[0001] La présente invention concerne la coulée continue entre cylindres de produits métalliques
minces, notamment en acier.
[0002] Selon cette technique connue, le produit fabriqué, par exemple une bande mince en
acier de quelques millimètres d'épaisseur, est obtenue en déversant le métal en fusion
dans un espace de coulée défini entre deux cylindres d'axes parallèles, refroidis
et entraînés en rotation en sens contraire. Au contact des parois froides des cylindres,
le métal se solidifie et les peaux de métal solidifiées, entraînées par la rotation
des cylindres, se rejoignent au niveau du col entre les cylindres, pour former la
dite bande, extraite vers le bas.
[0003] L'exploitation du procédé de coulée entre cylindres est soumise à diverses contraintes
relatives tant au produit coulé qu'à la mise en oeuvre de l'installation de coulée.
[0004] La bande coulée doit en particulier avoir une section correspondant, en forme et
dimensions, à la section souhaitée.
[0005] Ceci implique que l'entrefer au col entre les cylindres, c'est-à-dire la distance
entre les deux cylindres, soit sensiblement égale à l'épaisseur souhaitée de la bande.
En fait, comme la bande obtenue est classiquement soumise ultérieurement à un laminage,
la précision de l'épaisseur est moins importante que sa régularité sur toute la longueur
de la bande. Ainsi, un écart de quelques dixièmes de millimètres sur l'épaisseur par
rapport à l'épaisseur souhaitée n'est pas préjudiciable à l'obtention d'un produit
fini de qualité, après laminage, alors que des variations rapides d'épaisseur selon
la direction longitudinale de la bande coulée pourront se répercuter sur le produit
fini, malgré le dit laminage.
[0006] Du point de vue de la mise en oeuvre du procédé de coulé, la contrainte principale
est bien sûr d'obtenir une bande continue, et il est donc nécessaire d'assurer l'extraction
de la bande, et que cette bande soit suffisamment solidifiée lors de son extraction.
Une sur-solidification du métal en amont du col n'est pas forcément préjudiciable
dans le cas de la coulée de métaux relativement malléables, par exemple l'aluminium,
mais elle est inacceptable pour des métaux plus durs, tels que l'acier, car alors
une telle sur-solidification conduit soit à la formation d'un coin de métal au-dessus
du col, empêchant l'extraction, soit à une détérioration des cylindres lors du passage
entre eux du métal excessivement solidifié.
[0007] Inversement, une solidification insuffisante conduit à des percées et à une rupture
de la bande en aval du col.
[0008] Pour éviter ces deux causes de dysfonctionnement, il est connu de jouer sur l'écartement
des cylindres, en les rapprochant en cas de solidification insuffisante, ou en les
écartant en cas de sur-solidification, de manière que le fond du puits de solidification,
entre les peaux de métal solidifiées au contact des parois des cylindres, soit maintenu
au niveau du col.
[0009] Il en résulte inévitablement des variations longitudinales d'épaisseur du produit
obtenu lorsque les conditions de solidification varient en cours de coulée, pour diverses
raisons, notamment lors du démarrage, pendant les premiers tours des cylindres et
leur mise en température de régime. Or, ces variations sont inacceptables du point
de vue de la qualité de la bande coulée.
[0010] Aux problèmes indiqués ci-dessus, s'ajoutent encore notamment ceux liés au faux-rond
des cylindres : la circularité parfaite des cylindres ne pouvant pas en pratique être
obtenue, il en résulte que, pour une position fixe des paliers supportant les cylindres,
l'écartement entre ces derniers varie cycliquement lors de leur rotation. On notera
de plus que, au faux-rond initial des cylindres, à froid, se superposent les défauts
de circularité générés par les déformations d'origine thermique dues aux échauffements
et refroidissements cycliques de la surface des cylindres à chaque tour.
[0011] On connaît déjà diverses méthodes de régulation tendant à apporter une solution à
l'un ou à plusieurs des problèmes évoqués précédemment.
[0012] Ainsi, on connaît, par exemple par EP-A-123 059 et EP-A--0194 628, un procédé de
coulée selon lequel, pour éviter une détérioration des cylindres de coulée en cas
de sursolidification du métal coulé, on agit sur l'écartement des cylindres en fonction
de l'effort d'écartement exercé sur ceux-ci par le produit coulé, cet effort étant
supposé représentatif de l'état de solidification du métal. Mais cette méthode conduit,
comme on l'a vu précédemment, à des variations longitudinales d'épaisseur de la bande
obtenue.
[0013] On connaît aussi, par les documents précités une méthode selon laquelle on fait varier
la vitesse des cylindres (donc la vitesse de coulée) en fonction des variations d'écartement
ou d'effort. Cette méthode, basée sur le fait que, si la vitesse augmente, le temps
de solidification du métal en fusion au contact des cylindres est réduit, et donc
la solidification est moindre (et inversement), ne permet cependant pas de réagir
suffisamment rapidement pour éviter les problèmes de sur ou sous-solidification qui
peuvent apparaître brusquement. De ce fait, elle ne peut pratiquement être utilisée
qu'en combinaison avec la méthode précédente de réglage de l'écartement en fonction
de l'effort d'écartement.
[0014] On connaît encore un procédé de coulée selon lequel on agit sur la position des paliers
des cylindres pour tenir compte des défauts de circularité de la surface des cylindres
en mesurant ces défauts de circularité et en corrigeant en conséquence la position
des paliers en fonction de l'angle de rotation des cylindres. Cette méthode ne permet
cependant pas, comme on le comprendra aisément, de résoudre les problèmes liés à l'état
de solidification du métal coulé.
[0015] La présente invention a pour but de résoudre conjointement les problèmes évoqués
ci-dessus, et vise particulièrement à permettre :
- de couler sans risque de rupture de la bande ou de percées,
- d'éviter l'endommagement des cylindres,
- d'éviter ce qui est appelé "zones brillantes" sur les cylindres, qui sont le signe
de fortes concentrations d'effort d'écartement, et qui reflètent une modification
localisée de l'état de surface (rugosité) des cylindres, préjudiciable à la régularité
ultérieure de la solidification de la première peau solidifiée,
- et surtout, d'obtenir une bande de métal d'épaisseur la plus constante possible sur
toute sa longueur, et l'obtention de cette épaisseur régulière le plus rapidement
possible après le début de la coulée.
[0016] Avec ces objectifs en vue, l'invention a pour objet un procédé de régulation pour
la coulée continue entre cylindres, selon lequel, au cours de la coulée, on mesure
l'effort d'écartement des cylindres, et on agit sur la position des paliers d'au moins
un des cylindres pour augmenter ou diminuer l'entraxe entre les dits cylindres, caractérisé
en ce que, en vue de maintenir le dit effort sensiblement constant, on prédéfinit
une fourchette de valeurs d'effort encadrant un effort nominal souhaité, et on agit
sur la position des paliers plus vivement lorsque la valeur de l'effort mesuré est
en dehors de la dite fourchette que lorsqu'elle est comprise dans la dite fourchette.
[0017] Ainsi, conformément à l'invention, on tient compte de l'importance de l'écart entre
l'effort d'écartement mesuré et l'effort nominal souhaité pour agir sur la position
des paliers de cylindres : tant que l'effort reste dans la fourchette prédéterminée,
c'est-à-dire qu'il s'écarte relativement peu de la valeur d'effort nominal, la réaction
consistant à déplacer les paliers des cylindres pour compenser cette variation d'effort
sera modérée, ou même nulle, alors que si l'effort sort de la dite fourchette, la
réaction sera plus vive.
[0018] Selon une disposition particulière de l'invention, la position des paliers étant
régulée sur une position de consigne, la dite position de consigne est fixée par une
valeur de position de référence d
r, déterminée en apportant à une valeur d
o de consigne initiale de position des paliers une valeur corrective Δd variable en
fonction de la différence entre l'effort d'écartement mesuré et l'effort nominal,
la dite valeur corrective étant plus importante lorsque l'effort mesuré est en dehors
de la dite fourchette que lorsqu'il est compris dans la dite fourchette.
[0019] Préférentiellement, la modulation de l'intensité de l'action corrective, en réponse
à un écart entre la valeur de consigne de l'effort d'écartement et sa valeur effective
mesurée, est effectuée en apportant au signal E représentatif de cet écart une correction,
définie par une fonction
f, telle qu'elle réduit l'intensité de ce signal lorsque l'effort mesuré est compris
dans la fourchette prédéfinie, et c'est le signal ainsi corrigé E'=f(E) qui est ensuite
utilisé dans la boucle de régulation pour générer la valeur corrective Δd qui est
ajoutée à la valeur d
o de consigne initiale de position des paliers pour former la valeur de position de
référence d
r, utilisée à son tour comme consigne dans une boucle de régulation de type classique
pour la régulation de position des paliers.
[0020] Comme la vitesse de déplacement des paliers est classiquement, dans une telle boucle
de régulation, en proportion avec l'écart entre la position effective des paliers
et la position de consigne, il s'ensuit que l'action sur la position des paliers est
d'autant plus vive que la dite valeur de position de référence est éloignée de la
valeur de la mesure de position réelle. Et comme la dite correction a pour effet de
déplacer la position de consigne au-delà de la position de consigne initiale, et dans
le sens conduisant à accroître l'écart entre position de consigne et position effective
des paliers, et ceci d'autant plus que l'effort mesuré est éloigné de l'effort nominal,
il s'ensuit que la réactivité de la régulation de position des paliers est accrue
lorsque l'effort mesuré sort de la dite fourchette.
[0021] Autrement dit, la dite correction conduit à générer une valeur de position de référence
artificielle, qui définit une position de consigne décalée par rapport à la position
de consigne initiale dans le sens conduisant classiquement à compenser une variation
de l'effort d'écartement, c'est à dire dans le sens d'un écartement des cylindres
en réponse à une augmentation du dit effort d'écartement et réciproquement. Et comme
cette valeur de position de référence, utilisée comme consigne pour la régulation
de position des paliers, se trouve alors éloignée de la valeur de la mesure de position
réelle des paliers, cette régulation va réagir plus vivement, pour déplacer les paliers,
que si la position de consigne était restée la position de consigne initiale.
[0022] Selon un mode de réalisation particulier, le signal corrigé E' est croissant en fonction
de la différence entre l'effort d'écartement mesuré et l'effort nominal. Dans ce cas,
plus l'écart entre l'effort mesuré et l'effort nominal est grand, plus vive sera la
réaction. Préférentiellement alors, le signal corrigé E' croît plus rapidement lorsque
l'effort mesuré est en dehors de la dite fourchette que lorsqu'il est compris dans
la dite fourchette. Il s'ensuit alors que non seulement la réactivité croît avec le
dit écart entre effort mesuré et effort nominal, mais elle croît d'autant plus rapidement
que l'écart est grand.
[0023] Selon un autre mode de réalisation, le signal corrigé est nul lorsque la valeur de
l'effort mesuré est comprise dans la dite fourchette, et croissant en fonction de
la différence entre l'effort d'écartement mesuré et l'effort nominal lorsque la valeur
de l'effort mesuré est en dehors de la dite fourchette. Dans ce cas, tant que l'effort
mesuré reste dans la dite fourchette, la régulation de position des paliers agit normalement
pour maintenir ceux-ci à la position de consigne initiale, ce qui revient à tolérer
les variations d'effort sans chercher à les compenser par un déplacement des paliers,
tant qu'elles restent dans la dite fourchette. Par contre, dès que l'effort mesuré
sort de cette fourchette, l'action sur la position des paliers sera d'autant plus
vive que l'effort mesuré s'éloigne des bornes de la fourchette.
[0024] Selon une autre disposition particulière, la correction est réduite après une durée
de démarrage prédéterminée. Ainsi, on ajoute à la modulation, expliquée ci-dessus,
de l'intensité de l'action corrective en fonction de l'effort mesuré, une modulation
supplémentaire en fonction de la phase de coulée. Cette modulation permet d'accroître
encore la réactivité de la régulation pendant la période de démarrage, de manière
à obtenir le plus rapidement possible un régime stable, et de réduire cette réactivité
une fois ce régime sensiblement stable obtenu, de manière à éviter alors qu'un pic
d'effort de très courte durée, survenant après la période de démarrage, conduise à
une variation sensible d'écartement des cylindres, comme cela serait le cas lors de
la dite période de démarrage. On notera que cette seconde modulation s'applique indépendamment
du fait que l'effort mesuré soit dans la dite fourchette ou hors de celle-ci.
[0025] De manière similaire, et avec un effet sensiblement équivalent, la fourchette d'effort
pourra être relativement étroite pendant la période de démarrage, et être élargie
ensuite.
[0026] Les deux dernières disposition ci-dessus visent :
- à assurer une très forte réactivité de la régulation pendant la phase de démarrage,
pour compenser au mieux les variations brusques des paramètres de coulée survenant
lors de la mise en régime de l'installation et dues à la mise en vitesse des cylindres,
à leur mise en température et à leurs déformations consécutives, en privilégiant alors
l'aspect continuité de la coulée, quitte à tolérer des variations d'entrefer,
- et à réduire ensuite cette réactivité pour privilégier la constance de l'épaisseur
du produit coulé, et en tolérant plus facilement d'éventuels pics d'effort sans agir
(ou avec une action modérée) sur la position des paliers.
[0027] D'autres caractéristiques et avantages apparaîtront dans la description qui va être
faite à titre d'exemple d'un procédé de coulée en continue entre cylindres de bandes
minces en acier.
[0028] On se reportera aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue frontale schématique d'un dispositif de coulée entre cylindre
de type connu en soi,
- la figure 2 est un schéma de la boucle de régulation utilisée conformément à l'invention
pour réguler l'effort d'écartement des cylindres,
- la figure 3 est une représentation de la courbe de correction de l'effort d'écartement
mesuré, utilisé dans la boucle de régulation de la figure 2,
- les figures 4 et 5 sont des représentations graphiques montrant l'évolution en fonction
du temps, au début de la coulée, de la vitesse d'extraction, de l'angle de rotation
d'un point de la surface d'un cylindre, de la position des paliers du cylindre mobile,
et de l'effort d'écartement des cylindres exercé par le produit coulé ;
- les figures 6 et 7 illustrent deux variantes de la correction d'effort E' = f(E).
[0029] L'installation de coulée, représentée seulement partiellement à la figure 1, comporte
de manière classique, et connue en soi, deux cylindres 1, 2, d'axes parallèles, espacés
l'un de l'autre d'une distance correspondant à l'épaisseur souhaitée de la bande coulée.
Les deux cylindres 1, 2 sont entraînés en rotation de sens contraire, à même vitesse.
Ils sont portés par des paliers 3, 4, schématiquement représentés, de deux supports
5, 6 montés sur un châssis 7. Le support 5, et donc l'axe du cylindre 1 correspondant,
est fixe par rapport au châssis 7. L'autre support 6 est mobile en translation sur
le châssis 7. Sa position est réglable et déterminée par des vérins de poussée 9 agissant
de manière à rapprocher ou éloigner les supports l'un de l'autre. Des moyens de mesure
de l'effort d'écartement des cylindres, tels que des pesons 8, sont disposés entre
le support fixe 5 et le châssis 7. Des capteurs 10 permettent de mesurer la position
du support mobile 6, et donc les variations de position par rapport à une position
de consigne prédéterminée en fonction de l'épaisseur souhaitée de la bande.
[0030] Lors d'une coulée, le métal en fusion est déversé entre les cylindres, et commence
à se solidifier au contact de leurs parois refroidies en formant des peaux solidifiées
qui sont entraînées par la rotation des cylindres et se rejoignent sensiblement au
niveau du col 11 entre les cylindres pour former la bande solidifiée extraite vers
le bas. Ce faisant, le métal exerce sur les cylindres un effort d'écartement RSF,
mesuré par les pesons 8, cet effort étant variable notamment en fonction du degré
de solidification du métal.
[0031] Pour réguler cet effort, et garantir la continuité de la coulée, on agit sur les
vérins de poussée 9. Ainsi, par exemple, pour réduire l'effort d'écartement RSF, on
agit sur les vérins 9 dans le sens conduisant à un écartement des cylindres et, réciproquement,
pour augmenter l'effort, on agit sur les vérins dans le sens d'un rapprochement des
cylindres.
[0032] Cette action est exécutée automatiquement par une régulation qui, selon l'invention,
permet d'obtenir un effort d'écartement sensiblement constant, très rapidement après
le début de la coulée, ainsi qu'une épaisseur de la bande obtenue également sensiblement
constante.
[0033] Le schéma de principe de la boucle de régulation de l'effort d'écartement des cylindres
est illustré à la figure 2. Dans cette boucle de régulation, la différence E entre
la valeur de l'effort d'écartement RSF, mesurée par les pesons 8, et la valeur de
consigne d'effort RSF
0 est calculée par l'unité de calcul 20. Cet écart E est entré dans un dispositif de
correction 22 qui détermine une valeur corrigée E' fonction de E, selon une relation
qui sera décrite plus en détail par la suite. La valeur E' est introduite dans un
amplificateur à gain réglable 24 qui convertit E' en une vitesse v, proportionnelle
à E, qui est elle-même intégrée dans l'intégrateur 26 pour fournir une valeur corrective
Δd.
[0034] La valeur corrective Δd est introduite dans un additionneur 28 qui reçoit également
une valeur de consigne de position initiale d
0 et une valeur de compensation de faux-rond Cfr, et élabore une valeur de référence
de position d
r.
[0035] La valeur de référence de position d
r, qui sert de consigne dans la régulation de position des paliers, est introduite
dans un comparateur 30 qui reçoit également la valeur mesurée d
m de la position des paliers, mesurée par les capteurs 10, et élabore un signal E
p représentant l'écart entre la position réelle des paliers et la position de consigne.
Ce signal est introduit dans une boucle de régulation 32 classique (PID) qui fournit
un signal i
sv à une servovalve 34 de pilotage des vérins de poussée 9. L'actionnement des vérins
de poussée agit sur le déroulement de la coulée (symbolisé par la case "process" 36)
au cours de laquelle la valeur de l'effort d'écartement RSF est mesurée.
[0036] On notera que le temps de cycle de la boucle de régulation de position des vérins
de poussée 9 (boucle schématisée par le cadre en pointillé 36) est, par exemple, de
2.10
-3 secondes alors que le temps de cycle global (cadre en pointillée 38) est par exemple
de 10.10
-3 secondes.
[0037] La correction
f apportée par le dispositif de correction 22 est représentée graphiquement à la figure
3, sur laquelle on a indiqué, uniquement à titre d'exemple, des valeurs numériques
de E et E', exprimées en tonnes.
[0038] Dans cet exemple, la valeur nominale RSF
0 de l'effort d'écartement est de 6 T (6 tonnes soit environ 6000 daN), et la fourchette
d'efforts ΔRSF est de 4 T. Tant que la valeur mesurée de l'effort d'écartement est
comprise entre 4 et 8 T, la correction de l'écart E s'exprime par E' = 0,3 E ; lorsque
l'effort d'écartement passe en-dessous de 4 T ou au-dessus de 8 T, la correction devient
E' = E - 1,4 T.
[0039] On constate que, selon cet exemple, et en se reportant au schéma de la figure 2,
la valeur corrective Δd générée à partir de la valeur E', va croître continûment en
fonction de la différence entre l'effort d'écartement mesuré RSF et l'effort nominal
RSF
0, mais de plus croît plus fortement dès que l'effort d'écartement sort de la fourchette
ΔRSF. En conséquence, la réactivité de la régulation de position des paliers est en
quelque sorte amoindrie tant que l'effort d'écartement mesuré reste dans la dite fourchette,
et accrue ou-delà.
[0040] On notera que les expressions de E' indiquées ci-dessus sont à considérer de manière
relative, du fait que la valeur E' est ensuite multipliée par le gain de l'amplificateur
24, et intégrée sur un temps de cycle, pour donner la correction Δd.
[0041] On notera d'ailleurs qu'un effet équivalent en ce qui concerne le calcul de Δd pourrait
être obtenu en entrant directement la différence E dans l'amplificateur 24 et en faisant
varier le gain de celui-ci en fonction de E, c'est-à-dire en augmentant le gain lorsque
l'effort d'écartement est hors de la fourchette, par rapport au gain lorsque le dit
effort est dans la fourchette.
[0042] Toutefois, comme on va le voir ensuite, le gain peut aussi être réglé en fonction
du temps écoulé à partir du démarrage de la coulée. Il s'ensuivrait alors que le gain
serait à régler en fonction de deux paramètres, le temps et l'effort d'écartement,
ce qui peut en pratique compliquer la mise en oeuvre de la régulation.
[0043] La variation de E' en fonction de E pourrait également être définie différemment,
par exemple E' étant nul ou sensiblement nul tant que l'effort d'écartement est compris
dans la dite fourchette, et croissant en fonction de E en dehors de celle-ci, comme
représenté en pointillé sur la figure 3.
[0044] Dans ce dernier cas, la position de référence d
r ne serait alors corrigée que lorsque l'effort d'écartement sortirait de la dite fourchette,
et toute variation d'effort restant dans la dite fourchette n'entraînerait aucun déplacement
des paliers des cylindres.
[0045] Préférentiellement, la correction apportée à la position de référence des paliers
est réduite après une durée de démarrage prédéterminée, ce qui peut être facilement
réalisé en diminuant le gain, et donc la valeur Δd.
[0046] En complément, la largeur de la fourchette peut être augmentée. Ces deux mesures
permettent d'assurer une très forte réactivité de la régulation lors du démarrage
de la coulée, mais de ne pas entraîner de déplacement substantiel des paliers de cylindres
lorsque des pics d'effort surviennent après la dite période de démarrage.
[0047] Pour illustrer les résultats obtenus grâce à l'invention, on a représenté à la figure
4 l'évolution en fonction du temps, à partir du démarrage de la coulée, de quatre
paramètres :
- le tracé 40 représente la vitesse des cylindres,
- le tracé 50 représente la position angulaire d'un cylindre, l'intervalle entre deux
pics de cette courbe correspondant à un tour de cylindre,
- le tracé 60 représente les variations de la force d'écartement RSF, mesurée en tonnes
( échelle graduée de gauche du graphique),
- le tracé 70 représente les variations de la position des paliers, mesurées en mm (
échelle graduée de droite).
[0048] Ces tracés correspondent à une coulée réalisée conformément au procédé selon l'invention,
en fixant l'effort nominal à 6 tonnes et une largeur de fourchette ΔRSF de 2 tonnes
pendant environ 35 secondes, élargie à 4 tonnes ensuite.
[0049] On constate que, après un pic important d'effort 61 au démarrage, l'effort varie
encore de manière sensible au cours des premiers tours des cylindres, avec quelques
excursions en dehors de la fourchette 5 - 7 tonnes. Corrélativement, on voit sur le
tracé 70, pendant cette même période, les variations importantes correspondant aux
déplacements des paliers du cylindre mobile pour compenser les dites variations d'effort.
On constate cependant que après le premier tour des cylindres, l'effort d'écartement
reste maintenu dans la dite fourchette.
[0050] Lorsque la fourchette est élargie à 4 - 8 T, après la période de démarrage, les variations
d'effort restent faibles, et de plus, les paliers des cylindres ne se déplacent pratiquement
plus, ce qui s'explique par le fait que l'effort d'écartement est maintenu dans le
centre de la dite fourchette, et que ses variations, amoindries par la correction
indiquée précédemment, ne produisent pratiquement aucun effet sur la régulation de
position des paliers.
[0051] On constate donc que la mise en oeuvre du procédé selon l'invention permet d'obtenir
rapidement, et de conserver par la suite un effort d'écartement, ainsi qu'un écartement
des axes des cylindres, sensiblement constants.
[0052] Les enregistrements correspondants représentés figure 5, dans le cas où l'effort
nominal a été fixé au départ à 15 tonnes et une largeur de fourchette de 4 tonnes,
montrent que l'effort d'écartement se stabilise également, de même que la position
des paliers, mais cette stabilisation nécessite dans ce cas un temps plus long, ce
qui révèle l'intérêt de fixer au démarrage une valeur d'effort nominal la plus faible
possible avec une largeur de fourchette également faible, comme dans le cas de la
figure 4.
[0053] On notera que, en plus de la régulation décrite ci-dessus, le procédé selon l'invention
intègre une régulation de faux-rond, pour tenir compte des défauts de circularité
des cylindres et compenser ceux-ci afin de ne pas avoir de variations cycliques d'épaisseur
de la bande coulée.
[0054] Pour cela, on détermine les écarts de circularité des cylindres en mesurant les variations
de l'effort d'écartement en fonction de l'angle de rotation des cylindres, cette mesure
étant faite pendant les premiers tours des cylindres lors du démarrage de la coulée,
et, ensuite, on modifie la dite valeur de référence de position des paliers en fonction
de l'angle de rotation, pour compenser les dits écarts de circularité.
[0055] La détermination des écarts de circularité peut être faite par un calculateur qui
extrait de la courbe des variations de l'effort d'écartement mesuré, les variations
cycliques, significatives de défauts de circularité, et élabore une valeur corrective
CFr qui est ajoutée à la valeur de consigne initiale d
0 et à la correction Δd pour former la valeur de référence de position d
r.
[0056] Les dessins des figures 6 et 7 représentent deux variantes de la correction
f qui peuvent être utilisées par le dispositif de correction 22.
[0057] Dans la variante représentée figure 6, la fourchette ΔRSF n'est plus centrée sur
la valeur nominale RSF
0, comme dans le cas de la figure 3, mais décalée vers la droite, c'est-à-dire dans
le sens des efforts croissants. Avec une telle correction, la réactivité de la régulation
de position des paliers est amoindrie, comme indiqué précédemment, seulement lorsque
l'effort d'écartement mesuré RSF est supérieur à la consigne RSF
0. Par contre, si l'effort mesuré est inférieur à la consigne, la régulation agit normalement,
c'est-à-dire plus vivement, ce qui évite une diminution trop brutale de l'effort,
et évite donc d'atteindre une valeur d'effort excessivement faible. Ceci est particulièrement
utile lorsque la valeur de consigne RSF
0 est elle-même faible, par exemple de l'ordre de 2 tonnes.
[0058] Dans la variante représentée figure 7, la correction appliquée lorsque l'effort d'écartement
reste au voisinage de la valeur de consigne est similaire à celle représentée figure
3, c'est-à-dire fournissant un amoindrissement de la réactivité de la régulation tant
que l'effort mesuré RSF reste dans la fourchette ΔRSF prédéfinie. Par contre, une
valeur maximale E'Max est imposée à la valeur corrigée E', lorsque l'effort mesuré
dépasse un certain seuil (défini par Es sur la figure 7). Ainsi, tout en conservant
une forte réactivité de la régulation lorsque l'effort mesuré sort de la fourchette
ΔRSF, on évite un écartement excessif des cylindres en réponse à un pic d'effort très
élevé mais très bref, et donc on assure un retour plus rapide des cylindres dans leur
position normale dès que le pic d'effort est passé.
[0059] Bien évidemment, ces deux dernières variantes de correction pourront être combinées.
1. Procédé de régulation pour la coulée continue entre cylindres, selon lequel, au cours
de la coulée, on mesure l'effort (RSF) d'écartement des cylindres, et on agit sur
la position des paliers d'au moins un des cylindres pour augmenter ou diminuer l'entraxe
entre les dits cylindres, caractérisé en ce que, en vue de maintenir le dit effort
sensiblement constant, on prédéfinit une fourchette de valeurs d'effort (Δ RSF) encadrant
un effort nominal (RSF0) souhaité, et on agit sur la position des paliers plus vivement lorsque la valeur
de l'effort mesuré est en dehors de la dite fourchette que lorsqu'elle est comprise
dans la dite fourchette.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, la position des paliers étant
régulée sur une position de consigne, la dite position de consigne est fixée par une
valeur de position de référence (dr), déterminée en apportant à une valeur (do) de consigne initiale de position des paliers une valeur corrective (Δd) variable
en fonction de la différence entre l'effort d'écartement mesuré (RSF) et l'effort
nominal (RSF0), la dite correction (Δd) étant plus importante lorsque la valeur de l'effort mesuré
est en dehors de la dite fourchette que lorsqu'elle est comprise dans la dite fourchette.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que la valeur corrective (Δd)
est calculée à partir d'un signal corrigé (E') obtenu en apportant une correction
définie par une fonction (f) à la différence (E) entre l'effort d'écartement mesuré
(RSF) et l'effort nominal (RSF0) .
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le signal corrigé (E') est
croissant en fonction de la différence entre l'effort d'écartement mesuré (RSF) et
l'effort nominal (RSF0).
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que le signal corrigé (E') croît
plus rapidement lorsque la valeur de l'effort mesuré (RSF) est en dehors de la dite
fourchette (ΔRSF) que lorsqu'elle est comprise dans la dite fourchette.
6. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le signal corrigé (E') est
nul lorsque la valeur de l'effort mesuré (RSF) est comprise dans la dite fourchette
(ΔRSF), et croissant en fonction de la différence entre l'effort d'écartement mesuré
et l'effort nominal lorsque la valeur de l'effort mesuré est en dehors de la dite
fourchette.
7. Procédé selon l'une des revendications 5 ou 6, caractérisé en ce que la dite fourchette
(ΔRSF) est décalée par rapport à l'effort nominal (RSF0) dans le sens des efforts croissants.
8. Procédé selon l'une des revendications 5 à 7, caractérisé en ce qu'une valeur maximale
(E'Max) est imposée à la valeur corrigée (E') lorsque la valeur de l'effort mesuré
(RSF) dépasse un seuil prédéfini (Es).
9. Procédé selon l'une des revendications 2 à 8, caractérisé en ce que la dite correction
(Δd) est réduite après une durée de démarrage prédéterminée.
10. Procédé selon l'une des revendications 2 à 9, caractérisé en ce que la dite fourchette
d'effort (ΔRSF) est élargie après une durée de démarrage prédéterminée.
11. Procédé selon l'une des revendications 2 à 10, caractérisé en ce que on détermine
des écarts de circularité des cylindres en mesurant les variations de l'effort d'écartement
(RSF) en fonction de l'angle de rotation des cylindres, cette mesure étant faite pendant
les premiers tours des cylindres lors du démarrage de la coulée, et, ensuite, on modifie
la dite valeur de référence (dr) de position des paliers en fonction de l'angle de rotation, pour compenser les dits
écarts de circularité.