[0001] L'invention concerne un brûleur à gaz, du type utilisé dans des fours industriels,
par exemple dans des fours de réchauffage de produits sidérurgiques, tels que des
fours à brames, ou des fours de traitements thermiques, etc...
[0002] Ces brûleurs sont des brûleurs de forte puissance, de l'ordre de 1000 à 6000 thermies
ou plus, alimentés en particulier en gaz sidérurgique (gaz mixte, gaz de fours à coke...)
sous faible pression (< 1 bar).
[0003] On connaît déjà différents brûleurs de ce type, qui comportent de manière générale
plusieurs canaux concentriques d'alimentation en gaz combustibles et en air, débouchant
au niveau du nez du brûleur, en aval duquel se produit la combustion. Par exemple,
on connaît des brûleurs comportant un canal central d'alimentation en gaz combustible,
entouré par deux canaux annulaires concentriques d'alimentation en air. On connaît
également d'autres brûleurs, étudiés pour améliorer le mélange des gaz combustible
et comburant, et donc la combustion, dans lesquels le gaz combustible arrive au nez
du brûleur par un canal annulaire situé entre un canal central et un canal annulaire
périphérique, ces deux canaux servant à l'alimentation en air comburant.
[0004] Mais les brûleurs industriels actuels produisent par combustion des gaz ayant des
teneurs élevées en oxyde d'azote NOx, notamment supérieures à 300 ppm pour une teneur
en oxygène de l'ordre de 2 % dans les fumées, ce qui est un inconvénient dans la plupart
des fours, ainsi que pour l'environnement, ces oxydes d'azote étant rejetés dans l'atmosphère
avec les fumées du four.
[0005] Pour réduire la teneur en oxyde d'azote des gaz de combustion, il est connu de procéder
à des combustions étagées ou des combustions dégradées, mais ceci se fait au détriment
du rendement de combustion, et donc du coût du réchauffage des produits.
[0006] L'invention a donc pour but de réduire le taux d'oxyde d'azote dans les gaz de combustion,
tout en assurant une bonne combustion et une bonne structure de flamme, et ceci malgré
les variations de puissance qui peuvent être nécessaires lors de la mise en oeuvre
des brûleurs.
[0007] Avec ces objectifs en vue, l'invention a pour objet un brûleur à gaz, en particulier
gaz sidérurgique, à forte puissance comportant un canal central d'alimentation en
gaz combustible et deux canaux annulaires concentriques d'alimentation en air, et
un nez de brûleur comportant :
- une première série d'orifices pour le passage du gaz, disposés en cercle et en communication
avec le canal central,
- une seconde série d'orifices pour le passage d'air, disposés en cercle autour des
orifices de passage de gaz, et en communication avec un premier des deux canaux annulaires,
- et une troisième série d'orifices pour le passage d'air, disposés en cercle et en
communication avec un deuxième des deux canaux annulaires, situé à la périphérie,
caractérisé en ce que les orifices de la première série sont inclinés par rapport
à la direction axiale du nez du brûleur et divergent vers l'extérieur du brûleur,
pour créer un flux de gaz divergent, et les orifices de la seconde série sont orientés
en hélice pour créer un flux d'air tourbillonnant qui intersecte le flux de gaz.
[0008] Grâce à l'invention, la combinaison du flux divergent de gaz de combustion et du
flux tourbillonnaire d'air de combustion conduit, lors de la rencontre de ces deux
flux à proximité du nez du brûleur, à un fort brassage du gaz et de l'air, et donc
à une homogénéisation du mélange et à une amélioration de la combustion.
[0009] Par ailleurs, les jets de gaz issus des orifices de sortie de gaz et dirigés vers
l'extérieur, tendent à élargir la flamme en lui donnant une forme évasée, en forme
de coupe de faible épaisseur, la zone à haute température de la flamme étant constituée
seulement par la paroi de cette coupe. Il en résulte que le temps de séjour des produits
de combustion dans cette zone à haute température est réduit, par rapport à une flamme
plus concentrée qui définit une zone à haute température sous forme d'un volume plein
sensiblement cylindrique, dans lequel les produits de combustion séjournent plus longtemps.
[0010] Du fait de cette durée de séjour réduite à haute température, la formation d'oxyde
d'azote, qui est favorisée par les hautes températures et le temps de séjour, est
elle-même réduite.
[0011] Selon une disposition préférentielle, le nez du brûleur comporte, au centre de la
première série d'orifices de passage du gaz, une partie en protubérance, vers l'extérieur
du brûleur, par rapport à la surface frontale sensiblement plane, perpendiculaire
à l'axe du brûleur, où débouchent les dites première et deuxième séries d'orifices.
Cette partie en protubérance évite que se produise, à proximité directe des orifices
de gaz, une recirculation des produits de combustion qui perturberait la sortie du
gaz. Par contre, elle favorise cette recirculation à une plus grande distance du nez
du brûleur, ce qui tend à faire sortir rapidement les produits de combustion de la
zone à haute température, et donc à réduire encore plus la quantité d'oxydes d'azote
formés.
[0012] D'autres caractéristiques et avantages ressortiront de la description qui va être
faite d'un brûleur de forte puissance conforme à l'invention, pour un four de réchauffage
de brames en acier.
[0013] On se reportera aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en coupe axiale du brûleur à gaz, implanté sur la paroi latérale
du four de réchauffage,
- la figure 2 est une vue en coupe à échelle agrandie, du nez du brûleur,
- la figure 3 est une demi vue frontale du nez du brûleur,
- la figure 4 est une vue en coupe selon la ligne IV-IV de la figure 1.
[0014] Le brûleur 1 comporte un caisson 2 d'alimentation en gaz combustible et en air, formé
d'un canal central 3 d'amenée du gaz, orienté selon la direction axiale X du brûleur,
entouré d'un premier canal annulaire 4 d'amenée d'air, et d'un deuxième canal annulaire
5 périphérique également alimenté en air. Ces trois canaux coaxiaux sont alimentés
respectivement en gaz et en air par des conduits d'alimentation respectifs 6, 7, 8.
[0015] Le brûleur 1 comporte également un nez 10, encore appelé diffuseur, généralement
réalisé en un matériau céramique. Le nez 10 est constitué d'une plaque 11 épaisse
qui recouvre les extrémités axiales des différents canaux en assurant l'étanchéité
entre ceux-ci, et qui est insérée dans un logement aménagé dans le revêtement interne
du four 12, en y étant maintenue par des moyens de fixation, non représentés, sur
la paroi 13 du four.
[0016] La plaque 11 est traversée par une pluralité d'orifices de sortie du gaz et de l'air
:
- une première série d'orifices 14, répartis sur un cercle C1 débouchent du côté de
la face arrière 9 de la plaque 11 dans le canal 3 d'alimentation en gaz,
- une seconde série d'orifices 15, répartis sur un cercle C2, débouchent de même dans
le canal annulaire 4, et
- une troisième série d'orifices 16, répartis sur un cercle C3, débouchent dans le canal
périphérique 5.
[0017] La face amont du nez du brûleur comporte une surface frontale 17 plane dans laquelle
débouchent les orifices 14 de passage de gaz et les orifices 15, et une partie annulaire
périphérique, 18 proéminente par rapport à la dite surface frontale, à la surface
de laquelle débouchent les orifices 16.
[0018] Les orifices 14 de passage de gaz sont inclinés par rapport à la direction axiale
X du brûleur, en formant avec celle-ci un angle α compris entre 15 et 25°.
[0019] Les orifices 15 de passage d'air sont réalisés de manière que l'axe de chaque orifice
soit situé dans un plan parallèle à la direction axiale du brûleur et tangent au cercle
C2, et incliné dans ce plan, d'un angle β de 15 à 25° par rapport à la dite direction
axiale (voir figure 2). Les orifices 15 sont donc orientés en hélice, de manière que
le flux d'air qui s'en échappe ait un mouvement de rotation autour de l'axe X du brûleur.
Les orifices 16 sont inclinés d'un angle γ compris entre 0° et 10° par rapport à l'axe
et de préférence d'environ 5°. Un angle trop accentué conduit en effet à un raccourcissement
de la flamme tel que, dans certains cas, des éléments ou des organes du four proches
du brûleur peuvent subir une élévation trop forte de température.
[0020] Le nez du brûleur comporte, dans sa partie centrale, entre les orifices 14, une partie
tronconique 19 en protubérance par rapport à la surface frontale 17, le tronc de cône
ayant sa grande base au niveau de cette surface frontale. Entre la partie tronconique
19 et la partie proéminente 18 est ainsi formée une rainure annulaire 20 de section
trapézoïdale, dans laquelle débouchent les orifices 14 de passage de gaz et les orifices
15 de la première série d'orifices de passage d'air.
[0021] Préférentiellement, les orifices 14 de passage de gaz débouchent à la surface frontale
17 dans une position angulaire intermédiaire entre les débouchés de deux orifices
15 de passage d'air adjacent (figure 3). Ainsi, le flux d'air tourbillonnant issu
des orifices 15 intersecte le flux de gaz issu des orifices 14 à proximité directe
de la surface frontale 17, créant ainsi un fort brassage du gaz et de l'air, et donc
un mélange homogène assurant une très bonne combustion.
[0022] De plus, l'inclinaison des orifices 14 de passage du gaz a pour effet que le mélange
air-gaz tend à former un rideau en forme de coupe évasée, dans lequel la température
due à la combustion est maximale. Par contre, la zone centrale de cette coupe, dans
l'axe du brûleur, est relativement dégagée et permet en aval du brûleur une recirculation
des produits de combustion qui peuvent ainsi quitter rapidement la zone la plus chaude,
ce qui, comme indiqué précédemment, est favorable pour la diminution du taux d'oxyde
d'azote formé.
[0023] Les orifices 16 de passage d'air périphérique comportent, du côté du canal d'alimentation,
un chanfrein conique 21, d'angle au sommet voisin de 30°, qui élargit l'entrée de
ces orifices et a pour effet de réduire les pertes de charges dans le circuit formé
par le canal périphérique 5 et les dits orifices, et donc d'augmenter, à pression
constante, la vitesse de sortie de l'air.
[0024] Il est à noter que la répartition des débits d'air dans les canaux annulaire 4 et
périphérique 5 permet d'ajuster la longueur de la flamme en fonction des besoins.
En effet, pour un débit d'air total donné, par exemple 3900 Nm³/h, dans le cas d'un
brûleur fournissant 3500 thermies/heure, si ce débit est réparti entre les deux canaux
4 et 5 et donc entre les deux séries d'orifices 15 et 16, par exemple 1900 Nm³/h pour
l'air périphérique (passant par des orifices 16) et 2000 Nm³/h pour l'air central
(passant par les orifices 15) les vitesses en sortie de ces orifices sont sensiblement
égales, de l'ordre de 95 m/s. Dans ces conditions, la combustion s'amorcera, comme
indiqué précédemment, à proximité directe du nez 10, et l'on obtiendra une flamme
courte.
[0025] Par contre, si tout ce débit est envoyé dans le canal périphérique et donc dans les
orifices 16, la vitesse de l'air éjecté par ces orifices va être importante, par exemple
de 170 m/s. Cette grande vitesse permet d'entraîner des produits de combustion ambiants
(plus froids) et de créer ainsi une recirculation naturelle sur la périphérie de la
flamme, ce qui permet de limiter la production de NOx. Dans ces conditions, d'une
part la combustion se produira à plus grande distance du nez du brûleur, du fait que
le gaz ne rencontrera l'air périphérique que relativement loin du brûleur, et d'autre
part, elle se poursuivra loin du brûleur, du fait de la vitesse élevée de l'air, en
formant ainsi une flamme longue.
[0026] Bien évidemment, une flamme de longueur intermédiaire pourra être obtenue en adaptant
correctement le rapport des débits d'air entre air central et air périphérique. Préférentiellement,
le débit d'air central sera toutefois limité à 50 % au plus du débit d'air total pour
éviter une flamme trop courte dont le point chaud se situerait trop près de la paroi
du four ou des longerons de support des brames.
[0027] Quelle que soit la longueur de flamme ou le régime thermique du brûleur, l'invention
permet d'obtenir une très bonne combustion et une faible teneur en oxyde d'azote des
produits de combustion.
[0028] Pour réduire au maximum les pertes de charges dans les circuits d'alimentation en
air, il est prévu d'amener l'air dans les canaux 4 et 5 selon une direction tangentielle.
A cette fin, les conduits d'alimentation 7 et 8 sont réalisés de manière à déboucher
tangentiellement dans les dits canaux, ainsi que représenté sur la figure 4.
[0029] De la sorte, les écoulements d'air sont améliorés, notamment par rapport aux dispositions
classiques où l'air arrive dans les canaux selon une direction radiale et frappe les
parois situées face à la conduite d'arrivée avant de se répartir dans les canaux.
De plus, en ce qui concerne le conduit 7 d'alimentation en air central, le côté d'arrivée
est déterminé de manière à provoquer une rotation de l'air dans le canal 4 dans le
même sens que la rotation induite par l'inclinaison des orifices 15 du nez du brûleur.
[0030] Il va de soi que l'invention ne se limite pas aux exemples décrits, mais peut présenter
de multiples variantes ou équivalents dans la mesure où sont respectées les caractéristiques
énoncées dans les revendications jointes.
[0031] Par exemple, si on le souhaite, il est possible de réduire plus encore le taux d'oxyde
d'azote dans les fumées de combustion en prévoyant des moyens pour injecter dans l'air
comburant des gaz de combustion, notamment par recirculation partielle des fumées
produites par le brûleur lui-même après filtration pour diminuer les éventuels résidus
solides en suspension.
1. Brûleur à gaz à forte puissance, notamment pour fours industriels, comportant un canal
central (3) d'alimentation en gaz combustible et deux canaux (4, 5) annulaires concentriques
d'alimentation en air, et un nez (10) de brûleur comportant :
- une première série d'orifices (14) pour le passage du gaz, disposés en cercle et
en communication avec le canal central (3),
- une seconde série d'orifices (15) pour le passage d'air, disposés en cercle autour
des orifices de passage de gaz, et en communication avec un premier (4) des deux canaux
annulaires,
- et une troisième série d'orifices (16) pour le passage d'air, disposés en cercle
et en communication avec un deuxième (5) des deux canaux annulaires, situé à la périphérie,
caractérisé en ce que les orifices (14) de la première série sont inclinés par rapport
à la direction axiale (X) du nez du brûleur et divergent vers l'extérieur du brûleur,
pour créer un flux de gaz divergent, et les orifices (15) de la seconde série sont
orientés en hélice pour créer un flux d'air tourbillonnant qui intersecte le flux
de gaz.
2. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'angle (α) d'inclinaison
des orifices (14) de passage de gaz par rapport à l'axe du brûleur est compris entre
15 et 25°.
3. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'angle (β) d'inclinaison
des orifices (15) de passage d'air de la deuxième série d'orifices par rapport à la
direction axiale du brûleur est compris entre 15 et 25°.
4. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'angle (γ) d'inclinaison
des orifices (16) de passage d'air de la troisième série d'orifices par rapport à
la direction axiale du brûleur est compris entre 0 et 10°.
5. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que le nez (10) du brûleur comporte,
au centre de la première série d'orifices (14) de passage du gaz, une partie (19)
en protubérance, vers l'extérieur du brûleur, par rapport à une surface frontale (17)
du nez, sensiblement plane, perpendiculaire à l'axe du brûleur, où débouchent les
dites première et deuxième série d'orifices.
6. Brûleur selon la revendication 5, caractérisé en ce que la dite partie (19) en protubérance
est sensiblement en forme de tronc de cône, dont la grande base est située au niveau
de la dite surface frontale (17).
7. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que, considérée dans une surface
frontale (17) du nez, sensiblement plane, perpendiculaire à l'axe du brûleur, où débouchent
les dites première et deuxième séries d'orifices, la position angulaire de chaque
orifice (14) de passage de gaz est intermédiaire entre les positions angulaires respectives
des sorties de deux orifices adjacents de la seconde série d'orifices (15).
8. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que les orifices (16) de la troisième
série d'orifices comportent, à leurs extrémités dirigées vers le canal périphérique
(5), un chanfrein conique (21).
9. Brûleur selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il
comporte des conduits (7, 8) d'alimentation en air qui débouchent tangentiellement
dans les canaux annulaires (4, 5).
10. Brûleur selon la revendication 9, caractérisé en ce que le conduit (7) d'alimentation
du premier canal (4) débouche dans le dit canal selon une direction telle que la rotation
de l'air provoquée par son arrivée tangentielle dans le canal soit de même sens que
la rotation induite par l'orientation en hélice des dits orifices (15) de la seconde
série.
11. Brûleur selon la revendication 1, caractérisé en ce que des moyens sont prévus pour
injecter dans l'air comburant des gaz de combustion.
12. Brûleur selon la revendication 11, caractérisé en ce qu'il est équipé de moyens de
recirculation partielle des fumées de combustion dans l'air comburant.