barres, à réaliser, à partir de ces lopins, par déformation plastique à chaud, des
ébauches de tubes, à étirer à froid ces ébauches et à terminer la mise en forme par
martelage. Ce procédé conduit à des tubes dont la structure est une structure mixte
ferrite-perlite et qui présentent une résistance de 900 MPa. Il en résulte que les
cadres fabriqués avec ces tubes sont relativement lourds surtout lorsqu'on cherche
une certaine rigidité.
[0003] Pour alléger les cadres ou les fourches, on utilise un acier du type 35CD4 (selon
la norme AFNOR) c'est-à-dire un acier contenant environ C:0,35%, Cr:1%, Mo:0,25% et,
après étirage ou martelage, on fait subir aux tubes un traitement thermique de trempe
et revenu.
[0004] Ce procédé présente deux inconvénients :
- le traitement thermique est coûteux et nécessite des installations spécifiques.
- la structure obtenue est de la martensite revenue dont les propriétés sont dégradées
par les opérations de soudage réalisées pour l'assemblage des cadres ; il en résulte
une diminution de la tenue à la fatigue des cadres et fourches de cycles ainsi obtenus.
[0005] Le but de la présente invention est de remédier à ces inconvénients en proposant
un procédé de fabrication de tubes en un acier qui ne nécessite pas d'installation
de traitement thermique supplémentaire et qui conduise à des cadres et fourches de
cycle légers et ayant une bonne tenue à la fatigue.
[0006] L'objet de la présente invention est un procédé de fabrication d'un tube à paroi
mince en acier, tel qu'un tube pour cadre ou fourche de cycle par formage à chaud
d'un tronçon de barre pleine en acier pour réaliser une ébauche tubulaire, étirage
à froid de l'ébauche pour obtenir le tube à paroi mince et martelage ou laminage à
froid du tube caractérisé en ce que :
- l'acier utilisé est un acier faiblement allié contenant au moins 0,3 % de carbone
et des éléments d'alliage tels que le chrome et le molybdène en des quantités telles
que l'ébauche du tube présente une structure bainitique après formage à chaud et refroidissement
naturel à l'air depuis la température de formage, ainsi que des éléments carburigènes
tels que le niobium et le vanadium restant en solution dans l'acier, après formage
à chaud,
- et on réalise successivement le chauffage du tronçon de barre pleine à une température
à laquelle les éléments carburigènes sont en solution dans l'acier, le formage à chaud
puis le refroidissement à l'air de l'ébauche, l'étirage à froid de l'ébauche et le
martelage ou le laminage à froid.
[0007] Dans une forme préférée de l'invention, les éléments d'alliage sont du chrome et
du molybdène ; les éléments carburigènes sont du niobium et du vanadium ; la température
de réchauffage, avant déformation plastique à chaud, est supérieure à 1200°C.
[0008] Selon l'invention, l'acier utilisé peut avoir de préférence la composition chimique
pondérale suivante :

le reste étant du fer et des impuretés résultant de la fusion des matières premières.
[0009] L'invention a également pour objet des tubes pour la fabrication de cadres et de
fourches de cycles réalisés à l'aide du procédé selon l'invention et constitués par
exemple en un acier ayant la composition chimique indiquée ci-dessus.
[0010] Avec le procédé selon l'invention tout d'abord, on n'a pas besoin d'équiper les lignes
de fabrication d'installations de traitement thermique supplémentaires, ce qui évite
un investissement ; de plus, on ne fait pas de traitement thermique final, ce qui
évite les coûts d'exploitation afférents à cette opération.
[0011] Par ailleurs avec ce procédé on obtient des tubes qui ont une résistance à la traction
Rm ≧ 1100 MPa, une limite d'élasticité Re ≧ 1000 MPa, un allongement A % ≧ 12 % ;
ces propriétés sont conservées dans les zones affectées par la chaleur de soudage
des tubes lors de l'assemblage des cadres. Ces propriétés mécaniques permettent de
réaliser des ensembles cadre plus fourche pesant 1,8 kg contre 2,25 kg avec des techniques
habituelles soit un gain de 20 % environ tout en ayant une très bonne tenue à la fatigue
et une très bonne rigidité.
[0012] L'invention va maintenant être décrite de façon plus précise mais non limitative.
[0013] Pour réaliser des tubes pour cadre ou fourche de cycle, on découpe des lopins à la
dimension voulue dans des barres par exemple de diamètre 140 mm. Après réchauffage
à haute température, on perce ces lopins au cours de leur laminage à chaud à l'aide
de deux cylindres obliques et d'un mandrin puis on les étire toujours à chaud d'abord
sur un train à pas de pélerin puis sur un train finisseur par exemple à six cages
; après ces opérations de déformation plastique à chaud, on laisse refroidir naturellement
les tubes à l'air. Les tubes ainsi obtenus sont alors étirés à froid puis martelés
ou laminés à froid après un recuit de recristallisation vers 700°C. L'opération de
martelage ou de laminage à froid permet de donner leur forme définitive aux tubes
avec des parois d'épaisseur variable, par exemple plus épaisses aux extrémités que
dans le corps du tube ; cela permet également de leur donner une forme conique, de
les ovaliser voir de créer une nervure hélicoïdale sur la paroi interne.
[0014] On a constaté de façon inattendue qu'avec un acier contenant de 0,3 % à 0,38 % en
poids de carbone, 0,9 % à 1,3 % en poids de chrome, 0,15 % à 0,3 % en poids de molybdène
et également de 0,6 à 0,9 % en poids de manganèse et 0,1 % à 0,3 % de Ni, on obtenait
une structure bainitique ayant une résitance Rm ≧ 1100 MPa et un allongement àla rupture
A % ≧ 12 % à l'issue des opérations de formage décrite ci-dessus.
[0015] Avec de telles caractéristiques, il est possible de ramener l'épaisseur de la paroi
des tubes de 0,7 mm à 0,4 mm par exemple, tout en conservant la résistance mécanique
obtenue par le procédé habituel utilisant l'acier déjà connu.
[0016] Pour constituer les cadres ou fourches de cycles, les tubes sont assemblés soit par
brasage au laiton soit par soudure TIG. Ces opérations échauffent localement le métal
jusqu'à des températures supérieures à 800°C qui dégradent ses caractéristiques. Aussi
dans les zones de soudage on est amené à augmenter l'épaisseur des parois des tubes,
cette épaisseur étant portée couramment à 0,9 mm.
[0017] On a constaté de façon inattendue que, si on ajoutait à l'acier des éléments carburigènes
tels que le niobium et le vanadium et si on chauffait les lopins à une température
supérieure à 1200°C, on conservait en fin d'opération de fabrication des tubes, des
éléments carburigènes en solution.
[0018] Lors des opérations de soudage ou de brasage, dans les zones affectées par la chaleur,
ces éléments précipitent et entraînent un durcissement de l'acier, ce qui évite de
dégrader les caractéristiques mécaniques de traction, ce résultat est obtenu en particulier
sans faire baisser l'allongement à la rupture.
[0019] Avec des aciers tels que ceux décrits ci-dessus, auxquels on a ajouté de 0,015 %
à 0,07 % de Nb et de 0,05% à 0,15 % de V, on a pu réaliser des tubes dont les surépaisseurs
aux extrémités étaient seulement de 0,7 mm (contre 0,9 mm habituellement) et le corps
du tube d'épaisseur 0,4 mm (contre 0,7 mm habituellement).
[0020] Ainsi, avec un acier contenant :

et également 0,015 % à 0,05 % d'Al pour désoxyder et contrôler le grain, moins de
0,008 % de S et moins de 0,020 % de P pour améliorer la tenue en fatigue et en chauffant
les lopins au-dessus de 1200°C, on a pu réaliser des ensembles cadre plus fourche
de cycle pesant 1,8 kg contre 2,25 kg avec les techniques habituelles ; ces ensembles
ayant la même résistance mécanique et en particulier la même résistance à la fatigue
que les cadres et fourches habituels ; de plus, ils peuvent être plus rigides. En
effet, avec des parois de tubes plus minces, on a pu augmenter le diamètre des tubes
tout en diminuant le poids.
[0021] On a constaté de façon inattendue qu'avec l'association de Nb et de V, les tubes
obtenus n'étaient pas fragilisés lors du soudage alors qu'avec du vanadium seul le
métal est fragilisé et avec du niobium seul on n'obtient pas les caractéristiques
mécaniques.
[0022] Il apparaît que c'est la combinaison des teneurs en carbone, chrome, molybdène, la
présence de niobium et de vanadium et également le réchauffage à haute température
qui permettent de conférer aux tubes à paroi mince les propriétés d'emploi recherchées
et cela sans faire de traitement thermique de trempe et de revenu.
1.- Procédé de fabrication d'un tube à paroi mince en acier, tel qu'un tube pour cadre
ou fourche de cycle par formage à chaud d'un tronçon de barre pleine en acier pour
réaliser une ébauche tubulaire, étirage à froid de l'ébauche pour obtenir le tube
à paroi mince et martelage ou laminage à froid du tube caractérisé en ce que :
- l'acier utilisé est un acier faiblement allié contenant au moins 0,3 % de carbone
et des éléments d'alliage tels que le chrome et le molybdène en des quantités telles
que l'ébauche du tube présente une structure bainitique après formage à chaud et refroidissement
naturel à l'air depuis la température de formage, ainsi que des éléments carburigènes
tels que le niobium et le vanadium restant en solution dans l'acier, après formage
à chaud,
- et on réalise successivement le chauffage du tronçon de barre pleine à une température
à laquelle les éléments carburigènes sont en solution dans l'acier, le formage à chaud
puis le refroidissement à l'air de l'ébauche, l'étirage à froid de l'ébauche et le
martelage ou le laminage à froid.
2.- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que les éléments d'alliage sont
constitués par du chrome et du molybdène.
3.- Procédé selon les revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que les éléments carburigènes
ajoutés à l'acier sont du niobium et du vanadium ajoutés simultanément.
4.- Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que la
température de réchauffage avant formage à chaud est supérieure à 1200°C.
5.- Acier pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 4, caractérisé en ce qu'il contient en proportions pondérales :

le reste étant du fer et des impuretés résultant de la fusion des matières premières.
6.- Tubes pour la fabrication de cadres ou de fourches de cycles réalisés à l'aide du
procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisés en ce que leur
structure est bainitique.
7.- Tubes selon la revendication 6 caractérisés en ce qu'ils sont réalisés en un acier
selon la revendication 5.