[0001] La présente invention concerne un vitrage résistant au feu comprenant deux vitres
assemblées hermétiquement à leurs bords par l'intermédiaire d'une entretoise en forme
de cadre, l'espace intérieur de ce vitrage étant rempli d'un hydrogel contenant un
sel soluble dans l'eau.
[0002] Des vitrages résistant au feu, de cette technique sont connus par exemple par les
documents DE-2 713 849 C2, DE-3 530 968 C2, EP-0 001 531 B1 et 0 049 204 B1. Dans
le cas de ces vitrages connus résistant au feu, le cadre d'entretoisement est fait
de profilés en acier résistant à la corrosion, qui sont assemblés au moyen d'équerres
d'emboîtement également en acier résistant à la corrosion.
[0003] L'effet de retardement du feu de tels vitrages en cas d'incendie est basé sur le
fait que tout d'abord, des quantités considérables d'énergie provenant de la chaleur
dégagée sont absorbées par l'eau et vaporisent l'eau. Après la vaporisation de l'eau,
un écran thermique en mousse s'est formé à partir du sel. Pendant la vaporisation
de l'eau, la température superficielle du vitrage, du côté opposé à l'action de la
chaleur, ne s'élève que de manière insignifiante et reste inférieure à la valeur admissible
de 140°K au-dessus de la température initiale suivant la norme DIN 4102. Lorsqu'après
la vaporisation de l'eau, l'écran thermique en mousse s'est formé, celui-ci prend
alors en charge l'isolation thermique et empêche en particulier le passage du rayonnement
thermique à travers le vitrage. Suivant l'épaisseur de la couche de gel, il est possible
de fabriquer de cette façon des vitrages coupe-feu, correspondant aux classes de résistance
au feu F 30, F 60 ou à des classes supérieures suivant la norme DIN 4102, partie 2.
[0004] Dans le cas de vitrages résistant au feu de cette structure connue, suivant l'épaisseur
et le type des vitres utilisées, la couche de gel doit être épaisse d'au moins 15
mm pour remplir les conditions de la classe de résistance au feu F 30. Lors de l'utilisation
de deux vitres en verre trempé de 5 mm d'épaisseur chacune par exemple, l'épaisseur
du vitrage vaudra de ce fait au moins environ 25 mm.
[0005] Dans de nombreux cas, il est intéressant d'utiliser des vitrages de la technique
mentionnée, d'une classe de résistance au feu déterminée, mais présentant une moindre
épaisseur totale. Par exemple, une telle exigence peut être due à des raisons de diminution
de poids ou à cause d'une structure de cadre déterminée qui limite l'épaisseur du
vitrage.
[0006] L'invention a pour but de modifier la structure de ces vitrages résistant au feu
connus afin d'accroître davantage l'effet pare-feu. En particulier, on doit obtenir
un effet pare-feu aussi performant que celui offert par les vitrages coupe-feu connus
avec une épaisseur totale du vitrage inférieure.
[0007] Ce but est atteint, conformément à l'invention, par le fait que le cadre d'entretoisement
entre les deux vitres est fait d'un matériau résistant à la chaleur, présentant un
coefficient de conductibilité thermique inférieur à 2 kcal/mhK.
[0008] L'invention est basée sur le fait que lors d'essais de tenue au feu effectués sur
les vitrages connus, la destruction du vitrage coupe-feu s'amorce en règle générale
au bord. Evidemment, l'eau se vaporise plus vite à proximité de l'entretoise métallique
que du reste de la surface de vitre. Cela étant, du côté du vitrage éloigné du feu,
la zone située le long du bord s'échauffe plus rapidement que la zone centrale et,
de la sorte, elle s'affaiblit plus rapidement que le centre de la vitre, ce qui aboutit
finalement à la destruction du vitrage depuis sa zone marginale.
[0009] Conformément à l'invention, l'échauffement du vitrage dans la zone marginale est
fortement ralenti par l'utilisation d'entretoises présentant un coefficient de conductibilité
thermique nettement inférieur à celui de l'acier, et pour une même épaisseur de l'unité
de vitrage, le temps de résistance au feu sera nettement accru. De cette façon, il
est possible d'atteindre avec une épaisseur nettement inférieure de l'unité de vitrage,
la même durée de résistance au feu que les vitrages connus.
[0010] De préférence, pour l'entretoise, on utilise des matières résistant à la chaleur
à base de céramique ou de silicate. De telles matières ont un coefficient de conductibilité
thermique relativement bas, de l'ordre de 0,5 à 1 kcal/mhK, alors que l'acier résistant
à la corrosion présente un coefficient de conductibilité thermique de 15 à 45 kcal/mhK.
De plus, ces matières ont l'avantage particulier qu'elles sont insensibles à la solution
salée agressive présente dans l'espace intermédiaire du vitrage, de sorte que l'addition
de substances anticorrosives particulières, proposée dans le document DE-3 530 968
C2 même en cas d'utilisation de cadres d'entretoisement en acier résistant à la corrosion,
est superflue.
[0011] A titre de matières pour les entretoises, des barres, des bandes ou des profilés
en verre au silicate, en particulier en verre flotté habituel, se sont avérés particulièrement
appropriés. En cas d'utilisation de bandes de verre au silicate, on peut notamment
conserver sans modifications le système d'étanchéité habituel comportant un moyen
d'étanchéité adhésif interne en butyle, c'est-à-dire un copolymère d'isobutylène et
d'isoprène, et un moyen d'étanchéité adhésif externe en thiocol, c'est-à-dire un polymère
thermoplastique du groupe des polysulfures d'alcoyle.
[0012] Il est avantageux d'améliorer l'adhérence entre le gel et les entretoises en appliquant
sur celles-ci un promoteur d'adhérence. Dans le cas du verre silico-sodo-calcique
habituel, les primaires décrits notamment dans le brevet EP-B-0 001 531 conviennent.
Dans ce document, on préconise l'utilisation de promoteurs d'adhérence à base de silane
susceptible de réagir avec les doubles ou triples liaisons carbonées de l'hydrogel
ou à base de titanates ou de zirconates organiques.
[0013] En cas d'utilisation d'une autre matière céramique ou silicatée que le verre flotté
habituel, le système adhésif doit, le cas échéant, être adapté à cette matière.
[0014] Un vitrage résistant au feu conçu conformément à l'invention présente, outre les
propriétés favorables mentionnées, l'avantage que, grâce à la conduction thermique
plus faible dans le cadre d'entretoisement, aucune mesure particulière pour l'isolation
thermique ne doit être prise au niveau du châssis du vitrage. Ceci signifie par exemple
qu'un montage relativement plus profond du vitrage dans le châssis, c'est-à-dire un
recouvrement important dans la zone marginale du vitrage par le châssis, n'est pas
nécessaire. Des vitrages résistant au feu conçus conformément à l'invention peuvent
donc être installés dans des châssis de construction nettement plus étroite, ce qui
confère à la paroi résistant au feu un aspect plus léger.
[0015] En règle générale, les vitrages coupe-feu présentent comme d'autres vitrages une
forme rectangulaire, de telle sorte que le cadre d'entretoisement se compose de sections
droites. Toutefois, il est évidemment possible de fabriquer des vitrages coupe-feu
également dans n'importe quelle autre forme souhaitée. Ainsi, par exemple, lorsque
le verre est utilisé comme matériau pour l'entretoise, les bandes de verre peuvent
être pliées dans n'importe quelle forme souhaitée après chauffage à leur température
de cintrage, et ainsi, par exemple, des vitrages coupe-feu circulaires ou semi-circulaires
peuvent être fabriqués.
[0016] D'autres particularités et avantages de l'invention ressortiront des revendications
et de la description suivante d'un exemple de réalisation préféré donné avec référence
au dessin.
[0017] Le dessin est une vue en coupe verticale d'un vitrage coupe-feu conforme à l'invention.
[0018] Le vitrage comprend deux vitres en verre au silicate 1, 2, épaisses chacune de 5
mm et chacune en verre flotté trempé thermiquement. A titre d'entretoise, entre ces
deux vitres 1, 2, on utilise des bandes de verre 3, 4, 5, larges de 12 mm, par exemple
en verre flotté épais de 4 mm. Ces bandes de verre 3, 4, 5 sont collées aux deux vitres
1, 2 par l'intermédiaire de couches adhésives 6, 7 de butyle. La rainure entre les
bandes de verre 3, 4, 5 et les zones situées le long des bords des vitres 1, 2 est
remplie d'une masse de matière d'étanchéité adhésive 8 faite de polysulfure. L'espace
intermédiaire formé de cette façon entre les deux vitres 1, 2 est rempli d'un hydrogel
salin 9.
[0019] Dans le cas de la fabrication du vitrage coupe-feu, pour pouvoir remplir de liquide
gélifiant l'espace intermédiaire dans le double vitrage préparé, on ménage un trou
10 dans la bande de verre 5, à proximité de son extrémité inférieure, ou on en coupe
un coin. De même, on ménage dans la bande de verre opposée, qui n'est pas visible
sur la vue en coupe, à proximité de son extrémité supérieure un trou qui sert à titre
d'orifice de mise à l'atmosphère. Evidemment, ces trous qui dans un premier temps
doivent être maintenus libres de manière appropriée, par l'introduction par exemple
de courtes sections de tube dans les trous, sont obturés de manière étanche après
la polymérisation du gélifiant et après l'enlèvement des sections de tube utilisées
pour le remplissage et la mise à l'atmosphère, par la mise en place de la matière
d'étanchéité adhésive.
[0020] Dans le cas de l'agencement du cadre d'entretoisement composé des bandes de verre
3, 4, 5, des pièces d'angle particulières, telles qu'elles sont utilisées dans les
cadres d'entretoisement faits de sections de profilés métalliques, ne sont pas nécessaires,
puisque les différentes bandes de verre sont assemblées l'une à l'autre. Alors que
dans le procédé habituel, utilisant des entretoises métalliques, un cadre fermé est
d'abord fabriqué à partir de sections de profilés et d'équerres d'emboîtement et ce
cadre dans sa globalité est posé sur une des deux vitres, dans le cas du vitrage coupe-feu
conforme à l'invention, les bandes de verre 3, 4, 5 sont disposées séparément l'une
après l'autre sur une des deux vitres, après avoir été préalablement enduites au moins
sur un bord d'une couche adhésive de butyle. De cette façon, le cadre d'entretoisement
fermé est d'abord assemblé sur la vitre.
[0021] L'essai de tenue au feu conforme à la norme DIN 4102, partie 2, paragraphes 6.1 à
6.2.5 a été réalisé sur un vitrage coupe-feu conçu de cette façon. De même, l'essai
de tenue au feu a été réalisé sur un vitrage coupe-feu dans lequel l'entretoise, dont
la largeur valait également 12 mm, était faite d'un profilé en acier résistant à la
corrosion, mais la structure restante du vitrage coupe-feu était identique au vitrage
coupe-feu conforme à l'invention. Alors que le vitrage coupe-feu comportant le cadre
d'entretoisement en acier résistant à la corrosion résistait au feu pendant 25 minutes,
le vitrage coupe-feu conforme à l'invention a résisté au feu pendant 32 minutes et
est donc conforme à la classe de résistance au feu F 30.
1. Vitrage résistant au feu comprenant au moins deux vitres assemblées hermétiquement
à leurs bords par l'intermédiaire d'une entretoise en forme de cadre, l'espace intérieur
de ce vitrage étant rempli d'un hydrogel contenant un sel soluble dans l'eau, caractérisé en ce que le cadre d'entretoisement entre les deux vitres (1, 2) est fait d'un matériau résistant
à la chaleur, présentant un coefficient de conductibilité thermique inférieur à 2
kcal/mhK.
2. Vitrage résistant au feu suivant la revendication 1, caractérisé en ce que le cadre d'entretoisement est fait de barres ou de sections profilées en matériau
céramique.
3. Vitrage résistant au feu suivant la revendication 1, caractérisé en ce que le cadre d'entretoisement est fait de bandes de verre au silicate (3, 4, 5).
4. Vitrage résistant au feu suivant la revendication 3, caractérisé en ce que deux bandes de verre au silicate disposées face à face (5) du cadre d'entretoisement
sont pourvues, à proximité de leurs extrémités diagonalement opposées, chacune d'un
trou (10) ou d'un coin coupé à titre d'orifice de remplissage et de mise à l'atmosphère.
5. Vitrage résistant au feu suivant l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que les surfaces du cadre d'entretoisement en contact avec le gel sont traitées avec
un promoteur d'adhérence, notamment, dans le cas d'utilisation de verre au silicate,
à base de silane susceptible de réagir avec les doubles ou triples liaisons carbonées
de l'hydrogel, ou à base de titanates ou de zirconates organiques.