[0001] La présente invention concerne un dispositif de coulée continue des métaux comportant
deux cylindres d'axes parallèles, entraînés en rotation de sens contraire et séparés
d'une distance prédéterminée, et deux parois fixes d'obturation de l'espace de coulée
défini entre les deux cylindres.
[0002] De tels dispositifs sont déjà connus et utilisés notamment pour l'obtention de produits
métalliques minces, tels que des tôles ou bandes, notamment en acier.
[0003] Un des problèmes rencontrés dans l'utilisation de ce type de dispositif est d'assurer
l'étanchéité au métal liquide entre les cylindres et les parois latérales fixes, tenant
compte du fait que les cylindres se dilatent selon leur direction axiale en cours
de coulée.
[0004] Pour tenter de résoudre ce problème, il a déjà été proposé, dans le document FR 2647376,
de munir chaque paroi latérale de galets ou billes mis au contact des flancs des cylindres
par des moyens d'appui élastiques agissant sur l'arrière des parois latérales et de
manière à définir un jeu de fonctionnement entre les bords des cylindres et la surface
active, du côté de l'espace de coulée, des parois latérales. Une telle disposition
est cependant complexe. De plus, le chemin de roulement des galets ou billes ne peut
être situé juste à la périphérie des cylindres. Comme la dilatation des cylindres
peut être différente entre la périphérie et la zone du chemin de roulement, il s'ensuit
que ledit jeu de fonctionnement peut varier en cours de coulée.
[0005] Il a également été proposé de plaquer directement les parois latérales en matériau
réfractaire contre les flancs des cylindres par des ressorts, mais cette disposition
nécessite d'apporter à l'interface, de manière continue en cours de coulée, un lubrifiant
sous forme liquide ou solide. Ce lubrifiant est susceptible de polluer le métal liquide,
en pénétrant dans l'espace de coulée. Par ailleurs, le jeu entre paroi latérale et
cylindres étant pratiquement supprimé, cette disposition favorise entre ceux-ci des
échanges thermiques non souhaitables, et l'usure du réfractaire ne peut être totalement
supprimée malgré la lubrification.
[0006] On connaît également, par le document FR 2666256, des parois latérales comportant,
face aux bords des cylindres, des portions de disque tronconique, appelées "serpettes"
par analogie de forme, réalisées en un matériau ayant des caractéristiques thermiques
et mécaniques spécialement adaptées, différent du matériau réfractaire situé entre
ces serpettes et en contact avec le métal liquide. Ces serpettes sont soit plaquées
en permanence contre les flancs des cylindres, soit maintenues à distance de ceux-ci
avec un faible jeu à froid avant la coulée et en début de coulée, mais susceptibles
de venir en contact lors de la dilatation des cylindres en cours de coulée. Dans les
deux cas, une injection de lubrifiant à l'interface s'avère nécessaire.
[0007] La présente invention a pour but de résoudre les problèmes évoqués ci-dessus, de
supprimer l'apport de lubrifiant, que ce soit par injection d'un lubrifiant liquide
ou par dépôt d'un lubrifiant solide ou pâteux, et de faciliter l'installation du dispositif
et/ou le remplacement des parois latérales.
[0008] Avec ces objectifs en vue, l'invention a pour objet un dispositif de coulée continue
entre cylindres de produits métalliques minces, notamment en acier, comportant deux
cylindres refroidis entraînés en rotation et deux parois latérales plaquées contre
les extrémités frontales des cylindres et délimitant avec ceux-ci un espace de coulée
du métal liquide, caractérisé en ce qu'il comporte, au moins localement dans des zones
où les parois latérales font face aux extrémités frontales des cylindres, une couche
d'un matériau solide autolubrifiant.
[0009] L'expression "matériau solide autolubrifiant" désigne de manière générale tout matériau
solide à faible coefficient de frottement, non consommable dans les conditions normales
d'utilisation.
[0010] Grâce à l'invention, l'injection de lubrifiant liquide est supprimée. De plus l'épaisseur
de ladite couche définit un jeu fixe entre les bords des surfaces cylindriques des
cylindres et les parois latérales, même lorsque lesdits cylindres se dilatent axialement
en périphérie.
[0011] Préférentiellement, ce matériau est une matière plastique autolubrifiante, telle
que le polytétrafluoréthylène (PTFE) connu sous la dénomination téflon, ou encore
du poly-éthylènepropylène perfluoré (FEP) ou du diallylisophtalate, ou autres matières
plastiques autolubrifiantes similaires.
[0012] L'utilisation d'une couche de matériau solide autolubrifiant à l'interface cylindre-paroi
latérale permet de réduire fortement le frottement sans apport de lubrifiant. Comme
il n'y a pratiquement pas d'usure, donc de consommation de cette couche, son épaisseur
reste constante lors de la mise en oeuvre du dispositif, pendant la coulée.
[0013] Selon une variante de l'invention ladite couche est constituée par un revêtement
localisé de la paroi latérale.
[0014] Selon une autre variante, ladite couche est formée par une partie, débordante par
rapport à la surface de la paroi latérale, d'une plaque fixée dans une rainure de
ladite paroi latérale.
[0015] Selon des caractéristiques additionnelles :
- ladite couche est continue sur un secteur annulaire s'étendant du haut en bas de ladite
zone ;
- le secteur annulaire a un rayon extérieur sensiblement égal à celui des cylindres
;
- le secteur annulaire a un rayon extérieur inférieur à celui des cylindres ;
- le secteur annulaire a un rayon extérieur inférieur de 5 à 10 mm à celui des cylindres
;
- le revêtement est réalisé par un procédé de dépôt en couche mince tel que dépôt chimique,
dépôt en phase vapeur, ou par plasma.
[0016] Selon une autre variante encore, ladite couche est discontinue et constituée par
une pluralité de plots espacés entre eux.
[0017] Dans cette variante, préférentiellement, chaque plot est formé par l'extrémité d'un
barreau coulissant dans un alésage de la paroi latérale, perpendiculairement à la
surface de celle-ci, et réglable en position.
[0018] Selon d'autres caractéristiques :
- le matériau autolubrifiant est un matériau composite, notamment à base de matière
plastique autolubrifiante ou comportant une telle matière (par exemple : PTFE + MoS₂
+ fibre de verre, PTFE + fibres métalliques orientées, PTFE dans une matière métallique
frittée, polyimide aromatique + graphite, etc...)
- l'épaisseur de la couche est comprise entre 0,01 et 0,1 mm.
[0019] Enfin, ladite couche peut également être fixée sur les parois frontales des cylindres.
[0020] D'autres caractéristiques et avantages apparaîtront dans la description qui va être
faite de divers modes de réalisation de l'invention, dans un dispositif de coulée
continue entre cylindres de produits minces en acier.
[0021] On se reportera aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique partielle d'un dispositif de coulée entre cylindres
;
- la figure 2, est une vue en coupe selon la ligne II-II de la figure 1 ;
- la figure 3 est une demi-vue de la paroi latérale dans une première variante de l'invention
;
- la figure 4 est une vue similaire à celle de la figure 2, dans le cas d'une paroi
latérale pourvue de portions de disques en forme de serpettes ;
- les figures 5, 6 et 7 sont des demi-vues de face de la paroi latérale pourvue de serpettes
;
- les figures 8, 9 et 10 sont des vues de la serpette, selon trois variantes, en coupe
selon respectivement les lignes VIII-VIII de la figure 5, IX-IX de la figure 6 et
X-X de la figure 7.
[0022] La figure 1 représente les deux cylindres 1, 2 d'un dispositif de coulée entre cylindres,
et une paroi latérale 3 d'obturation de l'espace de coulée 4. Lors de la coulée, par
exemple d'un acier, celui-ci est déversé selon la flèche F dans l'espace de coulée
4, se solidifie au contact des parois refroidies des cylindres 1 et 2, et est extrait
vers le bas lors de la rotation des cylindres, selon les flèches F1, pour former une
bande mince 5.
[0023] La paroi latérale 3 est poussée vers les extrémités frontales 6, 7 des cylindres,
par exemple par des moyens élastiques, tels que des ressorts 8, ou tout autre moyen
de pression.
[0024] Dans la variante représentée à la figure 2, la paroi 3 est essentiellement constituée
d'une plaque en matériau réfractaire comportant une surface plane 9, au moins dans
les zones 10, 11 où la paroi latérale fait face aux cylindres.
[0025] Dans ces zones 10, 11, la paroi 3 comporte un revêtement 21 d'un matériau solide
autolubrifiant. Ce revêtement forme une couche continue du haut en bas de la paroi
latérale 3, (fig. 3) sur un secteur annulaire 22 dont le rayon extérieur Re est légèrement
inférieur à celui des cylindres et a une épaisseur de 0,01 à 0,1 mm.
[0026] Sous l'effet des ressorts 8, le revêtement 21 est plaqué contre la surface d'extrémité
frontale 6, 7 des cylindres, déterminant entre celle-ci et la surface 9 de la paroi
latérale un jeu j1 de valeur égale à l'épaisseur du revêtement. Le centre de courbure
du secteur annulaire 22 coïncidant avec l'axe du cylindre, il subsiste également entre
le bord extérieur 23 du revêtement et la paroi cylindrique du cylindre un jeu radial
j2, qui évite un contact direct entre le revêtement et le métal coulé, ce dernier
ne pouvant s'infiltrer dans le faible jeu j1. Le jeu j2 est préférentiellement de
5 à 10 mm ; mais il peut être réduit par rapport à ces valeurs, sinon annulé, dans
le cas où la nature du revêtement 21 n'exclut pas de manière rédhibitoire tout contact
avec le métal coulé en fusion.
[0027] Le revêtement 21 est préférentiellement réalisé en téflon, ou autre matière plastique
autolubrifiante. Les qualités autolubrifiantes de ce matériau résultent du transfert
d'une mince pellicule orientée de ce matériau sur la surface antagoniste en déplacement
au contact dudit matériau, ce qui assure un très bon glissement dès ce transfert réalisé
et élimine pratiquement toute consommation ultérieure dudit matériau.
[0028] Un avantage particulier des matières plastiques autolubrifiantes est qu'il est possible
de les déposer en couche mince directement sur la surface de la paroi latérale en
regard avec le cylindre.
[0029] Ce revêtement peut être réalisé par tout procédé de dépôt de type connu adéquat pour
le matériau concerné, par exemple par dépôt chimique, dépôt chimique ou physique en
phase vapeur, etc...
[0030] A la figure 4, on a représenté une variante de l'invention appliquée à un dispositif
de coulée comportant des parois latérales 3 pourvues de portions de disques telles
que celles décrites dans le document FR 2666256 déjà cité dans la partie introductive.
[0031] Dans cette variante la paroi latérale 3 comporte un boîtier 31 pourvu d'un dégagement
dans lequel est placé une plaque 32 en matériau réfractaire, dont la surface affleurante
33 a une forme correspondante à la section droite verticale de l'espace de coulée
4 défini entre les deux cylindres 1 et 2. Cette plaque 32 est bordée de chaque côté
par des portions de disques tronconiques métalliques 34, 35, encore appelées "serpettes"
fixées sur le boîtier 31 par des vis 36 représentées uniquement par leurs axes sur
la figure 4.
[0032] Ces serpettes 34, 35 ont un rayon extérieur Re1 sensiblement égal à celui des cylindres,
de sorte que les arêtes 37 formées par leurs bords de plus grand rayon sont face aux
arêtes 38 formées par les bords des parois cylindriques des cylindres.
[0033] Dans la variante représentée aux figures 5 et 8, la couche 21 de matériau solide
autolubrifiant est formée par une partie d'une plaque 38 de ce matériau, débordant
de la surface 39 de la serpette 34. Cette plaque 38 est maintenue par ancrage dans
une rainure 40 en queue d'aronde usinée dans la serpette. Pour éviter un glissement
de la plaque 38 dans la rainure 39, cette dernière est obturée vers le bas, pour former
une butée 41.
[0034] Dans la variante représentée aux figures 6 et 9, la couche 21 de matériau solide
autolubrifiant recouvre toute la surface 39 de la serpette. Dans ce cas, ladite couche
est préférentiellement constituée d'un revêtement déposé selon l'un des procédés déjà
mentionnés dans la description de la première variante.
[0035] Dans la variante représentée aux figures 7 et 10, la couche de matériau solide autolubrifiant
est discontinue et constituée d'une pluralité de plots 51 répartis sur la hauteur
de la serpette 34. Ces plots peuvent être circulaires, comme représenté sur la figure
7 et de diamètre légèrement inférieur à la largeur de la serpette. Préférentiellement
chaque plot 51 est formé par l'extrémité d'un barreau 52 en matériau autolubrifiant,
pouvant coulisser dans un alésage 53 usiné dans la serpette perpendiculairement à
la surface 39 de celle-ci. Chaque barreau comporte des moyens, non représentés, de
réglage en position axiale, selon la direction des flèches 54, de manière à pouvoir
ajuster le débord de ces barreaux par rapport à la surface 39. Ceci permet de compenser
l'éventuelle usure des plots, et aussi éventuellement de régler indépendamment le
débord de chaque plot.
[0036] L'invention n'est pas limitée aux seuls exemples qui viennent d'être décrits. On
pourra par exemple combiner en une même réalisation des caractéristiques décrites
ci-dessus dans le cadre de plusieurs variantes. La couche de matériau solide autolubrifiant
pourra également être fixée ou déposée sur les parois frontales des cylindres, à proximité
de leur périphérie, sous forme d'une bande continue ou discontinue.
1) Dispositif de coulée continue entre cylindres de produits métalliques minces, notamment
en acier, comportant deux cylindres (1, 2) refroidis entraînés en rotation et deux
parois (3) latérales plaquées contre les extrémités frontales (6, 7) des cylindres
et délimitant avec ceux-ci un espace de coulée (4) du métal liquide, caractérisé en
ce qu'il comporte, au moins localement dans des zones (10, 11) où les parois latérales
font face aux extrémités frontales des cylindres, une couche (21) d'un matériau solide
autolubrifiant.
2) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche est constituée
par un revêtement localisé de la paroi latérale.
3) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche est formée
par une partie, débordante par rapport à la surface (39) de la paroi latérale, d'une
plaque (38) fixée dans une rainure (40) de ladite paroi latérale.
4) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche est continue
sur un secteur annulaire (22) s'étendant du haut en bas de ladite zone.
5) Dispositif selon la revendication 4, caractérisé en ce que le secteur annulaire a
un rayon (Re) égal ou légèrement inférieur à celui des cylindres.
6) Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce que le revêtement est réalisé
par un procédé de dépôt en couche mince tel que dépôt chimique, dépôt en phase vapeur,
ou par plasma.
7) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche est discontinue
et constituée par une pluralité de plots (51) espacés entre eux.
8) Dispositif selon la revendication 7, caractérisé en ce que chaque plot (51) est formé
par l'extrémité d'un barreau (52) coulissant dans un alésage (53) de la paroi latérale,
perpendiculairement à la surface (39) de celle-ci, et réglable en position.
9) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que la couche de matériau
solide comporte une matière plastique autolubrifiante.
10) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche est formée
par un matériau autolubrifiant composite.
11) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'épaisseur de la couche
est comprise entre 0,01 et 0,1 mm.
12) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite couche est fixée
ou déposée sur les parois frontales (6,7) des cylindres.