[0001] L'invention concerne les traitements thermomécaniques des pièces à hautes caractéristiques
en acier microallié, tels que le forgeage, le soudage et les traitements thermiques
superficiels.
[0002] Les aciers microalliés ayant la composition (les pourcentages sont des pourcentages
pondéraux) 0,05 %≤ C ≤ 0,5 %; 1 % ≤ Mn ≤ 2 %; 0,05 %≤ Si ≤ 1,5 %; 0,1 % ≤ Cr ≤ 1 %;
0 % ≤ Mo ≤ 0,5 %; 0 ≤ V ≤ 0,30 %; 0 ≤ B ≤ 0,010 %; 0 ≤ Ti ≤ 0,030 %, 0 ≤ Nb ≤ 0,1,
le reste étant du fer, des impuretés inévitables résultant de l'élaboration, et éventuellement
d'autres éléments d'alliage compatibles avec les utilisations envisagées pour les
produits, sont utilisés notamment pour fabriquer des pièces forgées à hautes caractéristiques.
Ces pièces doivent, par exemple, présenter une résistance à la rupture comprise entre
900 et 1200 MPa et une bonne tenue aux chocs. Ces aciers sont classiquement utilisés
avec une structure ferrito-perlitique qui résulte naturellement d'un durcissement
secondaire au cours du refroidissement qu'ils ont subi lors de leur dernière mise
en forme. Ils peuvent aussi être utilisés, avec la même structure ferrito-perlitique,
pour d'autres applications nécessitant divers traitements thermiques ou thermomécaniques.
[0003] Ce type de métallurgie est bien adapté aux forgeages et autres traitements qui sont
pratiqués à des températures élevées (supérieures à 1000 °C par exemple), pour lesquelles
l'austénitisation de la pièce est complète. En revanche, cette métallurgie pose problème
lorsque la pièce est soumise localement ou en totalité à des températures de chauffage
inférieures, entre 500 et 900 °C. C'est le cas, en particulier, lorsque le traitement
de forge vise à ne mettre en forme qu'une extrémité d'une barre d'acier, et où l'action
de chauffage est donc limitée à cette extrémité. La région de la barre qui n'est pas
chauffée directement mais avoisine la zone à forger est, de fait, portée à une température
inférieure, mais suffisamment élevée pour imposer des transformations métallurgiques
à cette région. Un phénomène similaire se produit lorsque la pièce subit un soudage,
un traitement de nitruration ou un traitement thermique superficiel, tel qu'une trempe
laser, ou une trempe par induction: les couches subsurfaciques de la pièce sont affectées
par le traitement d'une manière qui peut être indésirable. Le problème est que les
portions de ces pièces qui ont subi un tel réchauffage entre 500 et 900 °C présentent
un adoucissement préjudiciable à la bonne tenue mécanique de la pièce, notamment à
son comportement en fatigue. Une explication de ce phénomène d'adoucissement est que,
pour ces températures de chauffage relativement faibles, l'effet durcissant des précipitations
interphases est annihilé, et que la trempabilité est fortement diminuée du fait de
la très faible taille des grains. Le résultat est que la pièce n'a donc plus dans
la totalité de son volume des propriétés à la fois élevées et homogènes.
[0004] On a jusqu'ici remédié à ce problème en recourant à des nuances au chrome-molybdène
trempées-revenues, ou à des aciers peu alliés ayant subi un traitement de normalisation.
Mais ces solutions limitent la gamme de nuances utilisables. De plus, lorsqu'un traitement
thermique de restauration des propriétés mécaniques est nécessaire, il induit généralement
des déformations inacceptables de la pièce qui nécessiteront un redressage de celle-ci.
Cela augmente sensiblement les durées et les coûts de fabrication des pièces.
[0005] Le but de l'invention est de proposer une méthode de fabrication de pièces en acier
microallié à hautes caractéristiques mécaniques permettant de s'affranchir de ce problème
d'adoucissement, quelles que soient les conditions locales de chauffage des pièces
en question.
[0006] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de fabrication d'une pièce en acier
de construction mécanique, selon lequel on soumet une ébauche en acier microallié
comportant, en pourcentages pondéraux, 0,05 %≤ C ≤ 0,5 %; 1 % ≤ Mn ≤ 2 %; 0,05 %≤
Si ≤ 1,5 %; 0,1 % ≤ Cr ≤ 1 %; 0 % ≤ Mo ≤ 0,5 %; 0 ≤ V ≤ 0,30 %, 0 ≤ B ≤ 0,010 %; 0
≤ Ti ≤ 0,030 %, 0 ≤ Nb ≤ 0,1 %, à un traitement thermique ou thermomécanique, caractérisé
en ce que ladite ébauche a une structure bainitique et en ce que ledit traitement
comporte une étape de chauffage imposant à une portion au moins de ladite ébauche
une température comprise entre 500 et 900 °C, suivie par une étape de refroidissement
de ladite portion à une vitesse supérieure à 500 °C/heure.
[0007] L'invention a également pour objet une pièce en acier de construction mécanique fabriquée
par ce procédé.
[0008] Comme on l'aura compris, l'invention consiste à partir d'une ébauche en acier de
construction mécanique microallié ayant une structure bainitique pour réaliser une
pièce à laquelle on doit appliquer un chauffage qui, de manière subie ou voulue, portera
au moins localement sa température entre 500 et 900 °C. En partant d'une telle ébauche
qui possède à la fois la composition spécifiée et une structure bainitique, on n'obtient
pas, pour les portions de l'ébauche ainsi chauffées, l'adoucissement indésirable que
l'on observe lorsque l'ébauche présente une structure ferrito-perlitique.
[0009] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit, donnée en
référence à la figure unique qui illustre un exemple de mise en oeuvre de l'invention.
[0010] Sur la figure unique, on a représenté une barre 1 dont une portion 2 est chauffée.
Cette barre 1 a un diamètre de 40 mm et une longueur L de 800 mm environ. Elle est
en un acier de construction dont la composition, exprimée en pourcentages pondéraux,
est C = 0,35 %; Mn = 1,8 %; Si = 0,25 %; V = 0,12%; Mo = 0,050 %; B ≤0,0005 %; Ti
= 0,012 %, le reste étant du fer et des impuretés résultant du processus d'élaboration
habituel de ce type de nuances d'acier. Dans un des cas envisagés sur la figure unique,
les conditions du refroidissement de la barre dans la chaude de laminage ont conduit,
comme il est connu, à l'établissement d'une structure ferrito-perlitique. Dans l'autre
cas envisagé, on a, selon l'une des caractéristiques de l'invention et comme l'homme
du métier sait le réaliser à l'aide des diagrammes Temps-Températures-Transformation,
obtenu une structure bainitique.
[0011] Pour le traitement de la barre 1, on réalise par induction un chauffage de sa portion
centrale 2, par exemple en vue d'un forgeage ultérieur. On obtient ainsi dans l'épaisseur
de la pièce 1 et sur toute la longueur de ladite portion centrale 2 une température
homogène de 1200 °C environ. En dehors de cette portion centrale 2 qui subit directement
l'influence des moyens de chauffage, on assiste à une décroissance de la température
de la pièce 1 au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la portion centrale 2, et ce
jusqu'à une température proche de la température ambiante de 20 °C. C'est ainsi que,
sur des portions 3, 3' de la pièce 1, s'établit une température comprise entre les
températures dites classiquement Ac3 et Ac1 de la nuance constituant la barre 1. Dans
l'exemple envisagé, ces températures sont respectivement de 790 et 740 °C, et les
portions 3, 3' concernées s'étendent chacune sur une longueur d'environ 30 mm. Cette
évolution de la température le long de la barre 1 est traduite par la courbe 4 de
la figure unique.
[0012] Dans le cas de référence où la barre 1 a initialement une structure ferrito-perlitique,
on observe dans des portions de la barre 1, qui couvrent notamment celles dont la
température est comprise entre Ac3 et Ac1, un adoucissement de la structure. Il se
traduit par une chute sensible de la dureté Vickers qui passe de 300 à 250 Hv environ.
Cette chute de dureté, dont les raisons ont été données plus haut, est illustrée par
la courbe 5 de la figure unique. Mais dans le cas de l'invention où on a conféré à
la barre 1 une structure initiale bainitique dans la chaude de laminage, on n'observe
pas cet adoucissement localisé, comme le montre la courbe 6. Ainsi, les propriétés
mécaniques qui auraient été affectées par un tel adoucissement demeurent homogènes
sur toute la longueur de la pièce forgée. C'est notamment le cas de sa tenue en fatigue
et de sa résistance aux chocs.
[0013] On a ici donné un exemple où les températures de 500-900 °C, auxquelles est susceptible
de se produire le phénomène d'adoucissement à éviter, étaient obtenues de manière
indirecte et subie, en ce que l'action de chauffage elle-même s'exerçait sur une autre
partie de la pièce que celles où elles règnent. Mais, bien entendu, il est également
dans l'esprit de l'invention d'exercer une action de chauffage conduisant elle-même
à de telles températures sur tout ou partie d'une ébauche de pièce, et, pour éviter
un adoucissement de sa structure, de prendre soin de conférer à cette ébauche la composition
et la structure bainitique dont on vient de parler.
[0014] L'action de chauffage dont, selon l'invention, on veut éviter qu'elle ne conduise
à un adoucissement localisé ou généralisé de la structure de la pièce, peut être de
diverses natures et exercée dans différents buts. Outre le forgeage, l'invention peut
aussi concerner les traitements thermiques superficiels tels que la trempe laser,
la trempe à induction, le bombardement par faisceau d'électrons et les traitements
de nitruration. Le chauffage peut aussi être une conséquence d'une opération de soudage.
Une fois le traitement effectué, le refroidissement de la pièce doit se faire à une
vitesse pas trop faible, à savoir au moins 500 °C/heure, de manière conserver la structure
bainitique précédemment obtenue, afin d'éviter un éventuel adoucissement.
[0015] La liste des éléments entrant dans la composition de l'acier telle qu'elle a été
spécifiée plus haut n'est, bien entendu, pas limitative. Tout en restant dans l'esprit
de l'invention, on peut y ajouter d'autres éléments dans la mesure où ces ajouts ne
sont pas incompatibles avec l'obtention des propriétés désirées pour la pièce à fabriquer.
[0016] L'invention permet d'élargir la gamme de nuances utilisables pour la fabrication
de pièces en acier de construction mécanique à caractéristiques élevées et homogènes.
Elle évite d'avoir recours à des traitements thermiques ultérieurs pour restaurer
les propriétés mécaniques qui auraient été affectées par un adoucissement de la structure
tel qu'on l'a décrit, d'où un gain de temps pour la fabrication de la pièce et pour
son coût de fabrication.
1. Procédé de fabrication d'une pièce en acier de construction mécanique, selon lequel
on soumet une ébauche en acier microallié comportant, en pourcentages pondéraux, 0,05
%≤ C ≤ 0,5 %; 1 % ≤ Mn ≤ 2 %; 0,05 %≤ Si ≤ 1,5 %; 0,1 % ≤ Cr ≤ 1 %; 0 % ≤ Mo ≤ 0,5
%; 0 ≤ V ≤ 0,30 %, 0 ≤ B ≤ 0,010 %; 0 ≤ Ti ≤ 0,030 %, 0 ≤ Nb ≤ 0,1 %; à un traitement
thermique ou thermomécanique, caractérisé en ce que ladite ébauche a une structure
bainitique et cn ce que ledit traitement comporte une étape de chauffage imposant
à une portion au moins de ladite ébauche une température comprise entre 500 et 900
°C, suivie par une étape de refroidissement de ladite portion à une vitesse supérieure
à 500 °C/heure.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit chauffage est exercé
en vue d'un forgeage.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit chauffage est exercé
lors d'un traitement de nitruration.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit chauffage est un traitement
thermique superficiel.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que ledit traitement thermique
est une trempe laser.
6. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que ledit traitement thermique
est une trempe à induction.
7. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que ledit traitement thermique
est un bombardement par un faisceau d'électrons.
8. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit chauffage résulte d'une
opération de soudage.
9. Pièce en acier de construction mécanique, caractérisée en ce qu'elle est fabriquée
par le procédé selon l'une des revendications 1 à 8.