[0001] La présente invention se rapporte aux procédés qui permettent de compenser automatiquement
l'aimantation résiduelle qui persiste dans une drague de type ferromagnétique lorsqu'on
a mis celle-ci en état hors service. Ceci permet de lui enlever quand c'est nécessaire
toute efficacité et donc tout danger pour pouvoir la manipuler et/ou la stocker sans
risque.
[0002] On utilise pour draguer les mines des dragues adaptées au principe de fonctionnement
de ces engins. C'est ainsi que dans le cas des mines à orins on remorque derrière
le dragueur des dispositifs mécaniques destinés à couper les orins, et dans le cas
des mines acoustiques des véhicules immergés comportant des sources sonores destinées
à actionner le dispositif de mise à feu à une distance suffisante du dragueur. Il
est aussi connu dans le cas des mines à déclenchement magnétique d'utiliser différents
systèmes remorqués derrière le dragueur, lui même traité de manière à ne pas émettre
de champ magnétique perturbateur, un dispositif créant un champ magnétique permettant
là aussi d'actionner les dispositifs de mise à feu des mines. Ces dispositifs de mise
à feu ont bien entendu été améliorés pour ne pas être leurrés par les dispositifs
de simulation relativement grossiers utilisés au début. Ces améliorations portent
essentiellement sur la mise en oeuvre de moyens permettant de différencier la signature
magnétique du leurre remorqué par le dragueur, de la signature magnétique d'un bâtiment
réel. On a alors perfectionné le leurre pour obtenir une signature magnétique se rapprochant
le plus possible de celle d'un bâtiment réel.
[0003] L'un des systèmes connus utilisés pour cela est décrit dans la demande de brevet
européen n° 0 130 767 déposée le 25 juin 1984 sous le titre "Improvements in or relating
to magnetic assemblies" et bénéficiant d'un dépôt prioritaire en Grande Bretagne sous
le n° 83 18111 en date du 4 juillet 1983.
[0004] Le dispositif décrit dans cette demande de brevet comprend une série d'éléments ferromagnétiques
remorqués en file indienne derrière un dragueur de mines. Chacun de ces éléments est
lui-même composé de 19 noyaux entourés de bobinage. Ces bobinages sont associés à
des générateurs d'impulsions de courant réglables en sens et en amplitude. Ces impulsions
permettent d'engendrer au sein de chaque noyau ferromagnétique séparément, un champ
magnétique qui permet d'aimanter à saturation le noyau dans un sens ou dans l'autre
et de le désaimanter, tout au moins dans une certaine mesure, permise par le cycle
d'hystérésis du matériau utilisé pour construire le noyau.
[0005] La combinaison des champs magnétiques ainsi générés par chacun des noyaux permet
d'obtenir pour chaque élément un champ magnétique qui est réglable par pas en intensité
et en sens. L'aimantation fournie par chacun des éléments pouvant être ainsi réglée,
on peut simuler d'une manière relativement fine la signature magnétique d'un bateau.
[0006] Il y a toutefois des moments où il est nécessaire d'annuler de la manière la plus
parfaite possible l'aimantation résiduelle de chacun des éléments. C'est en particulier
le cas lorsque, en dehors des périodes de dragage par exemple, on souhaite stocker
le dispositif sur le pont du dragueur, en particulier pour faciliter la manoeuvre
de celui-ci, notamment en augmentant sa vitesse, qui est considérablement ralentie
par l'effort de traction du dispositif lorsque celui-ci est remorqué.
[0007] Pour cela on ramène à bord le dispositif et on range les éléments sur le pont du
dragueur.
[0008] Si alors il subsiste une aimantation résiduelle, celle-ci, même si elle est faible
pour chaque élément, peut atteindre une valeur critique compte tenu du rassemblement
des éléments dans un espace restreint. On court alors le risque de faire exploser
une mine au-dessus de laquelle passerait le dragueur, alors que celui-ci, en raison
de ses caractéristiques particulières, n'aurait pas déclenché celle-la à lui tout
seul.
[0009] Pour réduire au maximum l'aimantation de chaque élément on peut porter à saturation
magnétique 18 de ses noyaux en les groupant de telle manière que deux noyaux consécutifs
aient des sens d'aimantation opposés et en désaimantant le 19ème noyau situé au centre.
Cependant en raison d'un certain nombre d'effets, en particulier des différences de
constructions, des variations de cycle d'hystérésis, et de la très grande difficulté
d'obtenir une aimantation réellement nulle pour le 19ème élément, il peut subsister
une aimantation résiduelle qui est d'autant plus dangereuse que les aimantations résiduelles
de tous les éléments peuvent s'additionner.
[0010] Si on considère par exemple qu'un élément de drague est capable de fournir une aimantation
maximale égale à 70.000 A.m
2, une aimantation résiduelle de 5%, valeur courante, soit 3.500 A m². engendre un champ
magnétique de 300 nT à une distance de 9 m, correspondant à la hauteur d'eau standard
retenue pour ce genre de dispositif. Dans l'exemple décrit dans la demande de brevet
en référence, la drague comporte 6 éléments identiques et le champ résiduel engendré
par ces 6 éléments regroupés en un même endroit sur le pont du dragueur peut atteindre
alors une valeur de 1.800 nT à cette distance de 9 m. Or l'on sait que l'on s'efforce
d'atteindre pour les dragueurs un champ magnétique résiduel inférieur à 100 nT, afin
de leur permettre de naviguer avec une sécurité suffisante au-dessus de mines à déclenchement
magnétique immergées par 9 m de fond.
[0011] Il est donc clair que le stockage sur le pont du dragueur du dispositif décrit dans
cette demande de brevet en référence est susceptible d'annihiler complètement l'effet
des moyens utilisés pour obtenir une sécurité suffisante pour le dragueur.
[0012] Pour pallier cet inconvénient, l'invention propose un procédé selon la revendication
1.
[0013] D'autres particularités et avantages de l'invention apparaîtront clairement dans
la description suivante faite à titre d'exemple non limitatif en regard des figures
annexées qui représentent:
- la figure 1 : une vue en coupe d'un élément de drague selon l'art connu; et
- la figure 2 :une vue en coupe longitudinale d'un élément de drague munie selon l'invention
d'un gradientmètre et de ses organes annexes.
[0014] On a représenté sur la figure 1 une coupe transversale d'un élément de drague ferromagnétique.
Cet élément est formé de 19 noyaux 101 répartis sur deux couronnes concentriques,
une couronne extérieure comprenant 12 noyaux plus une couronne intérieure comprenant
6 noyaux, plus un élément central unique formant le 19ème noyau. Chaque noyau est
formé lui-même d'un ensemble de barreaux 102, réunis ensemble sous forme d'un paquet
allongé enserré par un bobinage 103 permettant de les magnétiser de la manière voulue
en faisant parcourir ce bobinage par un courant adéquat.
[0015] L'ensemble est contenu dans une enveloppe 104 et l'espace entre les noyaux à l'intérieur
de cette enveloppe est rempli par un composé 105 permettant de maintenir les noyaux
dans la disposition souhaitée tout en participant à l'équilibre hydrostatique de l'élément.
[0016] Selon cette disposition, on peut grouper les noyaux des deux couronnes par paire,
ce qui permet en portant l'un d'eux à saturation dans un sens et l'autre à saturation
dans l'autre sens d'annuler globalement l'aimantation totale des deux couronnes de
18 noyaux. La désaimantation du noyau central est elle obtenu en faisant parcourir
le bobinage qui l'entoure par un courant qui ramène cette aimantation à 0.
[0017] Or on sait qu'il est très difficile d'obtenir de cette manière une véritable annulation
de l'aimantation d'un morceau de matériau ferromagnétique isolé. La manière la plus
facile et la plus courante consiste à faire subir à ce matériau des cycles d'hystérésis
décroissants imbriqués les uns dans les autres en faisant circuler dans le bobinage
extérieur un courant alternatif qui décroît progressivement depuis la valeur permettant
d'amener le noyau à saturation jusqu'à une valeur nulle.
[0018] Cette méthode n'est pas pratique du tout en particulier parce qu'elle est longue,
qu'elle consomme beaucoup d'énergie et qu'elle entraîne un échauffement notable de
l'ensemble. Elle est en particulier peu compatible avec le fonctionnement de la drague
pour lequel on a prévu, afin entre autres de simplifier les circuits de commandes,
d'utiliser des impulsions de courant dans les bobinages. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle on préfère désaimanter la drague en groupant les noyaux extérieurs par
paires dont chaque élément est porté à saturation dans le sens contraire de l'autre.
[0019] On a représenté sur la figure 2 une vue en coupe longitudinale simplifiée de l'élément
de la figure 1 muni d'organes additionnels comportant notamment les moyens de l'invention.
[0020] Selon l'invention, on utilise un gradientmètre de champ magnétique 201, situé sensiblement
sur l'axe du noyau central à une distance d de l'extrémité de ce noyau. Dans un exemple
de réalisation pratique, où les noyaux mesurent sensiblement 2 m de long, la distance
d sera égale à 0,7 m.
[0021] Ce gradientmètre 201 est un appareil connu qui mesure le gradient du champ en un
point de l'espace conventionnellement situé au centre du gradientmètre et selon une
direction déterminée. De manière courante, pour obtenir ce gradient on utilise deux
sondes 202 et 203, du type dit "flux-gate" par exemple, alignées selon l'axe de mesure.
La différence des mesures de champ magnétique données par ces sondes permet d'obtenir
en fonction de leur écartement, qui est par exemple égal à 0,2 m, la valeur du gradient
au point central entre ces deux sondes. Cet appareil est par principe polarisé selon
un axe qui sera selon l'invention l'axe du gros aimant formé par l'ensemble des noyaux
de l'élément de drague.
[0022] Le gradientmètre 201 est relié à un boîtier électronique 204 qui lui fournit divers
signaux de servitudes et analyse les signaux provenant des sondes pour déterminer
le gradient de champ magnétique à l'endroit où est positionné le gradientmètre.
[0023] Ces circuits électroniques comportent en outre des moyens permettant à partir de
ces signaux de mesure de commander un dispositif d'alimentation en puissance 205 des
bobinages 103 des noyaux 101.
[0024] Ce dispositif 204 fonctionne en rétroaction de manière à minimiser, de préférence
à annuler, le gradient de champ magnétique mesuré par le magnétomètre 201. Ainsi donc
lorsque l'on lance l'opération de démagnétisation de l'élément de drague en commandant
une séquence d'impulsions de courant dans les bobinages 103, par des moyens non représentés
et connus qui viennent commander les moyens de puissance 205 et qui peuvent eux-mêmes
être contenus dans les organes du boîtier électronique 204, le champ magnétique généré
par l'élément de drague à l'extérieur de lui-même tend à s'annuler, en particulier
à l'emplacement où est situé le gradientmètre. Le gradient de ce champ s'annule alors
aussi.
[0025] Cette séquence étant alors achevée, l'aimantation résiduelle est détectée par le
gradientmètre qui commande alors par l'intermédiaire du boîtier 204 I'émission de
courants complémentaires par le boîtier de puissance 205 dans les bobinages, et en
tout cas dans au moins l'un d'entre eux.
[0026] Une manière plus simple, mais grossière, d'obtenir ce résultat consisterait à utiliser
un simple magnétomètre à la place du gradientmètre. On voit tout de suite que cette
solution est loin d'être entièrement satisfaisante, puisque l'on tendrait alors à
annuler non pas le champ uniquement attribuable à l'élément de drague, mais également
le champ magnétique terrestre en gardant donc une aimantation résiduelle dans l'élément,
cet aimantation étant à peu près inverse de celle du champ terrestre. Comme les mines
magnétiques sont destinées justement à exploser en constatant une variation du champ
magnétique par rapport à la valeur normale correspondant au champ terrestre, on pourrait
ne pas obtenir un bon résultat. Toutefois, cette solution est au moins utilisable
dans un premier temps pour dégrossir l'annulation du champ résiduel.
[0027] Le gradient de champ magnétique terrestre, s'il n'est pas toujours nul, est par contre
souvent très faible, sauf peut-être en présence de certaines anomalies dues à des
roches ferromagnétiques. Le gradient provenant de l'élément de drague est par contre
beaucoup plus important puisque l'on se trouve à une distance d de cet élément relativement
faible par rapport à ses dimensions. Si donc on arrive à annuler ce gradient, on est
beaucoup plus sûr d'avoir annulé le champ magnétique résiduel provenant de l'élément.
[0028] A partir de ce principe, on peut utiliser deux procédés distincts de commande des
courants de désaimantation.
[0029] Dans un premier procédé, on part du procédé classique de désaimantation globale de
l'élément par saturation dans des sens contraires des noyaux contigüs et désaimantation
du noyau central sans contrôle à ce niveau. On met alors en route le système d'asservissement
sur la valeur 0 de la mesure du gradientmètre et celui-ci vient régler finement l'aimantation
du noyau central autour de la valeur en principe nulle obtenue précédemment. Finalement
on arrête ce processus lorsque la valeur du gradient est minimale,.c'est-à-dire quand
on ne constate plus de variation du gradient dans au moins deux itérations successives
du procédé. En principe la valeur de l'aimantation du noyau central est alors nulle
mais en pratique ce ne sera pas le cas puisqu'on disposera d'une petite aimantation
résiduelle permettant de compenser l'aimantation résiduelle provenant des irrégularités
dans la compensation deux par deux des noyaux des couronnes.
[0030] L'inconvénient de cette première méthode est que l'obtention d'une valeur 0 du gradient
en un point de l'axe du système ne garantit pas un champ nul dans tout espace avec
une précision suffisante. Ceci ne saurait être réalisé que si l'élément de drague
pouvait être assimilé à un dipôle magnétique parfait, ce qui n'est pas le cas puisque
les aimantations des noyaux disposés en couronne ne sont pas nulles et se compensent
seulement deux par deux. Cette compensation ne donne manifestement pas un champ magnétique
homogène et donc nul en tout point.
[0031] Une deuxième méthode consiste alors à désaimanter dans un premier temps tous les
noyaux de la même manière que l'on a désaimanté le noyau central dans la première
méthode. Dans un deuxième temps, on fait varier légèrement l'aimantation de chacun
des noyaux successivement les uns après les autres, de manière cyclique du premier
au dernier, en minimisant chaque fois le gradient de champ déterminé par le gradientmètre
201. Lorsque ce processus cyclique est terminé, si le gradient n'est pas suffisamment
faible on recommence cette action un certain nombre de fois jusqu'à obtenir le résultat
voulu.
[0032] Ce deuxième procédé donne des résultats supérieurs au point de vue homogénéité dans
l'espace du champ nul résultant mais il présente l'inconvénient d'être plus long à
mettre en oeuvre puisqu'il faut agir sur chacun des noyaux les uns après les autres.
[0033] L'invention s'étend bien entendu aux cas des dragues qui fonctionnent dans les trois
dimensions de l'espèce, chaque élément de la drague comportant trois éléments octogonaux
généralement identiques. On est alors amené à placer un gradientmètre par élément
et à mettre en oeuvre le procédé pour chacun de ces éléments séparément.
1. Procédé de compensation automatique de l'aimantation résiduelle d'une drague ferromagnétique
comportant au moins un élément destiné à être tracté par un navire, cet élément comportant
au moins un noyau (101) entouré par un bobinage (103) pemettant de faire varier l'aimantation
de ce noyau, caractérisé en ce que l'on mesure (201) au moins une caractéristique
du champ magnétique créé par l'élément et que l'on modifie (205) l'aimantation du
noyau pour ramener cette caractéristique à une valeur indiquant que le champ créé
est sensiblement nul.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on mesure (201) le gradient
du champ magnétique.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'on effectue la mesure (201)
sur l'axe magnétique de l'élément à l'extérieur de celui-ci.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 2 et 3, caractérisé en ce que l'on
modifie l'aimantation du noyau pour minimiser le gradient de champ ainsi mesuré.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que, I'élément comportant un ensemble
de noyaux (101) en nombre impair disposé avec un noyau central et au moins une couronne
comportant un nombre pair de noyaux entourant ce noyau central, on aimante à saturation
les noyaux de la couronne dans des sens alternés pour deux noyaux contigüs, que l'on
ramène sensiblement à 0 l'aimantation du noyau central, et que l'on modifie légèrement
autour de cette valeur 0 l'aimantation du noyau central pour minimiser la valeur du
gradient mesuré.
6. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que, I'élément comportant un ensemble
de noyaux (101) en nombre pair disposés avec un noyau central et au moins une couronne
comportant un nombre pair de noyaux entourant ce noyau central, on désaimante dans
un premier temps tous les noyaux et que l'on modifie ensuite légèrement autour de
la valeur nulle ainsi obtenu successivement l'aimantation de chaque noyau pour minimiser
la valeur du gradient mesuré.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que l'on itère le processus jusqu'à
ce que la valeur sensiblement nulle du gradient finalement obtenu ne varie plus d'une
itération à la suivante.