[0001] L'invention concerne un procédé de traitement mécanique d'un produit de forme allongée
en acier austénitique amagnétique. L'invention concerne en particulier un procédé
de traitement mécanique pour améliorer les caractéristiques mécaniques d'une masse-tige
amagnétique pour forage pétrolier ou une ébauche utilisée pour la fabrication d'une
masse-tige amagnétique.
[0002] Dans le domaine du forage pétrolier, il est connu d'utiliser des masses-tiges, c'est-à-dire
des éléments tubulaires de tiges de forage de masse importante, qui sont réalisés
sous forme amagnétique, de manière, en particulier, à ne pas perturber des mesures
effectuées en fond de trou de forage.
[0003] Il est connu de réaliser de telles masses-tiges amagnétiques en utilisant un acier
austénitique amagnétique au chrome-manganèse renfermant moins de 0,08 % de carbone,
de 12 à 20 % de chrome, de 17 à 22 % de manganèse, de 0,15 à 0,35 % d'azote, moins
de 1,5 % de nickel et moins de 2 % de molybdène.
[0004] Un tel acier austénitique amagnétique présente des caractéristiques satisfaisantes
de résistance à la corrosion et en particulier de résistance à la corrosion par les
milieux chlorurés, ce qui permet de l'utiliser comme élément de trains de tiges, pour
le forage à travers des formations de natures très diverses.
[0005] De plus, les aciers austénitiques au chrome-manganèse du type rappelé ci-dessus sont
susceptibles de développer de fortes caractéristiques mécaniques, lorsqu'ils sont
soumis à certains traitements, pendant la fabrication des masses-tiges ou à l'issue
de la fabrication de ces masses-tiges.
[0006] De manière classique, l'acier austénitique amagnétique au chrome-manganèse est coulé,
puis mis en forme par laminage ou forgeage, de manière qu'on obtienne des barres à
section circulaire. Les barres laminées ou forgées sont hypertrempées puis usinées
sous la forme d'ébauches de masses-tiges de caractéristiques dimensionnelles bien
définies.
[0007] L'acier austénitique amagnétique au chrome-manganèse présente, à l'état hypertrempé,
des caractéristiques mécaniques qui sont généralement insuffisantes et qui sont très
inférieures aux caractéristiques mécaniques qui peuvent être développées dans l'acier
par écrouissage.
[0008] Les ébauches de masses-tiges à l'état hypertrempé sont donc soumises à un traitement
d'écrouissage à température modérée (écrouissage à mi-chaud) qui permet de développer
des caractéristiques mécaniques élevées dans l'acier hypertrempé. On réalise généralement
l'écrouissage à mi-chaud par forgeage des ébauches de masses-tiges à une température
comprise entre 750 et 650°C, avec un taux de déformation bien défini.
[0009] Ce procédé présente l'avantage de pouvoir être mis en oeuvre en utilisant des moyens
de forgeage conventionnels (presse et outils), ces moyens étant ceux qui sont généralement
disponibles dans les installations de grosse forge.
[0010] Le procédé d'amélioration des caractéristiques mécaniques des aciers austénitiques
amagnétiques par écrouissage à température modérée présente toutefois l'inconvénient
d'entraîner et de favoriser la précipitation de carbures et de carbonitrures de métaux
tels que le chrome, le niobium et le titane, sur les joints de grains d'austénite,
ce qui favorise la corrosion de type intergranulaire, lors de l'utilisation des masses-tiges
dans une opérations de forage.
[0011] En effet, le forgeage visant à améliorer les caractéristiques mécaniques de l'acier
est effectué dans un intervalle de températures (650 à 750°C), dans lequel se forment
les carbures et les carbonitrures de chrome, de niobium ou de titane.
[0012] Il est connu d'autre part d'améliorer les caractéristiques mécaniques d'aciers austénitiques
au chrome-manganèse par écrouissage de l'acier à basse température, par exemple à
la température ambiante.
[0013] Un tel procédé d'écrouissage à froid n'a jamais été utilisé et adapté au cas de produits
de forme allongée tels que des masses-tiges ou des ébauches pour la fabrication des
masses-tiges.
[0014] Le but de l'invention est donc de proposer un procédé de traitement mécanique d'un
produit de forme allongée en acier austénitique amagnétique renfermant, en poids,
moins de 0,08 % de carbone, de 12 à 20 % de chrome, de 17 à 22 % de manganèse et de
0,15 à 0,35 % d'azote, pour améliorer les caractéristiques mécaniques du produit sans
détériorer ses caractéristiques de résistance à la corrosion.
[0015] Dans ce but, on réalise un étirage du produit à une température inférieure à 400°C,
de manière que l'allongement permanent du produit à l'issue du traitement soit supérieur
à 20 %.
[0016] Afin de bien faire comprendre l'invention, on va maintenant décrire, à titre d'exemple
non limitatif, en se référant à la figure jointe en annexe, un mode de réalisation
du procédé de traitement mécanique suivant l'invention mis en oeuvre lors de la fabrication
de masses-tiges de forage en acier amagnétique.
[0017] La figure 1 est une vue en élévation et en coupe partielle d'un dispositif d'étirage
utilisé pour la mise en oeuvre du procédé de traitement de l'invention sur une ébauche
d'une masse-tige pour forage pétrolier.
[0018] La figure 2 est une vue partielle en élévation et en coupe d'une variante de réalisation
d'une extrémité du dispositif d'étirage.
[0019] L'exemple de mise en oeuvre du procédé de l'invention est relatif à la réalisation
de masses-tiges de forage en acier austénitique amagnétique SMF 166.
[0020] L'acier élaboré et coulé renferme moins de 0,035% de carbone, moins de 1 % de silicium,
de 20 à 22 % de manganèse, de 12 à 13 % de chrome, de 0,3 à 0,5 % de molybdène, de
0,25 à 0,45 % de nickel, de 0,28 à 0, 36 % d'azote, moins de 0,05 % d'aluminium, moins
de 0,03 % de phosphore et moins de 0,003 % de soufre.
[0021] L'acier coulé est laminé sous la forme d'une barre à section circulaire qui est ensuite
hypertrempée.
[0022] L'acier austénitique amagnétique présente, à l'état hypertrempé, une limite élastique
comprise entre 450 et 500 MPa.
[0023] L'ébauche hypertrempée est ensuite soumise au traitement d'étirage selon l'invention,
comme représenté sur la figure.
[0024] L'ébauche hypertrempée en acier austénitique 1 est montée sur un banc d'étirage désigné
de manière générale par le repère 2.
[0025] L'ébauche 1 en acier amagnétique comporte une partie centrale de forme cylindrique
et deux parties d'extrémité la et 1b dont le diamètre est supérieur au diamètre de
la partie centrale.
[0026] Les parties d'extrémité la et 1b de l'ébauche 1 sont utilisées pour assurer le montage
de la barre 1 sur le banc d'étirage 2.
[0027] Le banc d'étirage 2 comporte un châssis en deux parties symétriques l'une de l'autre
entre lesquelles est montée la barre 1. Chacune des parties du châssis (gauche et
droite) comporte une poutre longitudinale 3, une première poutre transversale 4a et
une seconde poutre transversale 4b. Au moins un vérin d'étirage 5 est intercalé entre
l'une des poutres transversales 4a et une extrémité de la poutre longitudinale 3.
L'extrémité opposée de la poutre longitudinale 3 est en appui contre la seconde poutre
transversale 4b.
[0028] Les poutres transversales 4a et 4b viennent en appui contre les parties d'extrémité
à diamètre élargi la et 1b de la tige 1, par l'intermédiaire de pièces d'appui telles
que 6a et 6b.
[0029] Il est possible d'intercaler un seul vérin entre la poutre transversale inférieure
4a et la poutre longitudinale 3 ou plusieurs vérins.
[0030] Le châssis du banc d'étirage peut comporter, sur chacune de ses parties longitudinales,
une ou plusieurs poutres longitudinales telles que les poutres 3.
[0031] Les poutres du châssis du banc d'étirage peuvent être en béton ou en acier.
[0032] Les pièces d'appui telles que 6a et 6b sont généralement réalisées en deux parties
sous la forme de deux demi-couronnes qui viennent se placer de manière jointive contre
les parties à diamètre élargi la et 1b de la barre 1. Les poutres transversales 4a
et 4b peuvent être réalisées sous la forme de pièces annulaires qui sont engagées
autour des extrémités de la barre 1 et dans lesquelles viennent se loger les pièces
d'appui 6a et 6b.
[0033] Il est également possible d'utiliser un seul vérin de très grande dimension présentant
une structure annulaire à l'intérieur duquel est engagée la barre 1 à étirer.
[0034] A titre de variante, comme représenté sur la figure 2, il est possible de réaliser
l'étirage d'une barre 1' dont les parties d'extrémité, telles que 1'b, ne présentent
pas un diamètre sensiblement supérieur au diamètre de la partie centrale. Dans ce
cas, on peut utiliser des poutres transversales, telles que 4'b, présentant une ouverture
évasée vers l'extérieur et des dispositifs de prise tels que 6'b de l'extrémité de
la barre 1', en forme de coins, ayant une denture interne pour assurer un meilleur
accrochage des parties d'extrémité de la barre 1'.
[0035] On détermine les forces à appliquer par l'intermédiaire des vérins sur la barre 1
à étirer en utilisant des données ou une courbe relatives à l'écrouissage de l'acier
austénitique au chrome-manganèse.
[0036] Dans le cas de l'acier dont la composition est donnée ci-dessus, la limite élastique
à l'état hypertrempé est de 450 à 500 MPa.
[0037] Lorsque l'acier est étiré de manière à présenter une déformation permanente de 25
%, la limite élastique atteint 900 MPa.
[0038] Quand l'acier est étiré à 28 % de déformation permanente, la limite élastique est
de 950 à 1000 MPa.
[0039] En fonction de la limite élastique à atteindre et de la section de la barre en acier
austénitique, on détermine la valeur de l'effort maximum à appliquer lors de l'étirage.
[0040] Après avoir réalisé le montage de la barre à étirer à l'intérieur du banc d'étirage
2, comme représenté sur la figure, on exerce progressivement un effort d'étirage,
par l'intermédiaire des vérins 5, de manière à atteindre l'effort maximal déterminé
précédemment.
[0041] L'étirage est effectué à la température ambiante, c'est-à-dire à une température
voisine de 20°C.
[0042] Pour la mise en oeuvre du procédé, il est possible de réaliser l'étirage à une température
supérieure à la température ambiante, cette température d'étirage devant toutefois
rester inférieure à 400°C.
[0043] Lorsque la déformation permanente de la pièce à étirer 1 a atteint la valeur prédéterminée,
on relâche les forces d'étirage exercées par les vérins 5 et on démonte la pièce 1
pour la séparer du banc d'étirage.
[0044] La limite élastique, la résistance mécanique et la dureté de la pièce 1 ont alors
atteint une valeur sensiblement supérieure à la valeur atteinte à l'issue du traitement
d'hypertrempe.
[0045] Pour un allongement proche de 30 %, la limite élastique de l'acier est pratiquement
doublée.
[0046] La barre 1 constituant une ébauche est ensuite usinée, en particulier par perçage,
pour être mise sous la forme d'une masse-tige de dimension standard.
[0047] Les caractéristiques mécaniques très nettement améliorées de la masse-tige ont été
obtenues par un traitement purement mécanique à température ambiante ou à une température
très modérée, au cours duquel il ne se forme pas de carbures ni de carbonitrures dans
l'acier, si bien que les propriétés de résistance à la corrosion de l'acier austénitique
ne sont pas dégradées lors du traitement. En particulier, il ne se forme pas de carbures
et de carbonitrures précipités aux joints de grains, de sorte que l'acier austénitique
obtenu présentant une forte résistance mécanique est peu sensible à la corrosion de
type intergranulaire.
[0048] En outre, l'étirage du produit de forme allongée tel qu'une barre se produit avec
une répartition très homogène des contraintes et des déformations, dans toute la section
transversale et suivant toute la longueur du produit. L'amélioration des caractéristiques
mécaniques obtenues est donc sensiblement constante dans toutes les parties du produit
soumis à l'étirage.
[0049] Enfin, le procédé suivant l'invention est beaucoup plus rapide qu'un procédé nécessitant
le forgeage du produit à une température de l'ordre de 700°C.
[0050] L'invention ne se limite pas au mode de réalisation qui a été décrit.
[0051] C'est ainsi qu'on peut effectuer l'étirage du produit allongé en acier austénitique
en utilisant un dispositif différent du banc d'étirage représenté sur la figure.
[0052] La déformation permanente du produit, à l'issue de l'opération d'étirage, peut être
variable en fonction des caractéristiques mécaniques recherchées pour l'acier soumis
au traitement. Toutefois, pour obtenir un accroissement significatif des caractéristiques
mécaniques de l'acier, il est nécessaire d'effectuer l'étirage de telle sorte que
le produit allongé présente une déformation permanente d'au moins 20 %.
[0053] On limitera généralement cet allongement permanent du produit au cours du traitement
à une valeur de 30 %, une valeur d'allongement comprise entre 25 et 28 % pouvant être
considérée comme particulièrement avantageuse.
[0054] Le procédé s'applique non seulement au cas des barres pleines à section circulaire
constituant des ébauches pour la fabrication de masses-tiges mais encore à des barres
pleines ayant une section de forme quelconque. Le procédé s'applique également au
traitement de pièces de forme tubulaire, par exemple au traitement d'ébauches creuses
pour la fabrication de masses-tiges ou encore aux masses-tiges elles-mêmes obtenues
par usinage de barres pleines ou d'ébauches tubulaires.
[0055] De manière générale, le procédé peut être utilisé dans le cadre de la fabrication
de tout élément tubulaire utilisé pour les forages pétroliers, les forages miniers
ou pour la recherche d'eau.
1. Procédé de traitement mécanique d'un produit de forme allongée en acier austénitique
amagnétique renfermant, en poids, moins de 0,08 % de carbone, de 12 à 20 % de chrome,
de 17 à 22 % de manganèse et de 0,15 à 0,35 % d'azote, pour améliorer les caractéristiques
mécaniques du produit, caractérisé par le fait qu'on réalise un étirage du produit
à une température inférieure à 400°C, de manière que l'allongement permanent du produit,
à l'issue du traitement soit supérieur à 20 %.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait que l'étirage du produit
(1) est réalisé à une température ambiante de l'ordre de 20°C.
3. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé par le fait
que l'allongement permanent du produit (1) à l'issue du traitement est compris entre
20 et 30 %.
4. Procédé suivant la revendication 3, caractérisé par le fait que l'allongement permanent
du produit (1) à l'issue du traitement est compris entre 25 et 28 %.
5. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé par le fait
que l'acier austénitique amagnétique renferme, en poids, moins de 0,035 % de carbone,
moins de 1 % de silicium, de 20 à 22 % de manganèse, de 12 à 13 % de chrome, de 0,3
à 0,5 % de molybdène, de 0,25 à 0,45 % de nickel, de 0,28 à 0,35 % d'azote, moins
de 0,05 % d'aluminium, moins de 0,03 % de phosphore et moins de 0,003 % de soufre.
6. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé par le fait
que le produit (1) de forme allongée est une barre pleine à section circulaire constituant
une ébauche pour la fabrication d'une masse-tige de forage.
7. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé par le fait
que le produit (1) de forme allongée est une ébauche d'une masse-tige pour le forage
ou une masse-tige de forme tubulaire.
8. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé par le fait
qu'on réalise l'étirage du produit (1) de forme allongée, dans un état hypertrempé.