[0001] L'invention concerne un fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées,
et son procédé de fabrication.
[0002] Pour des matériaux homogènes, les pertes électriques sont classiquement représentées
par la conductivité électrique. Dans le cas de milieux ou d'éléments hétérogènes,
tels que les textiles, cette grandeur physique est plus complexe. On désigne ici par
"pertes électriques" l'aptitude d'un matériau à dissiper de l'énergie par déplacement
de charges. Ces pertes électriques font partie des propriétés électriques des matériaux.
[0003] Il est possible de fabriquer des renforts textiles à pertes électriques contrôlées,
qui comprennent des fils non conducteurs, à base de fibres minérales, qui assurent
la résistance mécanique et thermique du textile, et des fils chargés qui permettent
les pertes électriques.
[0004] De tels fils chargés sont constitués d'un mélange de fibres discontinues non conductrices
et de fibres discontinues conductrices. Ils ont une faible conductivité et doivent
avoir des propriétés, particulièrement des propriétés électriques homogènes sur toute
leur longueur.
[0005] L'invention concerne de tels fils et leur procédé de fabrication.
[0006] Le brevet français FR-2.608.641 décrit un procédé de fabrication de filés de fibres
de carbone, selon lequel des câbles multifilaments de carbone sont transformés par
craquage-étirage, de manière à obtenir des fibres longues.
[0007] Par ailleurs, le brevet américain US-4.180.968, par exemple, décrit un procédé de
fabrication de fils composites comportant un mélange de fibres d'acétate de cellulose
et de polyester, dans lequel les fibres sont tordues ensemble, de manière à former
les fils ; les fibres subissent ensuite une fausse torsion.
[0008] Le brevet français FR-2.634.790 décrit un procédé d'obtention d'un fil constitué
d'un mélange de filés de fibres de renfort, par exemple de fibres de carbone, et d'un
filé de fibres thermoplastiques.
[0009] Selon la technique décrite dans ce document, chacun des filés est réalisé par craquage-étirage
d'un ensemble de multifilaments. Les filés sont mélangés, le mélange étant ensuite
étiré et associé à un mélange analogue ; l'ensemble étant à nouveau étiré.... Cette
technique permet d'obtenir un mélange intime des fibres, dans lesquelles les proportions
relatives des fibres de renfort et des fibres thermoplastiques sont de l'ordre de
65-35 %.
[0010] Aucune de ces techniques connues ne propose et permet la production de fil pour renfort
textile, qui ait à la fois une faible conductivité et des propriétés électriques constantes
sur toute sa longueur.
[0011] Un objectif de la présente invention est de proposer un tel fil et son procédé de
fabrication.
[0012] Un autre objectif est de permettre la réalisation d'un tel fil à base de fibres minérales.
[0013] C'est encore un objectif de l'invention de permettre la réalisation d'un tel fil
exploitable à haute température (plus de 400° C).
[0014] A cet effet, l'invention concerne un fil pour renfort textile à pertes électriques
contrôlées, comportant des fibres discontinues non conductrices et des fibres discontinues
conductrices.
[0015] Selon l'invention, les fibres sont approximativement parallèles, et la proportion
en poids de fibres conductrices est inférieure à 20 %.
[0016] Dans un mode de réalisation préféré, la proportion en poids de fibres conductrices
est inférieure à 5 %.
[0017] Les fibres conductrices sont avantageusement des fibres de carbone.
[0018] Les fibres non conductrices sont de préférence des fibres minérales. Elles peuvent
également être des fibres de céramique.
[0019] L'invention concerne également un procédé de fabrication de ces fils, dans lequel
des filaments, respectivement conducteurs et non conducteurs, sont utilisés.
[0020] Un des modes de fabrication consiste à hybrider par étapes successives un filé conducteur
par des filés non conducteurs. Pour ce faire, les filaments, conducteurs d'une part,
non conducteurs d'autre part, sont soumis à un craquage-étirage, de façon à obtenir
un filé conducteur et un filé non conducteur.
[0021] Un filé conducteur est mélangé avec un filé non conducteur au moins, de manière à
obtenir un filé mélangé de niveau 1 ; ce filé mélangé de niveau 1 est étiré, puis
mélangé avec un filé non conducteur au moins, de manière à obtenir un filé mélangé
de niveau 2.
[0022] Ces dernières étapes sont répétées aussi souvent que nécessaire pour obtenir un filé
de niveau n, dans lequel la proportion de fibres conductrices et la masse linéique
du fil correspondent aux valeurs voulues.
[0023] Un mode de réalisation de l'invention est décrit ci-après, en référence aux dessins
annexés, dans lesquels :
- la Figure 1 est une représentation schématique en coupe droite d'un fil selon l'invention
;
- la Figure 2 est une vue en coupe horizontale du fil de la Figure 1 ;
- la Figure 3 est une vue en coupe droite du fil de l'invention, lorsque les fibres
sont tordues ;
- la Figure 4 est une vue en coupe horizontale du fil de la Figure 3 ;
- la Figure 5 est une vue en coupe droite du fil de l'invention, lorsqu'il est guipé
;
- la Figure 6 est une vue en coupe horizontale du fil de la Figure 5
- la Figure 7 est une représentation schématique du procédé de l'invention.
[0024] Le fil 2 est destiné à la fabrication d'un renfort textile à pertes électriques contrôlées.
[0025] Il comporte un mélange de fibres discontinues non conductrices 6 et de fibres discontinues
conductrices 4. On entend ici par "discontinues" des fibres dont la longueur moyenne
est comprise entre 5 et 200 mm.
[0026] Les fibres discontinues conductrices 4 sont des fibres de carbone, des fibres métalliques
(aluminium, acier, cuivre, or...)....
[0027] Les fibres discontinues non conductrices 6 sont des fibres minérales, des fibres
de verre, des fibres de silice, fibres de céramique, ou des fibres techniques à faible
allongement telles que : aramide, polyéthylène, etc.... On peut mélanger des fibres
de différentes natures (verre/aramide, verre/para-aramide, verre/PEEK (Polyéther-Ether
-Kétone)...].
[0028] Les fibres discontinues conductrices 4 et les fibres discontinues non conductrices
6 sont approximativement parallèles, et leur proportion est déterminée pour donner
aux textiles les propriétés électriques recherchées.
[0029] La concentration massique en éléments conducteurs 4 est faible, elle ne doit pas
excéder 20 %, et être de préférence de l'ordre de 5 % au maximum.
[0030] De préférence, le diamètre des filaments discontinus 4, 6 conducteurs, ou non conducteurs,
est compris entre 1 et 30 micromètres.
[0031] Le mélange de fibres, respectivement conductrices 4 et non conductrices 6, peut être
tordu, de manière à lui donner une meilleure cohésion et une certaine résistance mécanique
facilitant sa transformation textile, telle que doublage, tissage, tricotage, aiguilletage,...
et/ou son intégration dans d'autres procédés, tels que : imprégnation, injection....
[0032] Dans un mode de réalisation particulier, un fil de guipage 7 est utilisé pour renforcer
la cohésion du filé. Ce fil de guipage est alors compatible avec l'utilisation ultérieure,
ou éliminable.
[0033] Un procédé de fabrication particulièrement avantageux du fil est décrit ci-après.
[0034] Des filaments, respectivement conducteurs 11 et non conducteurs 12, ayant de préférence
un diamètre compris entre 1 et 30 micromètres, sont respectivement soumis à des opérations
de craquage-étirage.
[0035] Le nombre de filaments soumis à ces opérations de craquage-étirage dépend du fil
que l'on veut obtenir. Il peut y avoir plusieurs filaments non conducteurs, soit de
même nature, par exemple de verre, soit de natures différentes (verre/aramide, verre/PEEK...).
[0036] Un élément de craquage-étirage 13 est alimenté en filaments conducteurs. Il est composé
de deux ensembles au moins de rouleaux 131/132, 133/134.
[0037] Les vitesses de rotation de ces deux ensembles de cylindres sont différentes, de
telle sorte qu'ils produisent un allongement des filaments dans la zone 135 comprise
entre les deux ensembles de rouleaux 131/132 et 133/134.
[0038] Les vitesses respectives de ces deux ensembles de rouleaux sont réglées en fonction
du matériau constitutif des filaments et de leurs diamètres, de manière à produire
des fibres discontinues longues, c'est-à-dire dont la longueur moyenne est comprise
entre 5 et 200 mm.
[0039] L'unité de craquage-étirage 15 effectue le même traitement sur les filaments non
conducteurs 12.
[0040] Elle comporte deux ensembles de cylindres 151/152, 153/154.
[0041] Ainsi, deux filés 14, 16, respectivement conducteurs et non conducteurs, sont obtenus.
[0042] Ces filés 14 et 16 sont mélangés dans le mélangeur 17 de type "intersecting" et produisent
un filé mélangé 18 de niveau 1.
[0043] Ce filé mélangé 18 de niveau 1 alimente un dispositif d'étirage 19, qui produit un
filé mélangé étiré 110 de niveau 1.
[0044] Le dispositif d'étirage 19 comporte deux ensembles de rouleaux 191/192, 193/194 qui
ont des vitesses de rotation différentes, de manière à produire l'allongement du filé
dans la zone intermédiaire 195.
[0045] Le filé mélangé étiré 110 est lui-même mélangé à un filé 16 de fibres non conductrices
dans le mélangeur 111. Ainsi, est produit le filé mélangé 120 de niveau 2 ;
[0046] Ce filé 120 de niveau 2 est lui-même étiré, puis mélangé à un nouveau filé 16 de
fibres non conductrices....
[0047] D'un niveau à l'autre, la nature des fibres non conductrices peut changer, de manière
à permettre l'obtention de fils à plus de deux composants, par exemple verre/aramide/carbone,
verre/PEEK/carbone,....
[0048] Ces opérations sont reproduites jusqu'à l'obtention des proportions recherchées de
fibres conductrices et de fibres non conductrices.
[0049] Cette mèche hybride subit un ensemble d'opérations d'étirage permettant d'obtenir
la masse linéaire recherchée et se termine par une opération permettant d'améliorer
la cohésion du fil. Ce procédé est de préférence une opération de torsion, et/ou éventuellement
une opération de guipage.
[0050] Ce mode de fabrication n'est pas limitatif. En effet, d'autres modes opératoires,
tels que craquage simultané de mèches hybrides, puis étirage/filage, peuvent être
aussi envisagés.
[0051] Les trois réalisations suivantes, données à titre d'exemple, ont ainsi été obtenues.
Exemple N° 1
[0052] On réalise un ruban de verre craqué d'une part, et un ruban de carbone craqué d'autre
part.
[0053] On mélange ces deux rubans sur une machine de type "intersecting", afin d'obtenir
un ruban hybride de 86 % de verre et 14 % de carbone.
[0054] On étire ensuite ce ruban sur une machine continu à filer, de manière à obtenir un
filé de 68 tex tordu à 300 tours/mètre.
[0055] Ce filé est ensuite traité par assemblage/retordage à 220 tours/mètre aux deux bouts.
[0056] Le fil obtenu a un titre de 136 tex et contient :
86 % de verre
14 % de carbone
Exemple N° 2
[0057] On réalise un ruban hybride craqué verre/carbone avec un taux de 96 % de verre et
4 % de carbone.
[0058] On étire ce ruban hybride, de manière à obtenir un filé de 68 tex sans torsion, mais
guipé à 500 tours/mètre avec un fil PVA (Polyvinyl-Acrylique) de 5 tex.
[0059] Le fil obtenu a un titre de 73 tex et contient :
89 % de verre E
4,1 % de carbone
6,9 % de PVA (Polyvinyl-Acrylique)
Exemple N° 3
[0060] On réalise un filé hybride obtenu à partir du mélange d'un ruban de verre craqué,
d'un ruban de PEEK craqué et d'un ruban de carbone craqué, dans le pourcentage respectif
de 60 %/35 %/5 %.
[0061] On étire pour obtenir un titre de 68 tex et tordu à 350 tours/mètre.
[0062] Ce filé est ensuite traité par assemblage/retordage à 250 tours/mètre aux deux bouts.
[0063] Le fil obtenu a un titre de 136 tex et contient :
60 % de verre E
35 % de PEEK (Polyéther-Ether-Kétone)
5 % de carbone
1. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées comportant des fibres discontinues
non conductrices (6) et des fibres discontinues conductrices (4), caractérisé en ce
que lesdites fibres sont approximativement parallèles, et que la proportion en poids
de fibres conductrices n'excède pas 20 %.
2. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon la revendication 1,
caractérisé en ce que les fibres conductrices (4) sont des fibres de carbone.
3. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon la revendication 1,
caractérisé en ce que les fibres conductrices (4) sont des fibres métalliques.
4. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon l'une des revendications
1 à 3, caractérisé en ce que les fibres non conductrices (6) sont des fibres minérales.
5. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon l'une des revendications
1 à 3, caractérisé en ce que les fibres non conductrices (6) sont des fibres à faible
allongement.
6. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon l'une des revendications
1 à 3, caractérisé en ce que les fibres non conductrices (6) sont des fibres de céramique.
7. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon l'une quelconque des
revendications 1 à 6, caractérisé en ce que la proportion en poids de fibres conductrices
(4) est inférieure à 5 %.
8. Fil pour renfort textile à pertes électriques contrôlées selon l'une quelconque des
revendications 1 à 7, caractérisé en ce qu'il comporte des fibres non conductrices
(6) PEEK.
9. Procédé de fabrication de fil selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé
en ce que :
a) des filaments, respectivement conducteurs (11) et non conducteurs (12), sont utilisés
;
b) les filaments, conducteurs (11) d'une part, non conducteurs (12) d'autre part,
sont soumis à un craquage-étirage, de façon à obtenir un filé conducteur (14) et un
filé non conducteur (16) ;
c) un filé conducteur (14) est mélangé avec un filé non conducteur (16), de manière
à obtenir un filé mélangé (18) de niveau 1 ;
d) le filé mélangé (18) de niveau 1 est étiré ;
e) le filé mélangé étiré (110) de niveau 1 est mélangé avec un filé (16) non conducteur,
de manière à obtenir un filé mélangé (120) de niveau 2 ;
f) les étapes d) et e) sont répétées aussi souvent que nécessaire pour obtenir un
filé de niveau n, dans lequel la proportion de fibres conductrices correspond à la
valeur voulue, puis d'étirage pour obtenir la masse linéaire recherchée.
10. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que le filé de niveau n, ayant
subi une opération d'étirage, est soumis à une torsion.
11. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que le filé de niveau n, ayant
subi une opération d'étirage, est guipé.