[0001] La présente invention concerne les aciers pour la fabrication de pièces à haute résistance
à l'abrasion.
[0002] Dans l'industrie minérale, on utilise des équipements tels que, par exemple, des
goulottes, des cribles, des lames d'attaque, soumis à des usures abrasives très sévères.
Pour fabriquer ces équipements, on utilise des pièces, et notamment des tôles, en
acier à haute résistance à l'abrasion, trempé, de dureté comprise entre, environ,
550HB et 600HB. Ces aciers contiennent de 0,35 % à 0,5% de carbone, et de 0,5% à 3%
d'au moins un élément d'alliage tel que le manganèse, le chrome, le nickel ou le molybdène.
Ces aciers ont l'inconvénient d'être très difficiles à découper et à souder, ils ont
une faible capacité de formage et sont, en général, fragiles.
[0003] Le but de la présente invention est de remédier à cet inconvénient en proposant un
acier permettant de fabriquer des pièces, et notamment des tôles, facilement soudables
et découpables, et ayant une résistance à l'abrasion comparable à celle des pièces
selon l'art antérieur.
[0004] A cet effet, l'invention a pour objet un acier dont la composition chimique comprend,
en poids:








éventuellement de 0,0005% à 0,005% de bore, éventuellement au moins un élément pris
parmi Nb, V, Zr et Ti, en des teneurs inférieures à 0,3%, éventuellement au moins
un élément pris parmi Se, Te, Ca, Bi et Pb en des teneurs inférieures à 0,1%, le reste
étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration,
la composition chimique satisfaisant en outre les relations suivantes :

et

avec
K = 0 si l'acier contient moins de 0,0005% de bore
K = 0,5 si l'acier contient plus de 0,0005% de bore
[0006] Mieux encore, la composition chimique peut satisfaire, en outre, la relation :

avec
K = 0 si l'acier contient moins de 0,0005% de bore
K = 0,5 si l'acier contient plus de 0,0005% de bore
[0007] L'invention concerne également, un procédé de fabrication d'une pièce en acier à
haute résistance à l'abrasion selon lequel :
- on approvisionne une pièce en acier conforme à l'invention,
- on austénitise la pièce par chauffage au dessus de Ac3, puis on la refroidit jusqu'à la température ambiante de telle sorte que, en tout
point de la pièce, la vitesse de refroidissement entre la température d'austénitisation
et 450°C soit supérieure à 1°C/s, et le temps de passage de la température de 450°C
à la température de 200°C soit comprise entre 50s et 60mn, et de préférence comprise
entre 100s et 30mn,
- éventuellement, on effectue un revenu à une température inférieure à 250°C pendant
un temps inférieur à 3 heures.
[0008] Pour refroidir la pièce jusqu'à la température ambiante, depuis la température d'austénitisation,
on peut tremper la pièce à l'huile, c'est notamment le cas lorsque la pièce est une
tôle d'épaisseur comprise entre 10mm et 100mm.
[0009] Pour refroidir la pièce jusqu'à la température ambiante, depuis la température d'austénitisation,
on peut également tremper la pièce à l'air. C'est notamment le cas lorsque la pièce
est une tôle d'épaisseur comprise entre 2mm et 20mm.
[0010] L'invention concerne enfin une pièce résistant à l'abrasion constituée d'acier selon
l'invention ayant une structure martensitique ou martensito-bainitique contenant entre
5% et 15% d'austénite, et ayant une dureté comprise entre 400HB et 500HB.
[0011] Les pièces conformes à l'invention, ou fabriquées par le procédé conforme à l'invention,
peuvent êtres utilisées pour la fabrication de pièces d'usure pour des équipements
destinés, notamment, à l'exploitation des carrières et des mines, aux travaux publics,
aux cimenteries, à la sidérurgie, aux tuileries, aux briqueteries ou à l'agriculture.
[0012] L'invention va maintenant être décrite plus en détail mais de façon non limitative.
[0013] L'acier selon l'invention contient, en poids :
- plus de 0,24% de carbone pour permettre d'obtenir une dureté suffisante, nécessaire
à une bonne résistance à l'abrasion, mais moins de 0,3% et, de préférence, moins de
0,27% pour obtenir une bonne soudabilité, une bonne découpabilité, une bonne aptitude
au pliage et une ténacité satisfaisante ;
- de 0% à 2% de silicium et de 0% à 2% d'aluminium, la somme des teneurs en aluminium
et en silicium étant supérieure à 0,6% pour ralentir la précipitation des carbures
au cours du traitement thermique, mais inférieure à 2%, et de préférence, inférieure
à 1% afin de faciliter l'élaboration de l'acier et de ne pas détériorer sa ténacité
;
- de 0% à 2% et, de préférence de 0,3% à 1,6% de manganèse, de 0% à 4% et, de préférence
de 0% à 2% de nickel, de 0% à 3% et, de préférence de 0,5% à 1,8% de chrome, de 0%
à 0,6% de molybdène, de 0% à 1,2% de tungstène, la somme de la teneur en molybdène
et de la moitié de la teneur en tungstène étant de préférence comprise entre 0,15%
et 0,45%, de façon à obtenir une trempabilité suffisante, mais pas trop importante,
pour permettre d'obtenir une structure principalement martensitique ou martensito-bainitique
contenant une proportion notable d'austénite retenue ; le chrome, le molybdène et
le tungstène ayant, de plus, l'avantage de permettre la formation de carbures favorables
à la résistance à l'abrasion;
- éventuellement, de 0,0005% à 0,005% de bore pour ajuster la trempabilité;
- éventuellement, au moins un élément pris parmi Nb, V, Zr et Ti pour obtenir un durcissement
par précipitation qui ne détériore pas la soudabilité ;
- éventuellement, au moins un élément pris parmi Se, Te, Ca, Bi et Pb pour améliorer
l'aptitude à l'usinage;
le reste étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration.
[0014] Pour que la trempabilité soit suffisante, il est préférable que la composition chimique
de l'acier satisfasse à la relation:

avec,
K = 0 si l'acier contient moins de 0,0005% de bore
K = 0,5 si l'acier contient plus de 0,0005% de bore.
[0015] Mais, pour que la trempabilité ne soit pas trop importante pour ne pas détériorer
l'aptitude à la mise en oeuvre, notamment par soudage ou par découpe thermique, il
est préférable également, que A reste inférieur ou égal à 3,7.
[0016] Cet acier, du fait de sa relativement faible teneur en carbone, a une bonne soudabilité
et une bonne aptitude au découpage par des moyens thermiques, mais sa résistance à
l'abrasion dépend de sa structure micrographique et donc du traitement thermique auquel
il est soumis.
[0017] Les inventeurs ont constaté que lorsque cet acier avait une structure constituée
principalement de martensite ou d'un mélange de martensite et de bainite (structure
martensito-bainitique) et de 5% à 15% d'austénite retenue enrichie en carbone, de
façon à avoir une dureté comprise entre 450HB et 500HB, sa résistance à l'abrasion
était très comparable à celle d'aciers martensitiques de dureté supérieure à 550HB
et son aptitude au formage à froid par déformation plastique était bien meilleure.
La bonne résistance à l'abrasion résulte de ce que, sous l'action des particules abrasives,
l'austénite retenue se transforme localement en martensite très dure tout en bénéficiant
de la capacité à se déformer de façon importante du métal sollicité. En outre, la
présence d'une fine dispersion de carbures de chrome et de molybdène dans le constituant
martensitique améliore la tenue à l'usure.
[0018] Les inventeurs ont également constaté que, pour obtenir cette structure, il fallait
austénitiser l'acier par chauffage au dessus de Ac
3, puis le refroidir jusqu'à la température ambiante de telle sorte que, la vitesse
de refroidissement entre la température d'austénitisation et 450°C soit supérieure
à 1°C/s, et le temps de passage de la température de 450°C à la température de 200°
soit comprise entre 50s et 60mn, et de préférence, comprise entre 100s et 30mn. Ce
traitement thermique peut éventuellement, être complété par un revenu à une température
inférieure à 250°C pendant un temps inférieur à 3 heures.
[0019] Pour fabriquer une pièce résistant à l'abrasion, on élabore un acier conforme à l'invention,
on le coule sous forme d'un demi produit qui est alors mis en forme par déformation
plastique à chaud, par exemple par laminage ou par forgeage. La pièce ainsi obtenue
est alors austénitisée par chauffage au dessus de Ac
3, puis refroidie jusqu'à la température ambiante de telle sorte que, en tout point,
la vitesse de refroidissement entre la température d'austénitisation et 450°C soit
supérieure à 1°C/s, et le temps de passage de la température de 450°C à la température
de 200° soit comprise entre 50s et 60mn, et de préférence, comprise entre 100s et
30mn. Eventuellement, la pièce est soumise à un revenu à une température inférieure
à 250°C pendant un temps inférieur à 3 heures.
[0020] La traversée à vitesse ralentie du domaine 450°C/200°C a pour effet de permettre
la rétention d'austénite métastable, tout en favorisant la formation de fins carbures
de chrome et de molybdène, répartis de façon homogène dans le constituant martensitique
ou martensito-bainitique.
[0021] Lorsque la massivité de la pièce s'y prête, pour refroidir la pièce jusqu'à la température
ambiante, depuis la température d'austénitisation, on peut tremper la pièce à l'huile.
C'est notamment le cas lorsque la pièce est une tôle d'épaisseur comprise entre 10mm
et 100mm.
[0022] De la même façon, lorsque la massivité de la pièce s'y prête, pour refroidir la pièce
jusqu'à la température ambiante, depuis la température d'austénitisation, on peut
également tremper la pièce à l'air. C'est notamment le cas lorsque la pièce est une
tôle d'épaisseur comprise entre 2mm et 20mm.
[0023] On obtient ainsi une pièce, et notamment une tôle, résistant à l'abrasion, constituée
d'acier selon l'invention ayant une structure martensitique ou martensito-bainitique
contenant entre 5% et 15% d'austénite, et ayant une dureté comprise entre 400HB et
500HB.
[0024] A titre d'exemple, on a fabriqué des tôles avec les aciers A et B conformes à l'invention,
et avec les aciers C et D selon l'art antérieur.
[0025] Les compositions de ces aciers étaient, en millièmes de % en poids:
| |
C |
Si |
Al |
Mn |
Ni |
Cr |
Mo |
B |
| A |
247 |
817 |
63 |
1290 |
495 |
726 |
328 |
2,8 |
| B |
251 |
263 |
704 |
1305 |
439 |
715 |
342 |
2,6 |
| C |
254 |
310 |
65 |
1329 |
445 |
702 |
351 |
2,6 |
| D |
415 |
307 |
62 |
1285 |
293 |
712 |
349 |
2,7 |
[0026] Les caractéristiques des tôles TA1, TA2, et TB, conformes à l'invention, et les tôles
TA3, TC et TD , données à titre de comparaison, étaient:
| tôle |
acier |
épaisseur. mm |
austénitisation °C |
trempe |
revenu °C |
dureté après traitement HB |
dureté en sous couche abrasée HB |
indice de tenue à l'abrasion |
| TA1 |
A |
35 |
900 |
huile |
200 |
463 |
525 |
97 |
| TA2 |
A |
5 |
900 |
air |
200 |
455 |
526 |
105 |
| TB |
B |
35 |
900 |
huile |
200 |
466 |
529 |
102 |
| TA3 |
A |
35 |
900 |
eau |
200 |
476 |
492 |
70 |
| TC |
C |
35 |
900 |
huile |
200 |
468 |
495 |
79 |
| TD |
D |
35 |
900 |
eau |
200 |
552 |
561 |
100 |
[0027] La tôle TD, conforme à l'art antérieur, a une structure entièrement martensitique,
une dureté supérieure à 550HB et un indice de résistance à l'abrasion de 100; mais
du fait de la teneur en carbone de l'acier, elle est difficilement soudable.
[0028] La tôle TA3, constituée d'acier conforme à l'invention, a été trempée à l'eau, ce
qui lui confère une structure différente de celle qui est requise par l'invention,
et elle a un indice de résistance à l'abrasion de 70, sensiblement plus faible que
ceux des tôles TA1, TA2 et TB conformes à l'invention, qui sont comparables à celui
de la tôle TD de référence.
[0029] Les tôles TA1 et TB se distinguent également de la tôle TD par leurs aptitude au
pliage ; Les tôles TA1 et TB peuvent êtres pliées sur un rayon égal à 6 fois l'épaisseur,
alors que la tôle TD ne peut pas être pliée sur un rayon inférieur à 15 fois l'épaisseur.
[0030] Du fait de leurs propriétés, les pièces en général, et les tôles en particulier,
conformes à l'invention, sont particulièrement adaptées à la fabrication de tout type
de pièce d'usure soumise à une abrasion sévère et incorporées, notamment, à des équipements
pour la manipulation de produits en vrac dans tous types d'industries. A titre d'exemple,
ces pièces peuvent être des lames d'attaque et des patins de renfort sous lames de
godets de chargeurs/transporteurs ou de pelles, des plaques guide-chaines d'excavateurs
et de draglines, des crémaillères, des couronnes d'entraînement, des barbotins, des
blindages latéraux de broyeurs à percussion ou à mâchoires, des grilles de cribles
pour usage dans les travaux publics, dans l'exploitation des carrières ou des gravières
; des fonds et raclettes de convoyeurs à chaînes, des blindages de trémies ou de couloirs,
des écailles de descendeurs hélicoïdaux, des peignes de débourbeurs, des palles de
classificateurs, des pièces d'engins d'abattage ou de transport, des jupes de cyclones
pour l'exploitation des mines ou des houillères ; des blindages de trémies ou de skips,
des lames de bennes preneuses, des fonds de coke-cars, des extracteurs vibrants, des
blindages de chambre de grenaillage, des plaques de guidage ou de ripage pour la sidérurgie
; des couteaux de désagrégateurs, des pales et des fonds de malaxeurs, des fonds d'extrudeuses
à meules, des moules, des pièces de turbo-déliteurs, des trémies doseuses pour les
tuileries ou les briqueteries; des outils et dents de décompactage ou de désouchage,
des pinces à bois, des couteaux, des hachoirs, des battoirs, des marteaux, des plaques
lisseuses, des pièces de défricheuses ou d'épierreuses, des longerons de grumiers,
des dents de sous-soleuses, des fléaux de déchaumeuses pour l'agriculture ou le travail
des sols.
1. Acier pour la fabrication de pièces à haute résistance à l'abrasion caractérisé en
ce que sa composition chimique comprend, en poids :








éventuellement de 0,0005% à 0,005% de bore, éventuellement au moins un élément pris
parmi Nb, V, Zr et Ti, en des teneurs inférieures à 0,3%, éventuellement au moins
un élément pris parmi Se, Te, Ca, Bi et Pb en des teneurs inférieures à 0,1%, le reste
étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration,
la composition chimique satisfaisant en outre les relations suivantes :

et

avec
K = 0 si l'acier contient moins de 0,0005% de bore
K = 0,5 si l'acier contient plus de 0,0005% de bore
3. Acier selon la revendication 1 ou la revendication 2 caractérisé en ce que sa composition
chimique satisfait, en outre, la relation :

avec
K = 0 si l'acier contient moins de 0,0005% de bore
K = 0,5 si l'acier contient plus de 0,0005% de bore
4. Procédé de fabrication d'une pièce en acier à haute résistance à l'abrasion caractérisée
en ce que,
- on approvisionne une pièce en acier selon l'une quelconque des revendications 1
à 3,
- on austénitise la pièce par chauffage au dessus de Ac3, puis on la refroidit jusqu'à la température ambiante de telle sorte que, en tout
point de la pièce, la vitesse de refroidissement entre la température d'austénitisation
et 450°C soit supérieure à 1°C/s, et le temps de passage de la température de 450°C
à la température de 200°C soit comprise entre 50s et 60mn, et de préférence comprise
entre 100s et 30mn,
- éventuellement, on effectue un revenu à une température inférieure à 250°C pendant
un temps inférieur à 3 heures.
5. Procédé selon la revendication 4 caractérisée en ce que, pour refroidir la pièce jusqu'à
la température ambiante, depuis la température d'austénitisation, on trempe la pièce
à l'huile.
6. Procédé selon la revendication 5 caractérisée en ce que la pièce est une tôle d'épaisseur
comprise entre 10mm et 100mm.
7. Procédé selon la revendication 4 caractérisée en ce que, pour refroidir la pièce jusqu'à
la température ambiante, depuis la température d'austénitisation, on trempe la pièce
à l'air.
8. Procédé selon la revendication 7 caractérisée en ce que la pièce est une tôle d'épaisseur
comprise entre 2mm et 20mm.
9. Pièce résistant à l'abrasion caractérisée en ce que elle est constituée d'acier selon
l'une quelconque des revendications 1 à 3, et en ce que l'acier constituant la pièce
a une structure martensitique ou martensito-bainitique contenant entre 5% et 15% d'austénite,
et une dureté comprise entre 400HB et 500HB.
10. Utilisation d'une pièce selon la revendications 9 pour la fabrication de pièces d'usure
soumises à l'abrasion .
11. Utilisation d'une pièce fabriquée par le procédé selon l'une quelconque des revendications
4 à 8 pour la fabrication de pièces d'usure soumises à l'abrasion.