[0001] La présente invention se rapporte à un procédé de communication pour mines d'un champ
de mines, et à des mines le mettant en oeuvre.
[0002] Les mines de nouvelle génération seront probablement toutes télécommandables de manière
à jouer pleinement leur rôle de contre-mobilité vis-à-vis de l'ennemi sans entraver
les manoeuvres amies.
[0003] Dans le cas des mines enfouies ou dispersables, de nombreux facteurs de choix imposent
l'emploi d'une télécommande radio unidirectionnelle simple.
[0004] Le critère de coût est bien sûr important, le récepteur de télécommande ne pouvant
pas représenter une part trop significative du prix final de la mine. En effet, cette
dernière étant censée être utilisée de manière statistique, une grande quantité de
mines doit être déployée pour être efficace, ce qui impose un prix unitaire bas pour
rendre ce moyen d'action compétitif.
[0005] Le grand nombre de mines à déployer rendrait très complexe, voire impossible une
gestion des acquittements de réception d'une télécommande bidirectionnelle.
[0006] La source d'énergie embarquée sur une mine est toujours limitée et inadaptée à une
émission de données sur une grande distance.
[0007] Un tel concept de télécommande présente deux inconvénients :
[0008] Le premier est d'ordre psychologique : une réponse directe de la mine sécuriserait
les occupants du char ami qui doit traverser le champ de mines télécommandées. Par
contre, la réception d'un accusé de réception ne prouve pas de manière certaine que
la mine est dans un état non dangereux, le gain d'une telle réponse en matière de
sûreté de fonctionnement reste lié à la conception de l'allumeur de mine.
[0009] Le second concerne l'efficacité de la mise en service du champ de mines. En effet,
la liaison radio, quelle que soit la bande de fréquences choisie, est soumise à des
aléas de propagation qui peuvent empêcher la mise en service de certaines mines (problèmes
de fading, etc..). Par ailleurs, la dérive éventuelle de certains pilotes horaires
peut conduire à isoler certaines mines de l'émetteur. Ce problème, même s'il n'est
pas désastreux au point de vue opérationnel (on compte sur l'effet statistique de
ce type de mine), nuit à l'efficacité du champ de mines.
[0010] La présente invention a pour objet un procédé de communication pour mines d'un champ
de mines qui permette, de façon simple et rapide, d'améliorer la fiabilité des communications
entre un poste émetteur de commande et les mines, ainsi qu'entre mines, quelles que
soient les conditions de propagation de ces ordres, ainsi que de faire émettre par
ces mines un accusé de réception à courte portée, et permette de coordonner de façon
optimale le déclenchement de ces mines.
[0011] La présente invention a également pour objet des mines pouvant mettre en oeuvre un
tel procédé de communication, sans nécessiter de modifications importantes de ces
mines, ni en augmenter sensiblement le prix de revient.
[0012] Le procédé de l'invention s'applique à un système de communication entre un poste
émetteur fixe ou mobile et des mines dispersées dans une zone géographique limitée
et constituant un champ de mines, et ce procédé consiste, après avoir fait envoyer
un message par le poste émetteur, à le faire diffuser au moins une fois par au moins
une des mines aux mines voisines, les mines qui reçoivent le message diffusé par au
moins une de leurs voisines le retransmettant à leur tour au moins une fois, et ainsi
de suite jusqu'à ce que chaque mine ayant reçu le message l'ait diffusé au moins une
fois.
[0013] Une mine mettant en oeuvre le procédé de l'invention comporte un circuit capteur
à bobines à induction mutuelle, un générateur produisant au moins deux fréquences
différentes, un démodulateur, un circuit de traitement de signaux pour la détection
de cibles et un circuit de réception de communications.
[0014] La présente invention sera mieux comprise à la lecture de la description détaillée
d'un mode de réalisation, pris à titre d'exemple non limitatif et illustré par le
dessin annexé, sur lequel :
- la figure 1 est un schéma simplifié d'un champ de mines, d'un poste émetteur fixe
et d'un poste émetteur mobile, fonctionnant selon le procédé de l'invention,
- la figure 2 est un bloc-diagramme d'un émetteur-récepteur de mine conforme à l'invention.
[0015] On a représenté en figure 1 un champ de mines 1 disposé dans un passage obligé de
véhicules tels que des chars d'assaut. Ce champ comporte un grand nombre de mines
2 enfouies, dont seules quelques unes ont été représentées. Ces mines sont du type
à activation et désactivation de l'allumeur, en particulier par télécommande. Cette
télécommande est mise en oeuvre par un poste émetteur fixe 3, qui peut être éloigné
du champ 1 et/ou par un poste émetteur mobile 4, qui est par exemple, disposé à bord
d'un véhicule 5. Ce véhicule 5 fait, par exemple partie d'un convoi ami qui doit traverser
le champ 1 sans encombre. Ce convoi peut comporter plusieurs postes mobiles tels que
le poste 4. Le poste 4 désactive, le cas échéant, les allumeurs des mines du champ
1 juste avant le passage du véhicule 5 et du convoi, et les réactive après ce passage.
Dans le cas du passage d'un convoi, le dernier véhicule peut aussi comporter un poste
4.
[0016] Afin que le système de communication soit le meilleur marché possible et le moins
encombrant possible, l'invention prévoit d'employer des moyens déjà présents dans
l'allumeur de la mine pour mettre en oeuvre le procédé de communication. En effet,
pour réaliser un système de télécommande à longue portée, il semblerait nécessaire
d'associer à l'allumeur un émetteur-récepteur radio classique, en réutilisant l'antenne
déjà présente dans la mine. Le surcroît de prix et l'augmentation de consommation
électrique d'un tel équipement sont rédhibitoires.
[0017] Tout au contraire, l'invention prévoit d'utiliser les capteurs actifs à induction
mutuelle des mines lorsqu'ils existent et au moins une partie de leurs circuits électroniques,
ou si non, de leur adjoindre de tels capteurs avec leurs circuits électroniques. On
entend ici par capteur actif un capteur comportant au moins une bobine "émettrice"
couplée à une bobine "réceptrice", la bobine émettrice étant alimentée en énergie,
et le passage d'une pièce ou masse métallique à proximité de ce capteur modifiant
l'induction mutuelle entre les deux bobines, donc le signal recueilli par la bobine
réceptrice. Les capteurs classiques dont sont munies les mines servent à détecter
les véhicules passant au-dessus de la mine, compte tenu de sa profondeur d'enfouissement
et de la garde au sol des véhicules. Le rayon d'action de ces capteurs est relativement
faible. Selon l'invention, on augmente ce rayon d'action en augmentant le courant
passant dans les capteurs, de façon à permettre la communication entre chaque mine
et au moins une mine voisine.
[0018] Comme représenté en figure 2, le dispositif 6 de communication d'une mine comporte
un capteur 7 à induction mutuelle à deux bobines plates 8, 9 placées horizontalement.
La bobine émettrice 8 émet dans un rayon d'action dont la valeur dépend essentiellement
du courant la traversant. Le dispositif 6 comporte un générateur 10 à synthèse de
fréquences, généralement piloté par logiciel. Le générateur 10 est, d'une part, relié
par un convertisseur numérique-analogique 11 à la bobine 8, et d'autre part à un circuit
12 de simulation de la fonction de transfert équivalente à celle du dispositif 6 (en
émission et en réception). Le circuit 12 est relié par un convertisseur numérique-analogique
13 à une entrée d'un mélangeur 14 dont l'autre entrée est reliée à la sortie d'un
amplificateur 15, lui-même relié à la bobine 9. La sortie du mélangeur 14 est reliée
par un convertisseur analogique-numérique 15 à une entrée d'un mélangeur 16 dont l'autre
entrée est reliée à un générateur 17 de signaux sinusoïdaux. La sortie du mélangeur
16 est reliée à un dispositif 18 de démodulation synchrone, par exemple par FFT. Une
sortie (voies de mesure) du dispositif 18 est reliée à un dispositif 19 d'analyse
de signal, et une autre sortie (voies de communication) du dispositif 18 est reliée
à un dispositif 20 de décodage, lui-même relié à un dispositif 21 de décryptage.
[0019] Dans le dispositif 6, le générateur 10 synthétise les fréquences de mesure (F1) et
celles de communication (F2). La commande du générateur 10 peut par exemple être réalisée
par un programme se déroulant dans le microcalculateur (non représenté) présent dans
la mine. Un microcalculateur équipe généralement les mines actuelles et commande diverses
fonctions telles que leur état de veille et le traitement du signal issu du capteur
(afin de diminuer le taux de fausses alarmes et la sensibilité aux brouillages). Il
suffit donc de modifier, d'une façon évidente pour l'homme de l'art à la lecture de
la présente description, le programme existant pour l'adapter au système de communication
de l'invention. Bien entendu, dans une variante simplifiée du dispositif 6, le générateur
10 peut ne produire que deux fréquences ou un faible nombre de fréquences.
[0020] Les porteuses F1 et F2 produites par le générateur 10 sont modulées en amplitude
et en phase par le dispositif 12 pour servir au neutrodynage du récepteur, en étant
mélangées en 14 avec les signaux reçus par la bobine 9 et amplifiés en 15. Le mélangeur
16, recevant la porteuse du générateur 17, effectue le décalage en fréquence des signaux
reçus pour les ramener en bande de base. Le circuit 18 effectue, en bande de base,
la démodulation par FFT des signaux reçus. Les résultats de la démodulation ont des
valeurs non nulles pour les fréquences F1 et F2 en présence d'un véhicule et dans
le cas de réception de signaux de télécommande, respectivement. On peut également
mesurer dans ces cas des valeurs non nulles sur des fréquences voisines de F1 et F2,
mais pratiquement rien sur d'autres fréquences.
[0021] Grâce à un tel dispositif de démodulation par FFT, il est possible de discriminer
entre les communications (télécommande en particulier), les signaux de cibles et les
différents brouilleurs possibles. Les communications se font sur la fréquence F2,
aussi bien en réception qu'en émission, et sont cryptées de préférence (et sont décryptées
en 21). Les cibles se comportent à la façon de transpondeurs simples : elles ne font
que moduler en amplitude et en phase les signaux émis et reçus à la fréquence F1.
Par contre, les brouilleurs ont un comportement différent. Les brouilleurs de type
"FM" émettent sur une seule fréquence à la fois, mais balayent toute une plage de
fréquences. Les brouilleurs de type "CW" émettent sur plusieurs fréquences simultanément,
et avec moins de puissance, sur une fréquence donnée, que les brouilleurs FM. Les
brouilleurs suiveurs écoutent les signaux émis et les réémettent en y introduisant
des informations caractéristiques de la présence ou de l'absence d'une cible.
[0022] Pour effectuer la discrimination entre ces différents signaux, l'invention prévoit,
d'une part, d'effectuer une démodulation par FFT, et d'autre part, d'élargir la bande
passante des émetteurs et récepteurs des mines.
[0023] En effet, la démodulation par FFT permet d'examiner les spectres reçus sur un grand
nombre de fréquences différentes, donc de discriminer les brouilleurs FM et CW qui
produisent des signaux sur plusieurs fréquences à la fois.
[0024] Afin d'éliminer les brouilleurs suiveurs, on peut faire émettre par les mines simultanément
plusieurs fréquences de communication et plusieurs fréquences de mesure (sans toutefois
utiliser toutes les fréquences disponibles). Ces fréquences émises simultanément sont
avantageusement déterminées aléatoirement parmi toutes les fréquences disponibles,
et, à la réception, on ne doit retrouver que ces fréquences-là, ni plus ni moins (étant
bien entendu que les fréquences voisines des fréquences émises et éventuellement analysées
par FFT ne sont pas prises en compte). De façon avantageuse, le micro-calculateur
peut éliminer les fréquences constamment brouillées ou choisir aussitôt d'autres fréquences
lorsque certaines sont brouillées.
[0025] Lorsqu'un poste fixe ou mobile émet un ordre de télécommande (activation ou désactivation
des allumeurs des mines, ou bien interrogation de service), il est possible que certaines
mines d'un champ de mines ne le reçoivent pas ou le reçoivent mal. Selon l'invention,
chaque mine ayant reçu correctement cet ordre le retransmet à ses voisines sur une
ou plusieurs fréquences différentes de la fréquence sur laquelle elle l'a reçu. Elle
peut répéter cet ordre sur les mêmes fréquences ou sur des fréquences différentes.
Ainsi, chaque mine du champ de mines peut recevoir l'ordre directement du poste émetteur,
et/ou indirectement de sa voisine. Ceci est possible grâce au fait que la portée de
la bobine émettrice de chaque mine a été augmentée de façon à lui permettre de communiquer
avec toutes ses voisines, étant bien entendu que les distances respectives entre mines
ne dépassent pas une valeur déterminée qui est fonction de la portée maximale de leurs
bobines d'induction. Le fait d'augmenter le courant passant dans ces bobines n'agit
que très peu sur l'autonomie de la source d'énergie électrique des mines, étant donné
que la quantité de communications est en général très faible, et que leur durée peut
être très courte.
[0026] Grâce au fait que les mines peuvent communiquer entre elles, l'invention prévoit
également d'optimiser le tir des mines et l'action globale du champ de mines. Ainsi,
par exemple, lorsqu'un convoi de chars ennemis pénètre dans le champ de mines, les
premières mines rencontrées signalent la détection de ces chars à leurs voisines,
et le déclenchement de toutes les mines du champ peut être commandé lorsque le char
de tête atteint l'extrémité opposée du champ. Ces opérations sont commandées, de façon
connue en soi, par les microcalculateurs des mines.
[0027] Cette commande peut être coordonnée par une des mines (par exemple une mine par rangée)
afin de simplifier la procédure de déclenchement, ou bien être délocalisée: chaque
mine se déclenche lorsqu'elle reçoit, toujours par communication de proche en proche,
une confirmation de détection de char de l'une des mines de ladite extrémité opposée
du champ.
[0028] Le fait d'augmenter la portée des bobines d'induction des mines, sans toutefois aller
sensiblement au-delà de la distance maximale prévisible entre mines voisines, permet
d'assurer une bonne discrétion aux communications entre mines.
1. Procédé de communication pour mines d'un champ de mines, entre un poste émetteur
et ces mines, ces mines étant munies de capteurs actifs à induction, de moyens générateurs
et de moyens de traitement de signal, caractérisé en ce qu'après avoir fait envoyer
un message par le poste émetteur, on le fait diffuser au moins une fois par au moins
une des mines aux mines voisines, les mines qui reçoivent le message diffusé par au
moins une de leurs voisines le retransmettant à leur tour au moins une fois.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la fréquence de communication
entre une mine et ses voisines est différente de la fréquence utilisée pour la détection
des cibles.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la fréquence de communication
entre une mine et ses voisines est choisie aléatoirement parmi plusieurs fréquences
disponibles.
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que la fréquence
utilisée pour la détection des mines est choisie aléatoirement parmi plusieurs fréquences
disponibles.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que les communications
entre poste émetteur et mines et/ou entre mines sont cryptées.
7. Mine comportant un capteur actif à bobines à induction mutuelle, un générateur d'onde
porteuse et un microcalculateur, caractérisée en ce que le générateur (10) produit
au moins deux fréquences (F1, F2) différentes, et que la mine comporte un démodulateur
(18) démodulant les signaux reçus sur les deux fréquences différentes, la sortie de
ce démodulateur étant relié à une voie de mesure et d'analyse (19) de signaux de cibles
et à une voie de réception de communication (20, 21).
8. Mine selon la revendication 7, caractérisée en ce que le démodulateur est un démodulateur
synchrone par FFT.
9. Mine selon la revendication 7 ou 8, caractérisée en ce que la voie de réception comporte
un circuit de décryptage (21).