[0001] La présente invention se rapporte à un ski de compétition, plus particulièrement
destiné à la pratique du slalom spécial. Dans ce type d'épreuve de compétition, le
coureur est amené à franchir à grande vitesse des portes très rapprochées les unes
des autres et délimitées chacune par deux piquets de même couleur. Cet exercice réclame
de grandes qualités de dynamisme, de jugement et de réactivité. Une des difficultés
majeures consiste à ne pas enfourcher le piquet intérieur au virage tout en imprimant
à l'extrémité de la spatule du ski interne, une trajectoire passant le plus près possible
du piquet. Toute erreur de trajectoire conduit irrémédiablement à la chute et à l'élimination
du coureur.
[0002] Afin d'augmenter les chances du coureur pour franchir les portes, il a été prévu
de rapporter sur l'extrémité de la spatule du ski ou sur une partie relevée, partiellement
ou totalement tronquée, une pièce courbe relevée en forme de corne, présentant une
asymétrie qui prolonge le ski et déplace la pointe de la spatule vers l'extérieur
du virage. Un tel dispositif est décrit dans le brevet CH 504 214 par exemple. Le
brevet FR 2 617 729 propose un perfectionnement consistant même à prévoir que la pièce
rapportée se prolonge vers l'avant par une partie en porte-à-faux par rapport à la
partie relevée sur laquelle elle est fixée.
[0003] Tous les dispositifs de l'art antérieur ont apporté des solutions imparfaites au
problème technique posé. L'effet de dissymétrie a permis effectivement de déplacer
avantageusement la pointe de la spatule vers l'extérieur du virage et d'augmenter
la marge de sécurité en augmentant la distance de la pointe par rapport au piquet.
En revanche, un choc de la pièce sur le piquet conduit dans la plupart des cas au
soulèvement du ski intérieur au virage conduisant à une perte d'adhérence du ski avec
la neige et à une perte des appuis du coureur dans le virage. Le croisement des skis
et le déséquilibre du coureur sont les conséquences immédiates et inéluctables de
ce type d'erreur.
[0004] L'invention a pour but de remédier à cet inconvénient en proposant un embout dissymétrique
de forme et de conception nouvelle. Lors d'un choc avec le piquet, le ski muni d'une
telle pièce reste en contact avec la neige, ne créant qu'un faible déplacement latéral
sans conséquence. Ainsi, la marge de sécurité pour le coureur augmente encore et favorise
la réalisation de performances.
[0005] Pour cela, l'invention a pour objet un ski de piste pour la pratique du slalom, comprenant
une partie aval centrale portante, se terminant par une ligne de contact avant, au-delà
de laquelle se prolonge, dans la zone de la spatule, une partie amont relevée sur
laquelle est rapportée un embout de spatule dissymétrique qui la prolonge par une
partie centrale ayant la forme générale d'une corne dont l'extrémité est située sur
un axe longitudinal décalée vers l'intérieur par rapport à l'axe longitudinal médian
du ski. L'embout comprend une partie latérale en porte-à-faux se raccordant à la partie
centrale et constituant une jupe du côté du bord externe du ski et dont la surface
supérieure est destinée à entrer en contact avec le piquet.
[0006] De préférence, la jupe est formée de telle façon que la normale relevée en tout point
sur la surface supérieure de celle-ci forme un angle positif et non nul avec un plan
parallèle au sol lorsque le ski est incliné vers l'extérieur d'un angle compris entre
15 et 45° environ lors de la prise de carre. Ainsi tout choc de la jupe sur le piquet
induit une force de réaction dont la composante verticale est dirigée vers le bas
; ce qui maintient l'extrémité du ski en contact permanent avec la neige.
[0007] L'invention concerne également l'embout déviateur de piquet de forme dissymétrique
et adaptable sur un ski de piste qui comprend une première partie centrale ayant la
forme générale d'une corne et dont l'extrémité est située sur un axe longitudinal
décalée par rapport à l'axe longitudinal médian du ski et une seconde partie latérale
en porte-à-faux, constituant une jupe se raccordant sur le plus grand des côtés incurvés
de la première partie centrale.
[0008] D'autres avantages et caractéristiques ressortiront de la description suivante d'exemples
non limitatifs de l'invention.
- la figure 1 est une vue de dessus de la partie avant d'un ski (gauche) de l'art antérieur
muni d'un embout de spatule traditionnel,
- la figure 2 est une vue de côté de la partie avant du ski de la figure 1,
- la figure 3 est une vue de devant du ski des figures 1 et 2, lors de la prise de virage
pour le passage d'un piquet,
- la figure 4 est une vue de dessus de la partie avant d'un ski (gauche) selon l'invention,
- la figure 5 est une vue du côté interne du ski de la figure 4,
- la figure 6 est une vue du côté externe du ski de la figure 4,
- la figure 7 est une vue de devant du ski des figures 4 à 6 lors de la prise de virage
pour le passage d'un piquet,
- la figure 8 est une vue d'une variante de l'invention,
- les figures 9 et 10 sont des vues, respectivement de dessus et de côté d'une autre
variante.
- la figure 11 est une vue de dessous de l'embout de spatule selon un mode de réalisation
de l'invention.
[0009] La figure 1 illustre l'avant d'un ski gauche de l'art antérieur utilisant un embout
asymétrique traditionnel. Le ski (1) comprend une partie aval centrale (10) constituant
la zone portante et une partie amont relevée (11) constituant en partie la zone de
spatule (2). La partie amont (11) est prolongée de façon continue par un embout (3)
de forme dissymétrique dont le profil est légèrement incurvé vers le haut. L'embout
comprend une surface supérieure (30) et inférieure (31) ayant la forme générale d'une
corne et qui sont reliées entre elles par un bord externe (33) incurvé de corde C1
et un bord interne (32) incurvé de corde C2 plus petite que C1. Les bords (32, 33)
se rejoignent à l'extrémité (34) de l'embout situé sur un axe (II, II') qui est décalé
vers l'intérieur (INT) par rapport à l'axe longitudinal médian (I, I') du ski. L'avantage
d'une telle construction est qu'elle permet, comme le montre la figure 3, d'augmenter
la distance de sécurité en décalant l'extrémité (34) de la spatule vers l'intérieur
pour favoriser le passage du piquet (24). Lors du virage, le ski est en prise de carre
externe et est incliné vers l'intérieur du virage d'un certain angle (α) compris généralement
entre 15 et 45°. Si la trajectoire du ski est telle que l'extrémité avant rencontre
le piquet (24), l'impact s'effectue en un point (35) situé sur le bord externe (33)
et, plus particulièrement, à proximité de l'arète inférieure (330) reliant le bord
externe (33) à la surface inférieure (31) de l'embout, en raison de l'incurvation
de l'embout vers le haut. Ainsi, la force F du ski est dirigée vers l'extérieur (EXT
ou vers l'intérieur du virage) et vers le bas. La réaction R induit donc une composante
verticale R1 dirigée vers le haut et qui a donc tendance à soulever l'extrémité du
ski et à lui faire perdre son adhérence avec la neige. Ce phénomène est d'autant plus
accentué, qu'en comportement dynamique, le piquet fléchit légèrement lors du passage
du ski et glisse le long de l'arète inférieure (330) créant un effet de rampe qui
décolle progressivement l'extrémité du ski.
[0010] La figure 4 illustre l'avant d'un ski (gauche) (1) selon l'invention qui comprend
également une partie aval centrale (10) constituant la zone portante et une partie
amont sensiblement relevée (11) constituant, en partie au moins, la spatule (2); les
deux parties étant limitées l'une de l'autre par une ligne de contact (12). Un embout
(3) est rapporté sur la partie amont (11) et la prolonge. L'embout (3) comprend une
première partie centrale (4) formée d'une surface supérieure (40) et inférieure (41)
ayant la forme générale d'une corne. Les surfaces supérieure (40) et inférieure (41)
sont reliées par un bord interne (32) de forme incurvée du côté intérieur du ski et
se rejoigne à l'avant par une extrémité (34) située sur un axe longitudinal (II, II')
décalé vers l'intérieur (INT ou extérieur au virage) par rapport à l'axe longitudinal
médian (I, I') du ski. Du côté du bord externe du ski, la partie centrale (4) se raccorde
à une seconde partie latérale en porte-à-faux constituant une jupe et prolongeant
les surfaces supérieure (40) et inférieure (41). Les deux parties (4) et (5) peuvent
être limitées par une arète supérieure (6) plus ou moins nette, comme représentée.
Mais, il est dans l'esprit de l'invention, de prévoir une transition progressive d'une
partie à l'autre par une zone sensiblement arrondie et plus esthétique.
[0011] Comme le montre plus particulièrement la figure 7, la jupe (5) est formée de telle
façon que la normale repérée en tout point sur sa surface supérieure (50) forme un
angle (β) positif, non nul, avec un plan (P) parallèle au sol (S) lorsque le ski est
incliné vers l'extérieur d'un certain angle (α) plus particulièrement compris entre
15 et 45°. Ainsi, lorsque le piquet (24) entre en contact avec l'embout (3), le point
d'impact (35) se situe sur la surface supérieure (50) de la jupe (5). La résultante
verticale (R1) de la force de réaction (R) du piquet dont le point d'application est
un point d'impact (35) pouvant être situé à un endroit quelconque sur la surface supérieure
(50) est dirigée vers le bas, tendant ainsi à plaquer le ski et plus particulièrement
la carre externe (7) sur la neige. En comportement dynamique, le point d'application
(35) du piquet sur l'embout se déplace le long de la surface supérieure (50) lorsque
le ski avance, ce qui imprime une flexion du piquet vers l'avant mais la résultante
(R1) reste toujours dirigée vers le bas. L'effet de rampe joue ainsi sur la surface
supérieure (50) de la jupe (5) pour dégager du piquet l'extrémité du ski en maintenant
une parfaite adhérence de la carre (7) sur la neige.
[0012] La découpe de la partie latérale ou jupe (5) peut être évolutive mais on peut avantageusement
prévoir une largeur plus importante vers l'avant de l'embout puis une diminution progressive
vers l'arrière afin que les bords latéraux de l'embout se raccordent de façon sensiblement
continue avec les bords latéraux du ski.
[0013] La figure 8 illustre un exemple de mode d'accrochage de l'embout (3) sur la partie
amont (11) du ski. L'extrémité de cette partie est munie d'encoches latérales (13,
14) et prend position dans un logement (36) de forme complémentaire à celle de l'embout
(3) comprenant des bossages latéraux (360, 361).
[0014] L'embout peut être réalisé en matériau déformable élastique tel qu'un matériau plastique
souple ou en élastomère pour permettre un emmanchement à force, par exemple. Pour
assurer une certaine résistance au choc, on peut prévoir de le réaliser en matière
plastique chargée de fibres courtes de verre ou autres.
[0015] Les figures 9 et 10 illustrent un autre exemple de réalisation dans lequel l'extrémité
de la partie amont (11) est tronquée et se termine par un bord transversal (15). Dans
ce cas, la partie centrale (4) peut être réalisée sans logement et sa surface inférieure
(41) est fixée par tout moyen tel que vissage, collage ou rivetage à la surface supérieure
(110) de la partie amont (11) du ski. Ce cas particulier présente comme avantage de
pouvoir alléger l'extrémité du ski en prévoyant un embout en matériau de densité inférieure
à la densité moyenne du ski, par exemple.
[0016] La figure 11 illustre une variante dans laquelle la jupe (5) comprend des nervures
de renfort (52) reliant la surface inférieure (51) de la jupe à la surface inférieure
(41) de la partie centrale (4).
[0017] On peut prévoir enfin que l'embout soit intégré à la structure du ski lors de sa
réalisation, par moulage, par exemple.
[0018] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux exemples de réalisation qui viennent
d'être décrits et comprend tous les équivalents.
1. Ski de piste pour la pratique du slalom, comprenant une partie aval centrale portante
(10), se terminant par une ligne de contact avant (12), au-delà de laquelle se prolonge,
dans la zone de la spatule (2), une partie amont relevée (11), sur laquelle est rapportée
un embout (3) de spatule dissymétrique qui la prolonge par une partie centrale (4)
ayant la forme générale d'une corne dont l'extrémité (34) se situe sur un axe longitudinal
(II, II') qui est décalée vers l'intérieur du ski (INT) par rapport à l'axe longitudinal
médian (I, I') du ski, caractérisé en ce que l'embout comprend une partie latérale
(5) en porte-à-faux se raccordant à ladite partie centrale et constituant une jupe
du côté du bord externe du ski et dont la surface supérieure (50) est destinée à entrer
en contact avec le piquet.
2. Ski de piste selon la revendication 1, caractérisé en ce que la jupe (5) est formée
de façon à ce que la normale (N) relevée en tout point sur la surface supérieure (50)
de celle-ci forme un angle (β) positif et non nul avec le plan (P) parallèle au sol
(S) lorsque le ski est incliné vers l'extérieur (EXT) d'un angle compris entre 15
et 45° lors de la prise de carre.
3. Ski selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que la
largeur de la jupe (5) diminue progressivement vers l'arrière afin que les bords latéraux
de l'embout se raccordent de façon sensiblement continue avec les bords latéraux du
ski.
4. Embout déviateur de piquet de forme dissymétrique destiné à être rapporté sur l'extrémité
d'un ski de piste, caractérisé en ce qu'il comprend une première partie centrale (4)
ayant la forme générale d'une corne dont l'extrémité (34) est située sur un axe longitudinal
(II, II') décalée vers l'intérieur par rapport à l'axe longitudinal médian (I, I')
du ski ; et une seconde partie latérale (5) en porte-à-faux constituant une jupe se
raccordant sur le plus grand des côtés incurvés de la première partie centrale (4).