[0001] La présente invention concerne l'utilisation d'un alliage du type Fer-Nickel pour
la fabrication d'un masque d'ombre tendu pour tube cathodique de visualisation.
[0002] Afin d'améliorer la qualité de l'image obtenue, les tubes de visualisation cathodique
pour télévision couleur comportent un masque d'ombre constitué d'une feuille métallique
très mince, percée, par attaque chimique, d'une multitude de trous. Le masque d'ombre,
placé à l'intérieur du tube à proximité de l'écran de visualisation, sert à assurer
que l'impact du faisceau d'électrons ait bien lieu aux points voulus pour que l'image
obtenue soit nette. Mais il sert également, ou peut servir, de blindage magnétique
afin d'éliminer les perturbations engendrées par le champ magnétique terrestre qui
déforment l'image.
[0003] Dans les tubes de télévision à écran plat, la feuille métallique percée de trous
est maintenue tendue par un cadre rigide. Les allongements imposés par la tension
permettent d'éviter les déformations qui seraient engendrées par les échauffements
locaux provoqués par l'impact du faisceau d'électrons. Le masque d'ombre est alors
dit "tendu".
[0004] Afin de résister aux efforts de tension nécessaires pour obtenir des allongement
suffisants, le masque d'ombre doit être réalisé en un alliage ayant des caractéristiques
mécaniques élevées, en particulier une résistance à la traction supérieure à 500 Mpa.
Cet alliage doit également avoir des propriétés magnétiques adaptées, notamment un
champ coercitif faible, une perméabilité élevée et une induction à saturation élevée,
pour remplir efficacement la fonction de blindage magnétique. L'alliage doit, également,
avoir un coefficient de dilatation compatible avec celui du cadre qui supporte et
assure la tension du masque d'ombre. Il doit pouvoir être noirci par un traitement
de surface afin d'augmenter son émissivité afin de limiter son échauffement sous l'effet
de faisceaux d'électrons très énergétiques. Enfin, la feuille d'alliage doit pouvoir
être gravée facilement par attaque chimique, ce qui nécessite qu'elle soit la plus
mince possible et la plus plate possible.
[0005] Pour fabriquer les masques d'ombre tendus, on utilise des aciers extra doux calmés
à l'aluminium (aciers AK). Mais ces aciers ont plusieurs inconvénients : leurs caractéristiques
mécaniques et leurs caractéristiques magnétiques sont insuffisantes pour obtenir simultanément
une résistance à la traction élevée, un bon effet de blindage magnétique et une bonne
aptitude à la gravure chimique.
[0006] On utilise également des alliages fer-nickel contenant, en poids, soit environ 79%
soit environ 80% de nickel, environ 4% de molybdène, éventuellement de 0% à 2% d'au
moins un élément pris parmi le vanadium, le titane, l'hafnium et le niobium, le reste
étant du fer et des impuretés inévitables telles que le carbone, le chrome, le silicium,
le soufre, le cuivre et le manganèse; la teneur en impuretés ne dépassant pas 1%.
Ces alliages sont utilisés sous forme de bandes laminées à froid écrouies de façon
à avoir une résistance à la traction supérieure à 800 Mpa. Au cours de la fabrication
du masque d'ombre tendu, l'alliage est soumis à un recuit à une température d'environ
450°C qui permet d'obtenir des propriétés magnétiques relativement élevées sans détériorer
la résistance à la traction. La présence de vanadium, titane, hafnium ou niobium permet,
par un traitement de surface adapté, de réaliser un bon noircissage de la surface.
[0007] Mais, ces alliages ne résolvent pas complètement le problème de l'écran magnétique,
et, pour éviter que les images soient déformées par le champ magnétique terrestre,
on doit utiliser des moyens électroniques de correction compliqués et coûteux. La
nécessité d'une correction électronique est d'autant plus grande que l'ecran cathodique
est de grande dimension et que le masque d'ombre est mince, c'est à dire, facile à
graver.
[0008] Le but de la présente invention est de remédier à ces inconvénients en proposant
un alliage du type fer-nickel qui peut être utilisé pour la fabrication d'un masque
d'ombre tendu remplissant bien la fonction d'écran magnétique, même pour de faibles
épaisseurs, et permettant d'obtenir des images de bonne qualité sans qu'il soit nécessaire
d'effectuer une correction par des moyens électroniques.
[0010] De préférence, la composition chimique de l'alliage est telle que:

et il est souhaitable que:

[0011] Le masque d'ombre remplit d'autant mieux la fonction d'écran magnétique que:

[0012] L'invention concerne également l'utilisation d'une bande en un alliage selon l'invention
élaboré par induction sous vide puis refondu sous laitier électroconducteur avant
d'être laminé puis recuit dans un four à passage à une température comprise entre
800°C et 1200°C pendant une durée d'environ 1mn et plané sous traction, de telle sorte
que le grain soit compris entre 8 et 11 ASTM, la résistance à la traction soit supérieure
ou égale à 500MPa, l'indice de texture n soit inférieur à 2, le champ coercitif soit
inférieur ou égal à 0,5A/cm et l'induction à saturation soit supérieure ou égale à
0,7 Tesla.
[0013] L'invention concerne enfin un masque d'ombre tendu constitué d'une feuille percée
de trous, découpée dans une bande d'alliage fer-nickel conforme à l'invention.
[0014] L'invention va maintenant être décrite plus en détail mais de façon non limitative.
[0015] Les inventeurs ont constaté, de façon inattendue, qu'un masque d'ombre tendu réalisé
en un alliage fer-nickel dont la composition chimique comprend, notamment, de 69%
à 83% en poids de nickel, de 0% à 8% en poids de cuivre, de 0% à 1,5% en poids de
cobalt de 0% à 7% en poids d'au moins un élément pris parmi le molybdène, le tungstène,
le niobium, le vanadium, le chrome et le tantale, et satisfait aux relations:






assurait une fonction de blindage magnétique suffisamment efficace pour qu'il ne
soit pas nécessaire d'utiliser un dispositif de correction électronique de l'image
pour compenser les effets du champ magnétique terrestre.
[0016] Ce domaine de composition chimique permet d'obtenir à la fois une résistance à la
traction supérieure ou égale à 500MPa, un coefficient de dilatation thermique voisin
de 13x10
-6/K une perméabilité magnétique élevée et un champ coercitif faible.
[0017] Le cobalt est optionnel et remplace une partie du nickel à raison d'environ 1% de
cobalt pour environ 1% de nickel. Au-delà de 1,5% le cobalt a un effet défavorable
sur l'efficacité de la fonction de blindage magnétique du masque d'ombre tendu.
[0018] Le molybdène, le tungstène, le niobium, le vanadium, le chrome et le tantale, améliorent
la perméabilité magnétique et diminuent le champ coercitif, mais, lorsque la somme
des teneurs en ces éléments dépasse 7% l'alliage perd ses propriétés magnétiques et,
en outre, devient beaucoup plus difficile à laminer à chaud et à froid.
[0019] Pour améliorer l'émissivité du masque d'ombre, on peut ajouter à l'alliage un ou
plusieurs éléments pris parmi le titane, l'aluminium, le zirconium et l'hafnium en
des teneurs telles que la somme Ti+Al+Zr+Hf soit supérieure ou égale à 0,04% et inférieure
ou égale à 1,2%. Ces éléments favorisent la formation sur la surface du masque d'ombre
d'une fine couche d'oxydes noirs qui améliore l'émissivité et limite l'échauffement
du masque d'ombre pendant son utilisation. La somme des teneurs en ces éléments doit
être supérieure ou égale à 0,04% pour que l'oxydation soit franche, mais doit rester
inférieure ou égale à 1,2% car, au delà, les laminages sont très difficiles.
[0020] Le domaine de composition, ainsi défini, permet d'obtenir des alliages possèdant
une induction à saturation Bs comprise entre environ 0,5 et environ 1 Tesla.
[0021] Pour permettre de diminuer l'épaisseur du masque d'ombre, ce qui facilite le perçage
par attaque chimique, tout en conservant l'efficacité d'écran magnétique, il est souhaitable
que l'alliage ait une induction à saturation Bs supérieure à 0,7 Tesla et, de préférence,
supérieure à 0,8 Tesla. Pour cela, les teneurs en éléments tels que le molybdène,
le tungstène, le titane, le niobium, l'aluminium, le silicium, le vanadium, le chrome,
et le tantale doivent être limitées. Aussi, de préférence, la composition chimique
doit être telle que:

[0022] C'est, notamment, le cas lorsque l'épaisseur est inférieure ou égale à 0,05mm.
[0023] D'une façon plus générale, cette somme doit être d'autant plus faible que l'épaisseur
est faible. Si e est l'épaisseur exprimée en millimètres, il est préférable que :

[0024] Pour faciliter l'élaboration et le laminage à chaud, l'alliage doit contenir entre
0% et 0,1%, et de préférence, entre 0% et 0,05% de carbone, entre 0% et 1%, et de
préférence, entre 0,2% et 0,6% de manganèse afin de fixer le soufre pour obtenir une
bonne aptitude à la déformation plastique à chaud, et, entre 0% et 1%, et de préférence,
entre 0% et 0,3% de silicium. Mais, pour obtenir une induction à saturation élevée,
la somme des teneurs en carbone, manganèse et silicium doit rester inférieure ou égale
à 1%.
[0025] Le reste de la composition est constitué de fer et d'impuretés résultant de l'élaboration,
telles que le phosphore, le soufre, l'oxygène ou l'azote.
[0026] La teneur en soufre est, en général, inférieure ou égale à 0,01%. Mais, pour obtenir
une bonne qualité du perçage par découpe chimique, la teneur en soufre doit, de préférence,
rester inférieure ou égale à 0,001%.
[0028] Pour fabriquer un masque d'ombre, on élabore un alliage tel que défini ci-dessus,
de préférence par fusion par induction sous vide (VIM) suivi d'une refusion sous laitier
électroconducteur (ESR), afin d'obtenir un métal très propre, ce qui permet d'obtenir
une meilleure qualité du perçage par attaque chimique.
[0029] L'alliage ainsi élaboré est coulé en lingot ou sous forme de brame, puis laminé à
chaud puis à froid pour obtenir une bande mince d'épaisseur inférieure à 0,20 mm et
de préférence inférieure à 0,10 mm.
[0030] Le laminage est effectué de telle manière que la texture soit faible, et en particulier
que l'indice de texture n soit inférieur à 2. Ceci permet d'obtenir un masque d'ombre
dont les propriétés sont les mêmes dans toutes les directions.
[0031] L'indice de texture n est la valeur maximale du rapport de l'intensité d'un faisceau
de rayons X réfléchi par un échantillon de la bande étudiée, à l'intensité d'un faisceau
de rayons X réfléchi par un échantillon isotrope constitué du même alliage; le rapport
étant mesuré pour toutes les incidences correspondant à chacune des familles de textures
théoriques.
[0032] A titre d'exemple, pour fabriquer une bande laminée à froid d'épaisseur d'environ
0,05mm, on part d'une bande laminée à chaud dont l'épaisseur est comprise entre 4
et 5mm. Cette bande est laminée à froid en plusieurs passes entrecoupées par des recuits
au four à passage, par exemple aux épaisseurs intermédiaires de 2mm, 0,25mm et 0,08mm.
En procédant ainsi, on minimise les anisotropies mécaniques et magnétiques induites
par le laminage
[0033] Après laminage, on soumet la bande à un recuit de recristallisation, par exemple
dans un four de recuit à passage, à une température comprise entre 800°C et 1200°C
pendant une durée de l'ordre d'1mn. Ce recuit permet d'obtenir un grain fin de taille
comprise entre 8 ASTM et 11 ASTM, ce qui est également nécessaire pour la qualité
du perçage chimique. Enfin, la bande est planée sous traction.
[0034] Le planage sous traction engendre une petite déformation plastique de la bande qui
a pour effet de dégrader légèrement la perméabilité et le champ coercitif du métal,
mais ce planage est indispensable pour obtenir une planéité parfaite de la bande,
nécessaire à la fabrication des masques d'ombre.
[0035] La bande ainsi traitée a une limite d'élasticité de 350 Mpa , une résistance à la
traction de 650 Mpa, un champ coercitif Hc de l'ordre de 0,1 A/cm et une induction
à saturation Bs supérieure à 0,7 Tesla. Il est important de noter que, lorsque la
bande est soumise à une traction d'environ 200MPa, le champ coercitif reste inchangé,
autour de 0,1A/cm.
[0036] Avec les alliages selon l'art antérieurs, lorsque la bande adoucie est déformée par
l'opération de planage sous traction puis soumise à des contraintes, les propriétés
magnétiques sont dégradées de façon plus marquée qu'avec l'alliage selon l'invention.
Il en résulte que le champ coercitif final est environ trois fois plus élevé et la
perméabilité trois fois plus faible qu'avec l'alliage selon l'invention.
[0037] A titre d'exemple, on a fabriqué des bandes avec cinq alliages selon l'invention,
repérées A, B, C, D, E, et deux bandes, reperées F et G, selon l'art antérieur. Les
bandes laminées à froid avaient une épaisseur de 0,07mm. Elles ont toutes été recuites
au four à passage à 1050°C pendant environ 1mn.
[0038] Les compositions chimiques, exprimées en pour cent en poids, sont reportées au tableau
1.
Tableau 1
% en poids |
A |
B |
C |
D |
E |
F |
G |
Ni |
81,1 |
80,8 |
77,0 |
80,9 |
81,0 |
79,7 |
77,0 |
Mo |
5,80 |
5,55 |
3,90 |
2,90 |
0 |
4,95 |
3,20 |
Cu |
<0,01 |
<0,01 |
5,50 |
<0,01 |
<0,01 |
0,04 |
<0,01 |
Mn |
0,50 |
0,50 |
0,50 |
0,60 |
0,30 |
0,40 |
0,40 |
Si |
<0,05 |
<0,05 |
0,10 |
0,05 |
0,10 |
0,20 |
0,12 |
C |
0,008 |
0,012 |
0,010 |
0,007 |
0,015 |
0,015 |
0,011 |
Nb |
0 |
0 |
0 |
0 |
3,80 |
0 |
0 |
Fe |
reste |
reste |
reste |
reste |
reste |
reste |
reste |
[0039] Les caractéristiques mécaniques et magnétiques à l'état recuit puis légèrement déformé
par planage et soumis à des contraintes sont reportées au tableau 2.
Tableau 2
|
A |
B |
C |
D |
E |
F |
G |
Champ coercitif A/cm |
0,16 |
0,08 |
0,18 |
0,11 |
0,15 |
0,32 |
0,41 |
Induction à saturation T |
0,7 |
0,7 |
0,7 |
0,85 |
0,8 |
0,75 |
0,9 |
Perméabilité relative |
12000 |
36000 |
11000 |
19000 |
12000 |
4000 |
3000 |
limite d'élasticité MPa |
340 |
345 |
320 |
350 |
390 |
362 |
295 |
Charge à rupture MPa |
654 |
683 |
630 |
655 |
710 |
671 |
660 |
Allongement à rupture % |
28 |
35 |
32 |
35 |
29 |
25 |
35 |
Dureté HV |
180 |
175 |
165 |
185 |
190 |
170 |
160 |
[0040] On constate que les alliages A, B, C, D, E selon l'invention correspondent aux champs
coercitifs les plus faibles et aux perméabilités les plus élevées, et que les alliages
F et G selon l'art antérieur ont des champs coercitifs et des perméabilités moins
bons, dans un rapport 2 à 3.
[0041] Avec la bande B, on a fabriqué un masque d'ombre tendu de 30cmx22cm et d'épaisseur
0,12mm qui ne nécessitait pas de correction électronique des défauts engendrés par
le champ magnétique terrestre.
2. Utilisation d'un alliage selon la revendication 1 caractérisé en ce que:
3. Utilisation d'un alliage selon la revendication 1 ou la revendication 2 caractérisé
en ce que:
4. Utilisation d'un alliage selon l'une quelconque des revendications 1 à 3 caractérisé
en ce que:
5. Utilisation d'une bande en un alliage selon l'une quelconque des revendications 1
à 4 caractérisée en ce que l'alliage a été élaboré par induction sous vide puis refondu
sous laitier électroconducteur avant d'être laminé puis recuit dans un four à passage
à une température comprise entre 800°C et 1200°C pendant une durée d'environ 1mn et
plané sous traction, en ce que le grain est compris entre 8 et 11 ASTM, la résistance
à la traction est supérieure ou égale à 500MPa, l'indice de texture n est inférieur
à 2, le champ coercitif est inférieur ou égal à 0,3A/cm et l'induction à saturation
est supérieure ou égale à 0,7 Tesla.
7. Masque d'ombre tendu selon la revendication 6 caractérisé en ce que:
8. Masque d'ombre tendu selon la revendication 6 ou la revendication 7 caractérisé en
ce que:
9. Masque d'ombre tendu selon l'une quelconque des revendications 6 à 8 caractérisé en
ce que:
10. Masque d'ombre tendu caractérisé en ce que il est constitué d'une feuille percée de
trous, découpée dans une bande selon la revendication 5.