[0001] La présente invention concerne les engins largables depuis un aéronef, du type muni
de moyens passifs de stabilisation aérodynamique, tels que des ailettes, destinés
à prendre une trajectoire initiale après largage sensiblement parallèle à la vitesse
de l'aéronef. Le terme "aéronef" doit être interprété comme couvrant aussi bien les
appareils à voilure tournante que ceux à voilure fixe.
[0002] L'invention trouve une application importante dans le domaine des leurres infrarouges
ou électromagnétiques qui, pour être efficaces, commencent à jouer leur rôle à proximité
de l'aéronef pour provoquer l'accrochage d'un auto-directeur ou d'un radar d'un hostile,
puis doivent ensuite s'éloigner de façon suffisamment progressive pour que l'auto-directeur
ou le radar reste accroché sur eux, mais suffisamment rapide pour qu'un auto-directeur
de missile ou un radar ne puisse, après extinction du leurre, s'accrocher de nouveau
sur l'aéronef.
[0003] On connaît déjà (CH-A-480 612) une roquette ayant des volets de freinage déployables
d'une position où ils sont plaqués contre le corps à une position de butée, sensiblement
perpendiculaire au corps. La forme et l'inclinaison des volets restent inchangées
quelle que soit la traînée, du fait que les volets prennent appui contre une butée
ou sont mis en place par un tiroir. On connaît également (DE-A-2 637 793) une munition
à dispersion munie de lamelles élastiques, destinées à amener la munition en position
verticale. Pour cela, les lamelles se déploient dès que la munition est sortie de
son conteneur et prennent une orientation d'au moins 10°, typiquement d'environ 20°.
La constitution de ces lamelles leur donne un effet qui n'est pas celui recherché
pour l'invention.
[0004] Les leurres actuels, qu'ils soient équipés ou non d'une charge de propulsion, ne
permettent pas de remplir cette condition dans toute l'enveloppe de vol des avions
à équiper
[0005] Si par exemple on donne à un leurre non propulsé, stabilisé aérodynamiquement, un
coefficient de trainée Cx tel qu'il procure à l'engin une séparation par rapport à
l'avion satisfaisante à forte vitesse et basse altitude, ce coefficient ne pourra
procurer de séparation suffisante pour une éjection à vitesse inférieure ou altitude
supérieure, du fait de la chute de la pression dynamique.
[0006] La présente invention vise notamment à fournir un engin dont la loi d'écartement
après largage depuis un aéronef est quasiment insensible aux conditions de vol, contrairement
aux engins antérieurement connus. L'invention propose dans ce but un engin suivant
la partie caractérisante de la revendication 1.
[0007] D'autres caractéristiques et des modes particuliers de réalisation sont définis dans
les sous-revendications.
[0008] On peut ainsi adapter la traînée de l'engin aux conditions d'éjection, de façon que
la trajectoire relative de l'aéronef et de l'engin respecte un gabarit déterminé,
quelles que soient ces conditions, au moins dans un domaine d'utilisation prédéterminé.
[0009] Il sera surtout question par la suite du cas d'un engin, tel qu'un leurre, démuni
de propulseur. Mais l'invention s'applique également au cas d'un engin muni d'une
charge de propulsion propre, donnant une poussée non ajustable, destinée soit à amener
l'engin à l'avant de l'aéronef après largage, soit à ralentir l'accroissement du retard
pris par l'engin.
[0010] Dans tous les cas, le maintien de la loi de séparation dans un gabarit prédéterminé
s'effectue sans intervention extérieure, sans réglage préliminaire, sans moyens actifs
à bord de l'engin.
[0011] Les dispositions ci-dessus, ainsi que d'autres utilisables avantageusement en liaison
avec les précédentes, mais pouvant l'être indépendamment, apparaîtront mieux à la
lecture de la description qui suit de modes particuliers de réalisation, donnés à
titre d'exemples non limitatifs.
[0012] La description se réfère aux dessins qui l'accompagnent, dans lesquels :
- la figure 1 montre les éléments concernés par l'invention d'un dispositif constituant
un premier mode de réalisation, vu en demi-élévation avec coupe partielle, alors que
les volets sont repliés ;
- la figure 2, similaire à la figure 1, montre les volets totalement déployés ;
- la figure 3 est une vue en coupe suivant la ligne III - III de la figure 2 ;
- les figures 4 et 5, similaires à la fig. 1, montrent un autre mode de réalisation,
les volets étant représentés à l'état replié (figure 4) et à l'état déployé (figure
5).
[0013] L'engin dont l'aspect général est montré en figures 1 à 3, est destiné à être utilisé
comme leurre infrarouge ou électromagnétique. Il comporte un corps 10, d'allure générale
cylindrique, ayant un cône avant et une enveloppe délimitant une chambre 12 qui contient
la charge utile : une charge pyrotechnique ou bien un brouilleur selon le cas. L'engin
est prévu pour être placé dans un alvéole de chargeur et pour être expulsé à la demande
par une charge de dépotage non représentée. Le chargeur lui-même peut avoir une constitution
connue, par exemple celle décrite dans la demande de brevet n° 93 10928 de la demanderesse.
[0014] Le corps porte des moyens de stabilisation aérodynamique de l'engin, destinés à orienter
son axe longitudinal le long de la trajectoire. Ces moyens, purement passifs, sont
constitués par plusieurs ailettes ou ailerons 14. Ces ailettes, au nombre de quatre
dans le mode de réalisation illustré, sont fixées chacune à deux douilles 16 tournant
sur deux axes alignés ménagés dans le corps. Des moyens précomprimés tendent à écarter
les ailettes 14 de leur position repliée et à les amener dans l'orientation radiale
où elles sont montrées en figures 1 et 2 et en tirets sur la figure 3. Ces moyens
peuvent être constitués par des ressorts (non représentés). L'orientation finale des
ailettes est fixée par appui de ces ailettes contre une butée de l'enveloppe.
[0015] Conformément à l'invention, l'engin comporte de plus des volets déployables automatiquement
après largage. Dans le cas illustré sur les figures 1 à 3, chacun de ces volets 17,
au nombre de quatre, est constitué par une plaque en acier à ressort dont la partie
avant est maintenue plaquée le long du corps par des moyens de fixation, tels que
des vis 18. Lorsque l'engin est stocké, les volets 17 sont maintenus appliqués contre
le corps de l'engin, sous les ailettes 14, et sont donc peu encombrants. Ils sont
préformés en position déployée, de façon à être alors sous tension et qu'en l'absence
de contrainte ils prennent une position libre faisant un angle déterminé
a avec l'axe de l'engin (
a ≈ 45° par exemple). L'élasticité des volets est telle que la pression dynamique qui
s'exerce sur eux en vol leur donne un angle par rapport à l'axe du corps qui dépend
directement de la pression dynamique et qui est inférieur à
a. La longueur des volets 17 et des ailettes 14 est telle qu'ils ne débordent pas à
l'arrière du corps.
[0016] Dans le mode de réalisation illustré sur les figures 1 et 2, la partie avant de chaque
volet 16 est renforcée par des lames élastiques plus courtes 20 dont la présence modifie
la loi de déformation. Ces lames supplémentaires seront ou non présentes suivant la
loi de variation de la traînée à donner à l'engin. Elles sont fixées à plat sur les
volets, par exemple par des rivets 22.
[0017] La figure 3 montre que l'adjonction des volets de freinage aérodynamique n'implique
pas une diminution de la charge utile de leurrage et ne modifie que très peu la géométrie
extérieure de l'engin. Les renflements que représentent les douilles nécessaires pour
articuler les ailettes 14 et leur permettre de se replier au-dessus des volets prennent
place aisément, dans les alvéoles, de forme carrée, du chargeur. Il sera simplement
nécessaire, en général, de donner à chacun des volets 17 une largeur inférieure au
diamètre du corps, comme le montre la figure 3. L'encombrement supplémentaire dû aux
ailettes est montré sur la figure 3 par un cadre en tirets. Le déploiement des ailettes,
comme indiqué par la flèche f, libère les volets 17 et leur permet de se déployer
à leur tour.
[0018] La forme des ailettes 14 et celle des volets 17, ainsi que la nature des moyens de
fixation des volets, dépendent de l'application envisagée. On peut indiquer à titre
d'exemple qu'il suffit, dans le cas d'un engin constitué par un leurre ayant un calibre
de 30 mm et une vingtaine de centimètres de long, de quatre volets démunis de lames
de renfort, en acier à ressort de 0,6 mm d'épaisseur, fixés sur le corps par quelques
points de soudure.
[0019] Le mode de réalisation montré en figures 4 et 5, où les éléments déjà représentés
sur les figures 1 à 3 portent le même numéro de référence, comporte encore des ailettes
de stabilisation 14 et des volets déployables 17a.
[0020] Les ailettes de stabilisation ont la même forme et le même montage que dans le cas
des figures 1 à 3. En revanche, chaque volet 17a est constitué d'une lame en métal
élastique (acier à ressort en général) , articulée sur le corps à l'arrière des patins.
Pour cela chaque volet 17a peut être soudé sur un des éléments d'une charnière 24
placée immédiatement derrière les douilles arrière 16. Les charnières ont un débattement
limité, de façon que le volet à l'état libre, une fois tourné vers l'arrière, fasse
un angle
b d'environ 45° avec l'axe du corps, à proximité de la charnière.
[0021] Le volet 17a est prévu pour être replié vers le nez de l'engin lorsqu'il est stocké
et être maintenu en appui contre le corps par une ailette 14 (figure 4). Le volet
peut être préformé de façon à prendre la forme montrée en traits pleins sur la figure
5 dès éjection de l'engin et déploiement des ailettes 14. Lorsque les volets 17a présentent
un bec relevé 26, leur déploiement est provoqué par l'action du vent sur le bec. L'action
du vent peut être remplacée ou complétée par celle d'autres moyens, par exemple par
un ressort à pincette monté sur la charnière 24, un ressort destiné à décoller légèrement
le volet du corps lorsqu'il est libéré, ou un fil de traction relié à l'ailette correspondante.
[0022] Une fois déployés, les volets 17a prennent une forme qui dépend de la pression dynamique
qui agit sur eux, intermédiaire entre la forme indiquée en traits mixtes et la forme
indiquée en tirets sur la figure 5. Si nécessaire, la charnière 24 peut être munie
d'une butée escamotable ou destructible sous une contrainte déterminée, de façon à
libérer le volet au-delà d'une pression dynamique donnée et à réduire alors au maximum
la traînée.
1. Engin largable depuis un aéronef, muni de moyens passifs de stabilisation aérodynamique,
destiné à prendre une trajectoire initiale sensiblement parallèle à la vitesse de
l'aéronef après largage, comportant, à l'arrière, des volets de freinage (17,17a)
déployables automatiquement après largage, caractérisé en ce que les volets sont constitués
de façon que la pression dynamique qui s'exerce sur les volets modifie automatiquement
l'inclinaison ou la forme des volets dans un sens tel que la traînée supplémentaire
donnée par les volets varie en fonction inverse de ladite pression dynamique, en assurant
une auto-adaptation aux conditions de vol.
2. Engin selon la revendication 1, caractérisé en ce que les volets (17,17a) présentent
une flexibilité telle qu'ils se déforment à partir de leur position déployée dans
un sens réduisant le coefficient de traînée lorsque la pression dynamique s'exerçant
sur eux augmente.
3. Engin selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'avant desdits volets (17)
est fixé à plat sur le corps (10) de l'engin.
4. Engin selon la revendication 2 ou 3, caractérisé en ce que la partie avant des volets
est renforcée par des lames plus courtes (20) fixées à plat sur les volets (17).
5. Engin selon la revendication 2, 3 ou 4, caractérisé en ce que les volets sont préformés
pour s'orienter à 45° environ de l'axe de l'engin à l'état libre.
6. Engin selon la revendication 1, caractérisé en ce que les volets sont reliés au corps
de l'engin par des moyens élastiques qui fléchissent sous l'action de la force exercée
sur les volets, dans un sens réduisant le coefficient de traînée lorsque la pression
dynamique augmente.
7. Engin selon la revendication 1, caractérisé en ce que chaque volet (17a) est constitué
d'une lame en métal élastique dont l'arrière est articulée sur le corps à l'arrière
des patins par des moyens ayant un débattement limité, le volet étant prévu pour être
replié vers le nez de l'engin lorsqu'il est stocké et être maintenu en appui contre
le corps.
8. Engin selon la revendication 7, caractérisé en ce que ledit volet (17a) présente un
bec relevé (26) destiné à provoquer le déploiement par l'action du vent sur le bec.
9. Engin selon la revendication 7 ou 8, caractérisé par des moyens à ressort à pincette
de décollement des volets.
10. Engin selon la revendication 7, 8 ou 9, caractérisé en ce que les moyens d'articulation
(24) sont munis d'une butée escamotable ou destructible sous une contrainte déterminée,
de façon à libérer le volet au-delà d'une pression dynamique donnée.