[0001] Il est nécessaire, à côté des opérations d'entretien périodiques par reprofilage
des rails d'une voie de chemin de fer, de procéder à des opérations d'entretien ponctuelles
sur certains tronçons de longueur limitée, généralement très courts, telles les soudures
d'abouts de rails, les passages à niveau ou les aiguillages. En effet, lors de la
soudure d'abouts de rails, il se produit un bourrelet de soudure qu'il est indispensable
d'éliminer. D'autre part, certains points ou zones des rails de la voie, soudés ou
non, sont déformés par le trafic et doivent être reprofilés spécialement.
[0002] On connaît des modèles d'utilité allemand GM 7710195 et GM 7710735, du brevet français
1.479.320 et du brevet anglais 817.825, de petites machines de meulage dites manuelles.
Ces petites machines sont déplaçables manuellement ou de façon motorisée le long de
la voie et peuvent être immobilisées, fixées, aux rails de part et d'autre du joint
à meuler. Un mouvement de va-et-vient de la tête de meulage, généralement commandé
manuellement, parallèlement à l'axe du rail permet d'éliminer progressivement le défaut,
notamment les bourrelets de soudure. Un pivotement du dispositif de meulage autour
d'un axe parallèle à celui du rail permet de meuler toute la surface du champignon
de ce rail.
[0003] Ces machines ou dispositifs de meulage sont légers, peu puissants et de ce fait travaillent
lentement. De plus, la qualité du travail dépend grandement de l'habileté de l'opérateur
actionnant manuellement la machine.
[0004] On peut également utiliser des machines de reprofilage des rails conventionnelles
qui sont constituées de véhicules automoteurs associés à des groupes d'unités de meulage
permettant de traiter toute la surface du champignon du rail. Ces machines sont généralement
réservées au reprofilage en continu du rail sur toute leur longueur. Elles peuvent
toutefois exceptionnellement être utilisées pour le meulage d'un joint ou d'une zone
isolée de faible longueur d'un rail, leur puissance généralement élevée permet de
réduire sensiblement le temps de meulage d'un joint.
[0005] Ces machines conventionnelles, du type par exemple de celles décrites dans les brevets
CH 680.597, CH 680.672 et CH 68 598 présentent toutefois deux inconvénients majeurs
pour le meulage de joints ou de défauts ponctuels d'un rail.
[0006] D'une part, ces machines de par leur construction sont longues, environ six à dix
mètres selon les modèles, et lourdes, entre 15 et 25 tonnes. Pour effectuer l'opération
de meulage d'un joint, la machine doit être déplacée entièrement de part et d'autre
du joint plusieurs fois de suite. Il faut donc accélérer et freiner une masse très
importante successivement à de faibles intervalles de temps. La machine doit également
être déplacée sur une distance très grande par rapport à la longueur de la zone à
meuler. Ceci entraîne des pertes de temps et un gaspillage d'énergie.
[0007] D'autre part, la charge par essieu de ces machines est importante et engendre une
déformation du rail au droit de la roue (cf. Die Eisenbannschiene, Wilhelm Ernst und
Sohn, Berlin, p. 25), et donc au voisinage de la zone à meuler ce qui rend l'opération
de meulage plus délicate et moins précise. Le résultat obtenu par de telles grosses
machines pour le meulage de joints est ainsi peu productif par rapport au temps et
à l'énergie dépensée.
[0008] Une inconvénient supplémentaire réside dans le fait que l'opérateur subit les forces
d'accélération du mouvement de va-et-vient de la machine ce qui à la longue est très
désagréable. On peut noter que cet inconvénient pour le personnel, qui était également
présent dans les bourreuses traditionnelles de réfection du ballast de la voie a conduit
à la conception des bourreuses en continu modernes.
[0009] La machine de meulage selon l'invention a pour but de permettre le meulage de joints
ou de zones de longueur reduite d'un rail de façon économique, rapide, avec précision
et exactitude et sans inconvénients pour le personnel servant.
[0010] La machine de meulage selon la présente invention tend à obvier aux inconvénients
précités des machines, grandes ou petites, existantes et se distingue par les caractéristiques
énumérées à la revendication 1.
[0011] Le dessin annexe illustre schématiquement et à titre d'exemple deux formes d'exécution
de la machine de meulage selon l'invention ainsi qu'à plus grande échelle, le chariot
de meulage de ces machines.
[0012] La figure 1 est une élévation d'une première forme d'exécution de la machine de meulage
selon l'invention en position de déplacement d'un chantier à l'autre.
[0013] La figure 2 illustre la machine représentée à la figure 1 en position de travail,
soit de meulage d une zone ponctuelle d'un rail.
[0014] La figure 3 illustre la machine illustrée aux figures 1 et 2 en position de déplacement
le long de la voie ferrée pour une courte distance.
[0015] La figure 4 est une vue, a plus grande échelle, en élevation du chariot de meulage
de la machine.
[0016] La figure 5 est dans sa partie gauche une coupe suivant la ligne A-A de la figure
4 et dans sa partie droite une vue en bout du chariot de meulage.
[0017] Les figures 6 et 7 illustrent une seconde forme d'exécution de la machine de meulage
selon l'invention, en élévation, dans des positions correspondant à celles illustrées
aux figures 1, respectivement 3.
[0018] En référence aux figures 1 à 5 la première forme d'exécution de la machine de meulage,
notamment des joints d'abouts de rails, ou d'autres défauts localisés d'un rail d'une
voie ferrée, est une machine dite rail-route, c'est-à-dire pouvant se déplacer soit
le long d'une voie ferrée, soit sur route.
[0019] Cette machine de meulage comporte d'une part un véhicule 1 automoteur et producteur
d'énergie, d'énergie électrique notamment, et d'autre part, au moins un chariot de
meulage 2.
[0020] Le véhicule automoteur rail-route 1 comporte un chassis 3 monté sur un train routier
avant 4 et un train routier arrière 5 propulsé par un moteur diesel conventionnel.
Ce véhicule 1 comporte une cabine de pilotage 6 regroupant toutes les commandes habituelles
d'un véhicule rail-route.
[0021] Ce véhicule comporte encore des bogies 7 rétractables à l'aide de vérins hydrauliques
8,9 munis de roues permettant, en position de service (figure 2) de reposer sur les
rails d'une voie ferrée et de soulever les trains-routiers 4,5.
[0022] L'énergie hydraulique nécessaire à l'actionnement des vérins 8,9 est délivrée par
un groupe hydraulique 10 alimenté par un moteur diesel 11 porté par le chassis 3.
Ce moteur diesel 11 entraîne également un générateur électrique 12 qui, comme on le
verra plus loin, alimentera en électricité les unités de meulage du chariot de meulage
2 par l'intermédiaire d'un câble électrique souple 13.
[0023] Le véhicule automoteur est encore muni d'une cabine de commandes 14 des opérations
de meulage regroupant les commandes des unités de meulage et du chariot de meulage
luimême.
[0024] Le chariot de meulage 2, illustré en détail aux figures 4 et 5, comporte un cadre
muni de galets 15 destinés à coopérer avec les rails 16. Ce cadre porte de façon conventionnelle
des unités de meulage, déplaçables angulairement autour d'un axe parallèle à celui
du rail 16 à l'aide de vérins ou de moteurs électriques 17. Chaque unité de meulage
comporte un moteur électrique 18 entrainant une meule lapidaire 19. Dans l'exemple
illustré le chariot de meulage 2 comporte quatre unités de meulage 18,19 montées par
paire dans des berceaux 20 articulés sur le cadre. La capacité d'enlèvement de métal
des unités de meulage est déterminée par la force d'appui des meules 19 sur le rail
et par leur vitesse de rotation.
[0025] Le chariot de meulage est entouré de protections 21 portées par le caisson 22 d'un
filtre 23 relié à une turbine 24 d'aspiration des poussières de meulage entrainée
par un moteur électrique 25.
[0026] Le chariot de meulage comporte un dispositif de propulsion autonome formé ici par
exemple d'un moteur électrique 26 entraînant un des galets 15 par une liaison à chaine
27.
[0027] Le chariot de meulage est encore muni d'un mât repliable et télescopique 28 portant
à son extrêmité un connecteur électrique 29 alimentant les différents moteurs électriques
18,25,26 en énergie lorsque ce connecteur est branché à l'extrêmité du câble électrique
13. L'extrêmité du mât 28 sert de point d'ancrage à un câble 30 de support du câble
électrique 13. Ce câble 30 passe sur une poulie 31 d'un système d'enroulement 32 porté
par le véhicule automoteur 1.
[0028] Le chariot de meulage 2 comporte enfin des axes de relevage 33 destinés à coopérer
avec des crochets 34 à l'extrêmité de bras 35 pivotants sur le chassis du véhicule
automoteur sous l'action de vérins de relevage 36. Ainsi, grâce à ce dispositif de
relevage le chariot 2 peut être porté par le véhicule automoteur (figure 1) pour ses
déplacements d'un chantier à l'autre. Dans cette position portée par le véhicule,
le bras télescopique 28 du chariot 2 est rentré et replié et le câble d'alimentation
électrique 13 est déconnecté. Le câble de support 30 est décroché du mât 28.
[0029] Lorsque le véhicule automoteur rail-route arrive sur une voie ferrée à proximité
d'un joint à meuler le véhicule s'aligne sur la voie et les bogies 6,7 sont descendus,
coopérant avec les rails et soulèvent les trains routiers 4,5.
[0030] Le chariot 2 est descendu et posé sur les rails. Le mât 28 est relevé, relié au câble
30 et le câble électrique 13 est branché au connecteur 29.
[0031] La machine de meulage est en position de travail (figure 2). Le lourd véhicule automoteur
est immobilisé sur la voie. Le léger chariot 2, relié uniquement par les câbles 30
et 13 au véhicule 1, est entraîné dans un mouvement de va-et-vient de part et d'autre
du joint à meuler par le moteur 26 et la liaison à chaine 27. La masse réduite et
la courte longueur du chariot de meulage 2 permettent des mouvements de va-et-vient
courts et rapides. Le poids du chariot étant très faible, la déformation du rail au
droit des galets 15 est donc très faible ce qui améliore la précision du meulage.
[0032] La principale caractéristique de cette machine de meulage, qui permet de résoudre
le problème posé est de réaliser les buts et avantages proposés, est qu'en position
de travail le chariot de meulage se déplace seul le long de la voie dans ses déplacements
de va-et-vient, le véhicule automoteur restant immobile et servant alors uniquement
à alimenter en énergie les organes du chariot et à en assurer le contrôle à partir
du poste de pilotage 14.
[0033] D'autres avantages découlent de cette configuration dont les principaux sont, notamment
:
- une meilleure inscription en courbe, la longueur du chariot de meulage étant petite.
- Le contrôle de la zone meulée est facile soit depuis la cabine de pilotage 14, soit
visuellement en se plaçant à côté du chariot de meulage.
- Le confort des opérateurs est amélioré, ils peuvent soit rester sur le véhicule automoteur
à l'arrêt et contrôler le meulage à distance, soit descendre de la machine et contrôler
le meulage visuellement. En tous les cas, les opérateurs ne sont pas soumis à des
accélérations et freinages multiples successifs.
[0034] Lorsque de courtes distances doivent être franchies entre deux joints à meuler le
chariot de meulage 2 peut rester sur la voie et être accouple mécaniquement à l'aide
d'un timon 37 au véhicule automoteur qui peut ainsi tracter le chariot le long de
la voie.
[0035] La seconde forme d'exécution illustrée aux figures 6 et 7 de la machine de meulage
se différencie par rapport à la première déjà décrite uniquement du fait que le véhicule
automoteur est un véhicule ferroviaire uniquement. Les trains routiers 4,5 sont donc
supprimés. De plus, les commandes du chariot de meulage 2 sont regroupées dans la
cabine de pilotage du véhicule ferroviaire. Enfin, dans cette exécution, le véhicule
automoteur ferroviaire ne comporte qu'un moteur diesel servant à sa traction ainsi
qu'à l'entraînement du groupe hydraulique et du générateur électrique alimentant les
moteurs du chariot de meulage 2.
[0036] Dans des variantes, on peut imaginer que le véhicule automoteur comporte plusieurs
chariots de meulage 2, notamment l'un à l'arrière comme décrit et illustré précédemment
et l'autre à l'avant
1. Machine pour le meulage de sections localisées d'un rail de chemin de fer, notamment
des soudures d'abouts de rails ou d'autres défauts ponctuels, comportant un véhicule
automoteur et au moins un chariot de meulage, caractérisée par le fait que lors de
l'opération de meulage du rail, le véhicule automoteur est fixe, immobile par rapport
à la voie de chemin de fer, tandis que le chariot de meulage effectue des déplacements
de va-et-vient le long de cette voie; la distance entre ledit chariot et le véhicule
étant ainsi variable.
2. Machine selon la revendication 1, caractérisée par le fait qu'en position de service
de meulage le chariot est relié au véhicule par un câble électrique alimentant le
chariot en énergie électrique.
3. Machine selon la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisée par le fait que
le chariot comporte au moins une unité de meulage formée d'un moteur entraînant une
meule lapidaire en rotation, et un dispositif d'actionnement dans ses déplacements
de va-et-vient par rapport au véhicule.
4. Machine selon les revendications 1,2 ou 3, caractérisée par le fait qu'elle comporte
un dispositif de relevage du chariot permettant de charger celui-ci sur le véhicule.
5. Machine selon l'une des revendications précédentes, caractérisée par le fait que la
commande des opérations de meulage s'effectue depuis le véhicule automoteur.
6. Machine selon l'une des revendications précédentes, caractérisée par le fait qu'elle
comporte plusieurs, notamment deux, chariots de meulage indépendants les uns des autres.