[0001] La présente invention concerne des tuiles de protection, notamment pour protéger
le filet d'une vis convoyeuse de l'usure. L'invention concerne également des procédés
de fabrication de tuiles de ce genre.
[0002] Ces tuiles sont constituées d'un corps et d'une pièce résistant à l'usure (pièce
d'usure) disposée le long de l'un seulement des bords du corps. Ces tuiles sont généralement
fixées au bord du filet d'une vis convoyeuse, par exemple d'une décanteuse à bol et
vis de même axe, et viennent affleurer la surface de la paroi intérieure du bol. Afin
d'éviter que les particules de matière à décanter ne se trouvent coincées entre la
paroi du bol et la tuile de protection du filet de la vis convoyeuse, il est essentiel
que la pièce d'usure, qui, se trouvant sur le bord du corps de la tuile, constitue
la partie venant affleurer la paroi du bol, ait un profil extérieur aussi précis et
à angle vif que possible.
[0003] Le corps de la tuile est généralement en un matériau identique à celui du filet de
la vis ou en un matériau suffisamment compatible avec celui-ci pour que l'on puisse
réaliser une soudure mutuelle qui offre une protection suffisante du point de vue
de la corrosion, par exemple en acier inoxydable. Ce matériau peut être usiné facilement,
notamment avec des plaquettes d'usinage classiques.
[0004] En revanche, la pièce d'usure est en un matériau résistant bien mieux à l'usure,
de dureté plus grande que celle du corps de tuile, par exemple en carbure de tungstène.
[0005] Son usinage en vue d'obtenir un profil précis et anguleux est coûteux et difficile.
[0006] On connaît déjà par le brevet des États-Unis d'Amérique 3 764 062 une tuile de ce
genre comportant un corps en acier inoxydable et une pièce d'usure en carbure de tungstène
fritté dans laquelle la pièce d'usure est préalablement frittée de manière à présenter
un profil précis (ici une surface plane cylindrique épousant la forme de la paroi
du bol) à angle vif, puis est fixée par brasure au corps de tuile. L'ensemble est
fixé par soudure sur le corps du filet. Si des tuiles de ce genre permettent effectivement
d'obtenir des tuiles dont les pièces d'usure ont un profil précis à angle vif de manière
plus aisée qu'en déposant un revêtement du matériau d'usure directement sur le filet
et en l'usinant au profil désiré directement sur le filet, ces tuiles présentent cependant
des inconvénients.
[0007] Le carbure de tungstène fritté est très dur, mais aussi très fragile et la solidité
de la pièce d'usure est limité par celle de la brasure qui la relit au corps de tuile.
Pour ces raisons une pièce d'usure peut se rompre en fonctionnement et entraîner à
son tour par réaction en chaîne la détérioration des autres pièces d'usure - les morceaux
de carbure se trouvant coincés entre la vis et le bol.
[0008] Compte tenu de la nécessité de souder la pièce d'usure à son corps de tuile associé,
ces tuiles doivent être fabriquées une à une, ce qui rend l'automatisation de la fabrication
difficile et coûteuse.
[0009] La réalisation d'une tuile de ce genre, comportant: une pièce d'usure en matériau
dur fritté, un support soudable obtenu par usinage, moulage ou estampage, une liaison
des deux composants par brasure sous atmosphère et température contrôlées, conduit
à un prix de revient élevé - l'assemblage de cette tuile sur le filet de la vis convoyeux
par soudure continue meulée contribuant lui aussi à augmenter le coût total.
[0010] Au GB-2 102 704, on décrit un procédé de fabrication d'une tuile qui consiste à déposer
et à souder une partie dure à un anneau et à découper l'anneau. La partie dure n'est
pas bien tenue par l'anneau et peut s'en détacher. Au U.S. 4 003 115, on ne prévoit
pas de former une gorge dans un corps d'un seul tenant, ni d'enlever une partie de
la tôle lors de la fabrication de la tuile. On y décrit un revêtement sur un filet
de vis convoyeuse de forme hélicoïdale. Ce dernier ne peut être usiné comme un disque
et pour obtenir une forme galbée on propose d'utiliser des parois latérales et frontales,
sous forme de secteurs de tôle certainement difficiles à galber et à positionner.
Par ailleurs, il est bien plus difficile de maîtriser le dépôt sur une spirale que
sur un disque pour des raisons de régularité et de maintien en température.
[0011] L'invention pallie ces inconvénients par un procédé de fabrication d'une tuile, qui
est moins coûteux et plus simple que les procédés de l'art antérieur et qui permet
de fabriquer des tuiles qui sont plus résistantes aux chocs et contraintes qui leur
sont appliqués et dont le bord d'attaque qui vient affleurer la paroi du bol est bien
vif et à profil exact.
[0012] Ce procédé qui permet d'améliorer la résistance de la tuile, tout en étant cependant
plus simple et plus propice à l'automatisation de la production, comporte les étapes
qui consistent :
a) à former dans une tôle d'un seul tenant en un premier matériau une gorge dont l'une
des parois latérales a une forme donnée,
b) à mettre dans la gorge un mélange comportant un second matériau de plus grande
dureté que le premier et un liant en fusion qui, en se refroidissant, donne une pièce
résistant à l'usure, et
c) à enlever la partie de la tôle qui forme la paroi latérale de forme donnée de la
gorge.
[0013] En prévoyant une gorge dont la paroi latérale a d'emblée la forme souhaitée pour
la pièce d'usure et en la remplissant d'un liquide dont la surface, après refroidissement,
devient plane, il devient possible d'obtenir la pièce d'usure définitive sans avoir
à usiner de matériau dur, mais simplement le corps plus tendre qui l'entoure, le liant
assurant, de plus, une liaison solide et uniforme de la pièce d'usure au corps, sans
mise en oeuvre d'opérations en soi même fragilisantes de soudage ou autres.
[0014] Un perfectionnement du procédé suivant l'invention consiste à prévoir la formation
d'une gorge circulaire puis, après l'étape d'enlèvement de la partie de la tôle qui
forme la paroi latérale circulaire de la gorge, les étapes qui consistent :
d) - à découper dans la tôle un anneau délimité, d'une part, par un cercle correspondant
au plus grand diamètre de la pièce d'usure et, d'autre part, par un cercle dont le
rayon est inférieur au plus grand rayon de la pièce d'usure d'une valeur correspondant
à la dimension en hauteur souhaitée pour la tuile.
e) - à découper cet anneau transversalement suivant des lignes de coupe à distance
angulaire les unes des autres pour obtenir des tuiles de protection, la distance angulaire
correspondant à la dimension en longueur souhaitée pour la tuile.
[0015] Ce perfectionnement permet ainsi de fabriquer des tuiles en plus grande quantité
à la fois et, à partir d'une même tôle, de fabriquer des tuiles de rayon de courbure
différent au fur et à mesure que l'on découpe des anneaux dans la tôle.
[0016] L'invention vise également une tuile de protection en deux pièces, constituée d'un
corps et d'une pièce d'usure en une composition d'un liant et d'un matériau de plus
grande dureté que le matériau du corps et liée au corps, caractérisée en ce que la
pièce d'usure est en contact avec le corps par deux faces adjacentes de liaison. De
préférence, la face libre de la pièce d'usure, opposée à l'une des deux faces adjacentes,
est alignée avec une face libre du corps. La tuile a, de préférence, la forme d'un
secteur de disque.
[0017] L'invention vise enfin une vis convoyeuse dont le bord du filet comporte une tuile
suivant l'invention.
[0018] Le matériau utilisé pour le corps de la tuile est habituellement de l'acier inoxydable.
Il peut également s'agir d'acier non inoxydable mais soudable.
[0019] Le matériau utilisé pour la pièce d'usure est généralement du carbure de tungstène.
Il peut également s'agir de tous autres carbures. Il peut se présenter sous forme
de particules de 0,1 à 1,6 mm environ.
[0020] Le liant utilisé pour le carbure de tungstène est du Ni. D'autres liants possibles
sont à base de chrome, argent, zinc, étain, cuivre etc.
[0021] Le liant représente de 20 à 40 % du poids de la composition.
[0022] La température à laquelle le mélange est amené doit être comprise, dans le cas de
l'acier inoxydable-Ni entre 1000 et 1200°C.
[0023] Aux dessins annexés, donnés uniquement à titre d'exemple,
- les figure 1 à 7 sont des schémas illustrant les étapes successives du procédé suivant
l'invention;
- la figure 8 est une vue en perspective d'une tuile suivant l'invention;
- la figure 9 est une vue en plan d'une convoyeuse à vis sur le filet de laquelle sont
montées des tuiles selon l'invention.
[0024] A la première étape, on prépare une tôle en acier inoxydable sensiblement plane de
forme circulaire. On forme ensuite à une deuxième étape (voir les figures 1 et 2)
une gorge 2 circulaire ayant une paroi 3 latérale de plus grand diamètre. Cette paroi
3 latérale est plane. Elle coupe la surface supérieure de la tôle 1 en une arête 4
vive.
[0025] A la troisième étape (voir les figures 3 et 4), la gorge 2 est remplie d'un mélange
qui est porté par un chalumeau C à une température comprise entre 1000 et 1200°C et
qui est constitué de carbure de tungstène (70 % en masse) et de nickel (30 % en masse),
le nickel servant de liant.
[0026] Une fois la gorge remplie, le mélange est rendu solide par abaissement de la température.
Il se forme alors une pièce 5 d'usure dans la gorge 2.
[0027] A la quatrième étape (voir les figures 5 et 6), la partie de la tôle 1 qui se trouve
à l'extérieur de la gorge 2, est enlevée par usinage par plaquettes (pastille diamant)
non représentées jusqu'à ce que la paroi 3 latérale de plus grand diamètre de la pièce
5 d'usure constitue la partie la plus à l'extérieur de la tuile. Il est aisé suivant
ce procédé d'obtenir que le bord extérieur de l'ensemble soit parfaitement lisse,
sans qu'aucune discontinuité n'existe à l'interface pièce d'usure - tôle au niveau
de ce bord extérieur.
[0028] A la cinquième étape (voir à la figure 7), on découpe la tôle suivant le cercle 6
de manière à obtenir un anneau qui est ici circulaire, mais qui pourrait être de n'importe
quelle autre forme souhaitée, celle-ci étant définie par la forme de la paroi 3 latérale
extérieure de la gorge et la forme de la ligne 6 de découpe.
[0029] Enfin, à la sixième étape (voir à la figure 7), on obtient des tuiles par découpe
suivant des lignes 9 à distance angulaire les unes des autres. Ici aussi, ces lignes
9 peuvent avoir une forme quelconque.
[0030] La figure 8 représente une vue en perspective d'une tuile suivant l'invention.
[0031] Cette tuile est constituée d'un corps, en acier inoxydable qui est un matériau compatible
ou identique avec le matériau du filet de la vis convoyeuse, et d'une pièce 5 d'usure
qui est en un mélange d'un matériau de grande dureté (carbure de tungstène) et d'un
liant (nickel) dans la proportion massique de 30%.
[0032] Le nickel permet de lier solidement le corps à la pièce d'usure sans nécessiter un
soudage à l'interface corps - pièce d'usure qui formerait un point faible de la tuile,
susceptible de casser sous des efforts trop intenses.
[0033] La tuile de la figure 8 en forme de secteur de disque est constituée de deux pièces
seulement, à savoir le corps 10 de tuile et la pièce d'usure 5.
[0034] Le corps 10 a la forme d'une marche ayant une surface inférieure et deux surfaces
supérieures décalées l'une par rapport à l'autre en hauteur et reliées l'une à l'autre
par une face verticale intermédiaire. La pièce d'usure 5 est en contact avec le corps
10 par l'intermédiaire de la face verticale intermédiaire et de la face supérieure
du corps de niveau le plus bas.
[0035] L'interface entre les deux pièces 5 et 10 est constituée de deux faces adjacentes
l'une à l'autre, de sorte que la pièce d'usure 5 est soutenue contre le corps 10 suivant
deux directions de support.
[0036] Le bord 8 extérieur de la tuile, constitué d'une face libre de la pièce d'usure 5,
opposée à l'une des faces adjacentes, et de la face libre du corps 10 qui est alignée
avec cette face libre, est parfaitement lisse, notamment à l'interface 7 de la pièce
d'usure 5 et du corps 10.
[0037] L'interface 14 sur la face supérieure de la tuile peut également être dépourvu de
discontinuité lorsqu'on remplit la gorge du mélange à ras bord lors de l'étape 3 du
procédé. Cependant, en fonction du niveau de remplissage, on peut obtenir que la pièce
d'usure fasse légèrement saillie ou au contraire soit en retrait par rapport à la
surface supérieure de la tuile.
[0038] Enfin, la figure 9 représente une vis convoyeuse 11 dont le filet 12 est muni à son
bord d'extrémité tourné vers le bol 13 de tuiles 15 de protection fabriquées suivant
le procédé de l'invention. Grâce à ce procédé suivant l'invention, l'arête d'attaque
des tuiles 15 de protection sur la paroi intérieure du bol 13 est parfaitement vive
et de profil exact, ce qui rend cette vis convoyeuse 11 plus fiable lors de son fonctionnement,
les particules convoyées étant moins susceptibles de ce coincer entre la tuile 15
et la paroi du bol 13.
1. Tuile de protection en deux pièces, constituée d'un corps (10) et d'une pièce d'usure
(5) en une composition d'un liant et d'un matériau de plus grande dureté que le matériau
du corps (10) et liée au corps, caractérisée en ce que la pièce d'usure (5) est en
contact avec le corps (10) par deux faces (7) adjacentes de liaison.
2. Tuile suivant la revendication 1, caractérisée en ce qu'une face libre de la pièce
d'usure (5), opposée à l'une des deux faces adjacentes, est alignée avec une face
libre du corps (10).
3. Tuile suivant la revendication 1 ou 2, caractérisée en ce qu'elle a la forme d'un
secteur de disque.
4. Tuile suivant l'une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que le liant représente
de 20 à 40 % en poids de la composition.
5. Tuile suivant l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce que le corps est
en acier inoxydable, le matériau plus dur est le carbure de tungstène et le liant
est du nickel.
6. Procédé de fabrication d'une tuile suivant l'une des revendications précédentes, caractérisé
en ce qu'il comporte les étapes successives qui consistent :
a) à former dans une tôle en un premier matériau une gorge dont l'une des paroi latérale
a une forme donnée,
b) à mettre dans la gorge un mélange d'un second matériau de plus grande dureté que
le premier et d'un liant en fusion, qui en se refroidissant donne une pièce résistant
à l'usure, et
c) à enlever la partie de la tôle qui forme la paroi latérale de forme donnée de la
gorge.
7. Procédé suivant la revendication 6, dans lequel, à l'étape a), la gorge est circulaire,
et qui comprend également les étapes qui consistent, après l'étape c), à :
d) - à découper dans la tôle un anneau délimité, d'une part, par un cercle correspondant
au plus grand diamètre de la pièce d'usure et, d'autre part, par un cercle dont le
rayon est inférieur au plus grand rayon de la pièce d'usure d'une valeur correspondant
à la dimension en hauteur souhaitée pour la tuile.
e) - à découper cet anneau transversalement suivant des lignes de coupe à distance
angulaire les unes des autres pour obtenir des tuiles de protection, la distance angulaire
correspondant à la dimension en longueur souhaitée pour la tuile.
8. Vis convoyeuse au bord du filet de laquelle est fixée une tuile, caractérisée en ce
que la tuile est telle que définie aux revendications 1 à 5.