[0001] L'invention concerne un procédé de préparation de surfaces métalliques pour émaillage,
notamment de tôle d'acier.
[0002] Pour émailler une tôle, on peut déposer successivement sur la tôle une couche d'émail
de "masse" puis une couche d'émail dite de "couverte".
[0003] La couche d'émail de masse sert de couche d'accrochage à la tôle.
[0004] La couche de couverte est la couche de finition.
[0005] Mais on peut également émailler une tôle sans utiliser de couche d'accrochage, donc
sans émail de masse : c'est ce qu'on appelle communément l'émaillage "en mode direct".
[0006] Dans l'émaillage en mode direct, comme dans toute technique d'émaillage, on peut
aussi superposer plusieurs couches d'émail de couverte.
[0007] Pour émailler une tôle en mode direct, par application directe d'une couche de couverte,
on prépare la surface métallique à émailler afin d'obtenir, notamment, une bonne adhérence
de la couche d'émail à la tôle.
[0008] Globalement alors, pour réaliser un objet comme une marmite ou une casserole émaillée
en mode direct, on met en forme une tôle, on prépare sa surface, on l'enduit de fritte
d'émail de couverte et on cuit l'émail.
[0009] Pour préparer une surface métallique à l'émaillage direct, on connaît un premier
procédé dans lequel on décape la surface métallique puis on traite la surface par
une solution de sulfate contenant du nickel comme cation formateur de couche ; ce
traitement de surface est aussi appelé "nickelage".
[0010] Le décapage et le traitement de surface sont généralement réalisés par immersion
ou par aspersion.
[0011] L'inconvénient de ce premier procédé est qu'il nécessite un décapage profond, correspondant
à un enlèvement de matière supérieur à 15 g/m2 sur la surface à émailler, pour obtenir
des émaux présentant des qualités satisfaisantes sur le plan de l'adhérence et de
l'aspect de surface.
[0012] Ainsi, dans ce premier procédé, l'enlèvement de matière nécessaire est couramment
de l'ordre de 25 g/m2 de surface à émailler.
[0013] Ce décapage profond est un inconvénient dans la mesure où il engendre des volumes
très importants de boues à traiter.
[0014] Pour éviter l'inconvénient du traitement de volumes importants de boues, le document
FR 2 593 522 propose de remplacer le décapage et le traitement aux sulfates par une
phosphatation à l'aide d'une solution contenant essentiellement du nickel comme cation
formateur de couche ; mais l'adhérence de l'émail s'est révélée dans ce cas très insuffisante,
et en tout cas inférieure à celle qu'on obtient dans le cas du premier procédé cité.
[0015] On connaît enfin un troisième procédé de préparation de surface dans lequel on traite
aussi la surface par une solution de phosphates, mais après un léger décapage : il
est important alors que la solution contienne du molybdène, en plus du nickel comme
précédemment.
[0016] Selon ce troisième procédé, il ne serait donc plus nécessaire de décaper aussi fortement
la surface métallique à émailler pour obtenir une adhérence et un aspect de surface
à peu près satisfaisants : un décapage plus léger, inférieur à 15 g/m2 (par face),
suffirait.
[0017] On parvient alors à diminuer de 40% environ la quantité de boues engendrée lors de
la préparation de surface.
[0018] D'autres traitements de ce type peuvent être envisagés, par exemple par des solutions
contenant de l'antimoine.
[0019] Mais, selon ce troisième procédé, les effluents de traitement contiennent alors des
métaux lourds, notamment du molybdène, et peuvent être coûteux à traiter.
[0020] Par ailleurs, en pratique, il semble difficile d'atteindre les mêmes niveaux d'adhérence
d'émail que dans le premier procédé décrit ci-dessus, notamment d'une manière reproductible.
[0021] L'invention a pour but d'obtenir, à la surface métallique d'un objet, un émail de
forte adhérence et de bon aspect de surface par une préparation de la tôle générant
des effluents moins volumineux et plus faciles à traiter.
[0022] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de préparation de la surface métallique
d'un objet, notamment en tôle d'acier, pour émaillage en mode direct, dans lequel
on décape puis on traite ladite surface, caractérisé en ce que l'on traite la surface
décapée en deux étapes, une première étape de traitement de phosphatation dite "amorphe"
adapté pour former une couche d'au moins 0,2 g/m2 sur ladite surface, puis une seconde
étape de traitement dit de "nickelage".
[0023] Pour le décapage, on utilise de préférence des acides forts, ce qui permet de diminuer
le temps de décapage.
[0024] Pour le traitement de phosphatation amorphe, on utilise donc une solution de phosphate
formant une couche ; ce traitement est connu en lui-même, notamment pour la préparation
d'une tôle à l'emboutissage.
[0025] Le traitement de nickelage est connu en lui-même pour la préparation d'une surface
à l'émaillage direct après un décapage profond et correspond par exemple au traitement
du premier procédé de l'art antérieur précédemment décrit.
[0026] Selon un mode préférentiel de réalisation de l'invention, on fixe les conditions
de nickelage pour obtenir un dépôt compris entre 0,5 et 2,5 g/m2 sur la surface à
émailler.
[0027] Ainsi, grâce au traitement de surface selon l'invention, qui comporte deux étapes,
l'une de phosphatation amorphe, l'autre de nickelage, on constate qu'un léger décapage
suffit pour obtenir d'une manière reproductible un émail à la fois fortement adhérant
et présentant un aspect de surface satisfaisant.
[0028] On entend par décapage léger un décapage correspondant à un enlèvement de matière
d'au plus 15 g/m2, lorsque la surface à décaper est en tôle d'acier.
[0029] Grâce à l'invention, on limite donc la quantité de boues à traiter, on évite la présence
de métaux lourds dans les effluents de traitement de surface tout en obtenant en mode
direct une couche d'émail aussi adhérante que par le premier procédé cité de l'art
antérieur, à savoir un décapage profond suivi d'un unique traitement de nickelage
par une solution de sulfates.
[0030] A partir d'une tôle métallique, notamment une tôle d'acier, pour fabriquer un objet
fini émaillé en mode direct, comme une casserole ou une marmite, il faut procéder
à une mise en forme de la tôle, évidemment avant l'émaillage.
[0031] Comme la mise en forme, par exemple par emboutissage, est réputée détruire la préparation
de surface pour l'émaillage direct, on met même en forme avant la préparation de la
surface ; car, une tôle qui serait, dans l'ordre inverse, décapée puis mise en forme
(y compris huilage et dégraissage) ne présente plus une réactivité de surface suffisante
pour rendre efficace le traitement de surface.
[0032] Ainsi, dans l'art antérieur de fabrication d'un objet en tôle émaillée, la succession
des étapes de fabrication présente alors l'ordre suivant :
- mise en forme des objets à partir d'une bande de tôle, à savoir successivement huilage,
mise en forme à proprement parler et dégraissage.
- préparation de surface des objets, à savoir décapage puis traitement de surface ;
- émaillage à proprement parler.
[0033] L'inconvénient de l'ordre de ces étapes de fabrication est qu'il est plus difficile
de préparer la surface d'objets déjà mis en forme que celle d'une bande de tôle ;
sur une bande de tôle en effet, on peut notamment décaper et traiter facilement en
continu et à grande vitesse.
[0034] L'invention a également pour but de simplifier le procédé de fabrication d'un objet
en tôle émaillée.
[0035] A cet effet, l'invention a donc également pour objet un procédé de fabrication d'un
objet en tôle métallique émaillée en mode direct, qui comprend une opération de mise
en forme, une préparation de la surface selon l'invention, et une opération d'émaillage,
caractérisé en ce que l'opération de mise en forme est réalisée après décapage et
après la première étape de traitement de surface dite de phosphatation amorphe.
[0036] Grâce à l'invention qui porte sur le traitement de surface en deux étapes, la surface
décapée puis phosphatée conserve cependant une réactivité suffisante après mise en
forme pour rendre efficace le traitement de nickelage et conférer à l'émail une bonne
adhérence et un bon aspect de surface.
[0037] Pour décaper (et phosphater) la tôle, on peut alors profiter d'installations industrielles
très performantes de décapage de bandes de tôle.
[0038] Ce nouvel ordre des opérations de fabrication apporte également un avantage complémentaire
au niveau de la mise en forme puisque, grâce à la phosphatation préalable, on améliore
sensiblement les propriétés tribologiques de la surface, et donc la lubrification
entre la tôle et les outils de mise en forme.
[0039] Enfin, ce nouvel ordre des opérations de fabrication permet de fournir des tôles
déjà décapées et phosphatées, aptes à l'émaillage direct après une éventuelle mise
en forme et un simple traitement de nickelage ; de son côté, l'émailleur n'a plus
besoin d'installations de décapage et se trouve libéré du traitement des boues de
décapage.
[0040] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre, donnée
à titre d'exemple, et en référence, pour l'exemple 3, à la figure 1 qui représente
l'adhérence de couches d'émail pour deux préparations de surface différentes et en
fonction (axe des abscisses) de la quantité de matière enlevée au décapage préalable
(g/m2/face).
[0041] Selon le mode de réalisation principal de l'invention, on prend un objet métallique
à émailler.
[0042] Cet objet est réalisé par mise en forme d'un flan de tôle, ici d'acier. Selon l'invention,
on décape la tôle puis on opère un premier traitement de surface de phosphatation
amorphe.
[0043] La composition du bain de décapage est connue en elle-même ; pour raccourcir le temps
de décapage, on utilise de préférence des bains à base d'acide fort, par exemple d'acide
sulfurique.
[0044] On choisit les conditions de décapage de manière à enlever au plus 15 g/m2 d'acier
(par face).
[0045] Le bain de phosphatation amorphe est connu en lui-même. On choisit les conditions
de phosphatation pour déposer une couche d'au moins 0,2 g/m2 par face sur la tôle
à émailler.
[0046] De préférence, on choisit une solution de phosphatation et des conditions d'application
adaptée pour que le poids de la couche ne dépasse pas 2 g/m2 par face.
[0047] De préférence, on choisit une solution de phosphatation adaptée pour obtenir une
couche à base de phosphate amorphe de sodium, de calcium et de fer.
[0048] La solution de phosphatation qu'on utilise ne contient pas de métaux lourds et les
effluents de phosphatation n'en contiennent pas non plus.
[0049] Les opérations de rinçage et de séchage qui accompagnent le décapage et la phosphatation
sont connues en elles-mêmes et ne sont pas décrites ici en détail.
[0050] Toujours selon l'invention, on procède ensuite au deuxième traitement de surface
du procédé de préparation selon l'invention.
[0051] Ce traitement est d'un type classique de nickelage par une solution contenant des
cations de nickel, connue en elle-même pour préparer une surface métallique à l'émaillage
direct.
[0052] La solution contient par exemple des anions sulfates ou phosphites.
[0053] De préférence, les conditions de nickelage sont adaptées d'une manière connue en
elle-même pour obtenir un dépôt de 0,5 à 2,5 g/m2 à la surface de l'objet à émailler.
[0054] Les effluents de nickelage sont ceux qu'on trouve habituellement en amont des installations
d'émaillage en direct de l'art antérieur et ne posent aucun problème particulier pour
leur traitement ; un avantage de l'invention est qu'ils ne contiennent pas de métaux
lourds.
[0055] Les opérations de rinçage et de séchage qui accompagnent le nickelage sont connues
en elles-mêmes et ne sont pas décrites ici en détail.
[0056] L'objet ainsi préparé selon l'invention est maintenant prêt pour l'émaillage direct.
[0057] On enduit l'objet d'une seule couche d'émail de couverte que l'on cuit d'une manière
connue en elle-même.
[0058] Selon l'invention, et alors même qu'on n'a procédé qu'à un décapage léger pour préparer
la surface, on obtient une couche d'émail présentant une forte adhérence et un bon
aspect de surface.
[0059] On entend par décapage léger un décapage correspondant à un enlèvement de matière
d'au plus 15 g/m2 si la surface de l'objet à émailler est en acier.
[0060] On entend par forte adhérence une adhérence au moins comparable à celle qu'on obtiendrait
en préparant la surface de l'objet selon le premier procédé cité de l'art antérieur
; ce procédé se différencie essentiellement de celui de l'invention par un décapage
plus important et par l'absence du traitement de phosphatation.
[0061] Grâce à l'invention, on génère également une quantité de boues de décapage très inférieure
à celle du premier procédé cité de l'art antérieur ; la quantité de boues peut être
notamment diminuée de 40%.
[0062] Enfin, toujours grâce à l'invention, les effluents de traitement de surface ne contiennent
pas de métaux lourds, contrairement au troisième procédé cité de l'art antérieur,
utilisant des solutions de traitement contenant du molybdène.
[0063] L'invention peut être également mise en oeuvre dans le cadre d'un procédé de fabrication
d'un objet en tôle émaillée en mode direct.
[0064] Par exemple, on part d'une bande de tôle d'acier sortant d'un train de laminage à
froid, plus précisément de la cage d'écrouissage.
[0065] Selon l'invention, on décape la bande de tôle puis on opère un premier traitement
de surface de phosphatation amorphe.
[0066] Avantageusement le décapage et le traitement de phosphatation sont réalisés en ligne
après l'écrouissage, à cadence élevée, par exemple à la vitesse de 30 m/min. ; le
temps de décapage peut être notablement réduit par rapport aux temps de décapage des
procédés de préparation de l'art antérieur : par exemple 2 à 25 secondes par rapport
à couramment plus de cinq minutes dans l'art antérieur.
[0067] Comme précédemment, on choisit des conditions de décapage d'une manière connue en
elle-même pour obtenir une adhérence forte de l'émail tout en enlevant au plus 15
g/m2 par face.
[0068] On utilise un bain de phosphatation amorphe connu en lui-même, comme le bain dénommé
commercialement Bonderite 901 de la Société PARKER, à une température de 60°C environ.
[0069] On choisit comme précédemment des conditions adéquates de phosphatation, pour obtenir
une couche ou un dépôt d'au moins 0,2 g/m2 par face.
[0070] Les boues de décapage et les effluents de phosphatation peuvent être traités dans
des installations de traitement d'effluents prévues par ailleurs pour traiter les
effluents de laminage et d'écrouissage.
[0071] La tôle décapée et phosphatée peut être bobinée et expédiée vers les émailleurs,
qui procèdent à la mise en forme et à l'émaillage en direct après simple nickelage.
[0072] La tôle décapée et phosphatée peut être alors considérée comme un produit commercial
intermédiaire, apprêté à l'émaillage direct.
[0073] Avantageusement, le traitement de phosphatation apporte une protection temporaire
contre la corrosion et prépare à la mise en forme.
[0074] Selon l'ordre du procédé de fabrication selon l'invention, on procède donc ensuite
à la mise en forme, avant le deuxième traitement de surface de type nickelage.
[0075] Ainsi, on huile la tôle, on met en forme, notamment par emboutissage, et on dégraisse
la pièce formée, par exemple dans une solution alcaline.
[0076] Grâce au traitement de phosphatation, et tout en utilisant une huile d'emboutissage
classique, le coefficient de frottement de la tôle traitée contre les outils de mise
en forme est plus faible qu'avec une tôle non traitée, ce qui facilite l'opération
de mise en forme.
[0077] On procède ensuite comme précédemment au deuxième traitement de surface du procédé
de préparation selon l'invention, c'est à dire au nickelage.
[0078] La tôle mise en forme et nickelée est maintenant prête pour l'émaillage direct.
[0079] On enduit la tôle d'une seule couche d'émail de couverte que l'on cuit d'une manière
connue en elle-même : on obtient alors l'objet en tôle émaillée.
[0080] Selon l'invention, et alors même que la mise en forme est réalisée après décapage,
on obtient une couche d'émail présentant une adhérence tout à fait comparable à celle
qu'on obtient dans le premier mode de réalisation ; ce résultat indique que, même
après mise en forme, la surface décapée et phosphatée est restée suffisamment réactive
pour rendre efficace le traitement de nickelage.
[0081] Grâce au procédé de fabrication selon l'invention, on déplace avantageusement une
partie du traitement de préparation de la surface, notamment le décapage, avant la
mise en forme : le décapage peut alors être effectué en continu sur la bande de tôle
directement en aval du laminage, sur des installations industrielles de grande capacité
qui bénéficient d'installations largement dimensionnées de traitement des effluents
et des boues.
[0082] Le traitement de phosphatation amorphe, qui est partie intégrante de la préparation
à l'émaillage, facilite la mise en forme.
[0083] Les exemples suivants illustrent l'invention.
[0084] Dans les exemples qui suivent, on indique la composition de solutions de traitement
et de dépôts réalisés à la surface de tôles d'acier ; les méthodes d'analyse employées
pour obtenir ces compostions sont : l'analyse chromatonionique, l'absorption atomique
et l'analyse par plasma à couplage inductif pour les analyses de solution, comme pour
les analyses de dépôt qui sont effectuées après remise en solution.
Exemple comparatif 1 :
[0085] Cet exemple a pour but d'illustrer le premier procédé cité de l'art antérieur dans
lequel on procède à un décapage profond suivi d'un seul traitement de nickelage de
la surface métallique à émailler.
[0086] La tôle à émailler est une tôle d'acier décarburé d'épaisseur 1 mm, dénommé SOLFER
de la Société SOLLAC.
[0087] On met en forme la tôle, puis on la dégraisse dans une solution alcaline.
[0088] On décape ensuite la tôle par immersion pendant 6 à 11 minutes dans une solution
acide à 70°C environ contenant environ 70 g/l d'acide sulfurique.
[0089] On ajuste le temps de décapage pour obtenir une perte de poids de la tôle de 20 à
40 g/m2 par face.
[0090] Cette perte de poids est nécessaire pour obtenir les qualités d'adhérence et d'aspect
de surface de l'émail à déposer.
[0091] Ce décapage engendre des boues à traiter ; la quantité de boues engendrée est proportionnelle
à la perte de poids visée.
[0092] On traite ensuite la surface décapée par immersion pendant 3 à 6 minutes dans une
solution de nickelage à 70°C environ contenant 11 g/l environ de sulfate de nickel
dont le pH a été ajusté à 2,8 environ par addition d'acide sulfurique.
[0093] On ajuste le temps de nickelage pour obtenir un dépôt de nickelage compris entre
0,5 et 2,5 g/m2 par face.
[0094] On enduit ensuite d'émail de couverte la surface traitée.
[0095] On prend par exemple un émail blanc liquide dénommé L138 de la Société FERRO et on
dépose une couche de environ 300 g/m2 par face.
[0096] On cuit ensuite l'émail dans des conditions spécifiques de sa composition, ici 3
minutes environ à 820°c environ.
[0097] On obtient alors une tôle d'acier émaillé.
[0098] On évalue ensuite les qualités d'adhérence et d'aspect de surface de l'émail.
[0099] On évalue l'adhérence de la couche d'émail au substrat de tôle d'acier selon la norme
EN 10209, qui définit une échelle de cinq cotations, de la valeur 1 pour une adhérence
excellente à la valeur 5 pour une mauvaise adhérence.
[0100] L'homme de métier évalue la qualité de surface d'une manière connue en elle-même,
en vérifiant notamment visuellement l'absence de défauts comme des défauts de type
piqûres, bouillons, coups d'ongle.
[0101] Ici, l'émail obtenu présente un niveau d'adhérence de 1 et un aspect de surface qualifié
de bon.
Exemple comparatif 2 :
[0102] Cet exemple a pour but d'illustrer le troisième procédé cité de l'art antérieur dans
lequel on procède à un décapage léger suivi d'un seul traitement de la surface métallique
à émailler avec une solution de phosphatation contenant du nickel et du molybdène.
[0103] On procède sur le même substrat que dans l'exemple comparatif 1, on met en forme
et on dégraisse comme précédemment.
[0104] On décape ensuite la tôle par immersion pendant 4 à 12 minutes dans une solution
acide à 65°C environ contenant 25 g/l d'acide sulfurique environ.
[0105] On ajuste le temps de décapage pour obtenir une perte de poids de la tôle de 5 à
15 g/m2 par face.
[0106] Avantageusement selon ce procédé, la perte de poids au décapage peut être inférieure
de 50% environ à celle de l'exemple comparatif 1 et la quantité de boues engendrée
par le décapage est diminuée dans les mêmes proportions.
[0107] On traite ensuite la surface décapée par immersion pendant 6 à 12 minutes dans une
solution de phosphatation à 60°C environ.
[0108] La solution de phosphatation est commercialement disponible sous la dénomination
VP 10091 de la Société CHEMETALL.
[0109] Cette solution contient principalement les éléments suivants : P205 : 15 à 20 g/l
- sodium : 4 à 6 g/l - nitrates (exprimé en NO3-) : 3 à 4 g/l - nickel : 1 à 2 g/l
- sulfates (exprimé en SO4=): 0,5 à 1,5 g/l - fluor (exprimé en F-): 0,5 à 1 g/l -
silicium : 0,1 à 0,3 g/l - fer : 0,01 à 0,1 g/l - ammonium (exprimé en NH4+): 0,08
à 0,12 g/l - molybdène : 0,03 à 0,1 g/l - calcium : 0,05 à 0,5 g/l.
[0110] On ajuste le temps de traitement pour obtenir un dépôt compris entre 1 et 1,5 g/m2
par face.
[0111] La solution de phosphatation contient ici des métaux lourds, notamment du molybdène,
et engendre des effluents qui peuvent être coûteux à traiter.
[0112] Le dépôt obtenu contient typiquement les éléments suivants : P2O5 : 0,1 à 0,2 g/m2/face
- Na : 0,05 à 0,1 g/m2/face - Ni : 0,05 à 0,1 g/m2/face - Mo : 0,05 à 0,1 g/m2/face
- Ca : 0,05 à 0,1 g/m2/face.
[0113] Comme on le voit, la proportion molybdène/nickel est beaucoup plus élevée dans le
dépôt que dans la solution de traitement, ce qui indique que le molybdène se dépose
préférentiellement au nickel ; ainsi, la proportion de nickel déposé reste inférieure
à celle de l'exemple comparatif 1.
[0114] On enduit ensuite de fritte d'émail, on cuit comme dans l'exemple comparatif 1 et
on obtient une tôle d'acier émaillé.
[0115] On évalue comme précédemment les qualités d'adhérence et d'aspect de surface de l'émail
; on obtient les résultats suivants : adhérence : 3 - aspect de surface : "bon".
[0116] Ainsi, comme déjà indiqué en préambule, ce procédé ne permet pas d'atteindre le même
niveau d'adhérence que le premier procédé cité de l'art antérieur (cf. exemple comparatif
1).
Exemple 1 :
[0117] Cet exemple a pour but d'illustrer le procédé de préparation de surface selon l'invention.
[0118] On procède toujours sur le même substrat que dans l'exemple comparatif 1 que l'on
met en forme et que l'on dégraisse dans une solution alcaline.
[0119] On décape ensuite la tôle par immersion pendant 1,5 à 4,5 minutes dans une solution
acide à 70°C environ contenant 70 g/l d'acide sulfurique environ.
[0120] On ajuste le temps de décapage pour obtenir une perte de poids de la tôle de 5 à
15 g/m2 par face, avec le même avantage au niveau de la quantité de boues générées
que dans l'exemple comparatif 2.
[0121] On traite ensuite la surface décapée par immersion pendant 0,5 à 6 minutes dans une
solution de phosphatation à 60°C environ.
[0122] La solution de phosphatation est commercialement disponible sous la dénomination
Bonderite 901 de la Société PARKER.
[0123] Cette solution contient principalement les éléments suivants : P2O5 : 5 à 15 g/l
- sodium : 10 à 20 g/l - nitrates (exprimé en NO3-) : 0 à 4 g/l - calcium : 5 à 20
g/l - et, pour les éléments Ni, Mo, Si, Fe, SO4, F : < 0,05 g/l.
[0124] On ajuste le temps de traitement pour obtenir un dépôt compris entre 0,2 et 2 g/m2
par face.
[0125] Le dépôt obtenu présente typiquement les éléments suivants : P2O5 : 0,02 à 0,5 g/m2/face
- Na : 0,02 à 0,1 g/m2/face - Ca : 0,2 à 0,5 g/m2/face ; les teneurs en nickel et
molybdène ne sont pas mesurables et sont inférieures à 0,005 g/m2/face.
[0126] On traite ensuite la surface phosphatée par immersion pendant 3 à 6 minutes dans
une solution de nickelage comme dans l'exemple comparatif n°1.
[0127] On enduit ensuite d'émail et on cuit comme dans l'exemple comparatif 1 pour obtenir
une tôle d'acier émaillé.
[0128] On évalue comme précédemment les qualités d'adhérence et d'aspect de surface de l'émail
; on obtient les résultats suivants : adhérence : 1 - aspect de surface : "bon".
[0129] Le niveau d'adhérence est comparable à celui de l'exemple comparatif 1, c'est-à-dire
à celui qu'on obtient avec le premier procédé cité de l'art antérieur.
[0130] Selon l'invention, on a donc pu obtenir une couche d'émail présentant des qualités
satisfaisantes d'adhérence et d'aspect de surface tout en limitant la quantité de
boues générées par le décapage et sans produire d'effluents contenant des métaux lourds.
Exemple 2 :
[0131] Cet exemple a pour but d'illustrer le procédé de fabrication d'un objet en tôle émaillée
selon l'invention, dans lequel on met en forme après décapage, en particulier après
le traitement de phosphatation et avant le traitement de nickelage.
[0132] On procède toujours sur le même substrat que dans l'exemple comparatif 1 que l'on
dégraisse dans une solution alcaline.
[0133] On décape ensuite la tôle par immersion pendant 5 à 15 secondes dans une solution
acide à 100°C environ contenant 750 g/l d'acide sulfurique environ.
[0134] On ajuste le temps de décapage pour obtenir une perte de poids de la tôle de 5 à
15 g/m2 par face, avec le même avantage au niveau de la quantité de boues générées
que dans l'exemple comparatif 2.
[0135] On traite ensuite la surface décapée par immersion pendant 5 à 25 secondes dans la
même solution de phosphatation que dans l'exemple 1, à 60°C environ.
[0136] Comme dans l'exemple 1 également, on ajuste le temps de phosphatation pour obtenir
un dépôt compris entre 0,2 et 2 g/m2/face présentant la même composition environ.
[0137] Selon cette variante de l'invention, on procède ensuite à la mise en forme de la
tôle phosphatée pour former un objet, selon une séquence classique comprenant un huilage
de la tôle, la mise en forme à proprement parler et un dégraissage alcalin.
[0138] Avantageusement, alors qu'on utilise une huile classique, la mise en forme est facilitée
grâce au traitement préalable de phosphatation : on observe en effet une diminution
du coefficient de frottement par rapport à celui qu'on observerait avec la même huile
sur la même tôle, brute ou sortant directement de décapage.
[0139] Après mise en forme, on traite ensuite la surface métallique de l'objet par immersion
pendant 3 à 6 minutes dans une solution de nickelage comme dans l'exemple comparatif
n°1.
[0140] On enduit ensuite d'émail et on cuit comme dans l'exemple comparatif 1.
[0141] On obtient alors un objet en tôle émaillée.
[0142] On évalue comme précédemment les qualités d'adhérence et d'aspect de surface de l'émail
; on obtient les résultats suivants : adhérence : 1 - aspect de surface : "bon".
[0143] Le niveau d'adhérence et l'aspect de surface sont comparables à ceux de l'exemple
1, ce qui indique que la mise en forme n'a pas détérioré la réactivité de surface
obtenue au décapage, bien qu'effectuée après le décapage.
[0144] Selon l'invention, on ajoute aux avantages déjà cités de l'exemple 1 la possibilité
de réaliser les premières étapes de préparation de surface, à savoir le décapage et
la phosphatation, sur des lignes industrielles à grand débit, notamment directement
en sortie de laminage, plus précisément d'écrouissage.
[0145] Selon cette variante de l'invention, la mise en forme est également facilitée.
Exemple 3 :
[0146] Cet exemple a pour but d'illustrer, dans le procédé de préparation de surface selon
l'invention, l'importance de l'étape de phosphatation amorphe pour obtenir une bonne
adhérence, lorsqu'on n'effectue au préalable qu'un décapage léger d'au plus 15 g/m2/face
environ.
[0147] On prépare d'une part une série d'échantillons comparatifs selon le mode opératoire
de l'exemple comparatif 1, à la différence près qu'on fait varier les conditions de
décapage préalable pour obtenir différentes pertes de poids : 0, 5, 10, 15, 20, 25
g/m2/face respectivement pour les échantillons Ec1, Ec2, Ec3, Ec4, Ec5 et Ec6.
[0148] On prépare d'autre part une série d'échantillons selon le mode opératoire de l'exemple
1, à la différence près que :
- on fait varier les conditions de décapage préalable pour obtenir les mêmes différentes
pertes de poids : 0, 5, 10, 15, 20, 25 g/m2/face respectivement pour les échantillons
E1, E2, E3, E4, E5 et E6.
- on ajuste les conditions de phosphatation amorphe (à l'aide de la même solution dénommée
Bonderite 901) pour obtenir un poids de couche de phosphatation de environ 1,4 g/m2/face.
[0149] La courbe de la figure 1 représente les résultats d'adhérence obtenu pour les deux
séries d'échantillons (en ordonnée : 1 pour une très bonne adhérence, 5 pour une mauvaise
adhérence) en fonction de la quantité de matière enlevée au décapage (en abscisse
: 0 à 25 g/m2/face).
[0150] La courbe repérée par des carrés -"phosphaté"- correspond aux échantillons préparés
selon l'invention, la courbe repérée par des losanges-"non phosphaté"- correspond
aux échantillons préparés selon l'art antérieur avec un simple nickelage après décapage.
[0151] Cet exemple illustré par la figure 1 montre bien qu'on observe des différences sensibles
d'adhérence entre les deux procédés de préparation de surface, dès que le décapage
est inférieur ou égal à 20 g/m2/face, notamment lorsqu'il est au plus de 15 g/m2/face.
[0152] La figure 1 montre également que pour obtenir une adhérence suffisante de la couche
d'émail lorsqu'on procède selon l'invention, il convient que le décapage préalable
soit de préférence supérieur ou égal à 5 g/m2/face : le niveau d'adhérence est alors
de 3 ; pour obtenir le même niveau d'adhérence en procédant sans phosphatation amorphe,
il faudrait décaper la surface au moins au niveau de 15 g/m2/face.
Exemple 4 :
[0153] Cet exemple a pour but de montrer que la surface décapée puis phosphatée conserve,
après mise en forme, une réactivité suffisante pour rendre efficace un traitement
direct de nickelage et obtenir une bonne adhérence de la couche d'émail.
[0154] L'opération de mise en forme d'une tôle consiste à la huiler, à la déformer, notamment
par emboutissage, enfin à la dégraisser.
[0155] Une telle opération de mise en forme serait donc susceptible de dégrader la couche
de phosphatation et la surface de décapage sous-jacente, notamment par frottement.
[0156] On va d'abord montrer que la présence d'une couche de phosphatation amorphe sur la
tôle facilite la mise en forme, dans la mesure où elle améliore les propriétés tribologiques
de la surface.
[0157] On prépare quatre échantillons :
- M1 : acier non phosphaté huilé par une huile de protection,
- M2 : acier phosphaté puis huilé par une huile de protection,
- M3 : acier non phosphaté huilé par une huile de protection puis une huile d'emboutissage,
- M4 : acier phosphaté puis huilé par une huile de protection puis une huile d'emboutissage.
[0158] On appelle acier non phosphaté un acier brut non traité.
[0159] On appelle acier phosphaté un échantillon d'acier décapé recouvert d'une couche de
phosphate amorphe d'au moins 0,2 g/m2 obtenu dans les conditions suivantes :
- dégraissage de l'échantillon une solution à 90°C, puis rinçage à 90°C, enfin rinçage
à froid.
- décapage par une solution d'acide sulfurique (H2SO4 à 600 g/l) à 90°C dans des conditions
adaptées pour enlever sur chaque face 10 g/m2.
- rinçage acide de la surface décapée, puis traitement par une solution de phosphatation
dénommée Bonderite (cf. exemple 1) à 70°C pendant 10 secondes, puis rinçage et séchage.
[0160] L'huile de protection est une huile habituellement utilisée pour la protection temporaire
contre la corrosion, notamment pour le stockage de tôles.
[0161] L'huile d'emboutissage est une huile habituellement utilisée pour des opérations
d'emboutissage, adaptée pour améliorer les propriétés tribologiques d'une surface
de tôle.
[0162] On mesure les propriétés tribologiques des surfaces des différents échantillons de
la manière suivante, tous les échantillons présentant les mêmes dimensions.
[0163] On serre l'échantillon à mesurer dans un serre flan avec une force de serrage prédéterminée
F
s.
[0164] On caractérise les propriétés tribologiques en mesurant alors la force maximale d'étirage
F
d de la tôle dans le serre-flan.
[0165] Cette force maximale d'étirage F
d est évidemment proportionnelle à la force de serrage F
s.
[0166] Plus la force maximale d'étirage F
d est faible pour une force de serrage F
s donnée, meilleures sont les propriétés tribologiques de la surface.
[0167] Pour des forces de serrage F
s comprises entre 1 et 6 kN, on constate que :
- pour l'échantillon M3 , Fd est 3% à 4% inférieur aux forces de serrage mesurées pour l'échantillon M1 dans les
mêmes conditions.
- pour les échantillons M2 et M4 , Fd est 8% à 11% inférieur aux forces de serrage mesurées pour l'échantillon M1 dans
les mêmes conditions.
[0168] On en déduit que le traitement de phosphatation amorphe (M2 et M4) améliore les propriétés
tribologiques beaucoup plus sensiblement que l'application d'une huile d'emboutissage
(M3), ce qui est non seulement un avantage pour la mise en forme elle-même, mais aussi
limite a priori les risques de dégradation de la surface par frottement et contribue
donc au maintien de la réactivité de la surface.
[0169] Le maintien de la réactivité de surface en cas de frottement est illustré par la
suite de l'exemple.
[0170] On met ensuite en forme un échantillon de type M2 ou M4 (voir ci-dessus), par emboutissage.
[0171] On repère, sur l'échantillon mis en forme, des zones dites "frottées" et des zones
dites "non frottées".
[0172] Les zones "frottées" sont des zones où la surface a été sensiblement modifiée par
frottement sur l'outil d'emboutissage, où donc la réactivité de surface a pu être
dégradée.
[0173] Par opposition, les zones non frottées sont des zones qui ne semblent pas avoir subi
de frottements particuliers et qui ont conservé l'aspect qu'elles avaient avant mise
en forme.
[0174] Après mise en forme, l'échantillon est soumis aux opérations suivantes :
- dégraissage électrolytique par traitement anodique dans une solution à 60°C, à pH
# 12 , sous # 10 A/dm2 pendant 2 fois 30 secondes.
- nickelage électrolytique dans une solution à 60°C, sous 18 A/dm2 pendant 6,5 secondes.
- émaillage blanc par une composition référencée L138 de la Société FERRO, la cuisson
de l'émail étant effectuée au four tunnel à environ 820°C.
[0175] On mesure alors comme précédemment l'adhérence de l'émail sur des zones frottées
et sur des zones non frottées ; les résultats sont les suivants :
- zones non frottées : adhérence = 1 (comme exemple 1)
- zones frottées : adhérence = 2 .
[0176] Le résultat obtenu sur des zones frottées doit être comparé à celui qu'on obtient
sur un échantillon non phosphaté, directement nickelé après un décapage de l'ordre
de 10 g/m2/face.
[0177] En se reportant à la figure 1, on constate que pour ce type d'échantillon non phosphaté,
l'adhérence n'est que de 4.
[0178] On en déduit que, même sur les zones frottées, la couche d'émail adhère à un niveau
tout à fait acceptable et que le traitement de phosphatation amorphe reste efficace
même si la surface est sensiblement modifiée par frottement.
[0179] La mise en forme ne dégrade donc pas la réactivité de surface, ce qui permet, selon
l'invention, de nickeler directement après la mise en forme, sans refaire de décapage.
[0180] Toujours selon l'invention, il n'est pas nécessaire de protéger particulièrement
la couche de phosphatation avant d'effectuer la mise en forme.