[0001] L'invention concerne un procédé de protection contre les effets de l'oxydation sur
des armatures actives noyées dans une masse de béton, lesdites armatures pouvant se
présenter sous forme d'ensemble de fils ou de torons disposés dans une gaine, et de
mettre également en même temps en évidence les imperfections du coulis d'injection
(vides, porosités).
[0002] Quoique l'invention s'applique à la protection de tout type d'armature dans une masse
de béton, l'invention sera décrite plus particulièrement dans le cadre de la protection
contre les effets de l'oxydation d'armatures ou l'ensemble d'armatures telles que
celles-ci se rencontrent dans les ouvrages de génie civil édifiés selon les techniques
dites de précontrainte ou de postcontrainte.
[0003] On désigne par béton précontraint et/ou postcontraint une technologie permettant
de conférer à des poutres, dalles ou tout élément en béton une résistance propre suffisante
pour leur permettre de remplir la fonction qui leur est assignée.
[0004] Cette résistance propre est réalisée par la mise en tension soit de fils, de barres
d'acier ou de torons, à très haute limite de résistance, appelés en toute généralité
armatures actives. L'effort de traction exercé pour tendre ces armatures est transféré
au béton qui, par réaction, subit un effet de compression. Les efforts normaux et
les moments de flexion ainsi créés équilibrent les actions des charges extérieures,
réalisant de cette manière la résistance demandée.
[0005] Les armatures actives sont des aciers à haute résistance particulièrement sensibles
aux dégradations par effet de corrosion due à l'action de l'oxygène. La protection
contre la corrosion de ces armatures est classiquement réalisée en les enrobant par
un mortier, ou par un coulis de ciment. Dans ce dernier cas, les armatures actives
sont enveloppées par une gaine continue, le plus souvent constituée de feuillards
d'acier mais aussi en PVC ou, plus récemment, en polyéthylène à haute densité. Cette
gaine constitue le conduit qui permet l'injection du coulis protecteur de ciment.
La protection des armatures actives de précontrainte par adhérence, est celle conférée
par le béton de structure.
[0006] En principe cette protection vis-à-vis de la corrosion devrait être suffisante car
elle fait barrière à la pénétration de l'oxygène de l'air, elle assure une étanchéité
à l'eau et, de plus, elle confère au milieu un pH basique empêchant le développement
de la corrosion.
[0007] De nombreux facteurs parmi lesquels les imperfections d'injection ou, tout simplement,
l'inéluctable phénomène physique du retrait des mortiers ou des coulis de ciment sont
responsables d'une protection insuffisante ou imparfaite. Même lorsque la protection
est assurée à un pourcentage élevé, le faible pourcentage d'imperfection est largement
suffisant pour provoquer les altérations par oxygénation des armatures actives.
[0008] Ces défauts de protection, même localisés et à l'abri d'un renouvellement d'air,
posent tôt ou tard des problèmes de corrosion.
[0009] La lutte contre le verglas et la neige se faisant plus souvent par épandage, parfois
en quantité très importantes, de chlorure de calcium ou de chlorure de sodium, avec
contamination par le chlore peut atteindre les armatures actives, à la faveur d'un
défaut du milieu d'enrobage. Les conditions physico-chimiques favorables à la corrosion
peuvent facilement devenir telles que des corrosions se développent avec, dans le
cas extrême, rupture d'armatures.
[0010] La pathologie décrite concerne tout aussi bien les ponts routiers que tout type de
construction précontrainte ou postcontrainte.
[0011] Une autre source de corrosion des aciers actifs est constituée par la perte du caractère
fortement basique du milieu environnant les aciers (mortier, coulis de ciment, béton)
du fait de la carbonatation de ce milieu.
[0012] L'invention a donc pour objet de proposer un procédé nouveau et original, capable
de remédier aux effets d'oxydation sur les armatures actives, ce terme étant pris
dans son sens le plus large.
[0013] L'invention consiste donc à faire pénétrer dans tous les cas de figure, même avec
des ensembles parfaitement injectés de ciment, la solution inhibitrice de corrosion
sur l'intégralité des éléments métalliques présents.
[0014] Pour réaliser cet objectif conformément à l'invention on fore, dans un premier temps,
dans la masse de béton un canal débouchant face à l'armature qui doit être protégée
et en ce qu'on injecte ensuite dans ledit canal une solution inhibitrice de corrosion
à laquelle est appliqué une onde pulsatoire de haute puissance destiné à la faire
pénétrer.
[0015] Dans une forme de réalisation particulière et lorsque l'armature active est entourée
d'une gaine telle qu'utilisée en pré- ou postcontrainte on fore le canal précité,
au travers de ladite gaine de telle sorte que la solution inhibitrice de corrosion
puisse entrer en contact avec l'armature, ou l'ensemble de fils ou de torons à protéger
et que par après on injecte un coulis de ciment afin de remplir les pores et les vides
du coulis d'injection des gaines.
[0016] Toujours selon l'invention on fore au moins un second canal débouchant face à l'armature
à protéger afin de contrôler le cheminement de la solution inhibitrice le long de
ladite armature respectivement à l'intérieur de la gaine précitée.
[0017] Une caractéristique remarquable de l'invention réside dans le fait que la solution
inhibitrice est introduite sous pression en faisant usage d'une pompe alternative
de fréquence élevée capable de produire un effet pulsé sur la solution inhibitrice.
[0018] D'autres détails et avantages de l'invention ressortiront de la description qui sera
donnée ci-après. Cette description n'est donnée qu'à titre d'exemple et ne limite
pas l'invention. Les notations de référence se rapportent aux figures ci-jointes.
[0019] La figure 1 est une vue schématique d'une installation illustrant le procédé selon
l'invention.
[0020] Les figures 2 et 3 montrent à une plus grande échelle un détail de l'installation
selon la figure 1, adaptée à la protection d'une armature gainée.
[0021] Le procédé illustré par ces figures est caractérisé par plusieurs étapes qui seront
décrites ci-après.
[0022] Aux figures la référence 1 désigne une poutre en béton précontraint. Les armatures
2 à protéger contre les effets de l'oxydation peuvent être disposées dans une gaine
qui n'a pas explicitement été reproduite à la figure 1. Aux figures 2 et 3 cette gaine
est visible et est désignée par la référence 3, et un coulis de ciment enrobe les
armatures 2.
[0023] Dans une première phase on fore dans la masse de béton un canal 4 jusqu'à proximité
immédiate des armatures 2 et lorsqu'une gaine est présente. Ce forage se fait également
au travers de cette gaine.
[0024] Dans le canal 4 ainsi foré on injecte une solution inhibitrice de corrosion à laquelle
est appliqué un champ pulsatoire de haute puissance.
[0025] Ceci peut se faire en faisant usage d'un émetteur ultrasonore de haute puissance
tel qu'une pompe pulsatoire alternative.
[0026] Un émetteur ultrasonore convenant particulièrement à l'application du procédé selon
l'invention est connu sous le nom de "sonotrode" construit et commercialisé par la
société S C P BISCORNET.
[0027] Une pompe pulsatoire alternative de fréquence élevée convenant à l'application du
procédé selon l'invention est représentée schématiquement aux diverses figures par
la référence 5. Une telle pompe est développée de manière qu'il se forme une enceinte
étanche permettant de mettre en compression alternative la solution inhibitrice de
corrosion. Le dispositif connu sous le nom de "sonotrode" permet de mettre la solution
inhibitrice en surpression et en dépression et cela à une fréquence suffisamment élevée
pour que soit obtenu un effet pulsatoire du liquide. Cet effet pulsatoire du liquide
favorise sa pénétration dans les interstices et les microfissures présentes dans le
béton à proximité des armatures à protéger. L'émetteur ultrasonore présente un tube
d'injection 6 équipé extérieurement de moyens qui permettent de réaliser l'étanchéité
absolue par rapport au canal 4 par lequel le liquide est injecté. L'enceinte de compression
porte à la figure 2 la référence 7. La solution inhibitrice pénètre dans l'émetteur
ultrasonore par la conduite 8, tandis que le liquide de refroidissement de l'enceinte
de compression atteint l'émetteur par la conduite 9. La solution de refroidissement
de l'enceinte de compression quitte l'émetteur ultrasonore par la conduite 10 et le
liquide inhibiteur de corrosion par la conduite 11 vers le réservoir de trop-plein
12. La circulation d'un liquide de refroidissement est nécessaire afin d'éviter un
échauffement et une éventuelle dégradation du liquide inhibiteur de corrosion.
[0028] Des ultrasons créés par l'émetteur d'ultrasonore de haute puissance dont il est fait
usage dans le cadre du procédé selon l'invention ont un effet supplémentaire. En effet,
les ondes ultrasonores générées par l'émetteur ultrasonore sont suffisamment puissantes
pour créer un effet de cavitation dans le liquide. Cet effet de cavitation permet
de dégager les entrées menant aux interstices et aux microfissures présentes dans
le béton. De plus, les ondes acoustiques ultrasonores provoquent une vibration à l'intérieur
de ces interstices et ces microfissures et par la même permettent l'ouverture et la
fermeture de celles-ci à la fréquence de l'onde acoustique. Ce phénomène favorise
l'avancement du liquide dans ces interstices et microfissures.
[0029] Dans le cadre du procédé selon l'invention, tel que celui-ci est illustré par la
figure 1, on remarque qu'en dehors des canaux 4 destinés à l'injection du liquide
inhibiteur de corrosion on a également prévu une série de canaux secondaires 4'. Ces
canaux traversent également la gaine à l'intérieur de laquelle sont disposées les
armatures.
[0030] Les canaux 4' permettent de contrôler le cheminement de la solution inhibitrice le
long des armatures 2, respectivement à l'intérieur de la gaine 3.
[0031] Grâce à cette disposition il est possible de contrôler continuellement le bon fonctionnement
du procédé en observant le cheminement de la solution inhibitrice à l'intérieur du
béton.
[0032] Le procédé permet donc d'évaluer la porosité de la masse 13 du mortier d'injection
existant. Dans le cas où on peut conclure que ledit coulis est soit inexistant, soit
très poreux, on peut, après injection de la solution inhibitrice, injecter par les
conduits (4), et cela par des moyens classiques ou par le procédé qui vient d'être
décrit, un micro-mortier à base de ciment.
[0033] L'invention n'est évidemment pas limitée à la forme d'exécution décrite ci-dessus
et bien des modifications pourraient y être apportées pour autant que celles-ci tombent
dans le cadre des revendications ci-jointes.
1. Procédé de protection contre les effets de l'oxydation sur des armatures actives noyées
dans une masse de béton, lesdites armatures pouvant se présenter sous forme d'ensemble
de fils ou de torons disposés dans une gaine, et de mettre également en même temps
en évidence les imperfections du coulis d'injection (vides, porosités), caractérisé
en ce qu'on fore, dans un premier temps, dans la masse de béton un canal débouchant
face à l'armature qui doit être protégée et en ce qu'on injecte ensuite dans ledit
canal une solution inhibitrice de corrosion à laquelle est appliqué une onde pulsatoire
de haute puissance destiné à la faire pénétrer.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, lorsque l'armature active
est entourée d'une gaine telle qu'utilisée en pré- ou postcontrainte on fore le canal
précité, au travers de ladite gaine de telle sorte que la solution inhibitrice de
corrosion puisse entrer en contact avec l'armature, ou l'ensemble de fils ou de torons
à protéger et que par après on injecte un coulis de ciment afin de remplir les pores
et les vides du coulis d'injections des gaines mises en évidence selon la revendication
1.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce qu'on fore au moins
un second canal débouchant face à l'armature à protéger afin de contrôler le cheminement
de la solution inhibitrice le long de ladite armature respectivement à l'intérieur
de la gaine précitée.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 - 3, caractérisé en ce qu'on fore
le long de l'armature à protéger une série de canaux destinés à l'injection de la
solution inhibitrice précitée et on prévoit, toujours le long de l'armature à protéger,
des canaux de contrôle de l'injection de la solution inhibitrice injectée.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 - 4, caractérisé en ce que la
solution inhibitrice est introduite sous pression en faisant usage d'une pompe pulsatoire
alternative de fréquence suffisamment élevée capable de produire un effet pulsé sur
la solution inhibitrice.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce qu'on introduit dans
chacun des canaux précités destinés à l'injection de la solution inhibitrice un tube
solidarisé intimement soit de la paroi du canal, soit de la gaine précitée.
7. Procédé selon l'une des revendications 5 et 6, caractérisé en ce qu'on branche la
pompe pulsatoire précitée sur le tube précité.
8. Procédé selon l'une des revendications 5 à 8, caractérisé en ce qu'on utilise un émetteur
ultrasonore de haute puissance comme une pompe pulsatoire alternative.