[0001] La présente invention a trait aux mécaniques Jacquard pour la formation de la foule
sur les machines à tisser et elle concerne plus particulièrement le mécanisme pour
l'actionnement vertical des deux séries de lames qui assurent la commande des crochets
d'une même mécanique.
[0002] On sait qu'en pratique, ces crochets sont disposés suivant des rangées parallèles
séparées les unes des autres par des espaces dans chacun desquels se déplace verticalement
une lame de commande, laquelle lame est le plus souvent supportée par l'un de deux
cadres de griffes. Chaque cadre est suspendu à des leviers animés d'un mouvement oscillant
de manière à s'abaisser et à s'élever alternativement, étant observé que les déplacements
verticaux des deux cadres de griffes et de leurs lames s'effectuent simultanément
en sens inverses l'un de l'autre afin d'opérer l'ouverture du pas pour l'insertion
du fil de trame.
[0003] Dans les mécaniques traditionnelles, il est prévu un arbre unique qui est lié à l'arbre
principal de la machine à tisser et qui s'étend sur toute la longueur du bâti de la
mécanique. Au voisinage de chacune de ses extrémités, cet arbre, qui est animé d'un
mouvement de rotation continu, est équipé de deux systèmes adjacents de cames ou excentriques
propres à transformer cette rotation continue en une rotation alternative afin de
conférer aux leviers qui portent les cadres de griffes le mouvement d'abaissement
et de levée désiré.
[0004] Le document FR-A-2 669 650 (STAUBLI-VERDOL) illustre bien la construction classique.
[0005] Celle-ci comporte un certain nombre d'inconvénients. La présence des mécanismes pour
la transformation du mouvement continu en mouvement alternatif augmente sensiblement
le coût de l'ensemble en même temps qu'elle accroît l'encombrement du mécanisme d'actionnement
et gêne l'accessibilité aux crochets de la mécanique. Par ailleurs, ces mécanismes
de transformation compliquent la structure générale du bâti.
[0006] C'est à ces inconvénients qu'entend principalement remédier la présente invention,
laquelle a pour objet la mécanique Jacquard qui est définie à la revendication 1 et
aux revendications suivantes.
[0007] En fait l'invention consiste à prévoir sur l'arbre d'entrée lié à la machine à tisser
un mécanisme à cames unique propre à conférer un mouvement de rotation alternatif
à deux arbres longitudinaux disposés coaxialement l'un à l'intérieur de l'autre pour
assurer la commande des leviers associés aux lames.
[0008] Suivant un mode de mise en oeuvre préféré de l'invention, les deux arbres coaxiaux
sont disposés au-dessus des crochets, suivant l'axe longitudinal médian de la mécanique,
de façon à dégager l'accès auxdits crochets.
[0009] Bien évidemment, l'arbre extérieur est découpé de lumières agencées pour permettre
le passage et le débattement angulaire des leviers solidaires de l'arbre intérieur,
ces leviers étant orientés radialement par paires pour définir quatre fléaux de commande.
Ces fléaux sont liés par des biellettes à des barres horizontales qui sont guidées
verticalement d'une part au moyen de coulisses fixes, d'autre part à l'aide de bielles
qui pivotent sur le bâti. C'est à ces barres que sont suspendues les lames pour la
commande des crochets de la mécanique, ces lames pouvant être indépendantes les unes
des autres ou être fixées à deux cadres de griffes.
[0010] Le dessin annexé, donné à titre d'exemple, permettra de mieux comprendre l'invention,
les caractéristiques qu'elle présente et les avantages qu'elle est susceptible de
procurer :
[0011] Fig. 1 est une coupe axiale schématique du mécanisme d'actionnement d'une mécanique
Jacquard établie suivant l'invention.
[0012] Fig. 2 illustre en perspective l'agencement et le positionnement du mécanisme suivant
fig. 1.
[0013] Fig. 3 représente le bâti de la mécanique, préalablement au montage du mécanisme
d'actionnement suivant fig. 1 et 2, ainsi que des crochets.
[0014] En fig. 1, les références 1 et 2 désignent deux platines verticales qui appartiennent,
comme on le verra plus loin en référence à fig. 3, au bâti fixe de la mécanique illustrée.
La face de la platine 1 qui est tournée vers l'extérieur présente un prolongement
latéral 1
a conformé de manière à définir une sorte de carter latéral fermé par un couvercle
3.
[0015] A l'intérieur de ce carter 1
a-3 est monté un arbre d'entrée 4 qui se prolonge extérieurement à l'opposé de la platine
2 pour être relié, par un accouplement tel que celui référencé 5 en fig. 2, à l'extrémité
d'un arbre 4
a entraîné en rotation continue par l'arbre de la machine à tisser à laquelle la mécanique
Jacquard est associée. Sur la partie de cet arbre 4 qui est disposée à l'intérieur
du carter 1
a-3 sont calées deux cames conjuguées 6 et 7 ; à la façon en soi connue, chaque came
6 ou 7 est constituée par deux disques excentrés fixés côte à côte sur un même moyeu,
les excentrations étant orientées l'une à l'opposé de l'autre dans chaque came.
[0016] La périphérie des disques des deux cames 5 et 6 forme piste de roulement pour des
galets 8 (figurés sous la forme de flèches en fig. 1) qui sont portés par les bras
radiaux, orientés à l'opposé l'un de l'autre et décalés axialement l'un par rapport
à l'autre, de deux bascules 9 et 10. La bascule 9 est fixée en bout d'un arbre 11
monté à l'intérieur d'un arbre extérieur 12, de longueur légèrement inférieure à celle
de l'arbre 11. Les deux arbres coaxiaux 11 et 12 sont convenablement supportés à rotation
dans des roulements rapportés dans les platines 1 et 2 et ils sont orientés suivant
l'axe longitudinal médian du bâti de la mécanique, dans la partie supérieure de celui-ci.
[0017] On conçoit dans ces conditions que le mécanisme à cames logé dans le carter 1
a-3 assure la transformation du mouvement de rotation continu de l'arbre d'entrée 4
en un mouvement oscillant, si bien que les deux arbres coaxiaux 11 et 12 sont animés
d'un déplacement alternatif, en synchronisme l'un par rapport à l'autre.
[0018] Au voisinage immédiat de la face intérieure de chacune des deux platines 1 et 2,
l'arbre extérieur 12 est découpé de deux lumières 12
a, décalés axialement l'une par rapport à l'autre et orientées à l'opposé l'une de
l'autre. Chacune de ces lumières 12
a est traversée par un levier 13 fixé radialement à l'arbre intérieur 11. A l'opposé
de chaque levier 13 est prévu un levier 14 solidaire radialement de l'arbre extérieur
12 suivant l'axe du levier 13 correspondant et l'on comprend que chacune des paires
de leviers 13 et 14 opposés constitue une sorte de fléau que les deux arbres concentriques
11 et 12 animent d'un mouvement oscillant.
[0019] Chaque levier 13 et 14 est percé d'une lumière arquée 13
a, respectivement 14
a, pour la fixation réglable d'une biellette verticale 15 (fig. 2) dont l'extrémité
inférieure est attelée à une barre d'actionnement 16. Au niveau de chaque platine
1 et 2, il est donc prévu deux barres 16 disposées côte à côte.
[0020] Les extrémités de ces barres 16 sont engagées dans des coulisses 17 rigidement fixées
au bâti de la mécanique. Pour améliorer le guidage de son mouvement vertical alternatif,
à chaque barre 16 est associée une bielle horizontale 18 prévue sous forme double
pour embrasser la barre envisagée. L'une des extrémités de chaque bielle 18 est attelée
à la barre 16 correspondante, tandis que l'extrémité opposée pivote en 19 sur le bâti
fixe.
[0021] Les deux paires de barres 17 prévues au droit des platines 1 et 2 sont destinées
à assurer la commande de deux séries de lames ou couteaux horizontaux 20, en vue d'actionner
les crochets usuels pour l'actionnement des arcades de la mécanique. Dans l'exemple
de réalisation envisagé, on a supposé que la liaison entre les barres 16 et les lames
20 était opérée à l'aide de suspentes ou tiges 20
a, lesdites lames étant ainsi rendues indépendantes les unes des autres ; il va cependant
de soi qu'on peut avoir recours à deux cadres de griffes, à la manière usuelle.
[0022] Le fonctionnement général de la mécanique est identique à celui des constructions
classiques, en ce sens que le mouvement oscillant des deux arbres coaxiaux 11 et 12
assure la levée et l'abaissement des deux séries de lames 20. Les lumières arquées
13
a et 14
a des fléaux 13-14 permettent l'obtention d'une foule oblique, lorsque désiré.
[0023] La disposition centrale surélevée des arbres coaxiaux 11 et 12 dégage totalement
l'accès latéral aux crochets de la mécanique. Cette dernière ne comporte qu'une seule
paire de cames conjuguées, disposées dans le carter 1
a-3, c'est-à-dire à l'extérieur du bâti, ce qui améliore encore l'accessibilité aux
organes de la mécanique.
[0024] Il convient par ailleurs d'observer que cet agencement simplifie considérablement
la construction du bâti lui-même. Comme illustré en fig. 3, ce bâti peut être constitué
par deux poutres inférieures 21 à section en C ouverte vers l'extérieur, sur lesquelles
sont directement fixées les deux platines 1 et 2 qui supportent les arbres coaxiaux
11 et 12. En avant de la platine 1 est prévu un flasque transversal 22 agencé pour
le montage de l'arbre 4
a lié à la machine à tisser. Entre les deux platines 1 et 2 vient s'insérer une série
d'entretoises 23 qui sont fixées à deux flans longitudinaux 24 formant supports pour
les coulisses 17 des barres 16 et pour les pivots 19 des bielles 18.
[0025] Certaines au moins des entretoises 23 sont découpées de lumières verticales 23
a (cf. fig. 2) pour le passage des lames 21. Ces dernières sont ainsi aptes à manoeuvrer
verticalement les crochets (figurés en C en fig. 3) disposés par rangées dans les
logements définis entre les platines 1 et 2 et les entretoises 23.
[0026] En dépit de sa simplicité structurelle, un tel bâti comporte une très grande robustesse,
les efforts étant supportés par les deux platines 1 et 2 qui peuvent présenter toute
épaisseur désirée.
1. Mécanique Jacquard pour la formation de la foule sur les machines à tisser, du genre
dans lequel l'actionnement vertical alternatif des deux séries de lames horizontales
(20) est opéré à partir d'un arbre d'entrée (4) animé d'un mouvement de rotation continu,
caractérisée en ce que l'arbre d'entrée (4) transmet par un unique mécanisme à cames
(6-7-8-9-10) un mouvement de rotation alternatif à deux arbres longitudinaux (11-12)
disposés coaxialement l'un à l'intérieur de l'autre et pourvus à chacune de leurs
extrémités de deux paires de leviers radiaux (13, 14) sélectivement reliés aux lames
(20).
2. Mécanique suivant la revendication 1, caractérisée en ce que l'arbre extérieur (12)
est découpé de lumières (12a) pour le passage et le débattement angulaire des leviers (13) solidaires de l'arbre
intérieur (11).
3. Mécanique suivant l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisée en ce que
les leviers (13, 14) sont reliés par des biellettes verticales (15) à des jeux latéraux
de barres horizontales (16) qui sont guidées d'une part au moyen de coulisses latérales
fixes (17), d'autre part à l'aide de bielles (18) attelées auxdites barres et au bâti
de la mécanique, lesquelles barres forment support pour les lames (20).
4. Mécanique suivant l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que
son bâti comprend deux platines verticales (1 et 2) formant supports pour les extrémités
des arbres coaxiaux (11, 12) et elles-mêmes supportées par deux poutres longitudinales
(21).
5. Mécanique suivant la revendication 4, caractérisée en ce que les platines (1, 2) sont
réunies l'une à l'autre par deux flans (24) auxquels sont fixées des entretoises (23)
définissant les logements pour les rangées de crochets usuels (C) de la mécanique.