[0001] L'invention se rapporte à un four pour la destruction pyrolytique sous pression réduite
de déchets industriels organiques, comportant une enceinte tubulaire étanche, un groupe
de pompage relié à l'enceinte à travers un condenseur, des moyens d'introduction des
déchets dans l'enceinte et des moyens de chauffage de celle-ci.
[0002] La destruction des déchets organiques industriels est exécutée couramment par incinération,
c'est-à-dire combustion en présence d'air ; ce processus, où les produits de combustion
gazeux sont entraînés dans les fumées, implique une épuration très poussée des fumées,
et conduit à disperser dans l'atmosphère des quantités non négligeables de gaz carbonique.
Par ailleurs il n'est pas toujours possible, avec certains déchets organiques, d'éviter
que la combustion n'entraîne la formation de composés toxiques tels des dioxines et
oxydes d'azote dont l'élimination dans les fumées à un taux acceptable est pratiquement
impossible.
[0003] On a proposé de détruire des déchets organiques par pyrolyse, c'est-à-dire chauffage
en atmosphère neutre. Pour une destruction sensiblement complète des composés organiques
en leurs éléments constituants, on visait des températures de 1 000° à 1 500°C. Aucune
réalisation industrielle ne semble avoir vu le jour.
[0004] Le document de brevet EP-A-0 324 668 a proposé d'effectuer une pyrolyse sous pression
réduite, à des températures comprises entre 400° et 600°C. Selon ce document la destruction
était suffisamment complète pour n'engendrer que des sous-produits non polluants et
commercialisables, ou utilisables sur place comme combustibles "propres" dans des
générateurs d'énergie thermique; Les fours selon EP-A-0 324 668 étaient constitués
d'enceintes tubulaires métalliques, tournant autour de leur axe, et disposées dans
des chambres en maçonneries réfractaires pour un chauffage par l'extérieur des enceintes.
[0005] La Demanderesse a conduit des expérimentations sur ce mode de pyrolyse sous vide,
et est arrivée à la conclusion que, si le processus était efficace sur de nombreux
déchets organiques, certains déchets étaient incomplètement décomposés et donnaient
des sous-produits encore polluants et même dangereux, tels des dioxines et oxydes
d'azote, ces sous-produits étant techniquement très difficiles à traiter ultérieurement.
En outre, le chauffage des enceintes par l'extérieur était onéreux. Par ailleurs,
il paraissait irréaliste d'augmenter de façon significative la température de pyrolyse
dans des enceintes sous vide, la résistance mécanique des parois soumises à une pression
différentielle voisine du bar (10⁵ Pa) décroissant rapidement avec un accroissement
de température.
[0006] L'invention a pour but d'améliorer l'efficacité de la pyrolyse sous vide à l'échelle
industrielle.
[0007] A cet effet, l'invention propose un four pour la destruction pyrolytique sous pression
réduite de déchets industriels organiques, comportant une enceinte tubulaire étanche,
un groupe de pompage relié à l'enceinte à travers un condenseur, des moyens d'introduction
des déchets dans l'enceinte, et des moyens de chauffage de celle-ci, caractérisé en
ce que les moyens de chauffage sont constitués de résistances électriques rectilignes
étendues parallèlement à l'axe principal à l'intérieur de l'enceinte à proximité de
la paroi, montées nues et aptes à être portées, par passage de courant issu d'une
source extérieure, à une température d'au moins 1 200°C.
[0008] La Demanderesse a découvert, lors de ses travaux, qu'il était possible d'obtenir
une pyrolyse pratiquement complète de déchets organiques industriels en opérant sous
pression réduite à une température moyenne de 400 à 600°C, à condition qu'il existe
dans l'enceinte de pyrolyse des surfaces rayonnantes portées à au moins 1 200°C. On
suppose que, pour les températures inférieures à environ 600°C, la décomposition pyrolytique
obéit aux lois de la thermodynamique. Par contre, pour les molécules dont la stabilité
n'est pas affectée à cette température, il se trouverait dans le spectre de rayonnement
(dans le rouge et l'infrarouge propre) des bandes ou des raies susceptibles de faire
résonner les molécules stables, et de les dissocier.
[0009] Pour éviter un échauffement excessif des parois de l'enceinte à proximité des résistances,
de préférence on disposera un garnissage réfractaire appliqué sur la surface interne
de l'enceinte en regard des résistances, et des écrans réfléchissants allongés entre
le garnissage réfractaire et les résistances.
[0010] De préférence les résistances seront constituées de tubes d'Inconel capables de supporter
en continu la température requise, et de résister aux vapeurs de déchets et aux produits
de décomposition de façon satisfaisante.
[0011] Des caractéristiques secondaires et les avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs
de la description qui va suivre, à titre d'exemple, en référence aux dessins annexés
dans lesquels :
la figure 1 est une vue en coupe longitudinale schématique d'un four selon l'invention
;
la figure 2 est une coupe selon le plan II-II de la figure 1.
[0012] Selon la forme de réalisation choisie et représentée de l'invention, un four pour
la destruction pyrolytique sous pression réduite comprend une enceinte étanche 1 dans
son ensemble, comprenant un corps tubulaire 10 conçu pour supporter des pressions
relatives dirigées vers l'axe principal d'au moins un bar (10⁵ Pa), et deux fonds
en calottes bombées 11 et 12, également prévus pour supporter des surpressions extérieures.
Un fond 11 est ouvrant, et muni d'un joint périphérique pour assurer l'étanchéité
lorsque ce fond est fermé. Le fond opposé est fixe, et traversé par un arbre 14
a entraîné par un moteur. Cet arbre 14
a transmet la rotation du moteur à un panier cylindrique 13, perforé, dont l'axe, en
prolongement de l'arbre 14
a, est parallèle à celui du corps 10, mais décalé verticalement vers le bas. Des galets
13
a, non visibles sur la figure 1, supportent le panier 13 dans l'enceinte 1.
[0013] Dans cette enceinte 1 sont disposées des résistances de chauffage 15 constituées
de tubes d'Inconel 601 étendus parallèlement à l'axe du corps, dans l'espace situé
entre le panier et la partie supérieure du corps 10, et dégagé par le décalage vertical
entre les axes de panier 13 et de corps 10.
[0014] La paroi supérieure du corps, en regard des résistances 15, est munie d'un garnissage
réfractaire 16, et des plaques polies pour former réflecteurs 17 sont disposées entre
les résistances 15 et le garnissage réfractaire 16, et présentent des bords rabattus
pour accentuer la concentration du rayonnement vers l'axe du corps 10. Les résistances
sont alimentées en énergie électrique par une source réglable à basse impédance 19
(environ 1 000 ampères sous quelques dizaines de volts). Elles sont calculées pour
atteindre des températures de surface rayonnante d'au moins 1 200°C. Par ailleurs,
l'enceinte 1 est disposée dans un garnissage extérieur réfractaire de façon que la
température du corps atteigne, en régime, une température comprise entre 400 et 600°C.
Ces températures sont obtenues en tenant compte que la pression dans l'enceinte 1
sera, en service, comprise entre 10 et 65 mbars (1 000-6 500 Pa). A l'extrémité du
corps 10 voisine du fond 11, on a disposé un écran en forme de diaphragme 11
a, pour mettre le joint périphérique du fond ouvrant 11 à l'abri du rayonnement des
résistances. Entre l'écran 11
a et l'extrémité voisine du panier 13 est disposée une canne d'injection 18 alimentée
par une pompe 18
a. Dans la majorité des cas, les déchets à détruire sont sous forme de fluide pompable,
et seront introduits par la canne d'injection 18. Lorsque les déchets ont une consistance
qui interdit leur pompage, ils seront introduits dans le panier 13 à travers le fond
11, ouvert, et l'écran 11
a.
[0015] A la partie supérieure du fond 12 est branchée une canalisation d'évacuation 12
a raccordée à un groupe de pompage 4, à travers un condenseur 2. Le groupe de pompage
4 comprend, de façon classique quand il s'agit d'évacuer de l'enceinte un mélange
de vapeurs condensables et de gaz incondensables, un éjecteur 40 ou une tuyère convergente
injecte un jet liquide dans une tuyère divergente débouchant dans une caisse à liquide
d'où les gaz entraînés par le jet sont repris par une pompe à anneau liquide 41.
[0016] Le condenseur 2 comporte deux tours 20 et 21, où des buses multiples 20
a et 21
a respectivement pulvérisent de l'eau en jets dirigés vers le bas. L'eau et les condensats
se rassemblent dans un collecteur inférieur 22, d'où une pompe 23 les envoie dans
un séparateur 3, constitué d'une bâche 30 avec des cloisons en chicane 31 et 32. Une
canalisation 34 évacue l'eau pour la renvoyer en direction des buses 20
a et 21
a, tandis que les hydrocarbures surnageant dans une chambre 33 sont évacués par écrémage.
[0017] En fonctionnement normal pour la destruction pyrolytique de déchets liquides, l'enceinte
est mise sous vide par le groupe de pompage 4, puis les résistances 15 sont mises
sous tension pour amener l'enceinte 1 à un équilibre thermique, les résistances étant
à 1 200°C au moins, et le corps 10 atteignant une température de 400 à 600°C. En cours
de montée en température, le panier est mis en rotation, à une vitesse d'environ 1
t/min., pour en régulariser la température et, par voie de conséquence, parvenir plus
rapidement aux conditions de régime.
[0018] Puis on introduit progressivement les déchets liquides par la canne d'injection 18.
Le liquide se vaporise presque immédiatement, et les vapeurs sont portées progressivement
à la température moyenne de l'enceinte tandis qu'elles se déplacent depuis la canne
18 jusqu'au fond 12. Cette montée en température s'accompagne de craquage, donnant
naissance d'une part à des produits légers (hydrogène, méthane...) qui sont évacués
par le groupe de pompage, et d'autre part à des produits à haut poids moléculaire
à déplacement plus lent, dont le craquage continue jusqu'à formation pour l'essentiel
de noir de carbone.
[0019] Les incondensables, qui restent très peu de temps dans l'enceinte 1, se retrouvent
en sortie de la pompe à anneau liquide 41, pour être, soit récupérés pour utilisation,
soit brûlés en torchère. Les condensats légers, interceptés par le condenseur 2, sont
séparés de l'eau dans le séparateur 3 et seront, soit récupérés, soit recyclés dans
le four. Les résidus solides sont brassés par le panier 13.
[0020] Par ailleurs, les résidus de craquage qui n'ont pas été entièrement décomposés à
la température de l'enceinte sont également brassés par le panier 13. Bien que ces
résidus soient dans l'ensemble de granulométrie fine, ils se répartissent dans l'ensemble
du volume de l'enceinte, leurs mouvements n'étant pas freinés par la phase gazeuse,
dont la pression est faible. Ces résidus peuvent donc parvenir à proximité des résistances
15, et sont alors soumis directement à leur rayonnement. Ce rayonnement est proche
de celui d'un corps noir à cette température, avec un spectre continu qui s'étend
du jaune à l'infrarouge. Les résidus non complètement décomposés absorbent sélectivement
les composantes de spectre capables de briser les liaisons résiduelles, de sorte que
le craquage est complété.
[0021] Bien entendu l'invention n'et pas limitée à l'exemple décrit, mais en embrasse toutes
les variantes d'exécution, dans le cadre des revendications.
[0022] Notamment l'enceinte pourrait être disposée avec son axe vertical, les résistances
étant alors disposées en cage régulièrement espacées à proximité de la paroi.
1. Four pour la destruction pyrolytique sous pression réduite de déchets industriels
organiques, comportant une enceinte tubulaire (1) étanche, un groupe de pompage (4)
relié à l'enceinte à travers un condenseur (2), des moyens d'introduction (11, 18)
des déchets dans l'enceinte, et des moyens de chauffage (15) de celle-ci, caractérisé
en ce que les moyens de chauffage sont constitués de résistances électriques (15)
rectilignes étendues parallèlement à l'axe principal à l'intérieur de l'enceinte (1)
à proximité de la paroi, montées nues et aptes à être portées, par passage de courant
issu d'une source extérieure (19), à une température d'au moins 1 200°C.
2. Four selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'enceinte tubulaire est disposée
avec son axe principal sensiblement horizontal.
3. Four selon une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce qu'il comporte, à l'intérieur
de l'enceinte (1), des moyens d'isolement thermique constitués d'un garnissage réfractaire
(16) appliqué sur la surface interne de l'enceinte (1) en regard des résistances (15),
et des écrans réfléchissants (17) allongés disposés entre le garnissage réfractaire
(16) et les résistances (15).
4. Four selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que les résistances
(15) sont constituées de tubes d'Inconel.
5. Four selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'il comporte
un panier (13) perforé cylindrique susceptible d'être entraîné en rotation autour
d'un axe (14a) parallèle à celui de l'enceinte (1) à l'aplomb et en dessous de celui-ci.
6. Four selon une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que l'enceinte
est garnie extérieurement d'un revêtement calorifuge.
7. Four selon une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que le condenseur
(2) est du type à contact et comporte au moins une tour (20, 21) équipée de buses
(20a, 21a) de pulvérisation orientées vers le bas alimentées en eau sous pression, et d'une
pompe de reprise (23) avec un orifice d'aspiration relié à la partie basse (22) de
la tour, et un orifice de refoulement relié à un réservoir de stockage (3) pour condensats
dilués.
8. Four selon une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que le groupe
de pompage (4) comprend en série un éjecteur (40) et une pompe à anneau liquide (41).