[0001] La présente invention a pour objet un dispositif indicateur de réserve de marche
pour montre selon le préambule de la revendication 1.
[0002] Le domaine d'application privilégié d'un tel dispositif est celui des montres mécaniques,
à remontage manuel ou automatique. Son intérêt est évident, puisqu'il permet au porteur
d'une montre du genre précité de connaître à tout moment l'état d'armage ou de désarmage
du ressort de barillet, cet état, directement traduit en durée restante de marche
jusqu'au prochain remontage, de préférence en heures (éventuellement subdivisées),
étant indiqué par un organe indicateur, par exemple une aiguille dont l'extrémité
est située en regard d'une graduation ou un disque se déplaçant derrière une fenêtre
aménagée dans le cadran de la montre.
[0003] La mise en oeuvre du dispositif indicateur de réserve de marche se heurte essentiellement
à deux difficultés. La première provient du fait que l'élément entraînant l'organe
indicateur doit être actionné, d'une part, par un mobile assurant la marche de la
montre, pour la prise en compte du désarmage du ressort de barillet et, d'autre part,
par un élément du dispositif d'armage du ressort, en liaison avec la tige de remontoir
s'il s'agit d'une montre manuelle, ou avec la masse oscillante s'il s'agit d'une montre
automatique. L'élément d'actionnement de l'organe indicateur est donc soumis à deux
commandes contradictoires (commandes du désarmage et de l'armage), lesquelles doivent
être conçues de manière à ne pas provoquer de désordres, c'est-à-dire être synchronisées
resp. accordées ou adaptées entre elles. L'élément d'entraînement de l'aiguille, respectivement
l'aiguille elle-même effectuera au maximum un tour pour la durée de marche, laquelle
se situe généralement entre 35 et 50 heures, selon les calibres.
[0004] Dans les dispositifs connus, ce premier problème est résolu par l'utilisation d'engrenages
différentiels permettant de commander l'organe indicateur (élément de sortie) par
deux éléments d'entrée, le barillet (désarmage) et l'arbre de barillet (armage). Ainsi,
CH-263,707 divulge un dispositif à différentiel sphérique entre le le rochet et le
barillet.
[0005] Ces dispositifs nécessitent un nombre important de roues et de pignons, et c'est
justement cela qui constitue le deuxième problème. En effet, si un dispositif de ce
genre était construit sous forme modulaire, la surépaisseur non négligeable du mouvement
qui en résulte est telle que l'esthétique générale de la montre en pâtit, au point
que l'attrait et l'avantage que procure l'indication de réserve de marche sont grandement
estompés, voire anihilés. D'un autre côté, si le dispositif doit être intégré dans
la montre, il est nécessaire de modifier l'ébauche, ce qui en général n'est pas possible.
Il convient donc de concilier le caractère modulaire du dispositif avec celui d'une
surépaisseur minimale.
[0006] Il existe bien quelques dispositifs ne faisant pas appel aux engrenages différentiels,
tels que FR-548785, FR-638149, FR-872410. Cependant, ces dispositifs ont tous, comme
prises d'informations, le barillet et le rochet fixé sur l'arbre de barillet. Ces
deux prises sont coaxiales et nécessitent, pour y accéder, des interventions à l'intérieur
du mouvement de la montre. Si l'accès peut s'avérer relativement aisé dans des montres
de poche ou des enregistreurs sur lesquels sont installés ces dispositifs, cela deviendra
vite délicat, voire impossible, dans des montres-bracelets. En outre, le problème
de l'épaisseur, dans ces antériorités, n'est ni posé, ni résolu.
[0007] D'autre part, ces dispositifs ne sont pas applicables aux montres automatiques, dans
lesquelles l'arbre de barillet continue à tourner après l'armage complet du ressort
en faisant glisser la bride glissante du ressort. Il y a, dans de cas, déphasage au
niveau de l'affichage (aiguille sur cadran). Enfin, en cas de décalage accidentel
de l'aiguille d'affichage, par exemple sous l'effet de chocs, dont la survenance est
beaucoup plus probable sur des montres-brtacelets que sur des montres de poche, il
n'y a pas de recalage automatique de l'affichage. La nécessaire fiabilité de la lecture
n'est donc pas assurée, ce qui met pratiquement à néant tout l'intérêt du dispositif
indicateur. Or, ces décalages sont potentiellement toujours possibles, car la roue
sur l'axe de l'aiguille d'affichage n'est positionnée que par l'action d'un ressort
(sautoir 8 dans FR-638149).
[0008] Le but de la présent invention est de pallier les inconvénients que présentent les
dispositifs connus. Il est atteint, grâce aux caractéristiques définies dans la revendication
1 et les revendications dépendantes.
[0009] Le fait de prévoir comme moyens de prises d'informations deux axes du mouvement de
la montre non coaxiaux, c'est-à-dire deux axes situé chacun sur un support (ou ligne-support)
différent, et de réaliser le dispositif sous forme modulaire, permet de limiter à
un minimum la surépaisseur - conséquente à l'adjonction du dispositif selon l'invention-de
l'ensemble mouvement plus dispositif, tout en assurant un accès très aisé, et d'éviter
toute modification significative du mouvement de base. Par ailleurs, le dispositif
peut être installé sur des mouvements de montres-bracelets à remontage automatique,
puisqu'il ne permet pas de décalage permanent de l'aiguille d'affichage.
[0010] On va décrire à titre d'exemple une forme d'exécution du dispositif d'indication
de réserve de marche selon l'invention pour une montre mécanique, à remontage automatique,
à l'appui du dessin annexé dans lequel la
- fig. 1
- est une vue en plan du dispositif selon l'invention et les
- fig. 2 et 3
- représentent ce même dispositif, respectivement en état d'armage et de désarmage.
[0011] Le dispositif comprend une roue-étoile 1 (ci-après étoile ou roue 1) portant sur
son axe 1' une aiguille indicatrice (non représentée sur la figure) de la réserve
de marche, laquelle étoile est en prise de façon intermittente, d'une part, avec une
bascule 4 commandée par l'intermédiaire du dispositif de remontage et, d'autre part,
avec une came 10 commandée par l'intermédiaire d'un mobile du mouvement de la montre,
comme on le verra à travers la description du fonctionnement dudit dispositif. La
roue 1 comporte en outre une ouverture circulaire 16 s'étendant sur un arc de cercle
et une entaille 1c, sur les fonctions desquelles on reviendra plus loin.
[0012] Un arbre 2 de barillet, d'axe 2A intervenant dans le remontage du ressort de barillet
porte une came 3 présentant au moins une rampe -deux, 31,32, diamétralement opposées,
selon l'exemple décrit-. La bascule 4, présentant un bec 4'', est soumise à l'action
de cette came 3 et à celle d'un ressort 5, de sorte à pouvoir osciller autour de son
axe 4' entre deux positions extrêmes représentées sur la figure (l'une des positions
ne l'étant que partiellement en traits pointillés). En partant de l'une des deux positions
extrêmes, par exemple celle représentée en traits pointillés (bec 4'' dans la rampe
31), la came 3, au cours d'un demi-tour de rotation dans le sens de la flèche 2' va
pousser la bascule 4, contre l'action du ressort 5, vers la position extrême de dégagement
représentée en trait plein. Lors de l'amorce du demi-tour suivant, la bascule 4 est
brusquement rabattue sous l'action du ressort 5, le bec 4'' venant occuper à nouveau
la position représentée en traits pointillés dans le creux de la rampe correspondante
32. Dans son mouvement de rabattement, la bascule 4 entraîne une dent de l'étoile
1, cette dernière étant donc soumise à une action de rotation dans le sens de la flèche
6. Ainsi, l'armage, résultant de la rotation de l'arbre du barillet sera-t-il indiqué
par l'aiguille, solidaire de l'étoile 1, par l'intermédiaire des éléments 3, 4, 5.
Le positionnement de l'étoile 1 est assuré par un sautoir 7.
[0013] Un pignon 8 solidaire d'un axe 8A du rouage de la montre entraîne une roue 9. La
roue 9 porte sur son axe 9A une came 10 montée libre en rotation et pouvant être entraînée
par une goupille 11 solidaire de cette roue. La came 10 comporte un bec 101 pouvant
passer instantanément d'une position 10' (représentée en trait plein) à une position
10'' (représentée en traits pointillés) sous l'action d'un ressort 13. Dans son mouvement
de rotation dans le sens de la flèche 102 (la goupille 11 se trouvant à un instant
donné (figures), contre l'encoche 103 d'un dégagement (non référencé) pratiqué dans
la zone opposée à celle du bec 101), la came 10 soulève progressivement le ressort
13. Arrivée dans la position 10' représentée en trait plein sur les figures, la force
du ressort va s'exercer sur la face courbe 12 du bec 101 et pousser brusquement la
came dans la position 10'' (représentée en traits pointillés). Au cours de cette phase,
c'est-à-dire du passage brusque de la position 10' à 10'', où la rotation n'est pas
assurée par la goupille 11, mais par le ressort 13, le bec 101 de la came 10, entraîne
une dent de l'étoile 1, cette dernière étant soumise à une action de rotation dans
le sens de la flèche 14. Dans le même temps, l'encoche 104 arrivera à proximité de
la goupille 11, sans toutefois la toucher. La roue 9 poursuivant sa rotation, la came
sera à nouveau entraînée en rotation lorsque la goupille 11 entrera en contact avec
l'encoche 103. Ainsi, le désarmage, résultant de la rotation du pignon 8, sera-t-il
indiqué par l'aiguille solidaire de l'étoile 1, dont le positionnement sera là aussi
assuré par le sautoir 7.
[0014] On comprend que dans la forme d'exécution décrite et représentée sur les figures,
l'engrenage 8,9 est calculé de telle sorte que la roue 9 fasse un tour pour un demi-tour
de la came 3. De manière générale, le nombre de tours de la roue 9 est proportionnel
au nombre de tours de la came 3, le facteur de proportionnalité étant égal au nombre
de rampes que présente la came 3.
[0015] Dans le cas d'une montre à remontage automatique, lorsque le ressort de barillet
est armé au maximum, la masse oscillante continue à entraîner le ressort de barillet
par l'intermédiaire d'une bride glissante. Dans cette situation d'armage complet du
ressort, l'aiguille de l'indicateur ne doit plus être entraînée. A cet effet, une
goupille 15 fixe sur le mouvement est engagée dans l'ouverture circulaire 16 de la
roue 1. Lorsque le ressort est complètement armé, comme représenté à la figure 2,
l'extrémité 16' de cette ouverture arrive en contact avec la goupille 15, si bien
que l'action de la bascule 4 est bloquée, et la rotation de la roue 1 portant l'organe
indicateur est entravée. Par ailleurs, si, accidentellement, par exemple lors d'un
choc, la roue 1, et par conséquent l'organe indicateur, se décale dans le sens de
la flèche 6, et que l'extrémité 16' vienne buter contre l'élément fixe 15, le recalage
est automatiquement assuré au premier armage complet.
[0016] La figure 3 montre la situation au désarmage complet. Dans cette position, l'extrémité
16'' de la rainure circulaire 16 vient buter contre l'élément fixe 15. Là aussi, de
façon analogue à ce qui vient d'être observé à propos de l'armage dans l'hypothèse
d'un décalage non voulu de l'organe indicateur, si ce dernier se décale non pas dans
le sens 6, mais dans le sens de la flèche 14, l'ouverture 16, resp. l'extrémité 16''
peut arriver au contact de la goupille 15 avant le désarmage complet. L'aiguille de
l'indicateur est arrêtée, mais la montre, en finissant de se désarmer, fera fléchir
la serge 1b de la roue 1: la dent 1a s'escamotera à chaque passage de la came 10,
cet escamotage étant rendu possible grâce à l'entaille 1c, et le recalage sera ainsi
assuré. On observe à l'appui des figures que l'entaille 1c est orientée radialement,
s'étend de l'extérieur de la denture à la rainure 16 et est pratiquée à proximité
de l'extrémité 16' de la rainure 16, la dent 1a étant la première adjacente à l'entaille
1c et située du côté opposé à l'extrémité 16' par rapport à cette entaille.
[0017] Les organes élastiques 7, 5, 13, devront chacun créer sur l'étoile 1 des couples
différents entre eux et adaptés l'un à l'autre. A titre indicatif, il est avantageux
que, si le couple d'actionnement exercé sur la roue 1 par le ressort ou sautoir 7
a une valeur de référence égale à un, le couple d'actionnement exercé sur la roue
1 par la bascule 4 commandée par le ressort 5 devra avoir une valeur égale environ
à deux, et le couple d'actionnement exercé sur la roue par le bec 10' commandé par
le ressort 13, devra avoir une valeur égale environ à six, le bec 10' devant contrer
les actions cumulées des ressorts 5 et 7.
[0018] Le dispositif selon l'invention est de construction simple, comporte un nombre réduit
de pièces et n'augmente pas de façon sensible l'épaisseur de la montre. Il se présente
sous forme modulaire permettant son installation à l'extérieur du mouvement. Ainsi,
en premier lieu, l'augmentation ne sera que de l'ordre de la moitié de celle qui résulterait
d'un dispositif à engrenages différentiels. Ensuite, il n'y a pas lieu de prévoir
de modification particulière du calibre; seul les hauteurs des pivots sur lesquels
sont montées la came 3 et la roue 8 devront être très légèrement augmentées. Enfin,
les différents éléments du dispositif sont facilement accessibles. En outre, grâce
aux moyens mis en oeuvre, celui-ci est particulièrement adapté aux montres mécaniques
à remontage automatique, un recalage étant effectué automatiquement dans les deux
sens, même suite à un décalage accidentel, ce qui assure une parfaite fiabilité de
la lecture de l'organe indicateur.
1.- Dispositif indicateur de réserve de marche pour montre mécanique, notamment pour
montre à remontage automatique, comprenant une roue-étoile (1) portant un organe indicateur,
ladite roue-étoile étant soumise à une action de rotation pour l'armage au moyen d'un
premier groupe d'éléments comprenant une bascule (4) soumise, d'une part, à une came
(3) présentant au moins une rampe et coopérant avec l'arbre (2) du barillet et, d'autre
part, à un organe élastique (5), de sorte à permettre à chaque armage l'entraînement
d'une dent de la roue (1), et à une action de rotation pour le désarmage au moyen
d'un deuxième groupe d'éléments comprenant une came (10) pourvue d'un bec (101), de
sorte à permettre à chaque désarmage l'entraînement d'une dent de la roue (1), ces
actions étant intermittentes et inverses, le positionnement de la roue (1) étant assuré
par un organe élastique (7), caractérisé en ce que la came (10) coopère avec un mobile (8) d'axe (8A) de la montre et que les axes (2A,
8A) n'ont pas le même support, le dispositif indicateur ayant ainsi comme prises d'informations
deux axes non coaxiaux du mouvement de la montre, et par le fait qu'il se présente
sous une forme modulaire agencée à l'extérieur du mouvement.
2.- Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que la roue (1) comporte une
rainure circulaire (16) et que l'organe indicateur s'immobilise lorsque le ressort
de barillet est entièrement armé, grâce à l'action d'un élément fixe (15) engagé dans
la rainure (16), l'une (16') des extrémités de ladite rainure venant buter contre
l'élément fixe (15) entravant la rotation de la roue (1), l'arbre de barillet (2)
pouvant continuer à tourner sous l'action d'une masse oscillante.
3.- Dispositif selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le mobile (8) est
en prise avec une roue (9) d'axe (9A), la came (10) étant montée libre en rotation
sur l'axe (9A) et entraînée soit par une goupille (11) solidaire de la roue (9), soit
par un organe élastique (13), l'autre extrémité (16'') de la rainure (16) venant buter
contre l'élément fixe (15) lors du désarmage complet.
4.- Dispositif selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé par le fait que lors
d'un décalage accidentel, un recalage automatique est assuré dans les deux sens, soit
par l'action du bec (101) de la came (10) faisant escamoter par flexion de la serge
(1b) de la roue (1) une dent (1a) adjacente à une entaille radiale (1c) pratiquée
dans la roue-étoile, l'extrémité (16'') étant en butée contre l'élément fixe (15),
soit par l'arrêt de la roue (1) lorsque l'extrémité (16') vient en butée contre l'élément
fixe (15).
5.- Dispositif selon la revendication 3 ou 4, caractérisé en ce que les couples d'actionnement
exercés sur la roue (1) par les organes élastiques (7, 5, 13) sont adaptés l'un à
l'autre, ceux exercés par les organes élastiques (5) et (13) étant de préférence environ
deux fois respectivement six fois plus élevés que celui exercé par l'organe élastique
(7).