[0001] L'invention concerne un vitrage comportant un réseau chauffant. L'invention se rapporte
notamment à un réseau électrique sérigraphié pour un vitrage chauffant, par exemple
pour une lunette arrière d'un véhicule automobile. Plus précisément, l'invention concerne
un vitrage muni de l'ensemble de ses bandes conductrices, c'est-à-dire des bandes
formant à proprement dit le réseau chauffant et des bandes collectrices destinées
à être reliées par soudure aux amenées de courant alimentées par la source de courant
du véhicule.
[0002] Pour réaliser un vitrage à réseau chauffant assurant les fonctions de dégivrage et
de désembuage, il est connu, par exemple du brevet FR-B-1 464 585, de procéder au
dépôt sur la surface d'une feuille de verre d'une série d'étroites bandes de résistance
d'une composition électroconductrice. Ces bandes de résistance sont sérigraphiées
sur la feuille de verre avant son bombage, de sorte que la cuisson de la composition
électroconductrice s'opère lors du chauffage précédant l'opération de bombage et/ou
de trempe du vitrage. La composition électroconductrice est faite d'une suspension
pâteuse, dans un liant organique, d'argent métallique et d'une fritte, c'est-à-dire
d'un verre à bas point de fusion. Les bandes de résistance formant le réseau sont
relativement fines pour ne pas gêner la visibilité au travers du vitrage et débouchent
sur des bandes collectrices plus larges, situées près des bords du vitrage. Ces bandes
collectrices sont faites d'une composition identique à celle des bandes de résistance
et sont déposées de la même façon et de préférence, en même temps que celles-ci. Les
amenées de courant sont ensuite soudées sur ces bandes collectrices.
[0003] Les premiers vitrages chauffants, ainsi réalisés, comportaient des bandes de résistance
très conductrices, d'une teneur en argent métallique particulièrement élevée, en vue
d'une capacité de chauffage élevée ; de ce fait, la puissance électrique, dissipée
par le réseau chauffant, était elle aussi très élevée. Mais de telles puissances dissipées
élevées ne conviennent pas bien à des véhicules automobiles de petites cylindrées,
dont la puissance électrique de réserve est relativement faible. Ceci d'autant plus,
que les véhicules automobiles sont aujourd'hui munis de toute une série d'équipements
électriques qui font que la puissance maximale, susceptible d'être dissipée à un moment
donné, est souvent inférieure à la capacité théorique requise pour un fonctionnement
simultané de tous les équipements électriques du véhicule. De ce fait, il existe une
demande croissante de vitrages chauffants dissipant des puissances plus faibles.
[0004] Une méthode connue, notamment décrite par le brevet FR-B-1 464 585, consiste à traiter
le réseau, préalablement déposé, par galvanoplastie. Il s'agit de déposer une couche
métallique électrolytiquement. Le document FR-B-1 464 585 décrit notamment un dépôt
de cuivre qui améliore la conductivité du réseau chauffant. ll est également connu
de déposer un empilement de couches cuivre puis nickel. De tels dépôts sont réalisés
dans deux bains successifs, par exemple de sulfate de cuivre et de sulfate de nickel.
La présence du nickel a l'avantage de prévenir les risques de corrosion. De tels traitements
par galvanoplastie présentent certains inconvénients. Tout d'abord, ils sont très
coûteux. D'autre part, les bandes de résistance doivent être très résistantes pour
résister à l'acidité des bains utilisés ; il existe en effet un risque de dégradation
du réseau chauffant.
[0005] Une autre méthode consiste à réaliser le réseau chauffant à partir de compositions
électroconductrices ayant des teneurs en argent plus faibles. Si cette solution est
préférable d'un point de vue coût, elle présente d'autres inconvénients ; les bandes
de résistance n'étant pas protégées, elles peuvent subir notamment une corrosion au
contact de l'air. Une telle corrosion ne dégrade pas forcément le réseau chauffant
d'un point de vue fonctionnel, mais peut modifier son aspect. Or, de tels réseaux
chauffants, notamment disposés sur les lunettes arrières de véhicules automobiles,
sont apparents et une modification de leur aspect peut éventuellement nuire à l'esthétique
du véhicule. De plus, la demande actuelle, notamment de la part des constructeurs
automobiles, s'oriente vers une finition de qualité et une bonne tenue dans le temps
des matériaux et de l'aspect, notamment esthétique, de l'ensemble du véhicule.
[0006] Par ailleurs, la diminution de la teneur en argent pose un problème de compatibilité
avec la brasure de la soudure, autrement dit la soudure tient mal. Pour remédier aux
défauts de soudure, la pratique industrielle actuelle est de déposer aux endroits
prévus pour la soudure une pastille faite d'une pâte à haute teneur en argent, ce
second dépôt se faisant par exemple par sérigraphie ou au pinceau et couvrant une
surface de l'ordre de 1-4 cm
2. Cette technique peut permettre d'améliorer la tenue des soudures mais augmente les
coûts de production.
[0007] L'invention a ainsi pour but un vitrage comportant un réseau chauffant dissipant
une puissance acceptable pour les véhicules automobiles actuels et sur lequel la soudure
des amenées de courant ne pose pas de problème de tenue.
[0008] L'invention a également pour but l'obtention dudit vitrage de façon peu onéreuse.
[0009] Ces buts sont atteints, selon l'invention, par un vitrage comportant au moins une
feuille de verre munie, sur une de ses faces, d'un réseau chauffant constitué de bandes
de résistance formées d'une composition électroconductrice, résultant de la cuisson
d'une suspension dans un liant organique d'argent métallique et d'une fritte à bas
point de fusion, et de bandes collectrices formées de la même composition électroconductrice,
au moins certaines zones du réseau chauffant étant directement recouvertes d'une couche
mince d'un matériau faiblement conducteur ou non conducteur. Le matériau choisi est
par exemple un métal, un oxyde métallique ou un alliage. Selon une réalisation préférée
de l'invention, la couche est une couche mince de nickel.
[0010] Plus précisément une telle couche mince est prévue sur les zones des bandes collectrices
sur lesquelles seront soudées des cosses ou amenées de courant. Il est en effet apparu
qu'une telle couche mince tend à améliorer la tenue de la soudure des cosses sur les
bandes collectrices. Il est également apparu, que notamment la tenue à l'arrachement
des cosses soudées sur les bandes collectrices augmente avec l'épaisseur de la couche
mince. Une épaisseur de l'ordre du micron garantit une bonne tenue des soudures. La
faible conductivité du matériau déposé permet de ne pas ou très faiblement perturber
la conductivité du réseau. Des mesures effectuées à partir d'une couche de nickel
montre une modification de la résistance de l'ordre de 1%, ce qui représente un avantage
pour la technologie consistant à obtenir la résistance voulue du réseau directement
lors de la réalisation de celui-ci. A titre comparatif un dépôt de cuivre par galvanoplastie
conduit à une modification de la conductivité du réseau de l'ordre de 15%.
[0011] Selon une variante de l'invention, l'épaisseur de la couche mince du matériau choisi
peut être moins importante et disposée sur les parties restantes du réseau chauffant.
Un tel dépôt, notamment dans le cas du nickel, peut prévenir tout risque de corrosion
du réseau chauffant, la couche mince, plus particulièrement de nickel, étant directement
superposée sur ledit réseau chauffant. Alors qu'une épaisseur de l'ordre du micron
est satisfaisante pour les zones de soudure, une épaisseur de l'ordre du dizième de
micron est suffisante, notamment pour une fonction anticorrosion.
[0012] Il est donc possible de prévoir une couche mince possédant l'épaisseur la plus grande
souhaitée ou bien, de préférence, de prévoir une couche mince non homogène en épaisseur
sur toute la surface recouverte du réseau chauffant, c'est-à-dire une couche mince
possédant une épaisseur plus importante sur certaines zones, et plus particulièrement,
sur les zones de bandes collectrices destinées à recevoir les cosses.
[0013] L'invention prévoit encore la possibilité de déposer des couches minces d'au moins
deux matériaux différents, l'un notamment destiné à recouvrir les zones destinées
à recevoir les soudures et l'autre matériau recouvrant les parties restantes du réseau
notamment en vue d'une fonction anticorrosion.
[0014] Selon une autre variante de l'invention, dans le cas où notamment les bandes collectrices
sont déposées sur le verre par l'intermédiaire d'un émail noir, des fenêtres sont
prévues dans les bandes collectrices permettant un dépôt direct de la couche mince
sur l'émail noir. Une telle variante est notamment intéressante lorsque le matériau,
constituant la couche mince, présente une meilleure adhésion sur l'émail noir que
sur la bande collectrice. Ces fenêtres seront alors de préférence prévues, notamment
aux endroits prévus pour les soudures de cosses.
[0015] L'invention propose également un procédé de fabrication d'un vitrage chauffant. Selon
l'invention, ce procédé consiste à déposer un réseau chauffant sur une des faces d'une
feuille de verre constituant le vitrage, et à déposer, au moins sur certaines zones
du réseau chauffant, un métal se présentant initialement sous la forme d'une pièce
solide, par frottements successifs d'un organe de transfert sur la pièce solide, puis
sur le réseau chauffant. Il est apparu que le procédé, ainsi décrit selon l'invention,
permet d'obtenir une couche mince couvrant le réseau chauffant. Par ailleurs, l'adhérence
de la couche mince, obtenue selon ce procédé, est tout à fait satisfaisante et autorise
notamment une soudure des cosses conduisant à une bonne tenue à l'arrachement.
[0016] Selon une réalisation préférée de l'invention, l'organe de transfert est une brosse
métallique animée d'un mouvement rotatif. Selon cette réalisation, lors du mouvement
de la brosse, dans un premier temps, celle-ci vient au contact de la pièce solide,
par exemple un barreau, pour lui arracher des particules par frottement qui, dans
un second temps, sont redéposées sur le réseau chauffant, également par frottement
de ladite brosse.
[0017] Il peut également être prévu avantageusement un mouvement relatif entre le réseau
chauffant et l'organe métallique de transfert. De préférence, on utilise une brosse
fixe, sous laquelle défile le vitrage comportant le réseau chauffant. Une telle réalisation
est simple de mise en oeuvre, dès lors que l'on se place sur la chaîne de fabrication
du réseau chauffant.
[0018] De préférence encore, l'invention prévoit que le frottement entre l'organe de transfert
et la pièce solide est effectué avec une pression suffisante pour arracher des particules
de métal à la pièce solide.
[0019] De préférence également, le frottement entre l'organe de transfert et le réseau chauffant
est effectué avec une pression suffisante pour déposer les particules de métal portées
par l'organe de transfert et notamment pour ne pas détériorer ledit réseau chauffant.
[0020] D'autres détails et caractéristiques avantageux de l'invention ressortiront ci-après
de la description d'un exemple de réalisation de l'invention faite en référence à
la figure qui représente un exemple d'un dispositif pour la mise en oeuvre de l'invention.
[0021] Sur la figure, est représenté un dispositif 1 selon l'invention. Ce dispositif 1
se compose d'un élément support 2 associé à une brosse métallique 3. Cette brosse
3 est montée sur un axe 4, lui-même associé à des moyens non représentés, tels qu'un
moteur, permettant d'entraîner la brosse 3 en rotation, par exemple dans le sens indiqué
par la flèche 5. La brosse 3 comporte des poils métalliques 6 dont le choix de la
longueur et de la dureté peut être défini par l'homme du métier en fonction du métal
à déposer qui a été choisi. Au niveau de la partie supérieure de l'élément support
2 est prévu un emplacement 7 destiné à recevoir un barreau 8 constitué du métal à
déposer. Des moyens 9, tels qu'un ressort, sont prévus dans l'emplacement 7 de façon
à exercer une force selon la direction indiquée par la flèche 10. Cette force permet
de maintenir le barreau 8 au contact des poils 6 de la brosse métallique 3 selon la
pression désirée. Cette pression peut, bien entendu, être définie en fonction du métal
constituant le barreau 8 et de la nature des poils 6.
[0022] Ce dispositif 1 permet donc, lors du mouvement de rotation de la brosse 3, un arrachement
de particules métalliques du barreau 8 par frottement des poils 6 sur celui-ci. Et
il apparaît que les particules, prélevées par la brosse 3, restent solidaires des
poils 6.
[0023] Par ailleurs, le dispositif 1 est prévu de sorte que la brosse soit dans une position
supérieure à un dispositif 11. Ce dispositif 11, représenté très schématiquement sur
la figure, est prévu pour amener un vitrage 13 selon la direction indiquée par la
flèche 12. Le vitrage 13 peut ainsi défiler sous la brosse 3. Le vitrage 13 représenté
est un vitrage simple composé d'une seule feuille de verre, comme le sont le plus
souvent les lunettes arrières comportant un réseau chauffant. Toutefois, ce vitrage
13 peut être un vitrage feuilleté ou tout autre type de vitrage susceptible de recevoir
un réseau chauffant. Le réseau chauffant a été obtenu auparavant par des techniques
connues de l'homme du métier, telle que la réalisation par sérigraphie.
[0024] Le vitrage 13 comporte, sur sa face tournée vers la brosse métallique 3, le réseau
chauffant 14. Le réseau chauffant défile ainsi sous la brosse 3 et est recouvert partiellement
ou totalement d'une couche mince du matériau choisi. Le but de l'invention est de
recouvrir le réseau chauffant, toutefois, il est apparu qu'il était possible de recouvrir
l'ensemble du vitrage sans nuire à la transparence de celui-ci, du fait de la très
faible épaisseur de la couche mince 15. Selon différentes variantes de l'invention,
non représentées sur la figure, il est possible de prévoir plusieurs passages du vitrage
sous la brosse 3 pour déposer le matériau choisi sur toute la surface ; il est par
ailleurs possible de prévoir des passages successifs du vitrage sous plusieurs dispositifs
1, ou bien encore un ou plusieurs passages simultanés du vitrage 13 et donc du réseau
chauffant 14 sous plusieurs dispositifs 1 placés côte à côte.
[0025] En ce qui concerne le dépôt d'une couche mince du matériau choisi, et plus particulièrement
de nickel, sur les zones des bandes collectrices prévues pour la soudure des cosses,
l'invention prévoit plusieurs passages successifs de ces zones sous une même brosse
3 par un mouvement de va-et-vient, ou bien sous différentes brosses 3. Il est ainsi
possible d'obtenir une épaisseur plus importante de nickel qui favorise notamment
la tenue à l'arrachement des cosses après leur soudure.
[0026] Il est particulièrement intéressant de noter que l'épaisseur plus importante est
obtenue par dépôts successifs de métal sous une même brosse ou sous plusieurs brosses,
mais que ces dépôts ne sont finalement pas individualisables.
[0027] En ce qui concerne la brosse, celle-ci présente comme caractéristique essentielle
d'être métallique ou conducteur électrique et suffisamment dure. Il s'agit, par exemple,
d'une brosse 3 en acier dont les poils ou fils ont un diamètre compris entre 0,1 et
0,5 mm. Avant utilisation, la brosse 3 est avantageusement totalement dégraissée de
façon à éviter tout glissement sur le barreau 8 qui conduirait à un mauvais prélèvement
de particules métalliques.
[0028] Lors du défilement du vitrage 13 sous le dispositif 1, la brosse 3 vient donc frotter
sur la surface du vitrage 13, et plus particulièrement sur le réseau chauffant 14.
Il se forme ainsi une couche mince métallique 15 qui recouvre le réseau et assure,
par exemple, une protection anti-corrosion. D'autres moyens, non représentés sur la
figure, sont alors utilisés pour assurer une pression satisfaisante de la brosse 3
sur le réseau 14, de façon à redéposer les particules métalliques portées par les
poils 6, en évitant, bien entendu, tout risque de dégradation du réseau 14 et/ou du
vitrage 13.
1. Vitrage chauffant comportant au moins une feuille de verre munie, sur une de ses faces,
d'un réseau chauffant constitué de bandes de résistance formées d'une composition
électroconductrice résultant de la cuisson d'une suspension dans un liant organique
d'argent métallique et d'une fritte à bas point de fusion et de bandes collectrices
formées de la même composition électroconductrice, caractérisé en ce qu'au moins certaines zones du réseau chauffant sont directement recouvertes d'une couche
mince d'un matériau faiblement conducteur ou non conducteur.
2. Vitrage chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que le réseau chauffant est recouvert d'une couche mince de nickel.
3. Vitrage chauffant selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que ladite couche mince recouvre l'ensemble du réseau chauffant et en ce qu'elle est prévue plus importante dans les zones des bandes collectrices sur lesquelles
sont soudées des cosses.
4. Vitrage chauffant selon les revendications précédentes, sur lequel les bandes collectrices
sont déposées sur le verre par l'intermédiaire d'un émail noir, caractérisé en ce que des fenêtres sont prévues dans les bandes collectrices permettant un dépôt direct
de la couche mince sur l'émail noir.
5. Procédé de fabrication d'un vitrage chauffant consistant à déposer un réseau chauffant
sur une des faces d'une feuille de verre constituant le vitrage, caractérisé en ce qu'on dépose, au moins sur le réseau chauffant, un matériau se présentant initialement
sous la forme d'une pièce solide par frottements successifs d'un organe de transfert
sur la pièce solide, puis sur le réseau chauffant.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'organe de transfert est une brosse métallique animée d'un mouvement rotatif.
7. Procédé selon l'une des revendications 5 ou 6, caractérisé en ce qu'on crée un mouvement relatif entre le réseau chauffant et l'organe métallique de transfert.
8. Procédé selon l'une des revendications 5 à 7, caractérisé en ce que le frottement entre l'organe de transfert et la pièce solide est effectué avec une
pression suffisante pour arracher des particules de métal à la pièce solide.
9. Procédé selon l'une des revendications 5 à 8, caractérisé en ce que le frottement entre l'organe de transfert et le réseau chauffant est effectué avec
une pression suffisante pour déposer les particules de métal portées par l'organe
de transfert.