[0001] La présente invention est relative au domaine de la serrurerie et elle concerne,
plus particulièrement, les serrures du type à canons ou cylindres doubles comportant
un seul organe de condamnation qui peut être commandé à partir de l'une ou l'autre
face d'un panneau mobile, tel qu'une porte, sur lequel ladite serrure est montée.
[0002] De telles serrures sont largement connues et comportent deux cylindres contenant
deux barillets délimitant chacun un canal d'entrée dans lequel sont disposés des organes
mobiles dont il convient, par l'intermédiaire d'une clé, d'assurer l'alignement pour
libérer la rotation du barillet par rapport au cylindre. De tels organes mobiles peuvent
être des pistons, des pompes et contre-pompes, des paillettes ou d'autres organes
analogues associés à des ressorts et bien connus dans la technique.
[0003] Pour réaliser de telles serrures, il est habituel d'utiliser un corps en tout matériau
approprié, généralement en un alliage métallique. Le corps comporte une partie cylindrique
pour la réception des barillets et une partie de prolongement radial ou queue qui
est, le plus souvent, réservée à la mise en place des pistons ou analogues.
[0004] Un tel corps est, le plus souvent, produit par usinage pour ce qui concerne les logements
cylindriques des barillets, lesquels sont coaxiaux et séparés par un dégagement réservé
au passage de l'organe de verrouillage commun.
[0005] Une telle méthode de réalisation, pouvant être qualifiée de traditionnelle, a été
utilisée depuis de nombreuses années mais connaît, actuellement, une limite, en raison
de son coût de production. Il est, en effet, nécessaire de recourir à un profilé plein
qu'il faut largement usiner, ce qui représente une perte inutile de matière première,
généralement coûteuse. Il est, par ailleurs, nécessaire d'exécuter un certain nombre
d'opérations d'usinage par reprise, qui accroissent le coût de production.
[0006] Pour tenter de réduire un tel coût, il peut être considéré une proposition formulée,
notamment, par le brevet
GB 1 581 095 qui préconise de réaliser deux demi-corps comportant chacun un cylindre prolongé
par une queue réunie à celle du corps homologue par une clavette goupillée.
[0007] Une telle proposition permet certainement de réduire le coût de fabrication, étant
donné que le profilé initial à usiner est limité à la constitution d'un demi-corps,
de sorte que les opérations d'usinage sont moins nombreuses et plus faciles à exécuter.
[0008] Une telle proposition souffre, toutefois, d'un inconvénient certain tenant à la résistance
mécanique relative qui est offerte, notamment cas d'effraction, par la liaison entre
les demi-corps au moyen d'une clavette goupillée.
[0009] Une autre proposition pouvant être retenue est celle fournie par le brevet
FR 2 425 522 (79-11 862), selon lequel le corps de serrure est constitué par un empilage d'une série de flasques,
sensiblement identiques, qui sont fortement fixés les uns aux autres, par soudage
ou brasage fort, avec éventuellement intégration d'une clavette dans la partie queue
du profil et parallèlement à la partie cylindre.
[0010] Une telle méthode de fabrication supprime, pour partie, les opérations d'usinage
délicates, étant donné que la définition des cylindres et des logements internes à
ces derniers est déterminée par tranche au niveau de chaque flasque.
[0011] Si une partie des objectifs est ainsi atteinte, en revanche, un tel procédé de fabrication
implique des opérations de liaison délicates à conduire pour éviter de soumettre l'empilage
de flasques à des déformations permanentes non maîtrisées qui autrement impliquent
de recourir obligatoirement à un usinage de reprise pour que tous les organes mobiles,
constitutifs d'une serrure d'un tel modèle, puissent jouer, avec intéraction mutuelle,
de façon libre.
[0012] Par ailleurs, une telle méthode de construction doit aussi être considérée comme
réservant un coût de production non négligeable, même si les différents flasques peuvent
être obtenus par une opération d'emboutissage-découpage répétitive. En effet, il est
nécessaire de disposer de montages spéciaux pour assurer un empilage indexé et aligné
des différents flasques préalablement à la seconde opération de liaison mutuelle qui
doit être conduite, également, de façon précise.
[0013] Il faut noter enfin que les propositions ci-dessus ne sont pas à même de répondre
aux exigences nouvelles de résistance aux tentatives d'effraction qui sont commises
en soumettant l'un ou l'autre des barillets à une action de rotation forcée, avec
ou sans action d'arrachement axial, afin de provoquer une extraction destructrice
libérant la rotation de l'organe de verrouillage condamnant l'ouverture.
[0014] En effet, dans ces propositions, les barillets sont disposés de façon conventionnelle
et n'offrent donc pas de résistance compatible avec les niveaux exigés des nouvelles
normes de sécurité actuelles.
[0015] La présente invention a pour objet de remédier aux inconvénients ci-dessus en proposant
une nouvelle technique de construction d'une serrure à cylindre, à barillet tournant
et à double entrée, permettant de faciliter les opérations d'usinage, de réduire le
coût de ces dernières et de conduire à un ensemble fonctionnel offrant une meilleure
résistance aux efforts de traction et/ou rotation imposés aux barillets contenus dans
les cylindres.
[0016] Pour atteindre les objectifs ci-dessus, la serrure à barillets tournants conforme
à l'invention est caractérisée en ce que le corps est constitué par :
- une poutre rectiligne résistante,
- deux coquilles qui sont adaptées sur les parties terminales de la poutre, qui délimitent,
parallèlement à cette dernière, deux logements cylindriques coaxiaux, ouverts et qui
ménagent entre elles un dégagement,
- deux douilles montées dans les logements, offrant chacune une ouverture d'entrée sur
la face correspondante transversale extrême de la coquille et contenant les barillets
liés par un entraîneur,
- et des moyens de liaison angulaire et axiale entre la poutre, les coquilles et les
douilles.
[0017] Diverses autres caractéristiques ressortent de la description faite ci-dessous en
référence aux dessins annexés qui montrent, à titre d'exemples non limitatifs, des
formes de réalisation de l'objet de l'invention.
[0018] La
fig. 1. est une coupe-élévation d'une serrure conforme à l'invention.
[0019] La
fig.
2 est une coupe transversale prise selon la ligne
II-II de la
fig. 1.
[0020] La
fig. 3 est une vue en perspective montrant, plus en détail, la conformation de l'un des
éléments constitutifs de la serrure.
[0021] Les
fig. 4 et
5 sont des vues analogues aux
fig.
1 et
2, mais correspondant à une variante de réalisation de l'objet de l'invention.
[0022] Selon le premier exemple de réalisation illustré par les
fig.
1 à
3, la serrure à deux cylindres et à double entrée est constituée par deux sous-ensembles
1a et
1b qui sont symétriques par rapport à un plan
P-P' considéré comme transversal à l'axe de symétrie
x-x' des ensembles
1. En raison du caractère de symétrie, la description qui suit n'est faite qu'en relation
avec l'un des sous-ensembles, tel que le sous-ensemble
1a, étant entendu que les mêmes références, affectées de l'indice
b, désignent les mêmes éléments constitutifs du sous-ensemble
1b.
[0023] Le sous-ensemble la comprend une coquille
2a délimitant un cylindre
3a qui est ouvert à ses deux extrémités et dont l'axe coïncide avec l'axe
x-x'. La coquille
2a est prolongée, à partir de sa face extérieure, par une barrette radiale
4a qui s'étend au-delà de la coquille
2a en définissant, par sa face tournée vers l'axe
x-x', un segment
5a de paroi concave centré sur l'axe
x-x' et matérialisant un prolongement de la surface périphérique extérieure de la coquille
2a.
[0024] Le cylindre
3a est occupé par la partie décolletée
6a d'une douille
7a cylindrique, tubulaire, qui est centrée ou indexée dans la coquille, par l'intermédiaire
d'une goupille
8a engagée dans un trou
9a de la barrette
4a pour faire saillie en partie à l'intérieur d'une encoche ouverte
10a présentée par la douille
7a à partir de son bord transversal opposé à la coquille
2a. La position d'engagement axial de la douille
7a à l'intérieur du cylindre
3a est déterminée par un épaulement
11a formé dans la zone frontière de la partie décolletée
6a et destiné à coopérer avec le bord correspondant
12a de la douille
2a. L'immobilisation axiale est aussi conférée par une seconde référence formée par
un épaulement
13a prenant appui contre un rebord de butée
14a qui est présenté par la paroi périphérique du cylindre
3a, dans le plan de la façade
15a de la coquille
2a.
[0025] La douille
7a définit un logement cylindrique
16a qui est réservé au montage d'un mécanisme de condamnation
17a constitué par un barillet contenant intérieurement des organes mobiles
18a, généralement associés à des organes élastiques de rappel et délimitant un fouillot
19a d'engagement d'une clé dont le profil correspond aux caractéristiques structurelles
et dimensionnelles du mécanisme. Le fouillot
19a est ménagé en coïncidence d'une ouverture de façade ou d'entrée
20a s'ouvrant sur la face
15a.
[0026] Dans le cas présent, les organes mobiles
18a sont constitués par des pompes à coulissement axial dont les longueurs sont déterminées,
en fonction d'un codage dimensionnel, en relation avec des ailettes axiales présentées
par la clé. De la sorte des crans, tels que
21a, présentés par les différents éléments mobiles
18a, peuvent être amenés simultanément en relation avec un foncet ou analogue
22a présentant des découpes d'engagement des pistons pour assurer, à l'état de repos,
l'immobilisation angulaire du barillet
17a à l'intérieur du logement cylindrique
16a.
[0027] Lorsque les différents crans
21a sont en coïncidence avec le plan du foncet, une rotation peut intervenir pour faire
tourner un entraîneur
23 qui est commun au barillet
17b. L'entraîneur
23 supporte un panneton
24 immobilisé angulairement et pourvu d'un pêne
25 constituant l'organe de verrouillage de la serrure. Le panneton
24 est monté entre deux bagues de centrage
26a et
26b, fermant les extrémités ouvertes correspondantes des douilles
7a et
7b et chargées de délimiter entre elles et en alignement avec les faces correspondantes
des barrettes
4a et
4b, un dégagement
27 dans lequel peut tourner le pêne
25. Les bagues de fermeture et de centrage
26a et
26b assurent l'immobilisation des barillets
17a et
17b contre les fouillots
19a et
19b des douilles
7a et
7b.
[0028] Dans certains cas, chaque sous-ensemble
1 peut comporter en plus un système de verrouillage annexe
28a s'étendant selon une direction radiale dans la barrette
4 et à travers la douille
6a et le barillet. Le système
28a comprend un dé
29a traversant et en partie engagé dans le barillet. Le dé
29a est sollicité, par un ressort
30a, pour pousser un pion
31 à travers le barillet pour faire saillie dans le fouillot
19 sur le trajet du talon de la clé de commande. Le système
28a autorise la rotation du barillet
17a lorsque, par suite de l'engagement de la clé, l'interface entre le dé et le pion
est alignée avec le cylindre
16a.
[0029] Il doit être considéré, au sens de l'invention, que des mécanismes de condamnation
différant de la description ci-dessus peuvent aussi être montés dans les logements
cylindriques
16a et
16b.
[0030] Au sens de l'invention, et selon une autre disposition caractéristique, les barrettes
4a et
4b des deux coquilles
2a et
2b sont réunies par une poutre
32 qui comporte deux tenons
33a et
33b engagés dans des mortaises ouvertes
34a et
34b présentées par les barrettes
4a et
4b entre le bord
12a de la coquille correspondante et le trou
9a de réception de la goupille
8. La hauteur de chaque tenon
33 est calculée pour que, après engagement, la partie terminale dépasse de la face
5a ou
5b et soit ainsi engagée dans une lumière oblongue
35a,
35b présentée par la douille
7a,
7b et alignée avec la mortaise
34a ou
34b par l'intermédiaire de la goupille d'indexation
8a ou
8b. La hauteur de chaque tenon est aussi calculée, comme cela apparaît à la
fig.
2, de manière qu'après engagement complet, la surface transversale extrême ou un méplat
36a ou
36b, que chaque tenon présente, constitue une sorte de tas ou de butée venant fermement
prendre appui sous le foncet correspondant
22a ou
22b.
[0031] La liaison est complétée par la mise en place de goupilles transversales
37a,
37b traversant les barrettes
4a,
4b et les tenons
33a,
33b.
[0032] Le montage structurel, tel que décrit ci-dessus et représenté aux dessins, permet
de constituer la serrure à partir de deux sous-ensembles
1a et
1b qui peuvent être réalisés séparément et aisément par des opérations d'usinage classiques
ne nécessitant que des phases de reprise minimales, en raison de l'accessibilité immédiate
à chacune des faces transversales, soit de la coquille, soit de la douille, soit de
la poutre.
[0033] Il devient ainsi possible d'usiner, au moindre coût et avec précision, les pièces
élémentaires qui sont à même de contenir, pour chaque sous-ensemble, un barillet dont
la liaison angulaire est établie par l'intermédiaire du foncet
22.
[0034] Le montage choisi permet d'établir un appui axial particuliérement résistant de la
douille contre la coquille, par l'intermédiaire des épaulements
11a et
13a et par la coopération avec le tenon
33 qui traverse la douille.
[0035] Un tel montage permet aussi d'établir une liaison angulaire particulièrement résistante,
par l'intermédiaire du foncet prenant appui sur le tas
36 que constitue chaque tenon, par l'engagement de ce dernier à l'intérieur de la lumière
35 et par l'intermédiaire de la goupille de centrage-indexation
8.
[0036] Par ailleurs, la coquille
1 est fermement immobilisée sur la poutre
32 par l'engagement du tenon
33 et par la liaison transversale établie par la goupille
37 de grosse section.
[0037] La poutre
32, présentant une section de forte épaisseur, établit une liaison particuliérement
résistante entre les deux sous-ensembles.
[0038] De cette manière, les tentatives d'effraction, par rotation forcée et/ou arrachement
simultané selon une direction axiale, ont à vaincre des butées angulaires et axiales
résistantes, qui confèrent à la serrure des caractéristiques élevées de sécurité par
résistance passive.
[0039] Il peut être avantageux, tel que cela apparaît aux
fig.
1 et
3, de prolonger la barrette
4, radialement et en façade de la coquille, par une languette
40a,
40b dont la forme géométrique est choisie pour être égale à la section transversale offerte
en bout par la poutre
30. De cette manière, lorsque la serrure à deux cylindres et à double entrées est constituée,
la présentation de façade ne fait nullement apparaître la présence de la poutre
30.
[0040] Une variante de réalisation est illustrée aux
fig.
4 et
5 selon lesquelles les tenons
31a et
31b sont constitués par des pièces élémentaires indépendantes qui sont montées, par l'intermédiaire
de goupilles transversales
41a,
41b dans des mortaises borgnes
42a et
42b ménagés dans la poutre
30.
[0041] L'invention n'est pas limitée aux exemples décrits et représentés, car diverses modifications
peuvent y être apportées sans sortir de son cadre.
1 - Serrure à barillets tournants, à double entrée, du type comprenant :
- un corps de support en deux parties réunies par une poutre rectiligne et délimitant
deux cylindres (16) coaxiaux qui présentent, sur les faces transversales du corps, deux ouvertures d'entrée
(20) et qui sont séparés, dans la partie sensiblement médiane transversale, par un dégagement
(27),
- deux barillets tournants (17) montés dans les cylindres et pourvus de mécanismes de condamnation accessibles par
deux fouillots (19) disposés en coïncidence avec les ouvertures d'entrée pour permettre l'engagement
de clés de manoeuvre,
- un entraîneur commun (23) reliant les deux barillets en traversant le dégagement,
- et un panneton de verrouillage (24) calé angulairement sur la partie de l'entraîneur traversant le dégagement,
caractérisée en ce que le corps est constitué par :
- deux coquilles (2a, 2b) adaptées sur les parties terminales de la poutre et délimitant, parallèlement à
cette dernière, deux logements cylindriques, coaxiaux, ouverts (3a, 3b), et ménageant entre elles le dégagement (27),
- deux douilles (7a, 7b) montées dans les logements, offrant chacune une ouverture d'entrée sur la face correspondante
transversale extrême de la coquille et contenant les barillets (17a, 17b) liés par l'entraîneur (23),
- et des moyens de liaison angulaire et axiale entre la poutre, les coquilles et les
douilles.
2 - Serrure selon la revendication 1, caractérisée en ce que les moyens de liaison angulaire
et axiale comprennent deux tenons (33) s'étendant transversalement en saillie par rapport à la poutre et engagés dans les
coquilles et dans les douilles.
3 - Serrure selon la revendication 2, caractérisée en ce que les tenons (33) sont formés par la poutre et sont liés aux coquilles par des goupilles (37).
4 - Serrure selon la revendication 2, caractérisée en ce que les tenons sont formés par
des pièces indépendantes engagées dans des mortaises (42) de la poutre, solidarisées à cette dernière par des goupilles (41) et liées aux coquilles par des goupilles (37).
5 - Serrure selon la revendication 2, caractérisée en ce que les moyens de liaison comprennent
les deux tenons (33) et deux goupilles de centrage-indexation (8) engagées dans la poutre pour s'étendre parallèlement aux tenons et traverser les
coquilles et les douilles.
6 - Serrure selon la revendication 2 ou 5, caractérisée en ce que les moyens de liaison
comprennent, en outre, deux rebords (12a, 14a) saillants dans les logements cylindriques des coquilles et formant des butées axiales
pour deux épaulements (11a et 13a) des douilles.
7 - Serrure selon l'une des revendications 2 à 5, caractérisée en ce que les tenons (33) présentent des faces extrêmes (36) au moins localement planes et destinées à coopérer avec des méplats présentés par
des foncets ou analogues (22) portés par les barillets.
8 - Serrure selon la revendication 1, caractérisée en ce que chaque coquille est prolongée,
radialement par rapport au logement cylindrique (3) et sensiblement dans le plan de sa face transversale de façade, par une languette
(40) recouvrant la section transversale de la poutre.