[0001] La présente invention concerne un procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne
équipant un véhicule automobile du type comportant un système électronique de commande
de la quantité de carburant injectée.
[0002] L'invention concerne plus particulièrement un procédé de contrôle d'un moteur à combustion
interne équipant un véhicule automobile pour éliminer les éventuels phénomènes d'à-coups
de couple pouvant survenir lors de conditions particulières de fonctionnement du véhicule.
[0003] Il est connu que dans certaines conditions de fonctionnement d'un véhicule automobile
équipé d'un moteur à combustion interne, notamment en régimes transitoires (accélérations
vives, etc.), on observe des phénomènes d'oscillations du couple transmis aux roues
du véhicule encore appelées à-coups qui affectent alors le confort des passagers du
véhicule.
[0004] Ces oscillations ont pour origine la chaîne cinématique liant le moteur à l'interface
pneu/sol. En effet, l'énergie mécanique en bout de vilebrequin est transmise aux roues
par un système de transmission comprenant traditionnellement un embrayage, une boîte
de vitesses et un différentiel, qui possède un amortissement et une rigidité propre.
Il en résulte donc, que toute variation brusque du couple moteur au niveau du vilebrequin
est répercutée aux roues avec des oscillations dont l'importance va dépendre des caractéristiques
du système de transmission.
[0005] Pour remédier à ces oscillations de couples, de nombreuses stratégies ont été élaborées.
Il est ainsi connu dans l'art antérieur, notamment par les documents EP-A-461504 et
WO-A-90/06441, de réguler le couple d'un moteur de façon à réduire ou supprimer la
perception des oscillations de couple, par le conducteur du véhicule. Pour ce faire,
les paramètres de contrôle des moteurs du type à commande électronique de l'injection,
à savoir le temps d'injection ou l'avance à l'allumage sont ajustés pour éliminer
les oscillations en effectuant la surveillance du couple moteur aux roues et en corrigeant
dans la boucle de commande la valeur du ou des paramètres de contrôle choisis en fonction
de l'amplitude des oscillations détectées.
[0006] De telles méthodes présentent toutefois certains inconvénients, à savoir une grande
complexité dans la relation liant la variation du couple et la correction à apporter
au (ou aux) paramètres de contrôle choisis nécessitant l'utilisation de systèmes électroniques
de commande de fortes capacités et par ailleurs le non traitement de l'à-coup initial
puisque les corrections ne sont opérées qu'après détection des premières oscillations
du véhicule.
[0007] Le but de la présente invention est donc de proposer un procédé de contrôle d'un
moteur à combustion interne qui remédie aux inconvénients de l'art antérieur en supprimant
l'apparition de tout à-coups et ce de façon particulièrement simple.
[0008] Le procédé selon l'invention, a trait au contrôle d'un moteur à combustion interne
équipant un véhicule automobile du type comportant un système électronique de commande
de l'injection de carburant coopérant avec des moyens de détection des conditions
de fonctionnement du moteur, ce procédé permettant de calculer la quantité de carburant
à injecter en fonction des conditions de fonctionnement du moteur suivant une formule
appropriée.
[0009] Selon l'invention, le procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne objet
de l'invention est caractérisé en ce que dans des conditions d'accélération prédéterminées,
la formule de calcul est corrigée pour appauvrir la quantité de carburant injectée
de façon à produire une accélération progressive sans à-coups, le niveau et la durée
de l'appauvrissement de la quantité de carburant injectée prenant en compte l'estimation
de l'intensité de l'accélération.
[0010] L'estompage du couple moteur induit par l'appauvrissement des quantités de carburant
injectées permet de supprimer, ou pour le moins de réduire, la perception de l'à-coup
initial et les balancements résultant. Contrairement aux méthodes connues, cette solution
procède par anticipation en identifiant des conditions particulières de fonctionnement
propices à l'apparition des à-coups de couple et en mettant alors immédiatement en
oeuvre une stratégie de correction.
[0011] Selon une autre caractéristique du procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne
objet de l'invention, dans les conditions d'accélération prédéterminées, un terme
correctif est introduit dans la formule pour appauvrir la quantité de carburant ainsi
calculée, ce terme correctif étant ensuite graduellement modifié pour ramener la correction
à zéro.
[0012] L'appauvrissement opéré est ainsi ajusté aussi bien pour ce qui est de son niveau
que de sa durée, de façon à conserver un temps de réponse satisfaisant du véhicule
à la demande d'accélération du conducteur et de façon à ne pas accroître les émissions
de polluants.
[0013] Selon une autre caractéristique du procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne
objet de l'invention, les conditions d'accélération prédéterminées comprennent les
phases d'accélération survenant consécutivement à une phase de décélération.
[0014] Il est en effet apparu que parmi les régimes transitoires ceux définis par l'enchaînement
d'une phase de décélération suivi d'une phase d'accélération étaient générateurs des
à-coups les plus violents, et que leur traitement permettait de supprimer la perception
des à-coups de couples pour le conducteur.
[0015] Selon une autre caractéristique du procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne
objet de l'invention, la phase de décélération est définie d'une part, par le maintien
de la pédale d'accélérateur dans la position pied levé pendant une durée supérieure
à une première valeur de seuil et d'autre part, par une vitesse du véhicule automobile
supérieure à une seconde valeur de seuil.
[0016] Selon une autre caractéristique du procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne
objet de l'invention, le niveau et la durée de l'appauvrissement de la quantité de
carburant injectée prennent en compte les conditions de fonctionnement du moteur.
[0017] Selon une autre caractéristique du procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne
objet de l'invention, l'intensité de l'accélération est directement déduite du déplacement
de la pédale d'accélérateur ainsi que de la vitesse de ce déplacement.
[0018] On comprendra mieux les buts, aspects et avantages de la présente invention, d'après
la description donnée ci-après d'un mode de réalisation de l'invention appliqué à
un moteur quatre temps à allumage commandé équipant un véhicule automobile, ce mode
de réalisation étant donné à titre d'exemple non limitatif, en se référant au dessin
annexé, dans lequel :
la figure 1 est une vue schématique en coupe d'un moteur à combustion interne équipant
un système de contrôle mettant en oeuvre le procédé objet de l'invention ;
la figure 2 est un graphique montrant les effets sur le couple transmis au roues du
véhicule du procédé objet de l'invention ;
la figure 3 est un graphique montrant l'évolution en fonction du temps du terme correcteur
introduit dans le calcul de la quantité de carburant injecté selon l'invention.
[0019] Seuls les éléments du moteur nécessaires à la compréhension de l'invention ont été
figurés.
[0020] La figure 1 présente un moteur à combustion interne multicylindre 1 à allumage commandé
équipant un véhicule automobile ou routier et comportant un système électronique de
commande de la quantité de carburant injectée mettant en oeuvre le procédé de commande
selon l'invention.
[0021] Chacune des chambres de combustion 12 du moteur est alimentée en air frais comburant
depuis un collecteur d'admission 3 muni classiquement en amont d'un papillon des gaz
4 pilotant le débit d'air aspiré par le moteur. Le collecteur 3 est également équipé
d'une conduite de by-pass du papillon 4, muni d'une vanne de régulation pour les fonctionnements
du moteur au ralenti.
[0022] L'admission de l'air dans la chambre de combustion 12 est classiquement régie par
la commande d'une soupape d'admission 11 à tige manoeuvrée par un système de distribution
adapté non figuré. Quant à l'injection de carburant, elle est opérée par un électro-injecteur
2 alimenté par du carburant sous une pression déterminée constante et disposé sur
le circuit d'admission en air, en amont de la soupape d'admission 11.
[0023] L'ouverture de chaque électro-injecteur 2 est commandée par un système électronique
de contrôle 7, qui calcule suivant une formule prédéterminée la quantité de carburant
à injecter en fonction des conditions de fonctionnement du moteur 1 sous la forme
d'une durée d'ouverture de l'injecteur 2.
[0024] Dans le système de contrôle moteur 7 sont mémorisés les formules et les paramètres
fondamentaux pour le réglage optimal du moteur, ces paramètres étant obtenus préalablement
au banc d'essai du moteur. Ce sont par exemple les paramètres concernant l'instant
de début d'injection ou phase d'injection du carburant dans chacune des chambres du
moteur, la durée d'injection de carburant qui correspond à une quantité de carburant
injectée, ou bien encore la phase d'allumage des bougies.
[0025] Le système électronique 7 comprend classiquement une unité centrale CPU, une mémoire
vive RAM, une mémoire morte ROM, des convertisseurs analogiques-numériques A/D, et
différentes interfaces d'entrées et de sorties. Il reçoit différents signaux d'entrée
caractéristiques du fonctionnement moteur et des organes inter-agissant avec ce dernier
fournis par des moyens de détection correspondant, effectue des opérations et génère
des signaux de sortie à destination notamment des injecteurs 2. Les différentes stratégies
de commande du moteur, formules et paramètres ou calibrations sont stockées dans la
mémoire morte ROM.
[0026] Parmi les signaux d'entrées figurent ceux émis par un capteur vilebrequin 8 qui permettent
le repérage du passage au point mort haut de chacun des cylindres, et la détermination
de la vitesse de rotation du moteur. Ces signaux permettent, couplés notamment à ceux
émis par un capteur arbre à cames non figuré, de phaser les instants d'injection avec
le fonctionnement du moteur.
[0027] Parmi les autres signaux d'entrée du système électronique 7, figurent également ceux
émis par : un capteur de pression 9 disposé dans le collecteur d'admission en aval
du papillon des gaz 6, des capteurs de position associés respectivement au papillon
des gaz 4 et à la vanne de régulation ralenti, ainsi que des capteurs de mesure de
la température du liquide de refroidissement et de l'air d'admission, et un capteur
de richesse non figuré disposé sur la ligne d'échappement des gaz brûlé du moteur
permettant de suivre le rapport air carburant.
[0028] Conformément aux figures 2 et 3, le procédé de contrôle du moteur à combustion interne
1 est alors le suivant.
[0029] Lors de certaines accélérations du véhicule, la formule de calcul de la quantité
de carburant est corrigée pour appauvrir temporairement la quantité de carburant injectée
de façon à limiter le couple moteur et produire une accélération progressive sans
à-coups. La figure 2 illustre l'influence lors de telles accélérations de l'appauvrissement
sur le couple C transmis aux roues du véhicule, la courbe (I) correspondant à la mise
en oeuvre de la formule sans correction tandis que la courbe (II) correspondant à
la mise en oeuvre de la correction selon l'invention.
[0030] Les conditions d'accélération prédéterminées pendant lesquelles est mis en oeuvre
la correction selon l'invention sont les phases d'accélération survenant immédiatement
après une phase de décélération.
[0031] Pour identifier la survenue de telles conditions le système de contrôle 7 dispose
de l'information position de la pédale d'accélérateur soit par un capteur adapté soit
encore par l'intermédiaire du capteur de position du papillon de gaz. La phase de
décélération est alors définie par la reconnaissance de la position pied levé de la
pédale d'accélérateur.
[0032] Pour discriminer les phases de démarrage et les phases de changement de vitesses,
des conditions supplémentaires sont imposées à savoir le maintien de la pédale d'accélérateur
dans la position pied levé pendant une durée supérieure à une valeur de seuil et d'autre
part une vitesse du véhicule automobile supérieure à une valeur de seuil, ces valeurs
étant préalablement calibrées au banc d'essai. Lorsque ces conditions sont réunies
un registre d'état spécifique est alors mis à 1 et dès qu'une demande d'accélération
est identifiée par l'enfoncement de la pédale d'accélérateur, la stratégie d'appauvrissement
selon l'invention est déclenchée.
[0033] Pour ce faire, on introduit un terme correctif dans la formule de calcul de la quantité
de carburant à injecter sitôt les conditions particulières de d'accélération identifiées.
Ce terme correctif peut par exemple prendre la forme d'un gain multiplicatif G tel
que représenté à la figure 3. Le gain G est initialement porté à une certaine valeur
prédéterminée comprise strictement entre "0" et "1", puis il est ensuite graduellement
ramené à la valeur "1" par des augmentations successives opérées à chaque Point Mort
Haut, de façon à ramener la correction à zéro au bout d'un laps de temps ajusté.
[0034] La valeur initiale puis l'évolution du gain G sont déduites de tables prédéterminées
prenant en compte les conditions de fonctionnement du moteur et notamment les valeurs
du régime moteur, de la pression dans le collecteur d'admission, et du rapport de
boîte de vitesses engagé. Bien évidemment, il est également possible d'adapter la
valeur du gain G en fonction des valeurs prises par d'autres paramètres caractéristiques
du fonctionnement moteur. Par ailleurs, ce gain G est également ajusté en fonction
d'une estimation de l'intensité de l'accélération déduite du déplacement de la pédale
d'accélérateur ainsi que de la vitesse de ce déplacement.
[0035] La grande simplicité du procédé développé permet son implantation même sur des calculateurs
de capacité limitée.
[0036] Bien entendu, l'invention n'est nullement limitée au mode de réalisation décrit et
illustré qui n'a été donné qu'à titre d'exemple.
[0037] Au contraire, l'invention comprend tous les équivalents techniques des moyens décrits
ainsi que leurs combinaisons si celles-ci sont effectuées suivant son esprit.
[0038] Ainsi le système de contrôle moteur peut s'appliquer à la commande d'une injection
monopoint. Il peut également être utilisé pour les moteurs à allumage par compression
comportant un dispositif électronique de commande de la quantité de carburant injectée.
[0039] Par ailleurs, la mise en oeuvre du procédé objet de l'invention peut être réalisée
sous diverses formes :
- soit avec des composants d'électronique analogique pour lesquels les différentiateurs,
multiplicateur et autres filtres sont réalisés à l'aide d'amplificateurs opérationnels
;
- soit avec des composants d'électronique numérique qui réaliseraient la fonction en
logique câblée ;
- soit par un algorithme de traitement du signal implanté sous forme d'un module logiciel
composant d'un système logiciel de contrôle moteur faisant fonctionner le microcontrôleur
d'un calculateur électronique.
- soit encore, par une puce spécifique (custom) dont les ressources matériel et logiciel
auront été optimisées pour réaliser les fonctions objet de l'invention : puce microprogrammable
ou non, encapsulée séparément ou bien tout ou partie d'un coprocesseur implanté dans
un microcontrôleur ou microprocesseur etc.
[1] Procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne (1) équipant un véhicule automobile
du type comportant un système électronique (7) de commande de l'injection du carburant
coopérant avec des moyens (8,9) de détection des conditions de fonctionnement du moteur
(1), par lequel la quantité de carburant à injecter est déduite desdites conditions
de fonctionnement suivant une formule de calcul appropriée, caractérisé en ce que
dans des conditions d'accélération prédéterminées, ladite formule est corrigée pour
appauvrir la quantité de carburant injectée de façon à produire une accélération progressive
sans à-coups, le niveau et la durée de l'appauvrissement de la quantité de carburant
injectée prenant en compte l'estimation de l'intensité de l'accélération.
[2] Procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne (1) selon la revendication 1,
caractérisé en ce que dans lesdites conditions d'accélération prédéterminées, un terme
correctif (G) est introduit dans ladite formule pour appauvrir la quantité de carburant
ainsi calculée, ce terme correctif (G) étant ensuite graduellement modifié pour ramener
la correction à zéro.
[3] Procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne (1) selon l'une quelconque des
revendications 1 à 2, caractérisé en ce que lesdites conditions d'accélération prédéterminées
comprennent les phases d'accélération survenant consécutivement à une phase de décélération.
[4] Procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne (1) selon la revendication 3,
caractérisé en ce qu'une phase de décélération est définie d'une part, par le maintien
de la pédale d'accélérateur dans la position pied levé pendant une durée supérieure
à une première valeur de seuil et d'autre part, par une vitesse du véhicule automobile
supérieure à une seconde valeur de seuil.
[5] Procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne (1) selon l'une quelconque des
revendications 1 à 4, caractérisé en ce que le niveau et la durée de l'appauvrissement
de la quantité de carburant injectée prennent en compte les conditions de fonctionnement
du moteur.
[6] Procédé de contrôle d'un moteur à combustion interne (1) selon l'une quelconque des
revendications 1 à 5, caractérisé en ce que l'intensité de l'accélération est directement
déduite du déplacement de la pédale d'accélérateur (6) ainsi que de la vitesse de
ce déplacement.