[0001] La présente invention concerne un dispositif de collimation de faisceaux d'un rayonnement.
[0002] Elle s'applique notamment à la collimation de faisceaux de neutrons et de faisceaux
de rayons X.
[0003] Il arrive souvent qu'on souhaite limiter la distribution angulaire d'un faisceau
de rayonnement sans en perdre inutilement la luminosité.
[0004] Pour ce faire, il est connu d'utiliser un collimateur de Soller.
[0005] Un exemple d'un tel collimateur est schématiquement représenté sur la figure 1.
[0006] Il comprend une pluralité de fines lamelles parallèles 2 qui sont aptes à absorber
le rayonnement incident 4 que l'on veut collimater ou qui sont couvertes d'un matériau
apte à absorber ce rayonnement.
[0007] Le rapport Do/Lo de la distance entre les lamelles 2 à la longueur Lo de ces lamelles
est égal à la tangente de la moitié de la divergence maximale 2φ souhaitée pour le
faisceau de rayonnement 6 sortant du collimateur.
[0008] Pour éviter les pertes inutiles, on utilise les lamelles les plus fines possible.
[0009] Un collimateur de Soller présente des inconvénients.
[0010] En effet, si le rayonnement à collimater arrive au dessous d'un certain angle d'incidence
critique sur les lamelles, il est réfléchi (effet de réflexion totale), malgré la
présence du matériau absorbant.
[0011] En conséquence, il n'est pas possible de collimater le faisceau de rayonnement incident
au-dessous de cet angle critique.
[0012] De plus, une telle réflexion totale risque de contaminer (ce qui n'est pas souhaité)
le faisceau de rayonnement diffusé par un échantillon (non représenté sur la figure
1) qui est éclairé par le faisceau collimaté.
[0013] La présente invention a pour but de remédier aux inconvénients précédents.
[0014] Pour ce faire, le dispositif de collimation de faisceaux d'un rayonnement objet de
la présente invention est caractérisé en ce qu'il comprend une pluralité de nappes
parallèles de fils qui sont faits ou recouverts d'un matériau capable d'absorber le
rayonnement.
[0015] L'utilisation de tels fils permet de réduire de manière importante la surface qui
contribue à la réflexion totale du rayonnement.
[0016] Selon un mode de réalisation préféré du dispositif objet de l'invention, les fils
utilisés sont ronds.
[0017] Dans ce cas, la surface qui contribue à la réflexion totale est quasiment nulle.
[0018] De préférence, dans chaque nappe, chaque fil de rang n, pour tout nombre entier n
supérieur ou égal à 3, est tangent au plan qui passe entre le fil de rang n-1 de cette
nappe et le fil de rang 1 d'une nappe adjacente et qui est tangent à ce fil de rang
1 et à ce fil de rang n-1.
[0019] Ceci permet d'avoir des fils placés à des distances maximales les uns des autres
et donc d'utiliser un nombre minimum de fils, ce qui permet de réduire encore la surface
contribuant à la réflexion totale.
[0020] Selon un mode de réalisation particulier du dispositif objet de l'invention, ledit
matériau est capable d'absorber les neutrons, le dispositif étant ainsi capable de
collimater des faisceaux neutrons.
[0021] Dans ce cas, on peut utiliser, en tant que matériau absorbant, le cadmium ou le gadolinium
mais on utilise de préférence le bore.
[0022] Avec des fils de bore et un rayonnement neutronique, la dose d'irradiation due à
l'absorption des neutrons est réduite d'un facteur 10 par rapport à un absorbant constitué
de cadmium ou de gadolinium.
[0023] La présente invention sera mieux comprise à la lecture de la description d'exemples
de réalisation donnés ci-après à titre purement indicatif et nullement limitatif,
en faisant référence aux références aux dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 est une vue en coupe schématique d'un dispositif de collimation connu
et a déjà été décrite,
- la figure 2 est une vue en coupe schématique d'un mode de réalisation particulier
du dispositif de collimation objet de la présente invention,
- la figure 3 est une vue en perspective schématique d'un dispositif de collimation
conforme à l'invention, et
- la figure 4 illustre schématiquement une construction géométrique permettant de minimiser
le nombre de fils d'un dispositif de collimation conforme à l'invention.
[0024] Sur la figure 2, on a représenté schématiquement, en coupe, un dispositif de collimation
conforme à l'invention, permettant de collimater un faisceau de rayonnement incident
4 et d'obtenir, à la sortie de ce dispositif de collimation, un faisceau collimaté
6, la divergence maximale de ce faisceau sortant 6 étant égale à 2φ.
[0025] Le dispositif de collimation, ou collimateur, représenté sur la figure 2 comprend
une pluralité de nappes parallèles 8 de fils 10 qui sont faits ou recouverts d'un
matériau capable d'absorber le rayonnement.
[0026] Dans l'exemple représenté sur la figure 2, les nappes 8 sont équidistantes les unes
des autres et, dans chaque nappe 8, les fils 10 sont des fils ronds, parallèles les
uns aux autres et les fils de même rang, c'est-à-dire de même numéro d'ordre, dans
les nappes, sont dans des plans P parallèles les uns aux autres et perpendiculaires
aux plans des nappes 8.
[0027] On voit sur la figure 3 un collimateur conforme à l'invention en perspective.
[0028] Comme on le voit sur cette figure 3, les fils 10 sont tendus individuellement entre
deux plaques parallèles 12 qui sont rendues rigidement solidaires l'une de l'autre
par exemple grâce à des entretoises 14 (placées en dehors du faisceau à collimater
4).
[0029] Pour collimater un faisceau de neutrons, on utilise de préférence des fils de bore
que l'on peut tendre entre les plaques 12.
[0030] En variante, on peut utiliser des fils de tungstène recouverts de bore.
[0031] Dans le cas où l'on veut collimater un faisceau de rayons X, on utilise des fils
faits ou recouverts d'un matériau capable d'absorber ces rayons X, de préférence des
fils de tungstène.
[0032] La figure 4 illustre schématiquement la manière de placer les fils les uns par rapport
aux autres dans un collimateur conforme à l'invention afin d'utiliser un nombre minimum
de fils.
[0033] Le collimateur représenté schématiquement et partiellement, en coupe, sur la figure
4 comprend une pluralité de nappes parallèles de fils ronds, telles que les nappes
adjacentes A et B.
[0034] Ayant choisi la divergence maximale 2φ que l'on veut obtenir avec ce collimateur
de la figure 4, on choisit la distance D12 entre les deux premiers fils A1 et A2 de
la nappe A (qui est égale à la distance entre les deux premiers fils B1 et B2 de la
nappe B).
[0035] On détermine ensuite la position du troisième fil A3 de la nappe A et la position
du troisième fil B3 de la nappe B de la façon indiquée ci-après.
[0036] Le fil A3 est tangent au plan B1 A2 qui passe entre les fils B1 et A2 et qui est
tangent à ces fils B1 et A2.
[0037] De même, le fil B3 est tangent au plan A1 B2 qui passe entre les fils A1 et B2 et
qui est tangent à ces fils A1 et B2.
[0038] On détermine ensuite la position des fils A4 et B4 de la façon suivante.
[0039] La fil A4 est tangent au plan B1 A3 qui passe entre les fils B1 et A3 et qui est
tangent à ces fils B1 et A3.
[0040] De même, le fil B4 est tangent au plan A1 B3 qui passe entre les fils A1 et B3 et
qui est tangent à ces fils A1 et B3.
[0041] On construit ainsi de proche en proche le collimateur de la figure 4.
[0042] La construction de ce collimateur est achevée avec les fils de rang n, tels que les
fils An et Bn, permettant d'obtenir l'angle de divergence maximale 2φ initialement
fixé.
[0043] La distance Li entre les fils Ai et Ai+1 (égale à la distance entre les fils Bi et
Bi+1) est fonction du diamètre d des fils et de la divergence angulaire locale 2xφi
du faisceau de rayonnement au niveau des fils de rang i (sur la figure 4 on a représenté
les paramètres L4 et 2xφ4 qui sont relatifs aux fils de rang i=4).
[0044] La distance Li (distance maximale entre les fils Ai et Ai+1) est telle que :

[0045] Comme φi diminue lorsque i augmente, c'est-à-dire au fur et à mesure que le rayonnement
se propage dans le collimateur (en d'autres termes, au fur et à mesure qu'on s'éloigne
de l'entrée E de ce collimateur), l'espacement Li des fils est une fonction croissante
de i.
[0046] La construction expliquée ci-dessus permet ainsi de réaliser un collimateur conforme
à l'invention avec un nombre minimum de fils.
[0047] A titre purement indicatif et nullement limitatif, pour réaliser un collimateur conforme
à l'invention permettant de collimater un faisceau de neutrons et d'obtenir à la sortie
de ce collimateur un faisceau de divergence angulaire maximale égale à 0,5°, on utilise
les paramètres suivants :
fils de bore de diamètre 0,1 mm
longueur du collimateur : 250 mm
distance entre deux nappes adjacentes : 2,2 mm
[0048] La présente invention permet de réduire grandement et, dans certains modes de réalisation
préférés, d'éliminer complètement, la réflexion totale du rayonnement.
[0049] De plus, le fait de tendre les fils individuellement permet de bien définir la nappe
constituée par ces fils, contrairement aux lamelles tendues qui sont utilisées dans
les collimateurs de Soller connus, lamelles qui ont, du point de vue mécanique, une
position mal déterminée, en particulier à l'entrée et à la sortie de ce collimateur
de Soller (on n'est jamais sûr qu'une lamelle ne soit pas déformée).
[0050] De plus, les fils sont moins sensibles que ces lamelles aux variations thermiques
et à la dégradation par le rayonnement.
1. Dispositif de collimation de faisceaux d'un rayonnement, ce dispositif étant caractérisé
en ce qu'il comprend une pluralité de nappes parallèles (8; A, B) de fils (10; A1
...An, B1 ... Bn) qui sont faits ou recouverts d'un matériau capable d'absorber le
rayonnement.
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que les fils (10; A1 ... An,
B1 ... Bn) sont ronds.
3. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que
dans chaque nappe (8; A, B), chaque fil de rang n, pour tout nombre entier n supérieur
ou égal à 3, est tangent au plan qui passe entre le fil de rang n-1 de cette nappe
et le fil de rang 1 d'une nappe adjacente et qui est tangent à ce fil de rang 1 et
à ce fil de rang n-1.
4. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
ledit matériau est capable d'absorber les neutrons, le dispositif étant ainsi capable
de collimater des faisceaux de neutrons.
5. Dispositif selon la revendication 4, caractérisé en ce que ledit matériau est le bore.