[0001] La présente invention concerne un procédé et un dispositif pour la mise en rotation
d'un tonneau de polissage plus particulièrement destiné au polissage de montures de
lunettes, de boîtiers de montres et autres objets métalliques analogues.
[0002] On sait que le polissage des montures de lunettes métalliques ne peut être réalisé
d'une manière homogène qu'au moyen d'un tonneau de polissage comprenant un système
de broches entraînées en rotation autour d'un arbre coaxial d'un tambour contenant
une charge abrasive, généralement formée de grenaille végétale enduite de crème abrasive
; les broches sont équipées d'épingles élastiques ou analogues servant à soutenir
une à une les montures à l'intérieur du tonneau. Afin de réduire la durée nécessaire
au polissage, ainsi que d'améliorer l'aspect de surface des montures qui doit être
le plus brillant possible, on a imaginé d'entraîner également les broches en rotation
sur elles-mêmes. A cet effet, il a été développé des systèmes d'entraînement par chaînes,
courroies ou analogues permettant de faire se mouvoir les broches et le tonneau dans
son ensemble à l'aide d'un ou de plusieurs organes moteurs. Par exemple, dans le brevet
FR-2 479 727, il est décrit un appareil de polissage du type à cages comportant deux
organes moteurs, l'un pour l'entraînement du tambour et l'autre pour le contrôle de
la position et de la rotation relatives des cages ou broches par rapport au tambour.
Il est clair cependant qu'une telle disposition est coûteuse et qu'en général, il
est préférable d'équiper les tonneaux de polissage au moyen d'un unique moteur, la
rotation des broches étant commandées par la rotation du tambour au travers d'une
pignonnerie adaptant leurs vitesses respectives en fonction de l'efficacité de polissage
souhaité.
[0003] A cet égard, on rappelle que l'efficacité du polissage dépend principalement de la
vitesse de déplacement des pièces métalliques au travers de la charge, encore appelée
vitesse résiduelle, qui est donnée par la différence entre la vitesse de chute de
la charge abrasive à l'intérieur du tambour, prise au niveau des broches (proportionnelle
à la vitesse de rotation du tambour) et la vitesse tangentielle des montures à polir
(proportionnelles à la vitesse de rotation des broches sur elles-mêmes). Afin d'augmenter
l'efficacité du polissage, on pourrait imaginer de faire tourner le tambour plus vite,
mais la charge subirait alors une force centrifuge trop importante avec la conséquence
qu'étant plaquée contre les parois intérieures du tambour, elle retomberait vers son
fond d'une manière fortement saccadée. On est donc conduit, pour un diamètre donné
du tambour, à limiter sa vitesse de rotation. Dans ces conditions, pour améliorer
l'efficacité du polissage, il convient d'augmenter la vitesse de rotation des broches
sur elles-mêmes. Or, dans les systèmes actuels équipés d'un seul organe moteur, il
n'est pas possible de démultiplier exagérément le rapport de transformation des vitesses
de rotation du tonneau et des broches car il se poserait alors un problème de résistance
mécanique des broches au démarrage du tonneau. En effet, à la mise en rotation du
tambour au fond duquel la charge abrasive est initialement immobile, le couple résistant
appliqué sur les broches du fait de l'inertie de la charge est très élevé ; par conséquent,
comme toutes les broches sont mises en rotation simultanément avec le tambour, il
est impossible de leur imprimer une vitesse de rotation pour laquelle les broches
et les pièces métalliques à polir noyées dans la charge risqueraient de se déformer
ou de céder ; on est ainsi naturellement conduit à limiter le rapport de transformation
des vitesses donné par la pignonerie d'entraînement.
[0004] La présente invention vise à remédier à ces inconvénients en proposant un procédé
pour la mise en rotation d'un tonneau de polissage plus particulièrement destiné au
polissage de montures de lunettes, de boîtiers de montres et autres objets métalliques
analogues fixés sur des broches périphériques d'un tambour fermé à ses deux extrémités
et dans le fond duquel est placée une charge abrasive, ce procédé étant caractérisé
en ce que lesdites broches sont mises en rotation après un temps de retard, le cas
échéant réglable, par rapport à la mise en rotation dudit tambour, ce temps devant
être inférieur ou égal à celui qui est nécessaire à la mise en équilibre de la charge
à l'intérieur du tambour. Cet équilibre est obtenu lorsque la chute de la charge à
l'intérieur du tambour forme un flux régulier s'écoulant sans à-coups.
[0005] Afin de mettre en oeuvre ce procédé au moyen d'un tonneau de polissage pourvu d'un
seul organe moteur, entraînant à la fois le tambour et les broches, l'invention propose
également un dispositif d'entraînement comportant au moins un pignon principal autour
duquel s'enroule une chaîne sans fin mue par l'organe moteur de sorte à entraîner
en rotation l'arbre du tambour, au moins un pignon secondaire monté fou autour de
cet arbre et coopérant avec un pignon excentré, coaxial d'un arbre secondaire fixé
sur l'un des flans latéraux de fermeture du tambour, au moins un pignon de renvoi,
solidaire du même arbre que le pignon excentré et coopérant avec un ensemble de pignons
d'entraînement des axes de rotation des broches, ce dispositif étant caractérisé en
ce que le pignon secondaire, ou au moins un disque d'un engrenage directement lié
à ce pignon secondaire, comporte au moins un index saillant latéral susceptible de
venir en butée contre au moins un taquet fixe par rapport au tambour de sorte à stopper
la rotation dudit pignon secondaire et à provoquer la mise en rotation des pignons
d'entraînement des broches en déphasage après la mise en rotation du tambour.
[0006] Ainsi, à la mise en rotation du tambour, l'arbre secondaire est entraîné autour de
l'arbre principal, ce qui provoque la mise en rotation du pignon secondaire jusqu'à
ce que son index vienne en butée contre le taquet lui correspondant ; du fait que
le pignon secondaire ne peut alors plus tourner, le pignon excentré est entraîné sur
lui-même, ce qui provoque la mise en rotation du pignon de renvoi solidaire du même
arbre et, par conséquent, celle des pignons d'entraînement des broches.
[0007] De même, lorsque, pour des raisons d'homogénéisation du polissage des objets se trouvant
sur les broches, le sens de la rotation du tambour est inversé, le pignon secondaire
devient libre en rotation car l'index qui lui est relié est éloigné de son taquet
; de ce fait, seul le tambour tourne et les broches sont immobiles. Après une rotation
d'angle également contrôlable par le biais du même index et du même taquet pris à
l'envers (rotation du pignon secondaire d'environ un tour), ou par le biais d'un second
index coopérant avec un second taquet fixe par rapport au tambour, le pignon secondaire
est immobilisé, ce qui provoque la mise en rotation inversée des broches de la manière
décrite plus haut.
[0008] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention ressortiront mieux
de la description qui va suivre d'un mode d'exécution d'un tonneau de polissage donné
à titre d'exemple non limitatif en référence au dessin annexé sur lequel :
- la figure 1 est une vue en perspective partiellement éclatée du tonneau,
- la figure 2 est une vue en élévation frontale du tambour, montrant schématiquement
la disposition des butées et des index coopérant pour retarder la mise en rotation
des broches.
[0009] Le tonneau de polissage représenté sur les figures est assemblé autour d'un bâti
1 comportant deux piètements similaires 2 supportant, en partie haute, l'arbre de
rotation 3 d'un tambour 4, par exemple de section droite décagonale, fermé à ses deux
extrémités par des flans 5 pour contenir une charge abrasive 6. Assemblés en travers
du tambour 4 pour s'étendre entre les deux flans 5 à une certaine distance de son
arbre de rotation 3, un certain nombre d'axes 7, angulairement répartis d'une manière
régulière, supportent des broches 8 servant, à l'aide d'épingles ou analogues, à maintenir
des objets métalliques à polir.
[0010] Après chargement des broches 8, celles-ci sont mues en rotation sur elles-mêmes en
même temps que le tambour 4 tourne autour de l'arbre 3. A cet effet, ce dernier est
pourvu, extérieurement au tambour 4, d'un pignon principal 9 autour duquel vient s'enrouler
une chaîne moteur sans fin 10 mue par un pignon d'entraînement 11 monté coaxial sur
l'arbre d'un organe moteur 12 à fort couple. Complémentairement, un pignon secondaire
13, monté fou autour de l'arbre de rotation 3 par le biais de roulements à billes,
et qui n'est donc pas entraîné positivement par l'organe moteur 12, coopère, par l'intermédiaire
d'une chaîne intermédiaire sans fin 14, avec un pignon excentré 15 coaxial d'un arbre
secondaire 16 dont il est solidaire. Cet arbre secondaire 16 est fixé, au travers
de roulements, sur une équerre 17 solidaire de l'un des flans 5 de fermeture du tambour
4, et comporte également un pignon de renvoi 18 coopérant, par l'intermédiaire d'une
chaîne secondaire sans fin 19, avec l'ensemble des pignons d'entraînement 20 fixés
aux extrémités des axes 7 des broches 8 pour permettre leur mise en rotation. On notera
également qu'un certain nombre de galets tendeurs à billes 21 sont aménagés entre
certains pignons d'entraînement 20 des broches 8 de manière que la chaîne secondaire
19 soit tendue et puisse entraîner fermement lesdits pignons 20. A cet égard, la tension
globale de la chaîne secondaire 19 peut être réglée par l'intermédiaire du déplacement
de l'axe de rotation d'un pignon tendeur 22 le long d'un rayon du flan de fermeture
5 du tambour 4 sur lequel sont fixés les divers engrenages du système d'entraînement.
[0011] Ainsi constitué, le fonctionnement du tonneau de polissage serait le suivant : à
la mise en rotation de l'organe moteur 12, la chaîne moteur 10 se tend et entraîne
positivement le pignon principal 9 solidaire de l'arbre 3 du tambour 4, ce dernier
se mettant donc à tourner. De ce fait, l'équerre 17 supportant l'arbre secondaire
16 est entraîné en rotation autour de l'arbre 3. D'un autre côté, comme la charge
abrasive 6 s'oppose à la rotation sur elles-mêmes des broches 8 qui y sont noyées
à la partie inférieure du tambour 4, aussi bien les pignons d'entraînement 20 de toutes
les broches 8 que le pignon de renvoi 18 et le pignon excentré 15 ne peuvent tourner
autour, respectivement, de leurs axes 7 et de l'arbre secondaire 16. Par conséquent,
du fait que la chaîne intermédiaire 14 s'enroule autour du pignon excentré 15, le
pignon secondaire 13, monté fou autour de l'arbre de rotation 3, se met à tourner
sur lui-même. Comme rien n'est prévu pour arrêter sa rotation, on comprend que les
broches 8 resteraient perpétuellement fixes et ne seraient jamais mises en rotation
sur elles-mêmes.
[0012] Selon la variante d'exécution préférée de la présente invention, il est donc prévu
que le pignon secondaire 13 soit solidarisé à une roue d'engrenage 23 également montée
folle sur l'arbre de rotation 3 du tambour 4, cette roue d'engrenage 23 coopérant,
par l'intermédiaire d'une chaîne auxiliaire sans fin 24, avec une seconde roue d'engrenage
25, d'axe fixe par rapport au bâti 1. Cette seconde roue d'engrenage 25 comporte,
dans la variante représentée sur les figures, un premier index saillant latéral 26
sur l'une de ses faces susceptible de venir en butée contre un premier taquet d'arrêt
27 agencé sur ledit bâti 1, et un deuxième index saillant latéral 28 sur son autre
face, susceptible de venir en butée contre un second taquet 29, agencé sur le bâti
1 en décalage angulaire par rapport audit premier taquet 27.
[0013] De cette façon, lorsqu'au démarrage du tambour 4, le pignon secondaire 13 est mis
en rotation, ce dernier entraîne avec lui la roue d'engrenage 23 ; cette dernière,
par l'intermédiaire de la chaîne auxiliaire 24, transmet sa rotation à la roue d'engrenage
25, amenant l'un des deux index 26 ou 28 contre leur taquet 27 ou 29 respectif, après
un temps proportionnel à l'écart existant entre la position angulaire initiale de
l'index 26, 28 et la position angulaire du taquet 27, 29. A partir du moment où la
roue d'engrenage 25 est bloquée, l'ensemble formé par la roue d'engrenage 23 et le
pignon secondaire 13 l'est également. Par conséquent, comme le tambour 4 continue
pour sa part à tourner autour de l'arbre 3, la chaîne intermédiaire 14 force la rotation
du pignon excentré 15 et, par là-même, celle de l'arbre secondaire 16 et du pignon
de renvoi 18. Comme ce dernier est lié, par l'intermédiaire de la chaîne secondaire
19, à l'ensemble des pignons d'entraînement 20 fixés à l'extrémité des axes 7 des
broches 8, ces dernières sont entraînées en rotation sur elles-mêmes.
[0014] Lorsque le sens de rotation du tambour 4 est inversé, l'index 26, 28 s'écarte de
sa butée contre le taquet 27, 29 lui correspondant, provoquant à nouveau la rotation
du pignon secondaire 13 et, par conséquent, l'arrêt des broches 8 qui n'ont pas l'inertie
suffisante pour continuer à tourner dans la charge abrasive 6. Après une rotation
amenant, par le même procédé, l'autre index 28, 26 en butée contre son taquet 29,
27, le pignon secondaire 13 s'arrête et les broches 8 sont à nouveau mises en rotation
sur elles-mêmes. On notera également qu'entre chaque inversion du sens de rotation
du tambour 4 et des broches 8, une temporisation réglable immobilise l'ensemble du
tonneau.
[0015] Bien entendu, la vitesse de rotation des broches 8 dépend uniquement des rapports
d'engrenage des pignons extrêmes 9 et 20 et elle est proportionnelle à la vitesse
de rotation du tambour 4.
[0016] Selon une caractéristique complémentaire de la présente invention, la roue d'engrenage
25 portant les index 26 et 28 est montée folle autour d'un axe fixé au bâti 1 qui,
pour des raisons pratiques de simplification, est le même que l'arbre de l'organe
moteur 12 entraînant le pignon principal 9 par l'intermédiaire de la chaîne moteur
10.
[0017] On a réalisé un tonneau de polissage conforme à l'invention comportant dix broches
8 supportant chacune quarante montures de lunettes pour une capacité totale de 400
montures. Dans cette réalisation, le tambour 4 tourne à la vitesse de 20 tours/minute,
tandis que les broches 8 sont entraînées sur elles-mêmes à 47 tours/minute ; le temps
de polissage, avec une charge abrasive 7 formée de grenaille végétale enduite de crème
abrasive, a ainsi pu être réduit de moitié (soit de 5 heures) par rapport à un polissage
effectué en tonneau classique pour lequel il n'est possible pas d'animer les broches
8 au delà d'une vitesse de 7 tours/minute. On comprend en particulier que l'efficacité
du polissage, qui dépend directement de la vitesse résiduelle telle que définie plus
haut, soit effectivement largement améliorée.
1 - Dispositif pour la mise en rotation d'un tonneau de polissage plus particulièrement
destiné au polissage de montures de lunettes, de boîtiers de montres et autres objets
métalliques analogues fixés sur des broches (8) périphériques d'un tambour (4) fermé
à ses deux extrémités et dans le fond duquel est placée une charge abrasive (6), ce
tonneau comportant
- au moins un pignon principal (9) autour duquel s'enroule une chaîne moteur sans
fin (10) mue par un organe moteur (12) de sorte à entraîner en rotation l'arbre (3)
du tambour (4),
- au moins un pignon secondaire (13) monté fou autour de cet arbre (3) et coopérant
avec un pignon excentré (15), coaxial d'un arbre secondaire (16) fixé sur l'un des
flans (5) latéraux de fermeture du tambour (4),
- au moins un pignon de renvoi (18), solidaire du même arbre (16) que le pignon excentré
(15) et coopérant avec un ensemble de pignons d'entraînement (20) des axes de rotation
(7) des broches (8),
ledit dispositif étant caractérisé en ce que le pignon secondaire (13), ou au
moins une roue d'engrenage (25) directement liée à ce pignon secondaire (13), comporte
au moins un index (26) saillant latéral susceptible de venir en butée contre au moins
un taquet (27) ou analogue, fixe par rapport au tambour (4), de sorte à stopper la
rotation dudit pignon secondaire (13) et à provoquer la mise en rotation des pignons
d'entraînement (20) des broches (8) en déphasage après la mise en rotation du tambour
(4).
2 - Dispositif selon la revendication précédente, caractérisé en ce que le pignon secondaire
(13) monté fou sur l'arbre (3) d'entraînement du tambour comporte un unique index
saillant latéral susceptible de venir en butée alternativement, selon le sens de rotation
dudit pignon secondaire (13), contre au moins un montant du bâti (1) sur lequel est
monté ledit tambour (4).
3 - Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'une roue d'engrenage (23),
solidaire du pignon secondaire (13) et montée folle avec elle sur l'arbre d'entraînement
(3) du tambour (4), coopère avec une seconde roue d'engrenage (25) d'axe fixe par
rapport au bâti (1) sur lequel est monté ledit tambour (4), cette seconde roue d'engrenage
(25) comportant au moins un index (26) saillant latéral sur l'une de ses faces, susceptible
de venir en butée contre au moins un taquet (27) agencé sur ledit bâti (1).
4 - Dispositif selon la revendication précédente, caractérisé en ce que le seconde roue
d'engrenage (25) comporte un deuxième index (28) saillant latéral sur son autre face,
susceptible de venir en butée contre un second taquet (29), agencé sur le bâti (1)
du tonneau en décalage angulaire par rapport au premier taquet (27).
5 - Dispositif selon l'une quelconque des revendications 3 ou 4, caractérisé en ce que
la seconde roue d'engrenage (27) portant le ou les index (26, 28) est montée folle
autour de l'arbre de l'organe moteur (12) entraînant le pignon principal (9) commandant
la mise en rotation de l'arbre (3) du tambour (4).