[0001] La présente invention se rapporte à un indicateur d'usure, en particulier pour radôme,
et plus spécifiquement pour radôme thermosplastique injecté. Elle se rapporte également
à un procédé de fabrication d'un radôme muni de cet indicateur d'érosion.
[0002] Un radôme est un dôme de protection d'une antenne. Il est réalisé en un matériau
compatible avec la réception, par l'antenne, des ondes électromagnétiques, le matériau
le plus couramment utilisé à l'origine étant le verre-époxy, qui est un matériau thermodurcissable.
[0003] En particulier lorsque ces radômes sont utilisés pour protéger les antennes placées
sur les avions (radôme de pointe avant, radômes de haut de dérive, d'extrémité d'ailes,...),
on a constaté que les impacts de gouttes de pluie provoquent, avec ces radômes en
matériau thermodurcissable, une usure rapide et finalement un perçage et donc une
destruction du radôme, ce phénomène étant d'autant plus dévastateur que les vitesses
des avions sont élevées, ce qui est en particulier le cas pour les avions supersoniques
modernes.
[0004] Une première solution utilisée pour remédier à ce phénomène d'érosion pluviale aété
l'utilisation de peintures spéciales, ce qui s'est révélé finalement insuffisant.
[0005] Un grand progrès récent en la matière a alors consisté à remplacer le verre-époxy,
matériau thermodurcissable, par un matériau thermoplastique, plus précisément celui
connu sous le nom de PEEK ("Poly-Ether-Ether-Ketone"), mis en forme sous haute température
et haute pression.
[0006] Malgré leurs très bonnes performances, ces matériaux thermoplastiques subissent néanmoins
une érosion due à l'impact des gouttes de pluie, sur laquelle il est nécessaire que
l'utilisateur, ou "avionneur", ait constamment ou périodiquement des informations.
[0007] Il existe actuellement deux solutions pour obtenir des informations de contrôle de
l'usure de ces radômes thermoplastiques modernes.
[0008] Une première solution, très simple mais en fait fort peu pratique, consiste à prévoir,
localement sur le radôme, un surplus de matière constituant un témoin d'usure. Il
est alors nécessaire que ce surplus de matière soit prévu dans une zone où il ne perturbe
pas la réception ou l'émission des ondes radioélectriques, ce qui en limite les possibilités
d'utilisation. En outre, pour des radômes placés en hauteur et donc difficilement
accessibles visuellement, par exemple en haut de dérive de l'avion, l'usure de ce
surplus de matière n'est pratiquement pas décelable pour un observateur qui est généralement
placé au sol.
[0009] Une autre solution consiste à utiliser un appareil de mesure spécialement conçu pour
mesurer cette usure du radôme. Il s'agit typiquement d'un appareil de portée tubulaire
que l'on vient poser coaxialement sur le sommet du radôme, sur lequel il s'adapte.
Un instrument de mesure, agissant par comparaison, mesure alors la distance entre
un point fixe de l'appareil de mesure et la pointe du radôme, cette distance augmentant
lorsque l'usure du radôme augmente.
[0010] Cette dernière solution, si elle est très satisfaisante sur le plan intellectuel,
est cependant très lourde et onéreuse en exploitation. Il faut en effet concevoir
un appareil de mesure adapté aux dimensions de chaque radôme, et prévoir le stockage
et la maintenance de chacun de ces appareils de mesure. En outre, chaque mesure nécessite
le démontage du radôme pour l'amener au sol et faire la mesure, puis le remontage
de ce radôme sur l'avion une fois la mesure faite.
[0011] On connaît d'après la demande de brevet européen 0 158 116 un procédé de réalisation
de radômes à l'aide de couches superposées de fibres tissées et de feuilles de matière
plastique. Selon un mode de réalisation, la couche externe est en matériau résistant
à l'érosion pluviale, et elle est d'une couleur différente de celle des couches sous-jacentes,
constituant ainsi un indicateur d'érosion du radôme.
[0012] Ce procédé connu permet effectivement d'obtenir un indicateur d'érosion fiable, mais
il n'est applicable qu'au cas où le radôme a une structure stratifiée. Etant donné
que la couche extérieure est la plus résistante, dès que la partie exposée de la couche
extérieure disparaît par érosion, cette disparition est en effet visible par changement
de couleur, mais alors il peut être trop tard, car l'épaisseur totale du radôme est
généralement faible (< 2 mm), et les couches sous-jacentes peuvent ne pas être suffisamment
résistantes et se rompre en cours d'utilisation du radôme. En effet, un contrôle visuel
peut faire croire que la pièce est bonne alors qu'il ne reste qu'une épaisseur infime
de la couche extérieure, et l'érosion peut s'accélérer rapidement après disparition
de cette couche extérieure restante. De plus, ce procédé connu est pratiquement inapplicable
lorsque les radômes sont fabriqués par injection, en particulier du fait qu'il est
alors difficile de réaliser une "couche" externe colorée d'épaisseur constante et
précise, et que si l'on réalisait malgré cela de tels radômes, ils seraient complexes
à réaliser et trop onéreux, car il faudrait utiliser au moins deux moules différents.
De plus, il est inutile de mesurer l'érosion là où elle ne peut se produire.
[0013] La présente invention a pour objet un indicateur d'érosion ou d'usure, qui soit facile
à réaliser aussi bien pour des objets moulés que pour des objets stratifiés et qui
donne une indication d'usure ou d'érosion bien avant la fragilisation de ces objets.
[0014] L'indicateur d'usure de l'invention pour une pièce à surveiller est caractérisé en
ce qu'il est constitué par au moins une pastille, de couleur différente de celle de
la matière dont la pièce est constituée, qui est intégrée à la structure de la pièce,
et qui est positionnée, dans cette pièce de sorte que sa partie devenue visible suite
à l'usure de la pièce donne une indication du degré d'usure. De façon avantageuse,
cette pastille a une forme conique disposée de telle façon que son axe soit perpendiculaire
à la surface extérieure soumise à usure, la pointe du cône étant dirigée vers cette
surface.
[0015] Préférentiellement, dans le cas d'un radôme, cette pastille-témoin est placée dans
le nez du radôme et coaxialement avec celui-ci.
[0016] Préférentiellement aussi, cette pastille est réalisée dans la même matière thermoplastique
que le radôme, ce qui présente l'avantage de ne pas modifier la vitesse d'érosion
avant et après indication d'usure.
[0017] L'invention se rapporte aussi à un procédé de fabrication par injection d'un radôme
thermoplastique muni de cet indicateur d'érosion, ce procédé consistant :
. à fabriquer tout d'abord au moins une pastille thermoplastique de couleur différente
de celle du corps du radôme, mais moins épaisse que celui-ci,
. à rapporter cette pastille sur la partie mâle du moule d'injection du radôme, à
l'endroit correspondant à sa position future dans le corps du radôme,
. puis, après avoir refermé le moule, à injecter dans celui-ci la matière thermoplastique,
ladite pastille s'intégrant alors totalement, par fusion partielle, au corps de ce
radôme.
[0018] L'invention sera mieux comprise, et ses avantages et diverses caractéristiques ressortiront
mieux, lors de la description suivante d'un exemple non limitatif de réalisation,
en référence au dessin schématique annexé dans lequel :
La figure 1 illustre, selon une coupe longitudinale du moule d'injection, la fabrication
par injection d'un radôme thermoplastique muni de cet indicateur d'érosion,
La figure 2 est une coupe longitudinale du radôme ainsi obtenu
Les figures 3 à 5 schématisent, en vue de face du radôme de la figure 2, les phases
d'usure successives de ce radôme, et
Les figures 6 et 7 sont des vues en coupe de variantes du dispositif de l'invention
pour un radôme.
[0019] L'invention est décrite ci-dessous en référence à un radôme, mais il est bien entendu
qu'elle n'est pas limitée à une telle application, et qu'elle peut être mise en oeuvre
dans toute application où l'on a besoin d'une indication visuelle du degré d'usure
ou d'érosion d'une pièce, en particulier lorsque l'on ne peut pas se rendre compte
directement de ce degré d'usure (tranche de la pièce non visible, pièce difficilement
accessible ou peu visible ou nécessitant un démontage pour pouvoir être mesurée).
[0020] Dans le cas, décrit ci-dessous, l'usure dont il s'agit est celle d'un radôme de protection
d'équipements aéroportés, due essentiellement à l'érosion pluviale, mais il est bien
entendu que l'invention peut être également mise en oeuvre pour des pièces soumises
à différentes autres sortes d'usure (par frottement en particulier).
[0021] En se référant tout d'abord aux figures 1 et 2, on distingue sur la figure 1 le moule
d'injection qui va servir à la fabrication du radôme 14 de la figure 2.
[0022] Ce moule se compose d'une part d'une partie mâle 1 composée d'une base 2 surmontée
d'un mamelon 3 de même profil que celui de la surface interne 4 du radôme 14 de la
figure 2, et dont le sommet est pourvu d'un téton 5 dont le rôle sera précisé ci-après,
et d'autre part d'une partie femelle conjuguée 6 qui définit une surface interne 8
de même profil que la surface externe du radôme 14 de la figure 2.
[0023] En outre, cette partie femelle 6 est classiquement pourvue d'une "carotte" d'injection
axiale 9 qui est un canal par lequel les composants de la matière thermoplastique
sont injectés dans le moule à l'état fondu, sous forte pression et haute température.
[0024] La matière thermoplastique dont il s'agit dans cet exemple préférentiel de réalisation
est du PEEK (Poly-Ether-Ether-Ketone).
[0025] Avant de fermer le moule, une pastille préalablement usinée 10, en PEEK de couleur
différente de celle de la matière dont le radôme va être constitué, est placée au
sommet du mamelon 3 de la partie mâle 1 du moule, et maintenu à cet endroit par le
fait qu'elle possède une petite cavité 11 (Figure 2) dont la forme est complémentaire
de celle du téton précité 5, ce dernier venant donc s'encastrer étroitement dans cette
cavité en maintenant ainsi en place la pastille usinée 10. En variante, on remplace
le téton 5 et la cavité 11 par un collage provisoire de la pastille à la partie mâle
1.
[0026] En variante, la pastille 10 pourrait être obtenue par un procédé d'injection dans
un petit moule prévu à cet effet, au lieu d'être réalisée par usinage.
[0027] Après fermeture du moule, les composants du PEEK constitutif du radôme de la figure
2 sont injectés par la carotte d'injection 9. La partie externe de la pastille 10
est alors portée à une température suffisante pour fondre localement, de sorte que
cette pastille vient se souder au corps 12 du radôme, composé de PEEK d'une autre
couleur, et donc se noyer en quelque sorte dans ce corps 12 du radôme 14.
[0028] Après refroidissement, démoulage, et ébavurage, on obtient finalement le radôme 14
de la figure 2, entièrement réalisé en PEEK et comportant, sur la pointe de sa surface
interne 4 et en retrait par rapport à la pointe 13 de sa surface externe 8, une pastille
10 de couleur différente de celle qui constitue la partie restante du radôme 14.
[0029] De façon avantageuse, la pastille 10 peut être pourvue sur sa surface cylindrique
de moyens la maintenant en place, par exemple des nervures de révolution ou des dispositifs
équivalents (aspérités radiales, filetage, ...) qui l'empêchent d'être éjectée si
elle est mal soudée au corps 12, lorsque sa face frontale est dégagée par suite de
l'érosion.
[0030] Les figures 3 à 5 illustrent le rôle d'indicateur d'érosion pluviale qui est joué
par cette pastille 10. Sur ces trois figures, le radôme 14, monté sur sa base réceptrice
15, est vu de l'avant.
[0031] Lorsque l'érosion pluviale n'est pas suffisante pour que la pointe de la surface
externe 8 du radôme 14 soit usée jusqu'à la pastille 14, le radôme se présente comme
sur la figure 3, sa pointe étant alors de même couleur que la partie restante du radôme.
[0032] Lorsque, suite à l'érosion pluviale, l'épaisseur du radôme à sa pointe a diminué
suffisamment, la pastille commence à apparaître comme dessiné en figure 4, c'est-à-dire
sous un aspect granulé, avec des points de la couleur de la pastille, et des points
de la couleur du radôme. Ceci est dû au fait que l'érosion due aux gouttes de pluie
n'est pas réalisée de manière uniforme, mais de manière particulaire, chaque impact
de goutte de pluie enlevant une petite particule de matière.
[0033] L'érosion poursuivant son action, lorsqu'il ne reste plus de PEEK de la couleur du
corps 12 du radôme sur la face extrême 15 (Figure 2) de la pastille 10, cette dernière
apparaît alors totalement, dans sa couleur, comme dessiné en figure 5. Le radôme 14
doit alors être changé.
[0034] Selon une variante de l'invention, on peut disposer plusieurs pastilles, groupées
dans une même zone ou réparties sous toute la surface externe à surveiller. Ces pastilles
sont alors colorées de couleurs différentes, et sont de longueurs différentes, ce
qui permet de déterminer différents degrés d'usure. Bien entendu, leur colorant ne
doit pas nuire aux qualités diélectriques du radôme.
[0035] On a représenté en figure 6 un autre mode de réalisation de la pastille de l'invention.
Le radôme 17 comporte à sa partie antérieure une pastille 18 de forme conique. L'axe
de ce cône est perpendiculaire à la surface externe du radôme et est, dans le cas
présent, confondu avec l'axe du radôme, mais il peut ne pas être confondu dans des
cas où ce n'est pas l'apex du radôme qui est l'endroit soumis à l'érosion maximale.
La pointe du cône peut affleurer la surface externe du radôme ou être légèrement en
retrait. Bien entendu, comme précédemment, la couleur de la matière constituant la
pastille est différente de celle constituant le radôme. Grâce à une telle pastille,
on connaît à tout moment le degré d'usure du radôme, qui est proportionnel à la surface
visible de la pastille.
[0036] Comme représenté en figure 7, le radôme 19 peut comporter plusieurs pastilles, cylindriques
ou coniques, disposées aux endroits les plus soumis à l'érosion. On a représenté sur
cette figure trois telles pastilles, référencées 20, 21 et 22.
[0037] Bien entendu, les pastilles de l'invention peuvent également être utilisées pour
un radôme à structure stratifiée.
[0038] L'invention peut également être mise en oeuvre pour des pièces autres que des radômes
et soumises à l'usure, lorsque l'on ne peut pas déterminer directement leur épaisseur.
[0039] Comme il va de soi, l'invention n'est pas limitée à l'exemple préférentiel qui vient
d'être décrit. C'est ainsi qu'il est avantageux, en particulier pour ne pas perturber
la réception des ondes électromagnétiques, que la pastille 10 soit réalisée en la
même matière thermoplastique que le corps 12 du radôme, mais ceci n'est pas limitatif
et cette pastille pourrait très bien être prévue en une matière thermoplastique d'une
autre sorte. C'est ainsi également que cette pastille pourrait être maintenue en place
dans le moule par un procédé d'aspiration au lieu de l'être par un moyen mécanique.
C'est ainsi aussi que cette même pastille pourrait ne pas être positionnée dans le
nez du radôme 14, de manière coaxiale à celui-ci, mais être plus ou moins décalée
par rapport à son axe, selon en fait l'endroit d'impact maximal des gouttes de pluie.
Bien entendu, dans la plupart des cas d'utilisation, la pastille est de dimensions
suffisamment faibles pour ne pas influencer défavorablement l'homogénéité des qualités
des pièces la contenant.
1. Indicateur d'usure pour une pièce à surveiller (14), caractérisé en ce qu'il est constitué
par au moins une pastille (10), de couleur différente de celle de la matière dont
la pièce est constituée, qui est intégrée à la structure de la pièce et qui est positionnée
dans cette pièce de sorte que sa partie devenue visible suite à l'usure de la pièce
donne une indication du degré d'usure.
2. Indicateur d'usure selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pastille a une
forme cylindrique.
3. Indicateur d'usure selon la revendication 2, caractérisé en ce que la pastille est
pourvue sur sa surface cylindrique de moyens la maintenant en place.
4. Indicateur d'usure selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il
comporte plusieurs pastilles de longueurs et de couleurs différentes.
5. Indicateur d'usure selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pastille a une
forme conique.
6. Indicateur d'usure selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que
la pièce à surveiller est un radôme.
7. Indicateur d'usure selon la revendication 6, caractérisé en ce que le radôme est en
matière thermoplastique.
8. Indicateur d'usure selon la revendication 6 ou 7, caractérisé en ce que la pastille
(10) est placée dans le nez du radôme (14) et coaxialement avec celui-ci.
9. Indicateur d'usure selon l'une des revendications 6 à 8, caractérisé en ce que la
pastille (10) est réalisée dans la même matière thermoplastique que le radôme (14).
10. Indicateur d'usure selon l'une des revendications 6 à 9, caractérisé en ce que la
pastille (10) est munie, du côté de la face interne (4) du radôme, d'une cavité (11)
qui est complémentaire d'un téton (5) de retenue de la pastille (10) prévu sur la
partie mâle (1) du moule d'injection du radôme.
11. Procédé de fabrication d'un radôme thermoplastique muni d'un indicateur d'érosion
selon l'une des revendications 6 à 10, caractérisé en ce qu'il consiste :
. à fabriquer tout d'abord une pastille thermoplastique (10) de couleur différente
de celle du corps (12) du radôme, mais moins épaisse que celui-ci,
. à rapporter cette pastille (10) sur la partie mâle (1, 3) du moule d'injection du
radôme, à l'endroit (5) correspondant à sa position future dans le corps (12) du radôme,
. puis, après avoir refermé le moule, à injecter dans celui-ci la matière thermoplastique,
ladite pastille s'intégrant alors totalement, par fusion partielle, au corps (12)
de ce radôme.