[0001] La présente invention concerne un miroir de courant à transistors bipolaires, fonctionnant
avec une bonne précision même si les transistors sont à très faible gain.
[0002] On sait que les transistors bipolaires ont des caractéristiques qui évoluent avec
les conditions d'utilisation, ou même en cours de fabrication. En particulier, le
gain, en courant, décroît lorsque la température diminue, ou sous l'effet d'un rayonnement
lumineux ou particulaire. La perte de gain entraîne une erreur intrinsèque de recopie
dans les miroirs de courant.
[0003] Un miroir de courant est un montage, tel que représenté en figure 1, qui permet de
forcer à travers une seconde branche un courant I
o qui est, aux erreurs près, identique au courant I₁ qui circule à travers une première
branche. La première branche comprend une source en courant 1, un transistors 2, dont
le collecteur est réuni à la base, et une résistance 3 de contre-réaction. La seconde
branche comprend un transistor 5 et une résistance 6 de contre-réaction. Les bases
des deux transitors 2 et 5 sont réunies, de sorte que le courant I₁ qui circule dans
la première branche commande le courant I₀ forcé à travers une charge d'utilisation
7 dans la seconde branche.
[0004] Ce type de miroir de courant, simple, soufre d'une erreur intrinsèque de recopie,
qui dépend du gain des transistors. En effet, pour un miroir de gain unité, dont les
transistors 2 et 5 sont appairés en V
BE (tension base-émetteur) et les résistances 3 et 6 de contre réaction sont appairées,
l'erreur sur le gain du miroir s'exprime à travers l'équation :

β étant le gain des transistors, le même pour les deux transistors puisqu'ils sont
supposés identiques et dans les mêmes conditions de polarisation. L'erreur relative
de recopie est égale à -2/(β+2) et, dans la plupart des applications, avec des transistors
dont le gain est de beaucoup supérieur à 1, cette erreur n'est pas la cause principale
d'imprécision observée et elle reste masquée par la tension d'offset de la paire de
transistors ou le désappariement des résistances de contre-réaction 3 et 6. Mais dès
que le gain des transistors décroît, pour des raisons quelconques, l'erreur due au
gain faible (β<1) devient prédominante. En effet, on voit que le gain β intervient
au premier degré et au dénominateur de l'équation, de sorte que, lorsque le gain tend
vers zéro, l'erreur tend vers - 100 %.
[0005] Les applications actuelles de l'électronique nécessitent cependant des précisions
de recopie de miroir supérieures à 10 % que l'on peut atteindre avec des transistors
ayant subi des contraintes, et dont le gain est faible, par exemple compris entre
1 et 10.
[0006] Une première solution connue est présentée par le miroir Wilson, représenté en figure
2. C'est l'équivalent d'un miroir classique, dans lequel un transistor amplificateur
8 est contre-réactionné par le miroir constitué par les transistors 2 et 5. Sur cette
figure comme sur les figures suivants la charge 7 n'est plus représentée, puisqu'elle
n'intervient pas dans la compréhension de l'invention.
[0007] En supposant que les trois transistors ont le même gain β , l'erreur de gain du miroir
Wilson s'exprime par une relation quadratique :

[0008] Une deuxième solution connue réside dans le miroir bufférisé, représenté en figure
3. Dans ce montage, les transistors des branches maitresses et de recopie, respectivement
2 et 5, ont leurs courants de bases non pas prélevés directement sur la source I₁
comme dans le cas de la figure 1 mais au travers d'un transistor amplificateur 9 dont
la base est connectée à la source I₁ et l'émetteur aux deux bases des transistors
2 et 5, le collecteur de ce transistor 9 est alimenté par une tension de rappel V
R. L'erreur est donnée par :

[0009] Pour des gains de transistors très supérieurs à 1, l'erreur introduite par ces miroirs
de Wilson et bufférisé est de la forme - 2/β² et procure une amélioration très sensible
du miroir simple : pour β = 100, l'erreur passe de - 2% à - 0,02 %, qui devient négligeable.
Mais l'effet de la loi quadratique diminue lorsque le gain des transistors devient
proche ou inférieur à 1 : par exemple, le miroir de Wilson a une erreur de l'ordre
de - 8% pour un gain des transistors β = 4.
[0010] L'invention apporte une solution à ce problème en proposant un montage tel que l'équation
du courant de recopie I
o comprend un terme qui s'annule au numérateur , de telle façon que l'erreur s'annule
pour une valeur faible de gain des transistors. Selon l'invention, un miroir de courant
à faible erreur de recopie est caractérisé en ce que sa sortie (Io) est constituée
par les collecteurs réunis de deux transistors montés en amplificateur de courant
de type "Darlington", son entrée (I₁) est constituée par la base du même amplificateur,
cet amplificateur étant polarisé grâce à une contre-réaction de type courant-parallèle
opérée entre son émetteur et sa base par un miroir de type bufférisé muni de résistances
de contre-réaction.
[0011] De façon plus précise, l'invention concerne un miroir de courant à faible erreur
de recopie comportant une branche d'entrée et une branche de sortie, ainsi qu'un miroir
de courant de type "bufférisé" constitué lui-même par une permière branche maitresse
et par une deuxième branche de recopie, ce miroir de courant à faible erreur de recopie
étant caractérisé en ce qu'il comporte dans sa branche de sortie un premier amplificateur
de courant de type Darlington dont le collecteur constitue la sortie du miroir, et
dont la base est réunie à la branche d'entrée, cet amplificateur étant contre-réactionné
en mode de courant-parallèle par le miroir de courant de type bufférisé dont la branche
maitresse est réunie à l'émetteur du Darlington et dont la branche de recopie est
réunie à la base du Darlington.
[0012] L'invention sera mieux comprise par la description qui suit maintenant d'un exemple
d'application, en liaison avec les figures jointes en annexe, qui représentent :
- figures 1,2 et 3 : schémas de miroirs de courant selon l'art connu, précédemment exposés,
- figure 4 : schéma d'un miroir de courant selon l'invention
- figure 5 : schéma d'une version du miroir précédent, dans le cas d'une technologie
haute tension,
- figure 6 : courbes d'erreur sur le gain, comparées entre l'art connu et l'invention.
[0013] Pour simplifier, l'invention sera décrite en s'appuyant sur des transitors NPN, ce
qui ne limite nullement la portée de l'invention.
[0014] La figure 4 représente un miroir de courant à transistors faible gain selon l'invention.
Ce miroir selon l'invention comporte entre autres les éléments d'un miroir bufférisé
selon l'art connu, dans lequel :
- une première branche maitresse insérée en série dans la branche de sortie du miroir
de l'invention, et qui comprend un transistor 2 et une résistance de contre-réaction
3.
- une deuxième branche de recopie insérée en série dans la branche d'entrée du miroir
de l'invention et qui comprend un transistor 5 et une résistance de contre réaction
6.
[0015] Les bases des deux transistors 2 et 5 sont réunies et un transistor 4 alimenté par
une tension de rappel V
R est monté en amplificateur entre le collecteur et la base de 2.
[0016] L'invention consiste à utiliser ce miroir bufférisé pour contre-réactionner en mode
courant-parallèle un amplificateur de courant de type Darlington dont la sortie (ou
le collecteur) constitue la sortie du miroir selon l'invention, et l'entrée (la base)
constitue l'entrée du miroir selon l'invention. Ce "Darlington" comprend :
- un transistor 10 dont le collecteur est réuni à la source de tension VCC et dont l'émetteur
est réuni au collecteur de 2
- un transistor 11 dont le collecteur est réuni à la source de tension VCC et dont la
base est commandée par la branche d'entrée du miroir selon l'invention (source I₁).
[0017] Comme dans les miroirs classiques, des résistances de contre-réaction d'émetteur
3 et 6 permettent de s'affranchir de l'erreur d'offset des transistors à concurrence
de leur appariemment si la dégénérescence - c'est à dire le produit de la valeur de
la résistance de contre-réaction par le courant qui la traverse - vaut quelques kT/q
≃ 26 mV à 300 ° K , avec k = constante de Boltzmann, T = température absolue, q =
charge de l'électron.
[0018] Dans le cas d'une technologie rapide, dans laquelle le gain dépend fortement de la
tension V
CE il est avantageux de compléter le miroir selon l'invention par deux transistors 12
et 13, montés en symétrique du Darlington 10 + 11, les bases des transistors 13 sur
la branche d'entrée et 11 sur la branche de sortie étant interconnectées et reliées
aux collecteurs des transistors 12 et 13. Les transistors 12 et 13 ont un rôle d'équilibrage
des tensions V
CE des transistors 2 et 5 du miroir bufférisé, afin d'éliminer l'erreur due à l'effet
Early des transistors. Toujours dans ce cas de faible tension, la tension de rappel
V
R du collecteur du transistor 9 est choisie de façon à apparier les V
CE, de telle sorte que V
CE9 ≃ V
CE11.
[0019] Dans le cas d'une technologie haute tension, soit quelques centaines de volts, l'effet
Early est plus négligeable que dans le cas d'une technologie rapide, l'équilibrage
des tensions V
CE du miroir bufférisé peut être supprimé, et par voie de conséquence les transistors
12 et 13 sont supprimés, comme le montre la figure 5, qui est la simplification de
la figure 4.
[0020] L'intérêt de la structure de miroir de courant selon l'invention réside dans l'existence
d'une racine du numérateur, qui annule l'erreur, dans la fonction de l'erreur due
au gain, fonction qui s'écrit :

[0021] Dans cette équation, on a supposé que tous les transistors du miroir ont le même
gain, ce qui justifie le signe ≃ .
[0022] Dans les miroirs de courant selon l'art connu, l'erreur est de signe constant, toujours
négatif, et elle croît en valeur absolue lorsque le gain β des transistors diminue
: elle vaut entre - 40 % et - 70 % lorsque β = 1 , comme le montre la courbe 14 sur
la figure 6. Sur cette figure, le gain β aux faibles valeurs (0-14) est donné en abscisse,
l'erreur correspondante ε = (I
o - I₁)/I₁ est donnée en ordonnées, et la courbe 14 est relative à une structure Wilson.
[0023] Au contraire, dans le miroir selon l'invention, l'erreur s'annule pour (2β -2) =
0, soit β = 1, et elle change de signe selon que le gain est supérieur ou inférieur
à 1. Une courbe type est représentée en 15 sur la figure 6, ce qui permet de la comparer
avec la courbe 14 d'un miroir Wilson. La bosse d'erreur positive observée pour les
gains faiblement supérieurs à 1 ne vaut que + 2 à + 3% et elle reste négligeable dans
cette zone pour laquelle un miroir classique est affecté d'une erreur de l'ordre de
- 40 %. Pour β = 1, l'erreur est strictement nulle (2β- 2 = 0) et pour β <1 l'erreur
observée reste moins importante que celle atteinte avec un miroir connu.
[0024] Sur la figure 6 a été tracée une droite en pointillés au niveau d'une erreur de gain
du miroir égale à - 10 %, ce qui est un exemple d'erreur pratiquement acceptable .
Cette droite montre que le miroir selon l'invention tolère des transistors dont le
gain est d'environ 0,75, soit 5 fois plus faible que le gain 3,5 des transistors nécessaire
pour un miroir Wilson, à même perte de -10 %.
[0025] Par ailleurs, l'intérêt de la fonction de transfert, qui comporte une zone dans laquelle
β <1, n'est affecté ni par des problèmes d'appariement de gains des transistors utilisés
ni par des problèmes d'appariement des résistances de contre-réaction 3 et 6.
[0026] Par exemple, sur la figure 6, les courbes 15,16,17 illustrent l'influence (minimum,
typique, maximum) d'un désappariement des résistances de contre-réaction de ± 2 %
lorsque la tension de dégénérescence est fixée à une valeur pratique d'environ 250
mV.La courbe supérieure 16 correspond à un désappariement

et la courbe inférieure 17 correspond à - 2 %. Les variations de la courbe d'erreur
autour de sa position nominale sont très acceptables.
[0027] Outre l'intérêt de pouvoir travailler avec des gains de transistors très faibles,
le miroir de courant selon l'invention à l'avantage d'avoir une très haute impédance
de sortie en basse fréquence. Par rapport au miroir de Wilson, réputé pour avoir une
impédance de sortie élevée, l'amélioration porte typiquement sur un facteur 100.
[0028] L'invention est précisée par les revendications suivantes.
1. Miroir de courant à faible erreur de recopie, comportant une branche d'entrée et une
branche de sortie, ainsi qu'un miroir de courant de type "bufférisé" constitué lui-même
par une première branche maitresse (2,3,4) et par une deuxième branche de recopie
(5,6), ce miroir de courant à faible erreur de recopie étant caractérisé en ce qu'il
comporte dans sa branche de sortie un premier amplificateur de courant de type Darlington
(10+11) dont le collecteur constitue la sortie du miroir, et dont la base est réunie
à la branche d'entrée, cet amplificateur (10+11) étant contre-réactionné en mode courant-parallèle
par le miroir de courant de type bufférisé dont la branche maitresse (2,3) est réunie
à l'émetteur du Darlington (10) et dont la branche de recopie (5,6) est réunie à la
base du Darlington (11).
2. Miroir de courant selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'un second amplificateur
de courant dit "Darlington" (12 + 13) dont la base et le collecteur sont court-circuités
est monté sur la branche d'entrée symétriquement au premier Darlington (10+11), afin
d'équilibrer les tensions VCE collecteur/émetteur des transistors (2,5) du miroir "bufférisé".
3. Miroir de courant selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé en
ce qu'il est réalisé en transistors bipolaires à faible gain (β).
4. Miroir de courant selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé en
ce que l'erreur de recopie de la branche d'entrée (I₁) par la branche de sortie (Io) dépend peu du gain (β) des transistors pour de faibles gains (β <2) et est nulle
pour un gain des transistors β = 1.
5. Miroir de courant selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé en
ce que l'erreur de recopie de la branche d'entrée (I₁) par la branche de sortie (Io) dépend peu de l'appariement des résistances (3,6) de contre-réaction et de l'appariement
du gain (β) des transistors (2,4,5,10,11).