[0001] L'invention concerne un procédé et un agent de traitement réversible de peaux non
tannées en vue d'assurer une protection desdites peaux évitant ou réduisant leur dégradation
et la perte de leurs propriétés. Par "procédé de traitement réversible", on entend
un procédé capable de protéger temporairement les peaux et permettant, le cas échéant,
de ramener celles-ci dans leur état initial. Par "peaux", on entend aussi bien des
peaux entières que des morceaux de peaux. L'invention s'étend au procédé de traitement
inverse pour ramener les peaux dans leur état initial. L'invention peut notamment
s'appliquer pour traiter des peaux en tripes ; elle s'étend à un procédé de valorisation
de déchets collagéniques de peaux ayant subi le traitement de l'invention.
[0002] Dans les industries du cuir, la protection des peaux est traditionnellement effectuée
par des traitements de prétannage et tannage au moyen d'agents de tannage (tannins)
; ces traitements visent à rendre la peau imputrescible et à préserver ou améliorer
ses qualités mécaniques. Aucun procédé de prétannage et de tannage connu est totalement
réversible : la peau ne peut plus être ramenée dans son état initial et débarrassée
des agents de tannage fixés sur elle. Les agents de tannage qui donnent actuellement
les meilleurs résultats sont des agents contenant des métaux (chrome, aluminium, zirconium,
titane, ...) ou certains composés organiques (aldéhydes) qui présentent le grave défaut
de conduire à des rejets de bain polluants et toxiques (en particulier les tannins
au chrome) devant réglementairement subir des traitements onéreux.
[0003] Par ailleurs, une étude a été effectuée sur la combinaison de tannages classiques
et d'un tannage au moyen de silice afin de déterminer quels sont les sites de fixation
des tannins sur le collagène ("V. RAMA Nohana Rao et al., Silica Tannage : Part IV
Studies on combination tannages and iso-electric point of silica-tanned leather -
Central Leather Research Institute, Madras, Leather Science, Vol. 27, 1980, p. 283-290").
Dans les essais qui sont rapportés dans cette publication, la matière traitée est
de la poudre de peau ("hide powder") et la silice est utilisée à saturation à des
teneurs très élevées (30 g à 75 g pour 100 g de peau) ; la durée de traitement est
de 12 heures. Cette étude indique que les divers tannages qui ont été combinés rentrent
en compétition et qu'un prétannage au moyen d'un composé donné diminue ensuite la
fixation d'un autre composé lors du tannage ; elle conclut que la silice se fixe aussi
bien sur les sites amino du collagène que sur les sites CONH de celui-ci. Toutefois,
ces essais effectués sur du collagène en poudre n'ont conduit à aucun essai sur des
peaux entières ou en morceaux, ni a fortiori à aucun procédé industriel probablement
en raison des teneurs très élevées requises et de l'absence totale de résultats sur
la qualité du collagène obtenu. La publication visée n'évoque ni ne suggère aucun
caractère de réversibilité du traitement.
[0004] Actuellement, il n'existe donc aucun procédé permettant de protéger de façon totalement
réversible les peaux dans le but d'augmenter temporairement leur résistance aux agents
mécaniques et au vieillissement, avec possibilité de les ramener dans leur état initial.
Or, une protection réversible serait intéressante dans les industries de la peau et
du cuir ; en effet, les traitements de tannage traditionnels sont nécessairement effectués,
en raison de leur nature même, après diverses opérations de traitement des peaux en
tripes (traitements mécaniques, physiques, chimiques, biologiques... tels que picklage,
dégraissage, refendage...) : protéger les peaux préalablement à ces opérations permettrait
de mener ces dernières dans de meilleures conditions (faculté de travailler à des
températures plus élevées, risque réduit de détérioration...), les peaux pouvant ou
non être ensuite débarrassées des agents de protection selon la nature des traitements
envisagés ; un autre avantage d'une protection réversible résiderait dans la faculté
de récupérer et valoriser les importants volumes de déchets collagéniques auxquels
conduisent les traitements des peaux en tripes : par exemple, ces déchets deviendraient
utilisables pour l'alimentation animale après traitement inverse les débarrassant
des agents de protection.
[0005] L'invention se propose de fournir un procédé de traitement réversible de peaux non
tannées, en vue d'assurer une protection de celles-ci évitant ou réduisant leur dégradation
et la perte de leurs propriétés, en particulier au cours des opérations précédant
le tannage.
[0006] Un objectif de l'invention est de fournir un procédé totalement réversible lorsque
les composés de base visés par l'invention sont appliqués seuls, rendant possible
un retour des peaux à leur état initial par un traitement inverse.
[0007] Un autre objectif est d'obtenir, à la fois, une protection efficace des peaux et
des consommations faibles des composés utilisés (rapportées au poids de peaux).
[0008] Un autre objectif de l'invention est de fournir un procédé de protection qui ne fasse
pas appel à des agents polluants contenant des métaux lourds ou des aldéhydes.
[0009] Un autre objectif est de fournir un procédé de protection dans lequel les composés
de base puissent être combinés à certains tannins connus non polluants, en vue de
réaliser une protection très efficace des peaux dans les cas où le caractère totalement
réversible du procédé n'est pas essentiel.
[0010] Un autre objectif est d'élargir les possibilités d'utilisation des déchets collagéniques
provenant de peaux traitées.
[0011] Le procédé conforme à l'invention pour protéger des peaux non tannées est caractérisé
en ce qu'on met lesdites peaux en présence d'un bain aqueux contenant, en combinaison
:
. au moins un électrolyte constitué par un sel en quantité supérieure ou égale à 20
g par litre de bain,
. de l'oxyde de silicium en proportion pondérale comprise entre 0,04 % et 3 % par
rapport au poids de peaux sèches,
. au moins un amide-amine en proportion pondérale comprise entre 0,04 % et 3 % par
rapport au poids de peaux sèches,
. au moins un acide en teneur adaptée pour ajuster le pH du bain à une valeur comprise
entre 1,5 et 5.
[0012] Par "bain aqueux" on entend un bain contenant en poids au moins 15 % d'eau, ce bain
pouvant aussi bien être un volume liquide dans lequel sont plongées les peaux qu'un
flux délivré vers les peaux permettant de mettre celles-ci en contact avec le liquide
de traitement. En général, ce bain sera essentiellement constitué d'eau, mais il peut,
le cas échéant, consister en un bain mixte contenant un ou des solvants organiques.
Par "électrolyte", on entend, de la façon habituelle dans les industries des traitements
de peau, un sel susceptible de se décomposer en espèces ioniques dans l'eau, en particulier
du chlorure de sodium.
[0013] L'oxyde de silicium utilisé est avantageusement une silice pyrogénée qui peut être
obtenue, de façon connue en soi, par hydrolyse de tétrachlorure de silicium en phase
vapeur à 1 800° C en présence d'hydrogène et d'oxygène. L'amide-amine utilisé est
avantageusement de l'urée.
[0014] Les expérimentations ont permis de constater que le procédé de l'invention, combinant,
en milieu aqueux acide, l'utilisation de silice, d'un amide-amine et d'un électrolyte
sous la forme d'un sel, assure une remarquable protection des peaux évitant ou réduisant
considérablement leur dégradation et la perte de leurs propriétés au cours des opérations
ultérieures. De façon inattendue, ce résultat est obtenu en utilisant de très faibles
quantités de composés (de 10 à 1 000 fois plus faibles que les quantités de silice
utilisées dans la publication RAMA déjà évoquée). De plus, sans qu'il soit possible
de fournir une explication, la combinaison de base silice/amide-amine/électrolyte
mise en oeuvre dans les conditions de l'invention conduit à un procédé totalement
réversible permettant, comme on le verra plus loin, d'éliminer à 100 % ces composés
de base, les peaux pouvant être ramenées dans leur état initial.
[0015] Le procédé peut en particulier être appliqué pour la protection des peaux en tripes
: il permet ensuite de travailler en plein bain les peaux à des températures allant
jusqu'à 62° C à 65° C sans risque de gelatinisation, ces températures étant très supérieures
à celles actuellement admises pour le travail des peaux en tripe non protégées (38°
C environ pour les peaux mouillées de mammifère) ; cette faculté accroît l'efficacité
de ces opérations qu'elles soient mécaniques, physiques, chimiques ou biologiques
(dégraissage, dérayage, refendage...). Il est à noter que, dans les procédés de tannage
traditionnels, le dérayage est effectué après tannage ; grâce à la protection qu'il
fournit, le procédé de l'invention permet d'effectuer le dérayage avant tannage et
assure ainsi une économie de produits de tannage puisque les déchets (qui représentent
généralement 30 % environ des matières collagéniques) ne subissent pas le traitement
de tannage. Ces déchets collagéniques qui contiennent de l'amide-amine riche en azote
et sont exempts de tannins sont très adaptés pour réaliser des engrais (la silice
neutre n'étant pas gênante) ; l'invention s'étend à un procédé de valorisation desdits
déchets consistant à les utiliser pour la fabrication d'engrais.
[0016] Après avoir subi les opérations mécaniques, physiques, chimiques ou biologiques sus-évoquées,
les peaux ou morceaux de peaux ou éventuellement déchets de peaux peuvent ensuite
être ramenées dans leur état initial, en élevant leur pH en milieu aqueux jusqu'à
atteindre une valeur au moins égale à 5,3, en particulier de l'ordre de 5,5 à 5,8.
Cette réversibilité totale est notamment intéressante lorsque les peaux doivent subir
des traitements ultérieurs qui sont contrariés par la présence des composés sus-décrits
réalisant la protection ; par exemple, dans le cas des cuirs tannés au moyen d'agents
de tannage au chrome, on réalisera le traitement inverse des peaux avant de leur faire
subir le tannage au chrome afin de libérer les sites sur lesquels se fixent ces agents
(groupes COOH du collagène). Par ailleurs, les déchets collagéniques issus des opérations
préalables réalisées sur les peaux en tripe protégées pourront le cas échéant subir
eux-mêmes un traitement inverse afin de retrouver un collagène intact susceptible
d'être valorisé.
[0017] Les composés utilisés : oxyde de silicium, amide-amine, électrolyte peuvent être
disposés dans le bain à l'exclusion de tout tannin ou agent de tannage en vue d'obtenir
un traitement totalement réversible. Il est également possible, notamment pour le
traitement de certaines peaux, d'ajouter au bain un tannin de synthèse, en particulier
de type phénol-sulfone : ce type de tannin se fixe sur les groupes phénoliques (en
très grands nombres), et sa fixation demeure satisfaisante en présence des composés
visés par l'invention ; on augmente ainsi notablement l'efficacité de la protection.
Toutefois, la présence d'un tel tannin diminue le caractère de réversibilité du traitement
et le tannin de synthèse sera ajouté si on ne recherche pas une réversibilité totale,
par exemple dans le cas où il s'agit de réaliser un tannage amélioré et non polluant
de peaux. En pratique, la proportion pondérale de tannin de synthèse ajoutée au bain
sera inférieure à 30 % de la masse sèche de peaux.
[0018] Les essais montrent que les conditions optimales de mise en oeuvre du procédé de
l'invention sont les suivantes :
. on utilise un acide minéral et/ou de l'acide carboxylique pour ajuster le pH du
bain,
. la teneur d'acide est ajustée de façon que le pH du bain contenant les peaux soit
compris entre 3,7 et 4,3,
. on met les peaux au contact du bain à une température comprise entre 12° C et 35°
C pendant une durée comprise entre 10 et 120 minutes,
. la proportion pondérale d'eau du bain par rapport à la masse sèche de matières collagéniques
est ajustée entre 300 % et 1000 %.
[0019] De plus, de façon connue en soi, un antiseptique peut être ajouté au bain pour accroître
les durées de conservation des peaux à l'état humide, par exemple un ammonium quaternaire
; cet antiseptique sera introduit dans le bain en proportion pondérale inférieure
à 0,2 % de la masse sèche de peaux.
[0020] Le procédé de l'invention peut être mis en oeuvre en mélangeant directement dans
le bain les divers composés précédemment définis. Il est également possible d'élaborer
préalablement une préparation aqueuse contenant, rapportée à l'ensemble silice/amide-amine,
une proportion pondérale d'oxyde de silicium comprise entre 20 % et 60 % et une proportion
pondérale d'amide-amine comprise entre 20 % et 60 %. De préférence, cette préparation
contiendra une teneur d'acide telle que le pH de la préparation soit compris entre
1,5 et 5 de façon à éviter une modification du pH du bain lors du mélange. Cette préparation
susceptible de se conserver indéfiniment peut être élaborée par l'industriel chimiste
et livrée ensuite sur le lieu de traitement : l'utilisateur préparera un bain aqueux
acide de pH compris entre 1,5 et 5 contenant l'électrolyte, y introduira les peaux
et mélangera à ce bain la préparation précitée en quantité appropriée pour obtenir
les proportions souhaitables de composés dans les plages indiquées précédemment.
[0021] L'invention s'étend, en tant que produit nouveau, à un agent de protection de peaux
non tannées, notamment de peaux en tripe, caractérisé en ce qu'il comprend un mélange
d'oxyde de silicium, en particulier silice pyrogénée, et d'au moins un amide-amine,
en particulier de l'urée. Cet agent peut se présenter sous la forme d'une préparation
aqueuse contenant, rapportée à l'ensemble silice/amide-amine, une proportion pondérale
d'oxyde de silicium comprise entre 20 % et 60 %, une proportion pondérale d'amide-amine
comprise entre 20 % et 60 %, et une teneur en acide notamment minéral et/ou carboxylique
telle que le pH de la préparation soit compris entre 1,5 et 5. De plus, la proportion
pondérale d'eau de la préparation est avantageusement comprise entre 65 % et 85 %,
afin d'éviter tout risque de gélification de celle-ci. Le cas échéant, la formulation
de l'agent de protection peut être complétée par la présence d'un tannin de synthèse
en proportion pondérale inférieure à 80 % par rapport à l'ensemble des autres composés
actifs.
[0022] Le procédé et l'agent de protection conformes à l'invention sont illustrés par les
exemples qui suivent, lesquels fournissent, à titre non limitatif, des formulations
d'agents de protection et des modes de mise en oeuvre du procédé pour le traitement
de peaux d'ovins et de bovins.
EXEMPLE 1 : Agent de protection permettant un traitement de protection totalement réversible.
[0023] Les composés suivants sont mélangés de façon à constituer une préparation laiteuse
blanche :
(a) silice pyrogénée sous forme de produit colloïdal de diamètre moyen de particule
égale à 10 nanomètres environ en proportion pondérale égale à 7,50 %,
(b) urée ("urée technique" à 99,45 %) sous forme de granulés sphériques (diamètre
moyen : 1,5 mm), en proportion pondérale égale à 6,00 %,
(c) acide sulfurique en proportion pondérale égale à 0,35 % (ramenée à de l'acide
pur),
(d) eau : 86,15 %.
[0024] Le mélange est effectué à 35° C en introduisant d'abord l'urée dans l'eau, puis la
silice, puis l'acide.
[0025] Dans ce produit, la proportion pondérale de silice (a) par rapport à l'ensemble des
composés actifs a, b, c (supposés purs) est de 54,15 %, cependant que la proportion
pondérale d'urée (b) est de 43,32 %. Le pH du produit est de 2,2.
EXEMPLE 2 : Agent de protection permettant un traitement partiellement irréversible.
[0026] La formulation de cette préparation est la suivante :
(a') silice identique à la précédente, en proportion pondérale égale à 7,5 %,
(b') urée identique au précédent, en proportion pondérale égale à 6 %,
(e) tannin de synthèse constitué par un phénol-sulfone (vendu par la Société "Procalp"
sous la marque déposée "PROTAN" type 175 P) en proportion pondérale égale à 10 %,
(c') acide sulfurique identique au précédent en proportion pondérale égale à 0,35
%,
(d') eau : 76,15 %.
[0027] Le mélange est effectué à 35° C en introduisant d'abord l'urée dans l'eau, puis le
tannin de synthèse, puis la silice, enfin l'acide.
[0028] Dans cette préparation, la proportion pondérale de tannin de synthèse par rapport
à l'ensemble des autres composés actifs (a', b', c') est égale à 41,93 %. Le pH du
produit est de 2,6.
EXEMPLE 3 : Traitement réversible de peaux de bovins
[0029] Les peaux traitées à cet exemple sont des peaux de taureaux pesant chacune environ
50 kg en brut ; les peaux ont préalablement subi le travail de rivière classique (trempe,
pelanage, écharnage, déchaulage, confitage) et se présentent sous la forme de peaux
en tripe de pH de l'ordre de 7,5 à 7,8 et de taux d'hydratation de 80 % environ ;
leur température de rétraction est de 37° - 38° C.
[0030] On introduit les peaux dans un bain constitué par de l'eau disposée dans un foulon
rotatif de tannerie à température ambiante (20° C) à raison de 600 % d eau par rapport
à la masse de matière sèche. On introduit dans ce bain un électrolyte constitué par
du chlorure de sodium pour atteindre 8° Baumé correspondant à 87 g de sel par litre
de bain. On ajoute au bain un mélange d'acides (acide acétique, acide formique, acide
sulfurique) de façon a stabiliser le pH du bain et des peaux à une valeur comprise
entre 4 et 4,2.
[0031] La préparation de l'exemple 1 est alors ajoutée au bain en proportion pondérale de
13,5 % de préparation par rapport à la masse sèche de peaux, ce qui correspond en
poids à :
- 1,01 % d'oxyde de silicium rapporté à la masse sèche de peaux,
- 0,81 % d'urée rapporté à la masse sèche de peaux.
[0032] Le pH du bain est compris entre 4 et 4,2. Le foulon est amené à tourner pendant 40
minutes à 20° C.
[0033] On introduit alors l'antiseptique vendu par la Société "Procalp" sous la désignation
"AQUARTYL" à raison de 0,15 % par rapport à la masse sèche de peaux.
[0034] On fait à nouveau tourner le foulon pendant 20 minutes de sorte que la durée totale
de traitement est de 60 minutes à cet exemple.
[0035] On contrôle alors la température de rétraction des peaux qui est passée de 38° C
à 60° C ce qui caractérise une excellente efficacité de la protection obtenue.
[0036] Les peaux sont sorties du foulon, établies, laissées égouttées pendant 48 heures,
essorées pour les ramener à un taux d'hydratation de 35 % d'eau par rapport à la masse
de matières sèches. Les peaux s'essorent facilement et sont blanches.
[0037] Les peaux sont ensuite soumises aux opérations mécaniques classiques suivantes :
refendage, dérayage, retaillage. Ces opérations se déroulent dans des conditions plus
favorables que pour des peaux prétannées au moyen d'un tannin à l'aluminium et/ou
aldéhyde : peau moins visqueuse (en raison, en particulier, de l'essorage plus efficace
entraînant une meilleure régularité dans les épaisseurs), absence de brûlure des peaux
par les lames de scie.
[0038] Il est à noter que la précision du refendage (rendue possible par la protection en
profondeur obtenue) permet d'étirer davantage les peaux pendant cette opération et
donc d'obtenir un rendement de surface plus élevé en fini. Il convient également de
souligner que les effluents provenant du traitement de l'invention sont exempts de
métaux lourds et d'aldéhydes et présentent un caractère de biodégradabilité très élevé.
[0039] On obtient des déchets de dérayage et de retaillage qui sont utilisables tels quels,
comme matières premières d'engrais organiques. Le cas échéant, ces déchets peuvent
être soumis au traitement inverse décrit à l'exemple 6 en vue d'une utilisation des
collagènes comme matière première dans divers secteurs industriels (en particulier
alimentation, cosmétologie, ...).
EXEMPLE 4 : Traitement partiellement réversible de peaux d'ovins
[0040] Cet exemple est mis en oeuvre d'une façon analogue à l'exemple 3 avec les caractéristiques
suivantes :
- peaux : peaux de moutons confitées picklés d'Australie de pH de l'ordre de 2,5, de
taux d'hydratation de 60 % environ, ayant une température de rétraction de 38° C (choix
ridé II, c'est-à-dire qualité très médiocre),
- opération avant le traitement de l'invention (réhydratation au moyen d'un mouillant,
écharnage) conduisant à une peau nettoyée sur chair de taux d'hydratation d'environ
70 %,
- traitement : même bain qu'à l'exemple 3 (87 g d'électrolyte par litre d'eau), mais
la préparation ajoutée est celle de l'exemple 2 en proportion pondérale de 10 % de
préparation par rapport à la masse sèche de peaux, ce qui correspond en poids à :
. 0,75 % d'oxyde de silicium rapporté à la masse sèche,
. 0,60 % d'urée,
. 1 % de tannin de synthèse.
[0041] Le pH du bain est compris entre 4 et 4,2. Le foulon est amené à tourner pendant 40
minutes à 20° C.
[0042] La température de rétraction est alors passée à 62° C.
[0043] Certaines peaux ont subi un essorage (taux d'hydratation ramené à 40 % d'eau) et
un dérayage. Les mêmes résultats que précédemment sont observés. On constate en particulier
que, sur ces peaux de qualité médiocre (ridées II), le dérayage des peaux protégées
permet d'aplatir les rides et de les faire disparaître, donc d'améliorer considérablement
le choix des peaux.
[0044] D'autres peaux ont subi un dégraissage à chaud au moyen d'un dégraissant biodégradable
distribué par "Procalp" sous la marque déposée "CALCIFORT" à une température de 52°
C durant 20 minutes. Ce dégraissage à une telle température est extrêmement efficace
et ne conduit à aucune dégradation des peaux : cette faculté de travailler à température
plus élevée est un avantage pratique considérable de l'invention.
EXEMPLE 5 : Traitement de peaux de bovins non confitées
[0045] Cet exemple est mis en oeuvre d'une façon analogue à l'exemple 3, avec les caractéristiques
suivantes :
- peaux : peaux de taureaux de même caractéristique qu'à l'exemple 3 ayant subi les
opérations de rivière classiques à l'exception du confitage,
- traitement de l'invention : identique à l'exemple 3.
[0046] Les mêmes résultats sont obtenus. Après le traitement inverse visé à l'exemple 6,
les peaux retrouvent leurs propriétés de peaux en tripe et sont amenées à subir l'opération
classique de confitage (digestion des fibres jaunes élastiques) ; une telle opération
peut être adaptée à la couche concernée obtenue après refendage : fleur ou croûte
(contrairement aux procédés traditionnels où le confitage est effectué avant refendage,
la fleur et la croûte étant donc traitées de la même façon) ; dans l'invention, la
fleur peut subir un confitage plus poussé et la croûte un confitage allégé. La protection
conforme à l'invention qui permet d'effectuer dans de bonnes conditions un refendage
de peaux non confites, confère ainsi l'avantage considérable d'autoriser un confitage
des peaux refendues, parfaitement adapté à la couche concernée.
EXEMPLE 6 : Traitement inverse
[0047] Les peaux traitées aux exemples 3, 4 et 5 sont traitées de la façon suivante à la
fin des opérations décrites dans ces exemples.
[0048] Ces peaux à pH d'environ 4 - 4,2 sont plongées dans un bain neutre contenant de l'eau
et du chlorure de sodium (8° Baumé, masse volumique = 1,058 g/cm³). Les peaux et le
bain son agités et on introduit un agent de désacidification tamponné constitué par
le produit distribué par la Société "Procalp" sous la marque déposée "KELAT" type
112, jusqu'à l'obtention d'un pH stabilisé de 5,5.
[0049] On procède alors a un rinçage à l'eau. La température de rétraction est revenue à
38° C pour les peaux des exemples 3 et 5, ce qui caractérise une élimination totale
de la protection, et à 40° C pour les peaux de l'exemple 4, ce qui caractérise une
élimination de la protection à 95 % environ. Après traitement inverse, la peau est
équivalente à une peau en tripe et peut subir sans inconvénient toutes les opérations
ultérieures de ce type de peau, et notamment un tannage de type classique de toute
nature.
1. Procédé de traitement réversible de peaux non tannées en vue d'assurer une protection
desdites peaux évitant ou réduisant leur dégradation et la perte de leurs propriétés,
caractérisé en ce qu'on met lesdites peaux en présence d'un bain aqueux contenant,
en combinaison :
. au moins un électrolyte constitué par un sel en quantité supérieure ou égale à 20
g par litre de bain,
. de l'oxyde de silicium en proportion pondérale comprise entre 0,04 % et 3 % par
rapport au poids de peaux sèches,
. au moins un amide-amine en proportion pondérale comprise entre 0,04 % et 3 % par
rapport au poids de peaux sèches,
. au moins un acide en teneur adaptée pour ajuster le pH du bain à une valeur comprise
entre 1,5 et 5.
2. Procédé de traitement selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'oxyde de silicium
utilisé est de la silice pyrogénée.
3. Procédé de traitement selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que
l'amide-amine utilisé est l'urée.
4. Procédé de traitement selon l'une des revendications 1, 2, ou 3, dans lequel l'électrolyte
utilisé est du chlorure de sodium.
5. Procédé de traitement selon l'une des revendications 1, 2, 3, ou 4, caractérisé en
ce que le pH du bain et des peaux est ajusté à une valeur comprise entre 3,7 et 4,3.
6. Procédé de traitement selon la revendication 5, dans lequel on ajoute au bain un acide
minéral et/ou un acide carboxylique pour ajuster le pH du bain et des peaux.
7. Procédé de traitement selon l'une des revendications 1, 2, 3, 4, 5, ou 6 dans lequel
on met les peaux au contact du bain à une température comprise entre 12° C et 35°
C pendant une durée comprise entre 10 et 120 minutes.
8. Procédé de traitement selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la proportion
pondérale d'eau du bain par rapport au poids de peaux sèches est ajustée a une valeur
comprise entre 300 % et 1 000 %.
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce qu'on ajoute au bain
un tannin de synthèse en proportion pondérale inférieure à 30 % du poids de peaux
sèches.
10. Procédé de traitement selon l'une des revendications précédentes, dans lequel on ajoute
au bain un antiseptique en proportion pondérale inférieure à 0,2 % du poids de peaux
sèches.
11. Procédé de traitement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce
que :
- on élabore préalablement une préparation aqueuse contenant, rapportées à l'ensemble
des composés actifs, une proportion pondérale d'oxyde de silicium comprise entre 20
% et 60 %, une proportion pondérale d'amide-amine comprise entre 20 % et 60 %, et
une teneur d'acide telle que le pH de ladite solution soit compris entre 1,5 et 5,
- on prépare un bain aqueux acide de pH compris entre 1,5 et 5 contenant l'électrolyte,
et on y introduit les peaux,
- on mélange la préparation aqueuse au bain précité.
12. Agent de protection réversible de peaux non tannées, caractérisé en ce qu'il comprend
entre 20 % et 60 % en poids d'oxyde de silicium et entre 20 % et 60 % d'amide-amine.
13. Agent de protection selon la revendication 12, caractérisé en ce qu'il est constitué
par une préparation aqueuse ayant une teneur en acide telle que son pH soit compris
entre 1,5 et 5.
14. Agent de protection selon la revendication 13, ayant une proportion pondérale d'eau
comprise entre 65 % et 85 %.
15. Agent de protection selon l'une des revendications 12, 13 ou 14, comprenant un tannin
de synthèse en proportion pondérale inférieure à 80 % par rapport à l'ensemble des
autres composés actifs.
16. Procédé de traitement inverse de peaux ou déchets de peaux ayant subi un traitement
de protection conforme à l'une des revendications 1 à 11, caractérisé en ce qu'on
élève le pH desdites peaux en milieu aqueux jusqu'à atteindre une valeur au moins
égale à 5,3.
17. Procédé de traitement inverse selon la revendication 21, dans lequel l'élévation de
pH est produite en présence d'un électrolyte.