[0001] L'invention concerne le nettoyage des chaussées poreuses.
[0002] On sait que les chaussées poreuses, formées notamment d'enrobés ou bétons bitumineux
ou de bétons de ciment drainants, présentent des propriétés très intéressantes de
drainage de l'eau et d'amortissement acoustique.
[0003] Le drainage empêche la formation d'une couche d'eau sur la chaussée lorsqu'il pleut
et limite par conséquent fortement les phénomènes d'aquaplanage et de réflexion des
phares, préjudiciables à la sécurité des usagers de la route.
[0004] L'amortissement acoustique diminue le niveau sonore tant dans l'environnement de
la route que dans l'habitacle des véhicules.
[0005] Cependant, cette structure poreuse a tendance à se colmater à cause de l'apport de
différents polluants tels que boues, sables, sédiments, poussières, débris de pneus
et hydrocarbures divers. La diminution de la porosité entraîne une détérioration des
propriétés ci-dessus. Cette diminution de porosité s'observe grâce à la mesure sur
chantier de la vitesse de percolation suivant la norme française P 98.254.3.
[0006] Les procédés de nettoyage connus ne permettent pas de restaurer de façon efficace
la porosité perdue.
[0007] Ces procédés, tels que brossage, aspersion sous haute pression (environ 300 bars)
et aspiration vigoureuse, semblent limiter leurs actions à une région proche de la
surface de la structure poreuse, et perdent leur pouvoir en profondeur. Ils semblent
aussi densifier et pousser vers le bas les matières se trouvant dans les pores dans
le tiers supérieur de l'épaisseur.
[0008] Le but de l'invention est de fournir un procédé et un dispositif permettant un nettoyage
efficace des chaussées poreuses.
[0009] Le procédé selon l'invention comprend les étapes suivantes, pratiquement simultanées
:
a) on verse un liquide sur une première portion de surface de la chaussée de façon
à remplir les pores sous-jacents et à former un volume de liquide adjacent à la première
portion de surface, au-dessus de celle-ci;
b) on applique audit volume de liquide des vibrations ultrasonores, de préférence
à une fréquence comprise entre 20 kHz et 1 MHz; et
c) on aspire le liquide contenu dans les pores à travers une seconde portion de surface
de la chaussée, voisine de la première.
[0010] De façon connue, l'application à un liquide de vibrations ultrasonores à une fréquence
comprise entre 20 kHz et 1 MHz provoque une cavitation (croissance et implosion de
bulles) qui se traduit localement par des conditions extrêmes : température de l'ordre
de 5000 K, pression de l'ordre de 300 bars et vitesse d'implosion d'environ 300 km/h.
[0011] On a constaté que ces phénomènes se propagent dans tout le volume de la structure
poreuse qui est imprégnée du liquide soumis aux vibrations ultrasonores, dans la limite
bien entendu d'une distance qui est fonction de la puissance d'émission de ces vibrations,
et ceci même pour des structures poreuses particulièrement tortueuses. On a également
constaté que les phénomènes liés à la cavitation détachent les particules étrangères
des parois des pores, sans entraîner de dégradation de la structure en raison de leur
durée très courte, de l'ordre de 10⁻⁵ seconde. Une puissance d'émission d'environ
1 kilowatt pour une surface active du transducteur de quelques dm² est suffisante
pour nettoyer toute l'épaisseur des chaussées drainantes usuelles.
[0012] D'autres caractéristiques, complémentaires ou alternatives, de l'invention sont énoncées
ci-après :
- On déplace de façon continue les première et seconde portions de surface le long de
la surface de la chaussée pour faire progresser la zone de nettoyage.
- Ledit volume de liquide est délimité latéralement par une paroi annulaire dont le
bord inférieur vient en contact avec la surface de la chaussée et délimite la première
portion de surface. Cette paroi est par exemple sous la forme d'une jupe fermée ou
de rouleau presseur.
- Le liquide est aspiré par une buse dont le bord vient en contact avec la surface de
la chaussée et délimite la seconde portion de surface.
- Le liquide aspiré est recyclé dans le procédé après élimination des particules en
suspension.
- Les vibrations ultrasonores sont appliquées par un transducteur ayant une surface
active plane parallèle à la surface de la chaussée et en contact avec ledit volume
de liquide.
[0013] L'invention a également pour objet un dispositif de nettoyage d'une chaussée poreuse
par le procédé défini ci-dessus, comprenant :
a) un réceptacle pour maintenir un volume de liquide adjacent à une première portion
de surface de la chaussée, au-dessus de celle-ci;
b) des moyens pour verser du liquide dans le réceptacle en formant ledit volume;
c) des moyens pour appliquer audit volume de liquide des vibrations ultrasonores,
de préférence à une fréquence comprise entre 20 kHz et 1 MHz; et
d) des moyens pour aspirer le liquide à travers une seconde portion de surface de
la chaussée, voisine de la première.
[0014] Le dispositif selon l'invention peut comporter tout ou partie des caractéristiques
suivantes :
- Le réceptacle comprend une paroi annulaire dont le bord inférieur vient en contact
avec la surface de la chaussée et délimite la première portion de surface.
- Les moyens pour verser du liquide comprennent un réservoir de liquide disposé plus
haut que le réceptacle et des moyens définissant un trajet de chute de liquide du
réservoir dans le réceptacle.
- Les moyens pour aspirer le liquide comprennent une buse dont le bord vient en contact
avec la surface de la chaussée et délimite la seconde portion de surface, et une pompe
aspirante.
- Il comprend des moyens pour filtrer le liquide sortant de la pompe et pour le ramener
dans le réservoir.
- Il comprend des moyens d'admission de liquide frais pour compenser les pertes de liquide.
- Il est monté sur un véhicule roulant.
[0015] Les caractéristiques et avantages de l'invention seront exposés plus en détail dans
la description ci-après, en se référant aux dessins annexés, sur lesquels :
- la figure 1 représente schématiquement un dispositif de nettoyage selon l'invention
en cours d'utilisation; et
- la figure 2 est un schéma montrant la disposition relative de certains éléments d'une
variante du dispositif, en vue de dessus.
[0016] Le dispositif illustré à la figure 1 est monté sur un engin roulant de façon à se
déplacer sur une chaussée poreuse 1 dans le sens de la flèche F. Cet engin non représenté
comporte au moins deux essieux disposés respectivement en avant et en arrière par
rapport au dispositif.
[0017] Le dispositif comprend une jupe annulaire 2 dont la paroi évasée s'élève de quelques
centimètres à partir de la surface de la chaussée. La jupe 2 est en un matériau élastique
tel qu'une matière plastique ou un élastomère et son bord inférieur 3 est appliqué
d'une façon relativement étanche aux liquides sur la surface de la chaussée, dont
il délimite une portion fermée 4. De l'eau tombe par une conduite 5 dans la jupe 2.
Grâce au contact relativement étanche entre le bord 3 et la surface de la chaussée,
cette eau ne se répand pratiquement pas sur la chaussée et s'accumule à l'intérieur
de la jupe, tout en s'infiltrant dans les pores de la chaussée à travers la portion
de surface 4. Le débit d'eau dans la conduite 5 est ajusté pour compenser le débit
d'infiltration et maintenir un volume d'eau 8 d'une hauteur de quelques centimètres
au-dessus de la chaussée.
[0018] Un transducteur ultrasonore 6 présente une surface active 7 disposée dans le volume
d'eau 8, horizontalement en regard de la surface de la chaussée, ayant la forme d'un
rectangle de 40 cm x 10 cm allongé selon la largeur de la chaussée. Ce transducteur
est alimenté de façon à émettre des vibrations ultrasonores d'une fréquence comprise
entre 20 kHz et 1 MHz et d'une puissance de 1 kilowatt. Il en résulte la mise en cavitation
d'une masse d'eau 9 marquée par des hachures, qui s'étend aussi bien au-dessus de
la surface de la chaussée que dans les pores de celle-ci, sur toute son épaisseur.
[0019] Comme exposé plus haut, la cavitation dans les pores a pour effet de détacher les
particules étrangères qui sont mises en suspension dans l'eau.
[0020] Le mélange d'eau et de particules en suspension est aspiré, à travers une portion
10 de la surface de la chaussée, par une pompe 11 reliée à une buse d'aspiration 12
en un matériau analogue à celui de la jupe 2, dont le bord 13 est appliqué sur la
chaussée de façon relativement étanche à l'air, en délimitant la portion de surface
10. La suspension sortant de la pompe 11 s'écoule dans une conduite 14 dont elle sort
par une buse 15 placée au-dessus d'une bande sans fin 16 en forme de grille circulant
horizontalement entre deux rouleaux 17 et 18 dont l'un est moteur. Une bande de papier
filtre 19 est appliquée par des rouleaux non représentés sur la face supérieure du
brin supérieur de la bande 16, et est entraînée par celui-ci de façon à se dérouler
en continu d'une bobine 20. L'eau sortant par la buse 15 tombe sur la bande 19 et
traverse celle-ci, puis les deux brins de la bande 16, pour être recueillie dans un
bac 21 placé au-dessous de celle-ci. Les particules en suspension sont retenues et
entraînées par la bande de papier filtre 19. La bande de papier chargée de particules
quittant la grille 19 est recueillie dans un bac 22. L'eau rassemblée dans le bac
21, qui est situé plus haut que la conduite 5, quitte le bac par une conduite 23 pour
retourner à la conduite 5. Compte tenu des pertes du procédé, le débit d'eau recueilli
dans le bac 21 est inférieur au débit dans la conduite 5. Cet écart de débit est compensé
au moyen d'un organe d'ajustement de débit 24 interposé entre les conduites 23 et
5, alimenté par une conduite d'arrivée d'eau fraîche 25.
[0021] L'eau utilisée dans le procédé peut comporter des additifs, par exemple des agents
mouillants et/ou détergents. Elle peut aussi être remplacée par un autre liquide,
mais l'eau est généralement le liquide le plus économique.
[0022] En utilisant le dispositif décrit à une vitesse d'avance de 2 km/h, le transducteur
ultrasonore s'étendant sur une longueur de 10 cm, on a obtenu, après nettoyage de
la chaussée, une vitesse de percolation de 1 cm/s, alors que cette vitesse de percolation
avait été ramenée de 1,5 cm/s (valeur pour une chaussée neuve) à 0.3 cm/s par suite
de colmatage. La vitesse d'avance peut être augmentée par exemple jusqu'à 10 km/h.
[0023] Pour diminuer les pertes d'eau, les portions de surface 4 et 10 de la chaussée à
travers lesquelles se font l'infiltration et l'aspiration sont adjacentes. La jupe
2 et la buse 12 peuvent présenter une paroi commune. La disposition relative des portions
de surface 4 et 10 montrées à la figure 2 vaut également pour le dispositif de la
figure 1 : la surface d'aspiration 10 est adjacente à la surface d'infiltration 4
sur le côté arrière de celle-ci, et l'encadre, en s'en éloignant légèrement, sur ses
côtés latéraux. En variante, on peut prévoir une certaine distance entre les portions
de surface 4 et 10.
[0024] Le dispositif auquel se rapporte la figure 2 diffère de celui de la figure 1 en ce
qu'il comporte plusieurs transducteurs ultrasonores 6 alignés dans la direction de
la largeur de la chaussée et alimentés de façon à émettre des ondes ultrasonores en
synchronisme. En utilisant cinq transducteurs ayant chacun une surface active s'étendant
sur environ 40 centimètres dans la direction de la largeur de la chaussée, on peut
traiter à chaque passage une largeur de chaussée de deux mètres. Bien entendu le nombre
et la largeur des transducteurs peuvent être modifiés en fonction de la largeur de
chaussée à traiter.
1. Procédé de nettoyage d'une chaussée poreuse, comprenant les étapes suivantes, pratiquement
simultanées :
a) on verse un liquide sur une première portion de surface (4) de la chaussée (1)
de façon à remplir les pores sous-jacents et à former un volume de liquide (8) adjacent
à la première portion de surface, au-dessus de celle-ci;
b) on applique audit volume de liquide des vibrations ultrasonores, de préférence
à une fréquence comprise entre 20 kHz et 1 MHz; et
c) on aspire le liquide contenu dans les pores à travers une seconde portion de surface
(10) de la chaussée, voisine de la première.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on déplace de façon continue
les première et seconde portions de surface le long de la surface de la chaussée pour
faire progresser la zone de nettoyage.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que ledit volume
de liquide est délimité latéralement par une paroi annulaire (2) dont le bord inférieur
(3) vient en contact avec la surface de la chaussée et délimite la première portion
de surface.
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que le liquide
est aspiré par une buse (12) dont le bord (13) vient en contact avec la surface de
la chaussée et délimite la seconde portion de surface.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que le liquide
aspiré est recyclé dans le procédé après élimination des particules en suspension.
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que les vibrations
ultrasonores sont appliquées par un transducteur (6) ayant une surface active plane
(7) parallèle à la surface de la chaussée et en contact avec ledit volume de liquide.
7. Dispositif de nettoyage d'une chaussée poreuse par le procédé selon l'une des revendications
précédentes, comprenant :
a) un réceptacle (2) pour maintenir un volume de liquide (8) adjacent à une première
portion de surface (4) de la chaussée, au-dessus de celle-ci;
b) des moyens (5) pour verser du liquide dans le réceptacle en formant ledit volume;
c) des moyens (6) pour appliquer audit volume de liquide des vibrations ultrasonores,
de préférence à une fréquence comprise entre 20 kHz et 1 MHz; et
d) des moyens (11, 12) pour aspirer le liquide à travers une seconde portion de surface
(10) de la chaussée, voisine de la première.
8. Dispositif selon la revendication 7, caractérisé en ce que le réceptacle comprend
une paroi annulaire (2) dont le bord inférieur (3) vient en contact avec la surface
de la chaussée et délimite la première portion de surface, que les moyens pour verser
du liquide comprennent un réservoir de liquide (21) disposé plus haut que le réceptacle
et des moyens (23, 24, 25) définissant un trajet de chute de liquide du réservoir
dans le réceptacle, et que les moyens pour aspirer le liquide comprennent une buse
(12) dont le bord (13) vient en contact avec la surface de la chaussée et délimite
la seconde portion de surface, et une pompe aspirante (11).
9. Dispositif selon la revendication 8, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens (14-16,
19) pour filtrer le liquide sortant de la pompe et pour le ramener dans le réservoir.
10. Dispositif selon la revendication 9, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens (24,
25) d'admission de liquide frais pour compenser les pertes de liquide.
11. Dispositif selon l'une des revendications 7 à 10, caractérisé en ce qu'il est monté
sur un véhicule roulant.